A propos de la pièce

L’Architecte et l’Empereur d’Assyrie, est une pièce qui n’a pas cessé d’être jouée partout dans le monde depuis sa création, aussi bien sur de grandes scènes que dans des théâtres de poche.
Arrabal désoriente et provoque par son œuvre «joyeusement ludique et révoltée».

Ses pairs : Beckett, Ionesco ou encore Arthur Miller ont exprimé leur immense admiration pour ses textes et le situent parmi les plus originaux de son temps.
L’auteur, lui, prétend n’être qu’un miroir de la société.
Créée en 1967 à Paris au théâtre Montparnasse, elle a été mise en scène par Jorge Lavelli et interprétée par Jean Pierre Jorris et Raymond Gérôme.
À Londres, trois ans plus tard, elle a été jouée au National Theatre Company, dirigé alors par sir Lawrence Ollivier, et les rôles ont été tenus par Anthony Hopkins et Jim Dale.

«Nous faisons du théâtre une fête. Dans cette cérémonie “panique” d’une ordonnance rigoureuse s’insèrent naturellement tragédie et guignol, poésie et vulgarité, comédie et mélodrame, sacrilège et sacré, mise à mort et exaltation de la vie. Le théâtre que je fais n’est donc ni moderne, ni d’avant-garde, ni nouveau, ni absurde, il aspire seulement à être infiniment libre.»

Le théâtre dans toute sa splendeur est le miroir le plus riche d’images que puisse nous tendre l’art d’aujourd’hui, il est aussi la prolongation et la sublimation de tous les arts.
L’action doit sauter d’une planète à une autre, d’un cri à un murmure.
Les spectateurs, alors, prisonniers d’un enclos pour tentations de Saint Antoine, se métamorphosent en mages, victimes et prestidigitateurs, vêtus de désespoir et félicité.

Fernando Arrabal

Poète, romancier, essayiste, dramaturge et cinéaste, né en Espagne en 1932.
Il réalise 7 longs-métrages et publie une centaine de pièces de théâtre, quatorze romans, huit cents livres de poésie et sa célèbre lettre au général Franco du vivant du dictateur. Son théâtre complet est publié en de nombreuses langues.
Il est co-fondateur du mouvement «Panique» avec Roland Topor, Christian Zeimet et Alejandro Jodorowski.
Pour Arrabal le «Panique» est une manière d’être régie par la confusion, l’humour, la terreur, le hasard et l’euphorie.
Influencé par Lewis Carroll et son monde magique, mais aussi par Kafka, Beckett, Artaud et Jarry, il a brisé les conventions au théâtre.
Ami d’Andy Warhol et de Tristan Tzara, il a passé trois années avec le groupe surréaliste d’André Breton.
Le critique dramatique anglais Mel Gussow l’a considéré comme l’unique survivant des «quatre avatars de la modernité».

Synopsis de la pièce

L’architecte et l’Empereur d’Assyrie assure la purgation de nos passions ; elle nous délivre, nous comble d’aise et comme dit Aristote : accompli sa fonction cathartique.
Un homme se trouve dans une île déserte, tout seul à se bâtir un petit monde bien confortable. Tout à coup, dans l’éclatement de quelque machine venue du ciel, tombe à ses côtés un individu qui, de la même voix réclame son aide et se dit héritier de la civilisation et du pouvoir hiérarchique de celle-ci. Il se fait appeler l’Empereur d’Assyrie.
Les deux personnages d’Arrabal s’ingénient à créer de multiples situations dramatiques au cours desquelles chacun d’eux affronte malignement l’autre. Comme ils se rendent la monnaie de la pièce, ils échangent à tout instant leur rôle. L’Empereur devient architecte et l’architecte Empereur dans les multiples duos que leur impose la vie en commun; ils deviennent mère et fils, mais aussi mari et femme, tyran et victime, comédien et spectateur, philosophe et rustre, juge et criminel, etc. Ils sont condamnés l’un à l’autre, unis amoureusement dans une même détestation.
Dans un profond élan d’affection, l’un finit par dévorer l’autre, réalisant ainsi ce rêve d’unité, de communion qui les hantait, les tourmentait.
Oui, nous avons appris à nos dépens : tout est toujours à refaire. Que les crocodiles déjetés à sec sur la plage pleurent les illusions perdues. Il leur faudrait beaucoup de larmes pour se remettre à flot. Que les bouffons de service s’esclaffent. Que les béjaunes rient jaune.
Mais nous autres, architectes, continuons à «bouffer de l’Empereur» : la race ne s’en perdra pas, et cette viande est délectable. Et rions dru, chaque fois que nous nous en mettons sous la dent. En voici l’occasion.

