Note de l’auteur
Cette lettre ouverte est conçue dans une perspective strictement civique et intellectuelle. Elle s’adresse d’abord à l’opinion publique, et vise à nourrir la réflexion collective et le débat démocratique autour de la recrudescence de l’antisémitisme aux Pays-Bas. Mon intention n’est nullement de me substituer aux institutions officielles, mais d’alerter, interroger et encourager la vigilance citoyenne dans l’esprit de responsabilité et d’ouverture qui caractérise la tradition européenne du débat public.
Lettre ouverte à Sa Majesté le Roi des Pays-Bas sur la recrudescence alarmante de l’antisémitisme
Paris, le 4 novembre 2025
À Sa Majesté le Roi Willem-Alexander
Palais Noordeinde
Noordeinde 68
2514 GL Den Haag
Pays-Bas
Sire,
Permettez-moi d’attirer respectueusement votre attention sur l’évolution préoccupante de l’antisémitisme dans le Royaume des Pays-Bas, phénomène dont la gravité s’accentue et interpelle l’ensemble de nos sociétés démocratiques.
Les Pays-Bas ont connu en 2024 une montée rapide des incidents antisémites, atteignant 421 cas recensés, soit une augmentation de 11% sur un an, l’une des plus fortes progressions d’Europe occidentale. Cette recrudescence inquiète profondément la communauté juive et traduit une banalisation croissante de la haine. Le phénomène est aggravé par la polarisation sur les réseaux sociaux et des déficits pédagogiques autour de la mémoire de la Shoah : près d’un quart des jeunes néerlandais interrogés considèrent celle-ci comme un mythe ou un récit exagéré, révélant une faille majeure dans la transmission mémorielle. Face à cela, l’urgence d’une mobilisation civique, éducative et institutionnelle ne fait plus débat.
Les causes de cette montée sont multiples : montée des discours hostiles via Internet, fragilisation de la transmission mémorielle et civique, difficultés d’intégration pour certains jeunes issus de l’immigration, et influence directe des événements internationaux récents. Il est aussi noté que les Pays-Bas, par leur histoire, portent une mémoire douloureuse : plus de 70% des juifs néerlandais ont été déportés durant la Shoah, plus que dans tout autre pays d’Europe de l’Ouest.
Face à ce constat, le gouvernement néerlandais a renforcé dès novembre 2024 les dispositifs de prévention et de protection, allouant 4,5 millions d’euros par an à la lutte contre la haine et à la sécurisation des établissements communautaires. Parallèlement, les politiques de lutte contre la diffusion de propos haineux en ligne ont été consolidées. Toutefois, cette démarche appelle un approfondissement pédagogique, notamment par la formation des enseignants et l’ancrage des valeurs démocratiques dans les parcours éducatifs.
Un épisode récent, la désinvitation de la sociologue Eva Illouz par l’Université Erasmus de Rotterdam au motif de son affiliation à l’Université hébraïque de Jérusalem, a en outre révélé la fragilité des principes fondamentaux du pluralisme et de la liberté universitaire. Ce renoncement à accueillir une intellectuelle reconnue sur la base de sa trajectoire universitaire a été interprété par de nombreux observateurs comme une confusion entre la controverse politique et la discrimination identitaire : il doit nous alerter sur le risque d’une normalisation de nouvelles formes d’exclusion.
Ainsi, à travers la progression objective des actes antisémites et la multiplication de signaux d’alarme, apparaît la nécessité conjointe de préserver l’intégrité du vivre-ensemble et de défendre l’université comme lieu du pluralisme éclairé. Il importe d’armer la jeunesse contre toutes formes de rejet de l’Autre et de nourrir, dans l’espace civique, une mémoire lucide et une vigilance active.
Confiant dans la capacité du Royaume à porter cet engagement, et persuadé que le leadership de la Couronne jouera un rôle exemplaire dans ce combat d’avenir, je vous prie d’agréer, Sire, l’expression de ma très haute considération.
Marc Knobel est historien et chercheur associé à l’Institut Jonathas de Bruxelles.

Boileau aurait répété à cette occasion : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire, viennent aisément.
Il faudrait faire la même lettre à Macron lorsque l’on voit les universitaires israéliens refoulés, un orchestre déprogrammé, un soutien du terrorisme reçu à l’assemblée nationale par le député Portes qui a fait l’objet d’un signalement au procureur par un groupe de députés. On ne l’a jamais autant vu sur les bancs de l’Assemblée. etc.