Après 1935 jours de captivité, le jeune otage franco-israélien Gilad Shalit devrait être libéré. Il est heureux que la langue française soit assez riche pour permettre un emploi qui traduise tout à la fois l’espoir, l’impatience et la crainte car il « devrait être libéré » mais n’est pas encore libre.
Depuis que j’ai été investi avec Pierre-François Veil de la mission de le défendre en France, je désespérais de voir un jour la mention « Gilad libéré » remplacer « Liberté pour Gilad » sous les portraits du jeune homme qui sont apposés dans différents lieux publics de notre pays.
Gilad Shalit n’est pas tout à fait libre mais au moins est-il vivant. De cela nous sommes aujourd’hui à peu près certains et c’est déjà immense.
A défaut d’avoir pu rencontrer Gilad Shalit, l’image que je n’aurais jamais cru voir ; celle pourtant que je garderai comme le précieux témoignage de ces derniers moments d’agitation, est le sourire qui éclaire le visage de Noam et Aviva Shalit. Pour la première fois depuis 1935 jours, ils ont cessé de souffrir et en dépit de la prudence qui est encore de mise, ils n’ont pu s’empêcher de sourire.
Lorsque l’écrivain David Grossman a enterré son fils après la dernière guerre du Liban, il a eu cette phrase magnifique : « notre famille a perdu la guerre ». Le 25 juin 2006, quand le rapt du jeune garçon de 19 ans a été connu, la famille Shalit devait commencer la sienne. Gilad est devenu un drapeau et un étendard pour les siens comme pour tous les hommes et les femmes épris de justice et de liberté.
Le premier combat de la famille Shalit, le plus âpre, a été de s’engager dans une lutte inégale contre l’oubli qui guette les causes les plus nobles et contre la lassitude, qui après cinq longues années, gagne même sur les cœurs les plus vaillants.
Noam et Aviva avaient un métier, ils l’ont abandonné pour n’être plus que les parents du garçon qui leur avait été retiré. Ils avaient une maison ; ils l’ont abandonnée pour une tente ouverte à tous, érigée devant la résidence du premier ministre israélien.
Noam Shalit a entamé un long périple qui devait l’amener à traverser Israël à la marche suivi par des dizaines et des dizaines de milliers de personnes.
Ensemble, nous avons saisi la justice française du crime d’enlèvement et de séquestration dont Gilad Shalit est encore à cette heure la victime. Le père du jeune homme a interpellé sans relâche la Croix rouge, des chefs d’Etat, de gouvernement, des diplomates, des responsables d’ONG et jusqu’à l’assemblée générale de l’ONU, où il s’est rendu au mois de septembre dernier, pour réclamer à la face du monde que son fils lui soit rendu.
Je souhaite à tous les enfants d’avoir de tels parents et à aucun parent d’avoir un enfant retenu en otage pendant cinq ans sans savoir où il se trouve ni même s’il est vivant. Car il n’est pas possible de réaliser ce que la nouvelle de sa libération imminente représente sans mesurer ce qui a valu à Gilad Shalit de connaître le triste privilège d’être le plus ancien et le plus jeune otage français en captivité.
Gilad Shalit accomplissait son service militaire obligatoire lors de sa capture. Il dormait avec son unité dans une localité israélienne – Kerem Shalom – que même le plus obtu des négociateurs palestiniens ne revendiquerait pas.
J’ai entendu parfois que Gilad Shalit aurait été un « prisonnier de guerre » mais je me demande encore, après cinq années le nom de cette guerre dont il aurait été malgré lui le seul captif.
Faute de guerre, Gilad n’a pas davantage été un prisonnier. Un prisonnier se trouve dans une prison. Et cette prison, n’est pas un lieu inconnu dans un pays inconnu. Il est détenu en vertu d’un motif, d’une raison, d’une décision qu’il connaît et qu’il peut au moins contester. Le prisonnier peut recevoir la visite de sa famille, d’un médecin, d’un avocat. Il peut recevoir du courrier. En envoyer aussi. C’est de tout ce qui fait d’un homme un sujet de droit que Gilad Shalit a été arbitrairement privé depuis le 25 juin 2006.
Les droits fondamentaux qui ont été retirés sans autre forme de procès à Gilad Shalit ont en revanche bénéficié aux 1027 détenus palestiniens dont Israël a accepté la remise en liberté pour obtenir le retour du jeune homme. Ils ont été arrêtés, jugés, condamnés par des juridictions devant lesquelles ils ont pu se défendre. C’est pourquoi je tiens pour un outrage l’assimilation hâtive et grossière qui a été faite par des commentateurs légers comme Pascal Boniface, de Gilad Shalit à ces prisonniers qui n’ont rien en commun si ce n’est la bonne fortune d’avoir bénéficié d’un accord portant sur leur libération respective.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour savoir si les responsables des terribles épreuves qu’a subies Gilad Shalit répondront un jour de leurs actes, il est certain que s’il était mis un terme aux assimilations outrageantes entre des détenus palestiniens et un otage franco-israélien et, en définitive, entre la victime et les auteurs d’actes criminels, nous pourrions déjà estimer que le travail de justice pour Gilad Shalit aura commencé à faire son œuvre.
La raison enfin de la partie.
On ne saurait mieux dire..
