A ce jour, peu de critiques valables à propos du film « The Runaways » biopic  retraçant la carrière fulgurante du groupe éponyme. Ni le papier mollasson de Christophe Conte dans les Inrocks, ni celui des Cahiers du Cinéma ne m’ont convaincu… Je ne parle pas de Rock and Folk. Je n’en parlerai plus. Plus depuis que la publication de Philippe Manœuvre s’est déshonorée en accordant six pages d’entretien à Marc Edouard Nabe. Nabe qui dans les années 80 militait pour l’interdiction du rock, Nabe qui en parle aujourd’hui comme d’un sous-genre et reste bloqué à la case Jazz, le Jazz à Papa… En fin de compte,  à part le bon dossier que consacre Rolling Stone aux Runaways, aucune publication n’a vraiment réussi à traduire la fureur de vivre très « sex, drugs and rock and roll » à la base du film de Floria Sigismondi.

Pourtant, sur le film comme sur le groupe, il y a beaucoup à dire. En commençant par l’essentiel, la bande son, un vrai bijou. Celle-ci commence sur les chapeaux de roue avec le très glam’, très androgyne « Roxy Roller » de Nick Gilder. Ici, parfait accord entre l’Histoire du Rock et la fiction. Car c’est bien le Glam Rock de Gilder et de T-Rex surtout qui firent naitre chez Joan Jett sa vocation de rockeuse…

Californie, mid-70’s. Debut de l’histoire du groupe. Au commencement Joan l’électrique est guitariste des Runaways. Elle n’a pas quinze ans et préfère déjà les riffs de guitare furieux aux gentilles, bien gentilles balades folk policées. Guitariste et âme d’un groupe dont Jett jette les bases, les Runaways pourraient s’il le fallait ne se résumer qu’à une seule punchline : des jeunes filles effrontées et de bruyantes guitares. En pleine révolution féministe, le concept avait tout pour plaire. Kim Fowley, inquiétant producteur, aussi déjanté soit-il, avait immédiatement senti le bon filon. Avec le recul cela ne fait aucun doute, les Runaways étaient un pur produit de leur époque. Et quelle époque ! Celle de la deuxième vague féministe qui relit Beauvoir et son Deuxième Sexe, se conscientise et rejette une nouvelle fois l’ordre établi. Rétrospectivement donc, lorsqu’on mesure à quel point le désir d’égalité et la dimension sexuelle sont des données importantes de la musique des Runaways, on serait tenté de voir poindre chez elles un message éminemment politique. Sauf que Cherie Currie et ses girls n’avaient de cesse de reléguer la pensée féministe au second plan. De leur propre aveu, elles n’étaient là que pour faire du rock, jouer fort et faire la nique aux groupes désespérément masculins. De fait, si l’on voyait dans leur chansons un quelconque message politique, c’était déjà trop analyser leur art.

Et pourtant, les conservatismes à l’œuvre dans l’Amérique des années 70 ont maintes fois freiné l’élan des Runaways. Eux comprenaient à quel point les Runaways pouvaient, potentiellement, changer les mentalités. Kim Fowley croyait à un séisme culturel équivalent aux Beatles… Rendez-vous raté avec l’Histoire. Le film reprend ce thème dans quelques scènes furtives, presque pudiques. Il raconte comment on s’arrangeait alors, sous quelques prétextes fallacieux, pour perturber les répétitions du groupe, comment l’on usait aussi de tout le machisme à l’œuvre dans le milieu rock de l’époque pour les reléguer au second plan. Ce que Joan Jett explique limpidement ici :

