Je m’appelle Aziz Othman et je suis heureux d’être parmi vous ce soir, en tant que représentant du parti kurde Yekiti de Syrie. Merci à Bernard-Henri Lévy pour son invitation et mes félicitations pour son film sur la guerre de libération en Libye. Merci pour son combat inlassable pour la liberté et la justice dans le monde et spécialement en faveur des peuples du Moyen-Orient.
Je voudrais vous faire part de quelques réflexions sur ce film en tant que kurde du Kurdistan syrien. Les images de ce Serment de Tobrouk entrent complètement en résonance avec notre propre expérience historique en Syrie. La tyrannie de Kadhafi sur son peuple constitue un parallèle exact avec celle de Bachar al-Assad. En tant que Kurde syrien, je me fais l’expression d’une population qui a doublement souffert. D’abord comme tous les Syriens, nous avons vécu et nous vivons sous un régime autoritaire et répressif et, en même temps, nous sommes les victimes d’une discrimination supplémentaire en tant que Kurdes. L’aire du peuple kurde a été réduite, culturellement et politiquement. Notre langue, nos partis politiques ont été interdits. Plus encore, de larges secteurs de notre peuple ont été visés en tant que tels, condamnés à l’exil, emprisonnés, victimes de tortures et de traitements criminels. Des centaines et des milliers des miens ont été privés de leurs droits et de leur citoyenneté depuis des décennies.
Les Kurdes ont toujours été un des éléments constitutifs de l’opposition au régime. Cela doit être pleinement pris en considération par nos partenaires syriens. Les Kurdes doivent pouvoir jouer le rôle auquel ils ont droit, dans la résolution de la crise syrienne.
Je reviens au film. Quand nous voyons comment Benghazi a tenu, nous faisons nôtre l’espoir des Libyens pour une société nouvelle et plus juste. Mais notre histoire n’est pas la même que celle que le peuple libyen a vécue. Nos deux souffrances n’ont pas reçu la même réponse de la part de la communauté internationale. Comme ce film le montre, ce qui pour nos amis libyens est aujourd’hui une grande épopée derrière eux et qui leur donne une espérance dans l’avenir, est pour nous, chaque jour, une réalité plus cruelle. La situation présente de nos amis libyens est pour nous un pur rêve.
Les révolutions nationales et les guerres de libération au XXIème siècle concernent la communauté internationale toute entière. Les révolutionnaires d’aujourd’hui ont besoin d’amis dans le monde, comme Bernard-Henri Lévy, qui a été un soutien si actif, hier pour les Libyens, et, qui l’est aujourd’hui pour les Syriens dans leur lutte de libération.
Nous lui sommes reconnaissants pour avoir porté sur la scène internationale les appels de l’opposition syrienne à la dictature. Son film est pour nous une source d’inspiration.
Le défi pour nous, Kurdes et Arabes de Syrie, est toujours devant nous.