Il est évident que comparer l’enlèvement et la détention de Gilad et celle des condamnés palestiniens est la manifestation, au mieux d’une ignorance crasse, au pire d’une mauvaise foi évidente. Je crains que P Boniface aveuglé par ses partis pris ne se situe dans la deuxième catégorie.
D’autres posts évoquent les « prisonniers palestiniens » qui croupissent dans les « geôles israéliennes » : mais qu’ils soient identifiables à des terroristes ou à des résistants (selon le penchant politique) il demeure qu’ils sont identifiés, jugés, détenus en toute lumière. Leur famille sait où les localiser, peut leur écrire et même leur rendre visite.
Gilad n’a pas eu ce priviliège ; il n’a pas parlé beaucoup à la presse depuis sa libération mais il a évoqué de longues semaines de détention dans l’obscurité et l’isolement complèts.
Le problème avec les palestiniens c’est qu’ils revendiquent haut et fort le respect des droits de l’homme… l’homme palestinien s’entend. Mais s’ils sont tellement attachés aux droits de l’homme, qu’ils les mettent en application (y compris avec leur propre population) sur les parties de territoire qu’ils contrôlent.
Merci monsieur Klugman de ce texte.
Cela m’attristait beaucoup de voir ce pauvre garçon qui n’est qu’un adolescent qui faisait son service militaire être traité comme un terroriste.
Ghalit a ete finalement libere.Je voudrais qu’on parle aussi des milliers de prisonniers qui sont encore dans les geoles israeliennes.des palestiniens .n’en deplaise au president du CRIF, ce ne sont pas des terroristes mais des combattants des resistanta a l’armee israelienne d’occupation.Israel detient un triste record celui d’avoir le plus grand nombre de prisonniers au monde.
Nous devons surtout nous réjouir de cette libération, car nous savons déjà qu’il se trouve aujourd’hui en Égypte.Et pouvons nous pour une fois nous abstenir de discussions oiseuses?
Nul doute que le Hamas a été sensible à la plainte déposé devant un tribunal français par deux avocats français !!1
Sa libération est chèrement payée mais l’important est qu’il retrouve sa liberté et le bonheur et le soulagement des siens. Cependant, quand on voit ce qui ce passe en Lybie et ailleurs alors, on ne peut que constater que d’autres évènements dramatiques ne peuvent que survenir et ça fait vraiment très peur car la violence sera de pire en pire malheureusement.
Un homme mérite toujours que l’on s’interesse à sa détresse.
Un seul homme vaut tous les efforts;
Alors j’espère qu’on arrêtera de dire un peu partout que sa libération, celle d’un « prisonnier de guerre » (et que cet article explique bien que ce n’est pas de cela qu’il s’agit) ne valait pas tant d’argent, de négociations et de presse…
Une tribune très digne ou devrais-je plutôt dire un plaiedoyer humain?
Il ne doit malheureusement plus être le tout jeune homme dont vous parlez. Cette expérience a du ôter toute l’insouciance qui devait être celle d’un jeune de dix-neuf ans en train d’accomplir son service militaire.
La fin de son adolescence et le début de sa vie adulte – 5 ans c’est très long quand nous sommes éloignés des nôtres – le marquera à jamais.
Que le plaisantins qui osent dire qu’un homme n’est pas grand chose face à une guerre, prennent sa place à lui au sein de ce calvaire…
J’espère que nous aurons tous, vous, son avocat, et nous qui avons attentendu si longtemps sa libération, nous aurons donc, l’occasion de enfin faire sa connaissance.
Et pouquoi avoir échangé Shalit contre 1127 palestinies? Drôle de négociation…
Shalit vaut plus de mille hommes?
Tant mieux pour lui. Ce n’est pas un très bon signe pour tpus les autres.
Surtout que de Shalit tout le mende en parle mais de ces mille palestiniens, personne.
De nombreuses questions remontent quand a la capture de Gilad et ce de la part de nombreux Israeliens. Mais le moment est a la joie,de le voir revenir a la maison. 1026 terroristes libérès, certains aux mains degoulinantes de sang, nombre d’entre eux reviendront en Israel, et de nouveau le sang coulera, on devra ça a cause de cet accord contesté, par de nombreux Israeliens . Certains dans le peuple sont partagés entre le depit, et la satisfaction de voir Gilad a la maison.
« sous les portraits du jeune homme qui sont apposés dans différents lieux publics de notre pays ». Il aurait fallu souligner que ces que ces portraits avaient etés sabotés, arrachés, par les representants du Hamas en France.
l’ONG « Betselem » etait absente elle qui se precipite des que l’on ne donne pas de creme fouetée au dessert a un criminel detenu chez nous. L’organisation de la croix rouge ne perd pas elle non plus de visiter maintes fois les prisonniers que NOUS detenons . Le peuple en Israel en aura marre un jour d’etre l’eternel responsable de tous les les maux des Palestiniens, et decidera alors de resoudre le probléme differement.
SUPER! Gilad Shalit pourra enfin retrouver sa famille après tant de jours de capture. J’espère que tout ira bien pour lui je lui souhaite une vie plein de bonheur auprès des siens et qu’il pourra vite oublier ce calvaire. Que Dieu te protège Gilad. Affectueusement. Shalom.
Texte profondément émouvant. Cette famille a fait preuve d’une ténacité hors paire.
Ils méritent l’hommage qui leur est rendu ici