Au début du film, une scène clé. On y voit Joan Jett gamine trainer dans une friperie sordide à la recherche d’un blouson de cuir noir. La tenancière voyant la jeune fille s’aventurer dans le rayon « mode masculine » lui signifie sa désapprobation. Comme souvent au cinéma, on imagine la scène d’après. L’atmosphère est si pesante… On croit que la fillette va s’enfuir honteusement. Mais c’est mal connaître Joan Jett et son air, justement, de garçon manqué. Elle revient vers la tenancière et lui déballe des centaines de pièces qui lui permettront d’acheter son blouson. Un cuir a la Suzi Quatro. L’inspiratrice. La Wild One. Pionnière du hard rock féminin, Quatro tournera brièvement, avant les Runaways, avec un groupe exclusivement féminin, les Pleasure Seekers. Pleasure Seekers, nom évocateur, éloge à peine voilé de la masturbation féminine, a beaucoup à voir avec les questionnements féministes de l’époque et ses thématiques favorites (parmi lesquelles la recherche de plaisir au féminin). Si les Pleasure Seekers ne rencontreront jamais vraiment leur public, Quatro s’affirmera ensuite comme une référence du rock féminin.

Quelque part, les Runaways sont  les petites sœurs de Suzi Quatro, d’authentiques Wild Ones. On pourrait même dire que les élèves ont dépassé leur maitresse. Des lors, la première partie du film, celle qui retrace l’ascension du groupe, est  excellente. La seconde, tombe parfois trop – et c’est un vrai regret – dans les pièges classiques du biopic rock : voir les coupures de presse défiler à l’écran, l’enchainement des tournées triomphales et les scènes de disputes entre les membres du groupe, tout cela semble facile et déjà vu. On ne fera pas le même grief au jeu des actrices, Kirsten Stewart en tête. Celle qui interprète Joan Jett est troublante de ressemblance dans la voix comme dans l’attitude avec la chanteuse américaine. Ressortez les images d’archive, comparez, vous serez bluffés !

Finalement, à part un engouement bien spécial au Japon, les Runaways manqueront leur rendez-vous avec la gloire. Plus qu’une simple illustration de la carrière des Runaways, le film va alors proposer de nouvelles grilles de lectures. The Runaways nous propose ainsi une réflexion sur l’adolescence, réflexion qui prend parfois les atours du roman initiatique avec la description du parcours de Cherie Currie. Il y a de la tragédie chez Cherie Currie. Leadeuse des Runaways, Currie, a laquelle le hit « Cherry Bomb » fait référence, est cette adolescente un peu paumée, en quête de nouveauté, qui connaitra la célébrité et les affres de la drogue trop vite, trop jeune, claquera la porte du groupe qui lui changea la vie pour finalement ne jamais se remettre de ses excès passés. Le reste de sa vie sera triste : jamais plus Cherie ne goutera au frisson de la vie de rockstar. A ce stade de l’histoire, on aurait apprécié que le film dure en longueur car c’est ici que l’aventure se densifie psychologiquement et se raffine émotionnellement. On soupçonne cependant la réalisatrice d’avoir dû couper au montage certaines scènes utiles à la narration. Dommage.

De 1975 à 1979, la vie des membres des Runaways oscilla entre ombre et lumière, gloire et sordide. Puis tout s’arrêta aussi vite que cela a commencé. En un éclair de temps. Viendra alors, pour Joan Jett le temps de la célébrité. Ce n’est finalement que justice. Des deux protagonistes, c’est bien Joan Jett qui était mordue de rock and roll. Accompagnée des Blackhearts, l’ex guitariste des Runaways vendra des millions de copies de son « I Love Rock and Roll », énergiquement reprise aux Arrows. Cherie Currie retombera, elle, dans un anonymat blafard mâtiné d’overdoses et de cures de désintoxication. L’histoire, pourtant, se termine bien. Aussi bien que dans un blockbuster hollywoodien. Aux dernières nouvelles, Cherie a vaincu son addiction et mène une vie de bohême quelque part en Californie.

Finalement les Runaways comme les Pleasure Seekers ont manqué leur rendez-vous avec l’Histoire. Mais qu’importe ! On pourra tant que l’on voudra juger leur parcours, discuter l’intérêt des albums qu’elles laissent derrière elles, questionner leur influence sur le rock actuel. Reste que Jett et Currie ont vécu  à cent à l’heure, sans se soucier des conventions. Authentiques héroïnes des temps modernes, elles trouvent dans ce film un hommage plaisant et bienvenu. Juste récompense !

