Après l’échec de la délégation de la Ligue Arabe envoyée en Syrie suite aux accords de Damas, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit ce mardi pour examiner un plan de sortie de crise défendu par Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue Arabe.
Plusieurs ministres des Affaires étrangères, dont Hillary Clinton, William Hague et Alain Juppé, se sont rendus aujourd’hui à New York pour défendre la résolution du conflit qui a provoqué dimanche la mort de 80 personnes, selon l’Observatoire de la Ligue arabe. Dix pays sur quinze seraient favorables au texte de Nabil al-Arabi qui prévoit, outre l’arrêt des violences, le transfert des pouvoirs de Bachar al-Assad à son vice-président avant l’ouverture de négociations. Cette majorité ne suffit pourtant pas à laisser présager une issue favorable à cette réunion en raison de la menace persistante du véto russe.
S’estimant bernée au sujet de « la résolution 1973 » adoptée pour la Libye le 17 mars 2011, la Russie entend bien user de son véto dans le dossier syrien. Moscou estime en effet que les occidentaux ont « surinterprété » le mandat onusien afin de justifier une intervention militaire de terrain en Libye. Ainsi, malgré le soutien du texte par le Maroc, membre non permanent de l’ONU pour deux ans, rien ne laisse entendre que le scénario du 17 mars se rejouera aujourd’hui. L’appui d’un autre pays arabe, le Liban, lors des négociations concernant la Libye avait en effet permis d’aboutir à l’adoption de la « résolution 1973 », grâce à l’abstention de la Russie et de la Chine.
Le soutien apporté par Poutine à Damas ne s’explique pas seulement par ce désaccord. Avec 30 millions de citoyens musulmans sur son territoire, la Russie, déjà affaiblie par de nombreux conflits, craint de voir éclore des attaques islamistes en guise de représailles. La volonté de préserver leur base navale en Syrie est un autre argument du gouvernement russe : comme l’expliquait le chef de la délégation du parlement russe auprès de l’Assemblée parlementaire asiatique Roudik Iskoujine en juin dernier : « La position russe concernant la crise syrienne a des causes superficielles et profondes. D’abord, nous devons préserver notre base navale déployée dans ce pays ».