…par ovion;
…si Pan me prête vie
je serai au Marché de la poésie
114 de la place Saint Sulpice de Paris
le 20 merdre de l’an 146 de l’Ère ‘Pataphysique
(6-VI-19 apparent) à 17h 17’
pour honorer
Sainte Colombine (expurgée)
Transigium (tautologue)
et Mihuleac (odalisque);
et signer le livre de bibliophilie
en espagnol et français
avec Jean Marc Brunet
en 13 exemplaires
inspirée
par Léonore Chastagner :
***
BAISEMAIN
Enfant, baiser les mains
des amies de ma mère
était un supplice…
…je ne pouvais pas imaginer
que baiser la main
de la fille de Madame Angot
pouvait être un plaisir
si tchoutchourri.
Enfant, je devais
baiser la main
d’une quantité incroyable
d’amies de ma mère…
…alors que
je n’ai baisé la main
de la fille de Madame Angot
que sept fois.
Enfant, je devais effleurer,
jamais toucher de mes lèvres,
les mains
des amies de ma mère …
… alors que j’aime
poser toutes mes lèvres
sur la main
de la fille de Madame Angot.
Enfant, les mains
des amies de ma mère
puaient
l’eau de Cologne au litre…
… alors que la main
de la fille de Madame Angot
sent l’essence de l’amour.
Enfant, je devais avoir
la bouche propre
et le nez mouchoirdisé
pour ne pas déposer mes miasmes
sur les mains
des amies de ma mère…
… alors que j’aimerais
couvrir de salive,
au moins,
la main
de la fille de Madame Angot.
Enfant, les mains
des amies de ma mère
que je devais baiser
étaient des bêtes à cinq doigts
molles ou poilues,
squelettiques ou grassouillettes…
… alors que la main et le bras
de la fille de Madame Angot
sont faits de grâce
et me regardent
de leur cou de cygne.
Enfant, avant le baiser
je devais
attendre
que l’amie de ma mère
me tende sa main:
je ne pouvais pas,
pour mettre un terme au supplice,
happer la main
dans les plis de la jupe…
…alors que je voudrais
garder dans ma poche
la main
de la fille de Madame Angot
…dans tous les siècles des siècles…
Fernando Arrabal, Tolède
nuit du 25 septembre de 2013 v :
18, Absolu, 142 de l’E ‘P, Flûtes de Pan.