4 Commentaires

  1. Ouais, pas mal, mais, un peu trop long je trouve, non serieux, moi ce que je voudrais c’est les dates et lieu de sa dernière tournée s.v.p, merci quand même pour l’article!

  2. Il y a une autre électro-muse qui envoûta les nuits des teenagers au virage de sortie des Seventies. Elle s’appelle Pat Benatar et son Heartbreaker fonctionnait du tonnerre de Dieu. Venue de la danse et du chant classique, elle disait rêver aux Rolling Stones lorsque dans son enfance elle chantait Puccini. Le cocktail fut détonant quand elle passa à l’acte. Visage de Barbarella, veuve noire en déshabillé haute couture montée sur talons aiguilles, son disque tournait en boucle autour de l’axe central de ma platine Akai. Ce qu’avaient ces déesses de Pat, Joan ou Debbie contrairement aux fermières de MTV, c’est un groupe dont elles étaient un membre à part entière parmi d’autres membres aussi irremplaçables qu’elles. Neil Giraldo fut l’un des plus impressionnants guitareros de son temps. Chris Stein est une figure majeure de la musique de ces trois dernières décennies et demi.

  3. LA VILLE DU CANADA Vancouver a un problème de drogue
    http://translate.google.com/translate?js=n&prev=_t&hl=en&ie=UTF-8&layout=2&eotf=1&sl=en&tl=fr&u=http%3A%2F%2Fwww.2010homelesschampions.ca%2F&act=url
    ARTICLE héroïne cocaïne et le crack de la rue dans le Downtown Eastside DE VANCOUVER
    J’ai une entrevue avec un jeune homme qui a consommé de l’héroïne la plupart de sa vie, il a récemment fait une rechute après le temps de nettoyage de onze mois de cette vidéo est très graphique

    La dure réalité de la toxicomanie
    http://www.youtube.com/watch?v=OuNWCPDrJsM
    Cette vidéo a été tourné dans le quartier Downtown Eastside Vancouvers par le narrateur, il est tout à fait extrêmes, il montre comment un lieu commun et facilement et de médicaments disponibles et comment les gens peuvent succomber à une réaction physique extrême du manque de sommeil, la nutrition et la déshydratation. Cette vidéo a été réalisée pour différentes raisons, l’une étant l’éducation de l’autre comme indiqué plus haut c’est un lieu commun, ici à Vancouver, dans une autre ville ou une ville en Amérique du Nord cet homme aurait reçu des soins médicaux immédiats, mais ici, à Vancouver à la fois la police et d’ambulance tout lecteur en. Si vous n’avez pas Crois moi Viens vers le bas et voir notre petit cirque de l’homme slash « la réduction des méfaits EXPERIENCE »
    Cet homme a été repéré deux heures plus tard de dormir sur un trottoir en béton de son oreiller.
    Tant le narrateur et producteur de cette vidéo ont passé de nombreuses années aux prises avec la toxicomanie et ont passé beaucoup de temps dure en Vancouvers « Eastside NOTORIOUS centre-ville».
    Aujourd’hui, ils ont échappé et sont propres et sobres, et maintenant il vit consacrer à ceux qui souffrent encore de « La dure réalité de la dépendance »

    Je interview d’une femme qui a consommé de l’héroïne la plupart de sa vie, elle a une vie très triste

    Nous avons une femme du nom de Lisa, elle a été sur tous disponibles le programme actuel de réduction des méfaits dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver
    Il s’agit d’une triste histoire triste de cette pauvre femme n’a que sa dépendance à la hâte de sa vie

    http://www.youtube.com/watch?v=0oH799luaI8

    Last but not least, nous a interrogé plus femme qui parle le pro et le contre de l’héroïne par rapport à la méthadone

    http://www.youtube.com/watch?v=Wb7mAvgPz_4

    À vous de juger toute la raison de ces vidéos est d’apporter une certaine vérité à propos des services d’aide aux toxicomanes qui sont en usage ici, à Vancouver. Ma recherche a été à un niveau personnel depuis plus de vingt cinq ans dans la toxicomanie ainsi que ces derniers et beaucoup d’autres entrevues. Merci récupéré addict