« …Je ne sais pas encore estimer la valeur de l’argent. Avec, par exemple, la précision avec laquelle je peux calculer le volume d’un polyèdre.

Je ne sais pas encore  estimer la valeur des pièces ou des timbres. Avec, par exemple, la rigueur avec laquelle je peux résoudre une équation.

Je ne  sais pas encore estimer  ce que signifie la valeur des billets qui circulent  dans mon entourage. Avec, par exemple, la facilité avec laquelle je taille un crayon.

Je ne sais pas encore estimer quel est le rapport entre l’acte biologique de vivre et la valeur de l’argent. Avec, par exemple, la simplicité avec laquelle je choisis un verre d’eau quand j’ai soif.

Je ne m’amuse pas encore à collectionner de l’argent, des pièces ou des billets.

Victime de l’illusion, je ne sais pas encore estimer la valeur de l’argent. Ce qui, par exemple, dans mon cas, ne m’empêche pas d’éternuer. Eternuer est l’un des plus grands plaisirs de ma vie avec celui de me promener dans un supermarché…

Zéro m’a demandé de regarder pendant quelques secondes la figure que j’ai reproduite au bas de cette feuille. Quand je l’ai fait il a ajouté:

« Tu as dû observer que là où se croisent les lignes blanches des taches grises apparaissent ».

Arrabal p. 9C’était vrai. Puis il m’a demandé:

« A présent regarde fixement une seule  de ces taches  grises ».

Je l’ai regardée fixement, mais elle avait disparu.

« Comme tu le vois, elle a disparu ».

C’était vrai.

« Mais, comme tu peux l’observer, les taches voisines sont devenues sombres ».

Elles étaient devenues presque noires.

« C’est pure illusion. »

Alors Zéro m’a dit:

« N’accepte jamais les pièges infinis de l’illusion, pas même celle de l’argent. Apprends à distinguer l’expérience subjective de l’apparente  infinie objectivité du monde qui t’entoure. »

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Fernando ARRABAL – Comme un paradis des fous (Roman)

Note de l’éditeur: Arrabal romancier a remporté le prix Nadal (Goncourt espagnol) en 1982  et le  « Nabokov International » en 1994.

Kundera  a écrit la préface  de  deux de ses romans. « Baal Babylone » (édité en 1958 par Maurice Nadeau) est  « le grand roman espagnol du XXe siècle » selon les professeurs  Tallgren, Zatlin, Lahm, Gazarian etc.

Arrabal « Classique du XXe siècle » tel est le titre de l’ouvrage de F.Mundschau.

Il est l’auteur de « best sellers » internationaux comme « Lettre à Franco » ou « La torre herida por el rayo ». Il est traduit dans 43 langues.

C’est probablement l’auteur dramatique vivant le plus représenté aujourd’hui. Beckett, Picasso, Cela, Goytisolo, Ionesco, Breton, Aleixandre, Milos Forman etc. lui ont adressé des éloges publics. Il n’est pas surprenant qu’il  ait remporté  presque tous les prix les plus prestigieux, et que son nom soit mentionné à chaque attribution  de ceux qu’il n’a pas encore reçus.