La mise en scène

«J’aime dire que cette pièce est un Huis clos à ciel ouvert. Le paysage décrit par les personnages laisse présager un endroit pas très grand, une île au milieu d’un grand océan. Au loin, on devine l’imposante présence de quelques montagnes. Cet espace vide, devient le lieu de toutes les aventures où, le jeu de rôles de ces deux personnages prend vie et nous aide à imaginer moult décors. La bande son est très importante et soutient les scènes aussi bien avec des musiques qu’avec des bruitages. D’un côté les sons de la vie sauvage et de l’autre ceux de la “civilisation”.
Les costumes et accessoires donnent l’impression d’avoir été réalisés par les personnages eux-mêmes à l’aide des éléments naturels et des déchets emportés par les vagues. La direction d’acteurs se doit d’être d’une grande précision et rythmée, laissant place à l’imagination des spectateurs dans ce chaos organisé. Chants et danses font partie de ce rituel mené avec maestria par deux représentants de la sagesse et de la folie humaine.»

Oscar Sisto
Metteur en scène

Les acteurs

Oscar Sisto : L’Empereur

Né en Argentine, Il commence ses études de musique à l’âge de six ans.
À 17 ans, il entre à l’école de théâtre de Carlos Schwaderer et G. Gomez. Un an plus tard, à Buenos Aires il intègre le cours de Lito Cruz. Arrivé à Paris en 1981, c’est avec Pierre Reynal au Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet qu’il poursuit sa formation puis avec Francis Huster et Raymond Aquaviva.
Il est invité à plusieurs reprises à participer aux rencontres organisées par Peter Brook au théâtre des Bouffes du Nord. A New York au HB Studio il approfondit la méthode élaborée par Uta Hagen et suit de nombreux stages de perfectionnement au «Stella Adler Conservatory».

En France, il joue notamment dans: Noces de sang (F.G Lorca) Antigone (Sophocle) Le très bas (C. Bobin) Mortadela (Alfredo Arias : Molière meilleur spectacle musical) Ubu roi (Alfred Jarry) M.E.S J.Dupond Crime magistral (Pascal Vrebos) M.E.S Pascal Seguin Un pour la route (H. Pinter) M.E.S Benoît Badin L’Opéra de deux sous (D’après B.Brecht) M.E.S Mariana Araoz ainsi que dans de nombreux téléfilms et série pour Arte et FR3.

Il met en scène notamment : Le songe d’une nuit d’été (Shakespeare) Le calcul, Pardon Monsieur et Archiflore (Jeannine Worms : festival d’Avignon) Le baiser de la femme araignée (Manuel Puig) Les bonnes (Jean Genet) Couple Ouvert à deux battants (Dario Fo) La guerre promise (Miguel Delibes) Oncle Vania (A.Tcheckhov) Le rêve Argentin (Armando Discepolo) On purge bébé (G. Feydeau) L’indien cherche le Bronx (Israël Horowitz) Jamais trop star, On fait l’amour comme on tue (Pascal Vrebos).

Sa vocation de formateur l’incite à créer en 1999 l’Académie Oscar Sisto, centre de formation professionnel de l’acteur.
Il est coach d’artistes de renom pour le cinéma et la chanson.
En tant que compositeur il a crée une quinzaine de spectacles musicaux et composé pour la soprano Maria Sartova mais aussi pour Anneli Sari (Findland Opera House) ainsi que pour la grande chanteuse japonaise Anna Saiki.
Depuis 2010 à la demande de Kissman productions- Jamel Debbouze, il dirige la Master Class du Rire destinée à former des jeunes comédiens marocains durant le grand festival créé à Marrakech par le célèbre humoriste.
Il anime régulièrement des stages pour acteurs en Bretagne, Loire Atlantique, Lorraine, Cévennes et au Luxembourg.

Johann Piritua : l’Architecte

En 1996 il commence son parcours artistique en faisant de la danse polynésienne au sein de la Compagnie Te Maeva (Papeete) dirigée par Coco Hotahota.
En 2000 il entre à L’Académie Oscar Sisto à Paris.
Il poursuit sa formation d’acteur et directeur avec Jacques Garfein.

Plus tard il devient assistant à la mise en scène d’Oscar Sisto pour «Les Bonnes» de J. Genet et «Le rêve argentin» de A. Discepolo.
À l’Espace Marais, il interprète les rôles de Valère et Léandre dans Le médecin malgré lui et celui de Figaro dans le Mariage de Figaro M.E.S Michel Boutier.
Récemment, au Théâtre du Gymnase il joue dans L’indien cherche le Bronx d’Israêl Horrowitz M.E.S d’Oscar Sisto, aux côtés de Sami Naceri.
En 2017, il joue le rôle de Tamatoa dans Paris etc (Canal+) aux côtés de Zabou Breitman, série réalisée également par la comédienne.


L’architecte et l’empereur d’Assyrie

Première le lundi 8 Octobre 2018 à 20h30
Théâtre Darius Milhaud
80 Allée Darius Milhaud
75019 Paris

Une pièce de Fernando Arrabal avec Oscar Sisto et Johann Piritua
Mise en scène et direction Oscar Sisto
Scénographie Fabrice Millet
Mobilier Olivier Constantin
Costumes Magali Bécart
Accessoires et masques Cathiane Le Dorze
Ferraillerie Eric Katz
Lumières Sébastien Lanoue
Musiques originales et effets sonores Oscar Sisto