Texte tiré de El Watan

«Fando et Lis», une œuvre du dramaturge  Fernando Arrabal, s’est invitée avant hier soir à Bordj Bou Arréridj (Algérie) sous forme d’une lecture théâtrale, adaptée à merveille par le comédien Halim Zedam, en introduisant la mimique pour mieux capter l’attention du public.

Un genre artistique, qui a connu son apogée avec les Beneguettaf, Benaïssa, Fetmouche et autres Allouala et Kaki, que le comédien veut faire renaître de leurs cendres. « Fando et Lis », une tragédie truffée d’absurdités et de cruauté, inspirée du propre vécu de l’auteur, mais sur fond de complicité entre deux êtres qui s’aiment. Lis, la muse, est une tétraplégique, Fando qui ne se lasse jamais de la transporter dans un chariot, la promener. Un couple éternel.

D’où l’intitulé de l’adaptation titré : Paradoxe. Deux personnages romantiques en quête de la cité miraculeuse où Lis, la paralysée, pourrait se remettre d’aplomb pour se débarrasser de ce handicap qui la cloue au chariot et l’empêche de vivre sa vie. Mais le sort en décida autrement. En voyant son handicap incurable, Lis n’en finit pas de taquiner volontairement Fando. Une délivrance, en quelque sorte, pour les deux. Le spectacle  a  drainé un grand public, les présents ont pertinemment enrichi le débat.

«Et c’est magnifique  pour la culture. Nous organisons une fois par quinzaine une rencontre dédiée à un domaine artistique en vue de redonner le goût de l’art à nos citoyens», nous dit Mohamed Rafik Taibi, responsable du club littéraire. Fernando Arrabal est un dramaturge  qui vit en France depuis 1955. A 10 ans, il décrocha le Prix national du «surdoué» avant de faire ses études universitaires à Madrid.

Dans son enfance, il a souffert de la mystérieuse disparition de son père, condamné à mort puis évadé. A cause de ce traumatisme, comme l’a écrit le prix Nobel Vicente Aleixandre, la connaissance qu’apporte Arrabal est teintée d’une lumière morale qui réside dans la matière même de son art. Il a réalisé sept longs métrages et publié une centaine de pièces de théâtre, quatorze romans, sept cents livres de poésie, plusieurs essais et sa célèbre Lettre au général Franco, du vivant du dictateur. Son théâtre complet est publié dans de nombreuses langues  en deux volumes de plus de deux mille pages.

Allouache M.