Peu importe ce que les Juifs américains pensent du Président Trump – qu’ils le voient comme une menace pour la démocratie (c’est mon cas), ou qu’ils lui soient très reconnaissants de défendre l’Etat juif (je le suis) – une chose est sûre : leur loyauté à toute épreuve envers le Parti démocrate, associée à la place disproportionnée qu’ils ont dans la procédure d’impeachment assurent à la fois l’imminence d’une tempête absolue et fournit les meilleurs arguments aux antisémites.
Heureusement, cela n’enlèvera rien aux sentiments par ailleurs très amicaux que beaucoup d’Américains des Etats républicains – le cœur de la base de Trump – éprouvent pour leurs compatriotes Juifs.
Néanmoins, l’impeachment constitue sans doute un grand spectacle télévisuel, mais les apparences sont redoutablement contre les Juifs.
Le président de la Commission du renseignement de la Chambre, Adam Schiff, élu démocrate de Californie, et le président de la Commission des affaires judiciaires de la Chambre, Jerrold Nadler, élu démocrate de New-York sont tous deux juifs. Les conseillers techniques de ces deux commissions, respectivement Daniel Goldman et Norman Eisen, sont Juifs également. Le témoignage le plus ravageur à l’encontre du Président devant la commission du renseignement a été fourni par l’ambassadeur Gordon Sondland et le lieutenant-colonel Alexander Vindman – eh oui, des juifs. Trois des quatre professeurs de droit qui, dans leur témoignage devant la chambre, ont donné un cours d’instruction civique sur la façon dont le Président avait commis des hauts crimes et des abus de pouvoir, sont juifs.
Cela fait beaucoup pour une audience. Et si vous êtes le genre de personne qui ne sait pas que Les Protocoles des sages de Sion sont un tissu d’affabulation, alors ce qui est en train de se dérouler fera d’un livre contre-fait un best-seller comme les chants de la Bible.
Mais c’est déjà en train d’arriver. L’activiste d’extrême-droite Ann Coulter et le pasteur antisémite de Floride, producteur de TruNews sur YouTube sont en train de monter au créneau sur l’air de «C’est un coup d’Etat des Juifs». Jusqu’à présent, ces paroles ne chantent qu’aux oreilles de la part la plus rauque, complotiste, évidemment antisémite de leur audience. Mais il n’est pas improbable qu’elles parviennent jusqu’au grand public.
Mais ne soyons pas non plus naïfs. A travers l’histoire, pendant les périodes de cataclysmes et de chambardement, accuser les Juifs est devenu un sport national, et quelle que soit d’ailleurs la nation. Les gens n’ont même pas besoin de concitoyens Juifs dans leur pays pour s’adonner à cet exercice risible, qui unit par la haine.
Quand le Congrès va voter la destitution du Président – et cela va arriver – et quand le Président va survivre à la manœuvre après un procès au Sénat très tendu – et il va y survivre – de sinistres personnages qui tiennent ce genre de comptes et qui adorent la ramener vont immanquablement pointer du doigt les Juifs.
Et un deuxième mandat de Trump sera un bon test pour savoir si les Juifs sont vraiment en sécurité aux Etats-Unis.
En ce moment, les figures les plus à gauche gagnent du terrain – tels Bernie Sanders et Elizabeth Warren, ou encore «le gang», ces quatre jeunes élues à la Chambre, qui, toutes, parlent d’Israël en des termes bien éloignés du consensus traditionnel de la politique américaine. Certaines s’engagent dans l’autoroute des clichés antisémites à la façon d’un conducteur ivre. Linda Sarsour, une activiste antisémite et membre de la campagne de Bernie Sanders, dans cette ambiance délétère, reçoit quelques soutiens parmi les antisémites d’extrême-gauche.
Les démocrates ne sont plus des grands défenseurs des Juifs, et comme certains, au Royaume-Uni, ont renoncé à leur carte de membre du Parti travailliste en raison de son leader, Jeremy Corbin, accusé d’être antisémite, on peut se demander si certains Juifs ne vont pas quitter le Parti Démocrate, et ce, dès les élections de 2020.
Un nouveau mandat de Trump favoriserait simplement les plus à gauche, augmenterait le nombre de leurs soutiens, et conduirait à de nouveaux départs de Juifs des rangs du Parti démocrate.
Est-ce qu’un Parti Républicain pro-Israël deviendrait un refuge pour, disons, les Américains Juifs plus modérés ? Tout dépend de la capacité de Trump à résister à l’adulation que lui voue l’extrême droite. Il faudrait que Trump renonce à son penchant de vouloir se faire aimer des «gens très bien» de Charlottesville. En effet, bien que ce soient loin d’être des génies, ces derniers ont de la mémoire et ils voudront faire payer ceux qui ont forcé un «génie très stable» à endurer l’humiliation et l’injure d’un procès politique partisan. Et c’est à ce moment-là que ceux qui notent les noms se rendront compte qu’ils sonnent tous très juif.
