Paul Eluard avait d’abord écrit ce poème pour Nusch, mais ensuite il a remplacé son nom par ce qui compte le plus pour lui : la liberté. Il a écrit ce poème contre l’occupation nazie en France. Il énumère les lieux, réels ou imaginaires, sur lesquels il écrit le mot liberté. On croit qu’il parle d’une femme mais c’est un message de liberté. Ce poème a été distribué dans la clandestinité. Écrit pour une femme puis finalement le prénom remplacé par le mot Liberté. Le titre initial du poème était Une seule pensée. «Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant», a confié Éluard.
[En 1934 Eluard se casó con Nusch, modelo de Man Ray, «la novia de los surrealistas». Su primera mujer fue Gala (Dali). Durante la Segunda Guerra Mundial fue movilizado y desarrolló su actividad en la resistencia. Decide, sobre todo, luchar con las palabras. En su poema Liberté (1942) surge el genio ; transforma un poema de amor ligero y sublime en grito de protesta y compromiso. Su palabra aborda desde entonces, de forma más radical.]
Liberté c’est un hymne à l’amour et à la vie. Ce poème est enthousiaste et percutant. La liberté est présente partout… : Analyse poème Liberté (Stage EPS Danse Académie Grenoble)
Liberté
Paul Eluard
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Libertad
Por Paul Eluard
En mis cuadernos de escolar
en mi pupitre en los árboles
en la arena y en la nieve
escribo tu nombre.
En las páginas leídas
en las páginas vírgenes
en la piedra la sangre y las cenizas
escribo tu nombre.
En las imágenes doradas
en las armas del soldado
en la corona de los reyes
escribo tu nombre.
En la selva y el desierto
en los nidos en las emboscadas
en el eco de mi infancia
escribo tu nombre.
En las maravillas nocturnas
en el pan blanco cotidiano
en las estaciones enamoradas
escribo tu nombre.
En mis trapos azules
en el estanque de sol enmohecido
en el lago de viviente lunas
escribo tu nombre.
En los campos en el horizonte
en las alas de los pájaros
en el molino de las sombras
escribo tu nombre.
En cada suspiro de la aurora
en el mar en los barcos
en la montaña desafiante
escribo tu nombre.
En la espuma de las nubes
en el sudor de las tempestades
en la lluvia menuda y fatigante
escribo tu nombre.
En las formas resplandecientes
en las campanas de colores
en la verdad física.
escribo tu nombre.
En los senderos despiertos
en los caminos desplegados
en las plazas desbordantes
escribo tu nombre.
En la lámpara que se enciende
en la lámpara que se extingue
en la casa de mis hermanos
escribo tu nombre.
En el fruto en dos cortado
en el espejo de mi cuarto
en la concha vacía de mi lecho
escribo tu nombre.
En mi perro glotón y tierno
en sus orejas levantadas
en su patita coja
escribo tu nombre.
En el quicio de mi puerta
en los objetos familiares
en la llama de fuego bendecida
escribo tu nombre.
En la carne que me es dada
en la frente de mis amigos
en cada mano que se tiende
escribo tu nombre.
En la vitrina de las sorpresas
en los labios displicentes
más allá del silencio
escribo tu nombre.
En mis refugios destruidos
en mis faros sin luz
en el muro de mi tedio
escribo tu nombre.
En la ausencia sin deseo
en la soledad desnuda
en las escalinatas de la muerte
escribo tu nombre.
En la salud reencontrada
en el riesgo desaparecido
en la esperanza sin recuerdo
escribo tu nombre.
Y por el poder de una palabra
vuelvo a vivir
nací para conocerte
para cantarte
Libertad