Le geste de Manuel Valls aura eu au moins un mérite: appeler un chat un chat.
Voilà des années que l’on finasse, hésite, tourne autour du pot. Voilà des années qu’on lit : «les propos controversés de Dieudonné», «des propos qui, pour certains, seraient antisémites». Fini. On ne se voile plus la face. On ne dit plus «certains». Et les gens qui se pressent au Théâtre de la Main d’Or sont reconnus pour ce qu’ils sont : pas des spectateurs, des militants — et les militants d’une secte antisémite. Il est bon que ces spectacles soient montrés du doigt. Il est bon que le «geste de la quenelle» apparaisse aux yeux de tous comme ce salut nazi inversé qu’il est aux yeux de ses inventeurs. A partir de là, chacun se déterminera. En son âme et conscience, il décidera s’il choisit de trouver « drôle » un mouvement aussi crapuleux ou si, comme Anelka, il choisit de lui adresser l’expression de sa sympathie.
Ici, à la RDJ, on n’a jamais mâché ses mots. Dieudonné, comme Soral, est un antisémite. Les vidéos de Dieudonné, comme celles de Soral, tombent sous le coup de la loi. Le directeur de la revue, Bernard-Henri Lévy, a d’ailleurs appelé, très tôt, à réagir. Dans un bloc-notes du Point, paru le 3 février 2005 et que nous reproduisons intégralement, il titrait : «Dieudonné, fils de Le Pen» et s’étonnait du silence complice de la République, des intellectuels et des médias. Huit ans après, nous y sommes. Et La Règle du jeu ne prêche plus dans le désert.
Si l’on en croit la page de discussion de l’article « Dieudonné » sur Wikipédia, le mot « controversé » va (enfin !) bientôt disparaître de l’introduction de l’article, pour laisser place à « d’idéologie antisémite » ou quelque chose d’équivalent. Il faut, je pense, s’en réjouir, observer la discussion en cours et l’encourager.
Que tout le monde lise la lettre tant attendue de la Ministre de la Justice Mme Christiane Taubira, elle est magnifique.
Un extrait,
sa conclusion: » Ces provocations putrides testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous faut y répondre, car la démocratie ne peut se découvrir impuissante face à des périls qui la menacent intrinsèquement. Il faut donc descendre dans l’arène, disputer pied à pied, pouce par pouce l’espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante, la refouler, occuper le terrain par l’exigence et la convivialité.
Car il est hors de question de commencer l’année en « livrant le monde aux assassins d’aubes » (Aimé Césaire).
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen :
Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.
Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
J’ai l’impression que l’on oublie nos bases fondamentales en ces jours sombres de délation et de victimisation.
Sous prétexte de liberté d’expression, on laisse les pire insanités se répandre, comme sur un champ d’épandage. Ceux qui ne voient en la quenelle qu’un geste anti-système sont des aveuglés volontaires.
Choisir les lieux de mémoire de la Shoah ou les sites en relation avec la judéité pour se faire photographier est suffisamment clair.
insanités pour toi, réflexions pour moi
et vice versa !
c’est ca la liberté d’expression.
Ce sont nos « pussy riot » à nous. Vous n’avez rien compris.
Cela remonte au premier hit d’Élie et Dieudonné, où deux racistes, un Juif et un Noir, joutaient l’un contre l’autre et montaient dans les tours. Cela se passait bien avant le 11 septembre 2001. Élie Semoun comprendra, à ses dépens, que le second degré peut servir de masque à une haine qui si elle est à coup sûr primordiale, est loin d’être primaire. Vaguant sur le radeau de Farrakhan, l’antisémite de nouvelle génération a persuadé une frange de notre population que l’antisémitisme était une sous-catégorie de l’antiracisme. Dans sa tête, les Juifs ont planifié la traite négrière; le racisme est un produit du judaïsme; racisme = Juifs; antiracisme = antisémitisme. Un bon antiraciste en devient inductivement un bon antisémite. Or c’est bien au racisme qu’il faut rattacher la haine antijuive. Et par voie de conséquence, aux forces antiracistes de ce pays de dresser un seul et même bouclier thermique face au dragon préhistorique de l’instinct de mort non sublimé qui s’abat sur une seule et même civilisation, celle de l’Homme, de son État humain, de son Droit le plus ontologique à être, et donc à n’être pas réduit à la chose qu’il n’est pas ou la cause qu’il n’a pas.
La meilleure façon de lutter contre l’antisémitisme, ce n’est pas d’interdire ceux qui véhicule ces thèses, mais d’en débattre avec eux et de leur prouver qu’ils on tort. On donne du grain à moudre à Dieudonné, il le fait et ça lui rapporte, c’est devenu sont fond de commerce comme la vulgarité de Bigard. En voulant l’interdire, Manuel Valls s’attaque à la liberté d’expression donc au bases de la démocratie, laissez nous nous opposer à tous ces gens ne les faites pas taire ce serait pire.
Je n’ai aucune sympathie pour Dieudonné, et suis ravi que Mr Valls ait enfin eu le courage d’appeler un chat un chat, mais d’où tenez vous cette histoire de salut nazi inversé ? C’est un geste extrêmement grossier et vulgaire, proche du bras d’honneur, qui est utilisé comme geste d’appartenance à l’idéologie nauséabonde, mais je ne comprends pas la nécessité de l’assimiler à un salut nazi. En le désignant ainsi vous donnez des arguments aux paranoïaques en tous genres qui prétendent que « l’elite » pratique le « reductio ad hitlerum ». Ce n’était vraiment pas la peine.