Bien sûr, la disproportion de Juifs parmi les acteurs de la procédure d’impeachment n’est pas en soi un sujet. C’est l’Amérique. On n’est plus dans le ghetto. Les principes d’abord ; ensuite, la politique. Mais voilà, ce gouvernement a un penchant pour monter les uns contre les autres. On peut raisonnablement dire qu’aucune autre présidence n’a si souvent évoqué les mots «trahison», «traîtres» et «rats». Et au moins parmi certains Américains, les démocrates juifs vont être le fer de lance de la bataille contre cette présidence.
Et cela peut conduire à une accusation, bien plus grave, sur la place des Juifs en Amérique, et leur loyauté envers ce pays.
Thane Rosenbaum est romancier, essayiste, professeur de droit.
Peut-on vivre sans alliés ?
Y a-t-il la moindre chance que l’on survive aux attaques répétées d’un intarissable creuset de pervers narcissiques sans qu’un Allié de taille plane sur son point zéro ?
Est-on libre de ne pas éprouver l’impérieux désir de terrasser les certitudes du faux Elvis décoloré de la néo-Babèl chrétienne quant au fait qu’un royaume féodal islamique mâtiné de pan-nationalisme puisse être moins disqualifiant pour ses partenaires de Jeu qu’une République islamofasciste ayant pris le relais du Vaisseau fantôme hitlérien ?
Saisirons-nous, entre sept jours sans nuits et le même nombre de nuits sans jours, l’opportunité de briser cette alliance que l’UN scella, en notre nom, entre une horde de compagnons de l’Émancipation rétifs à toute idée de génuflexion devant leurs fossoyeurs antiques (uniques responsables de l’aplatissement de leur propre encéphalogramme) et ces Injustes des nations trop iconiques pour ne pas pervertir la sève d’une surnature dont ils se badigeonnent tout le corps avec délectation, et qu’on a vus déjà réclamer la normalisation des relations cybergéniques avec des organes terroristes tels que le Hezbollah, le Hamas, le Fatah et j’en passe ?
Nous reste-t-il un tronçon de temps, une pulsation d’espace entre l’interminable commencement de la fin et l’insaisissable instantanéité de l’Éternel, par lesquels nous parviendrions à nous hisser à la cime génésique du projet Adâm, avant que les espoirs que nous avions nourris dans la médiumnité du prince des principes ne s’effondrent à la vitesse du Big Crunch humaniste ?
Est-il envisageable que les gardiens d’un coffre-fort immatériel soient moins mûs par l’appât du gain que par le repoussoir du Bien ?
Le fascisme historique passe pour une soupe fadasse devant l’ultrisme de ses supplantateurs.
L’épouvantail fasciste ne fonctionne plus là où la présidente du principal parti antisystème se présente comme la gardienne d’un modèle social que, sans rougir, elle qualifie de système le meilleur au monde, un idéal odieusement mis à mal par son humiliateur, « chef de l’État anti-français » que les sondeurs estiment plus judicieux d’installer durablement dans le rôle-titre du challenger, — ça eut payé !
L’important c’est de cerner l’aporie d’un dipôle infernal.
Il n’existe pas de vaccin contre le mal.
Ne pensons pas un instant que nous ayons une chance d’affaiblir Satân en lui prescrivant un traitement par injections de toxine démonique.
Ceci vaut pour Républicon.
Cela vaut donc pour Démocrasseux.
Les grâces de circonstance qu’une bonne partie de l’électorat du meilleur ami de Bibi conserve aux Juifs du Nouveau Monde, n’ont d’égal que le sentiment de défiance que ces derniers inspirent aux mutins conspirationnistes d’un Parti démocrate dont ils ne tolèrent pas l’idée qu’il leur faudrait abandonner son gouvernail et son Livre de bord aux habiles collabos d’une piraterie débile.
Le syndrome de l’élu honteux a parfois du bon.
À moins qu’il ne conforte les islamogauchistes dans l’idée qu’il ne saurait y avoir d’antisémitisme là où les fers de lance de l’antisionisme sont issus d’une longue lignée de champions olympiques de lutte élohiste.
Un trouble de la conscience qui se résorbe à la vitesse de la ténèbre quand, l’esprit de tolérance ayant prêté main forte au self-ratfucking, l’on s’aperçoit qu’on a participé de la corbynisation suicide de son propre navire, que l’on quitte en jumpers du 9/11, façon Iona, certains diront parmi nos camarades : comme le feraient n’importe quels rats.