« Jacqueline Lamba » ( 1930 Man Ray)
Jacqueline , Léon et André
Jacqueline Lamba née à Saint-Mandé, le 17 novembre 1910 s’est occultée à Rochecorbon, le 7 tatane de l’an 120 de l’Ère Pataphysique (20-VII-1993 v ); c’était une peintre, décoratrice et plasticienne. Elle a été l’épouse d’André Breton de 1934 à 1943. Ils sont les parents d’Aube Elléouët unique descendant d’André Breton. [Simone Breton (Simone Rachel Kahn) première épouse de 1921 à 1931, est née le 3 mai 1897 à Iquitos au Pérou et s’est occultée à Paris le 8 Clinamen de l’an 107 de l’Ère Pataphysique (30-III-1980,v) . Elisa Breton (Elisa Binhoff) troisième et dernière épouse (de 1945 à 1966), est née à Viña del Mar au Chili, le 25 avril 1906 et s’est occultée au Kremlin-Bicêtre le 14 clinamen de l’an 127 de l’Ère Pataphysique (5-IV-2000 ,v).]
En 1912, la famille Lamba rejoint le père en poste au Caire. Deux ans avant que ce dernier meure dans un accident de la circulation à Héliopolis. En 1927 sa mère meurt de tuberculose. En France, Jacqueline Lamba suit des cours de peinture et fréquente le musée Galliera. Sa personnalité « ardente et forte » lui vaut le surnom de Quatorze-Juillet. En 1926, elle entre à l’école de l’Union Centrale des Arts Décoratifs où elle rencontre Dora Maar. Elle fréquente les étudiants communistes.
Elle enseigne le français en Grèce et à Cardiff. En 1932 , elle est danseuse dans un ballet aquatique au Coliseum, une ancienne piscine transformée en music-hall. « L’air de danser dans la mesure même où il s’est opposé pour moi à l’air de danser d’une femme qui marche, semble même ici désigner l’air de danser sous l’eau que, comme moi, ceux de mes amis qui l’ont vue par la suite évoluer dans la piscine lui ont trouvé généralement. »: André Breton
Elle découvre le surréalisme par l’intermédiaire de son cousin André Delons. Il lui fait lire les œuvres de Breton, et notamment le récit « Nadja ». Il semble qu’elle soit plus attentive aux prises de positions politiques des surréalistes qu’à leurs productions littéraires.
Le 10 avril 1934 un plongeur de restaurant dit: « Ici l’on dîne ! », que Breton comprend « Ici l’Ondine ». Le 29 mai 1934, au café Cyrano de la place Blanche, Breton est ébloui par une femme « qu’à cette place, [il trouve] scandaleusement belle ». Un détail ne manque pas de piquer sa curiosité, elle est en train d’écrire. De lui écrire, probablement, aime-t-il à penser. Effectivement, elle lui écrivait, mais on ne lui a jamais remis la lettre. Il l’attend hors du café, elle sort, il l’aborde, « […] le visage que j’avais follement craint de ne jamais revoir se trouvait tourné vers moi de si près que son sourire à cette seconde me laisse aujourd’hui le souvenir d’un écureuil tenant une noisette verte. » Elle lui donne un rendez-vous à minuit, après son spectacle. Toute la nuit, ils se promènent de Pigalle jusqu’à la rue Gît-le-Cœur en passant par le quartier des Halles. Quelques jours plus tard, Breton se rappelle un poème écrit en 1923, Tournesol dont les coïncidences sont telles qu’il est convaincu de sa valeur prémonitoire. Jacqueline Lamba lui apparaît comme « la toute-puissante ordonnatrice de la nuit du tournesol. » La rencontre s’est produite dans des conditions si troublantes que Breton a longtemps hésité à les rendre publiques. Ils se marient moins de trois mois après, le 14 août. Albert Giacometti est le témoin de Jacqueline Lamba, Paul Éluard, celui de Breton, et Man Ray immortalise cette journée par une photographie de Jacqueline posant nue au milieu des trois hommes, citation du tableau … Le Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet. Elle participe aux manifestations surréalistes : Exposition d’Objets surréalistes, l’Exposition internationale du surréalisme, The International surrealist exhibition, Fantastic art, Dada and surrealism, Arts of this century de New York : Objects, drawings, photographs, paintings, sculptures, collages 1910-1942 (octobre 1942) et Exhibition by 31 women (janvier 1943). Elle accompagne Breton à Prague (janvier 1935), puis à Santa Cruz de Ténérife (Canaries, mai 1935). En 1937 paraît L’amour fou de Breton dont Jacqueline est le personnage central. Le 2 avril 1938, Jacqueline et Breton embarquent pour un séjour de quatre mois au Mexique, laissant Aube (âgée de deux ans) chez André Masson et sa femme. Jacqueline sera reçue chez Frida Kahlo et Diego Rivera. Elle y rencontre Léon Trotsky en exil, et noue une amitié profonde et réciproque avec Frida. « Le bateau et le quai et le départ qui peu à peu te rendaient minuscule à mes yeux, écrira Frida, prisonniers de ce hublot rond, que tu regardais pour me garder dans ton cœur. Tout cela est intact. Après, sont venus les jours vierges de toi. Aujourd’hui, j’aimerais que mon soleil te touche. Je te dis que ta petite fille est ma petite fille, les personnages marionnettes rangés dans leur grande chambre vitrée sont à nous deux… ». En 1940, Jacqueline et Aube quittent Paris pour Royan où elle retrouve Dora Maar et Picasso. En octobre 1940 Jacqueline Lamba dessine La Roue sanglante et Baudelaire. Génie d’Amour – Flamme (janvier-mars 1941). Le 25 mars 1941, elle et André Breton embarquent à destination des États-Unis. À l’escale de Fort-de-France, en Martinique, Breton est retenu au camp du Lazaret, puis libéré sous caution. Ils arrivent à New York le 14 juillet 1941. Jacqueline quittera Breton en octobre 1942 pour s’installer avec le peintre David Hare. Jacqueline et David Hare s’installent dans le Connecticut avec Aube. Jacqueline dispose d’un atelier dans lequel elle passe ses journées à peindre. Le couple aura pour voisins Alexander Calder et Yves Tanguy. Jacqueline voyage dans les États du Sud-Ouest (Arizona, Colorado, Nouveau Mexique) et visite les réserves des Indiens Hopi et Navajos. Elle revient en France en 1947, sans David Hare, et participe à deux expositions parisiennes placées sous le signe du surréalisme : Un nouveau mythe : 8e exposition internationale du surréalisme, grande exposition réalisée par André Breton à la galerie Maeght en juillet 1947; puis à une exposition monographique à la galerie Pierre Loeb en octobre 1947. En juin, Jacqueline donne naissance à un fils, Merlin. En 1954, après un dernier séjour chez les Indiens Pueblo, elle quitte définitivement David Hare et revient en France avec Merlin. Elle commence à peindre des paysages. À l’été 1963, elle découvre le village de Simine-la Rotonde. En 1967, elle expose au château d’Antibes. En 1966, avec René Char, elle manifeste contre l’installation des missiles sur le plateau d’Albion, puis contre l’extension du camp militaire du Larzac.. Breton ne la cite pas dans Le Surréalisme et la peinture; elle écrit: « Il me présentait à ses amis comme une naïade parce qu’il jugeait cela plus poétique que de me présenter comme un peintre en quête de travail. Il voyait en moi ce qu’il voulait voir mais en fait il ne me voyait pas réellement.
Alba Romano Pace, Jacqueline Lamba : peintre rebelle, muse de l’amour fou, Paris, Gallimard,