Ce roman  de Fernando Arrabal est la métaphore du monde d’aujourd’hui. Le narrateur-protagoniste du récit  apparaît comme le représentant original d’un âge d’accomplissement.  Comme, inversement, le « Jeune Werther » le fut d’une jeunesse romantique et suicidaire. Le personnage a le même âge qu’Arrabal et, comme lui, a remporté dans son enfance le « concours national des surdoués ». Orphelin dès  sa naissance, il est considéré par tous ceux qui le soignent comme un « handicapé mental ». Autiste heureux, il décrit avec acuité ce qu’il observe dans un style insolite. Il est vierge : il n’a jamais eu la moindre préoccupation d’ordre sexuel. Il est également dénué de tout appétit de biens ou d’honneurs.  Il a passé son enfance à l’Assistance Publique et à l’Ecole Orthogénique. Puis il a été confié à des « familles d’accueil » qui l’ont traité et le traitent encore du mieux qu’ils peuvent. Il vit, au moment où le récit commence, dans la « Grande Demeure » d’une riche (et  étrange) famille qui s’empresse auprès de  lui.  Ses trois principaux membres  croient être amoureux de lui. Le protagoniste demeure indifférent aux délires érotiques de son entourage. Il  s’attache à détecter et  dissiper toute illusion, même les mirages de la raison. Pour y parvenir, dès l’enfance il se donne deux compagnons virtuels: « Zéro » et « Infini » qui passent leur temps à se quereller et à vanter  leurs mérites respectifs. Ce sont eux qui lui proposent des jeux (les « Images » du livre). Lui aimerait que son lecteur parvienne à résoudre leurs énigmes. Il met toute son application  à écrire son premier livre. Il retrace méticuleusement sa vie (qui rappelle celle du poète Hölderlin) et tout ce qu’il y voit de « beau ». Il s’adresse constamment à son « bien-aimé lecteur »  C’est là son très personnel « Eloge de la folie ». On retrouve dans le récit (« livre-culte »)  les thèmes arrabaliens,  mais portés à incandescence.

*

Fernando Arrabal – Como un paraíso de locos (extracto)

« … hoy les traigo un pequeño extracto de un libro que leí hace tiempo y me dejó fascinado. Es del libro « Como un paraíso de locos », del español Fernando Arrabal, escritor de obras como « El cementerio de Automóviles » y « Fando y Lis » (llevada al cine por Jodorowsky), así como de películas como « Viva la Muerte ».  Este libro, terriblemente surrealista, tiene como protagonista a un anciano con un « handicap » mental, que sueña con vivir una vida normal como los otros y tiene dos amigos imaginarios: Cero e Infinito.

ARRABAL ESCRIBE:   « (…) Todavía no sé determinar el valor del dinero. Con la precisión, por ejemplo, con que puedo calcular el volumen de un poliedro.
Todavía no sé determinar el valor de las monedas o de los sellos. Con el rigor, por ejemplo, con el que puedo resolver una ecuación.
Todavía no sé determinar la relación del acto biológico de vivir con el valor del dinero. Con la sencillez, por ejemplo, con que elijo un vaso de agua cuando tengo sed.
Todavía no me distraigo coleccionando dinero, monedas o billetes.
[Víctima de la ilusión, aún no sé determinar el valor del dinero. Lo cual, en mi caso, por ejemplo, no me impide estornudar. Estornudar es uno de los placeres mayores de mi vida con el de pasearme por un supermercado.]

Cero me pidió que mirara durante unos segundos la figura que he reproducido en la parte baja de esta hoja:

Cuando lo hice añadió:
« Habrás observado que en las intersecciones de las líneas blancas aparecen manchas grises. »
Era cierto. Luego me pidió:
« Ahora fija con tu mirada una sola de esas manchas grises. »
La fijé, pero había desaparecido.
« Como ves, ha desaparecido. »
Era verdad.
« Pero, como observas, las manchas vecinas se han ensombrecido. »
Se habían vuelto casi negras.
« Es pura ilusión. »
Entonces Cero me dijo:
« No aceptes nunca las infinitas trampas de la ilusión, sobre todo las del dinero. Aprende a distinguir la experiencia subjetiva de la aparente infinita objetividad del mundo que te circunda. (…) »

Carlos Augusto Pereyra Martínez:  Fernando Arrabal es de esos autores irreverentes, que no dejan categorizar, con una escritura literaria que le dea una identidad. Es por eso, que uno se pregunta, por qué no está en ese mundo entronizados de los escritores españoles? Porque es único… y no puede estar allí, donde obra el montón.

Hedwig:  Toda la consciencia y la cultura no son más que delirios.

Rompiendo el Cristal: « … la poesía quiere ser libre libre para recorrer los sótanos sexuales libre para malbailar salsa en la plazuela libre libre para desprenderse de su ropa la poesía quiere ser libre libre aunque la quieran linchar por maricona libre libre fuera de los libros libre para gritarse y regritarse para dar vueltas enhierbada enmedio de un cráter en medio de c.u. libre garabateada inentendible gritada y regalada en el cuarto oscuro de la cantina cineclub tomando tonayán con albañiles… »