Situation de blocage à l’UMP. Guerre des chefs, faux fonctionnement démocratique mais vrai système mafieux, fiasco… Depuis une semaine, les médias se délectent des tribulations du duel Copé/Fillon, un conflit qui laisse la principale force de Droite dépourvue d’un leadership fort. L’on se moque désormais chaque jour de ce géant partisan hier terrifiant devenu subitement nain en l’espace d’une affligeante soirée. Et cette fois, la Gauche n’y est pour rien ! L’UMP s’est sabordée toute seule, comme une (trop) grande. Oui, trop grande. Les enjeux ont fini par dépasser un tandem Copé-Fillon qui ne s’entre-déchire pas vraiment pour trois mairies et deux circonscriptions. Le sarthois et l’ jouent en fait gros : les prochaines années au pouvoir, tous deux misant sur le fait qu’une crise, impossible à régler en un seul quinquennat, fera perdre Hollande en 2017. Copé et Fillon le savent : c’est bien en 2012 que l’on prépare le prochain triomphe de la Droite. Vues sous cet angle, les prises de becs de la semaine passée s’entendent ainsi différemment : et s’il ne s’agissait pas, en l’occurrence, d’un vulgaire conflit d’hommes mais bien de leur capacité à entrer dans l’Histoire de leur pays ?
Que s’est-il passé au cours de ces derniers mois, avant l’UMPlosion ? D’abord la fracture nette du parti en plusieurs courants. Déjà, les appels du pied en direction de l’électorat d’extrême-droite avaient dangereusement fait tanguer le navire sarkozyste ; l’ancien Président de la République retiré des affaires, plus personne n’arrivait à siphonner les voix lepénistes. Mi spin-doctor, mi gourou maléfique, Patrick Buisson avait largement infiltré les pensées des pontes de l’UMP. Logiquement, les électeurs se sont mis à menacer : bientôt ils choisiraient l’original à la pâle copie boulangère de Copé. Ou bien peut-être le Centre en refondation pour les plus modérés. Dépourvu de la vista politique d’un Sarkozy, Jean-François Copé s’est laissé aller au jeu rhétorique stigmatisant. Une stratégie qui le poursuivra longtemps, même si ses proches assurent qu’il n’est pas aussi manichéen que le laissent entendre les Guignols de l’Info. Le temps nous dira si les thèmes de campagnes changeront. Reste que la stratégie copéiste « garantie gagnante » à court terme produit, depuis l’annonce de la COCOE, de terribles effets. Au FN, les nouveaux adhérents affluent. Wallerand de Saint-Just se frotte les mains. A l’autre bout de la ligne, tentant tout pour se défaire de son image de politicien patient, François Fillon a tardivement montré les crocs. Il l’a surement fait trop tard et trop fort. Dommage pour la Droite ET pour la vie politique française.
Spectateurs de ce combat médiatique indécent, NKM, Baroin et Apparu ne parlaient peu ou plus. Alors que l’opinion oscillait entre consternation et hilarité, l’immense majorité des observateurs déclarait l’UMP morte et enterrée. Sans penser totalement aux conséquences, l’on s’est alors écrié : « L’UMP est morte, vive l’UMP ! ». Pourtant rien assure que la succession se fera à Droite et rien ne dit qu’élus et électeurs ne tueront pas dans la hâte la formidable machine qui succéda au RPR. Le tsunami à l’UMP fait ressentir ses secousses partout. Marine Le Pen a repris des couleurs. Mélenchon a fait son retour sur les plateaux télés. Mais surtout : l’UDI est attendue au tournant. Plus vite que prévu, Borloo tient son test. Ou plutôt, les Français vont forcer Borloo à montrer ce qu’il a dans le ventre : le charisme d’un présidentiable ou bien la faiblesse d’un éternel dégonflé fuyant les échéances majeures. Les prochaines semaines seront certainement riches en enseignements. Elles ont en tout cas le pouvoir de modifier durablement la vie politique française.