La prodigieuse peintre baroque Artemisia Gentileschi Rome en 1593. Elle était la fille d’Orazio, un peintre, qui l’a élevée seul.

Elle a été violée en 1611, à 18 ans, par Agostino Tassi son professeur de peinture. Quelques mois plus tard Orazio a engagé un procès pour la défloration de sa fille. Tassi sera condamné après beaucoup de difficultés et d’humiliations pour elle. D’où ses tableaux vengeurs de décapitations.

La première œuvre signée et datée d’Artemisia est Susanna e i vecchioni : elle a fait de son art un moyen d’affirmer son existence et de défier les normes de son temps. Formée au caravagisme adouci de son père, elle a su en reproduire les manières élégantes ; elle a cependant montré une préférence pour des tons plus dramatiques que les siens.

Après un séjour à Florence (1614-1620), elle s’installe à Rome entre 1620 et 1627, avec de brefs séjours à Gênes et à Venise. En 1630, elle établit son atelier à Naples, et reste en contact étroit avec Stanzione. Elle y développe la partie la plus prolifique de sa production, devenant l’une des figures artistiques les plus importantes d’Italie, influençant tout le milieu napolitain, en particulier Stanzione lui-même et Finoglia.

Son séjour à Naples est interrompu en 1638-1639 lorsqu’elle se rend à Londres, où se trouve son père. Elle fut connue pour ses œuvres destinées à la noblesse anglaise. Cela fait d’elle la figure de proue de la métamorphose de la peinture napolitaine des années 1630, qui passe du naturalisme le plus strict à l’appréciation des valeurs de révolte. 

Artemisia Gentileschi, Tarquin et Lucrèce ou Le viol de Lucrèce
Artemisia Gentileschi, Tarquin et Lucrèce ou Le viol de Lucrèce, vers 1626-1630, huile sur toile (détail), Palais de Potsdam.

« Arrabalesques » pour l’héroïne

« …l’infini débute-t-il où il finit ? »

« …tout désir est-il vérité de l’au-delà ? »

« …sémillant sévillan Don Juan pour un don Giovanni inexistant ? »

« ...méfions-nous des gens sans méfiance »

« ...le type d’homme pour une dame : les grands bâtis en force ; les myopes tiennent-ils à la grandeur ? »

« …je suis curieuse de voir le visage de mille trois cents don Giovanni inexistants et de Tirso de Molina confesseur ? »

« …organisons une expédition tras os montes pour explorer le banal ? »

« …la mort éternise »

« …je suis une femme à charge de moi-même ? »

« …sachant tout ce que vous savez, comment se fait-il que vous ne le sachiez pas ? »

Détails des tableaux de l’exposition photographiés par Arrabal

Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards
Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards,1610, huile sur toile (détail), Château Weissenstein. Photo : Arrabal
Artemisia Gentileschi, David avec la tête de Goliath
Artemisia Gentileschi, David avec la tête de Goliath, vers 1610, huile sur toile (détail), Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers. Photo : Arrabal
Artemisia Gentileschi, Yaël et Siséra
Artemisia Gentileschi, Yaël et Siséra, 1620, huile sur toile (détail), Musée des Beaux-Arts de Budapest. Photo : Arrabal
Artemisia Gentileschi, Judith et sa servante
Artemisia Gentileschi, Judith et sa servante,1618-1619, huile sur toile (détail), Palais Pitti. Photo : Arrabal
Orazio Gentileschi, Judith et sa servante
Orazio Gentileschi, Judith et sa servante, vers 1612, huile sur toile (détail), Musée des Beaux-Arts de Bilbao. Photo : Arrabal
Orazio Gentileschi, Judith et sa servante avec la tête d’Holopherne
Orazio Gentileschi, Judith et sa servante avec la tête d’Holopherne, vers 1608-1612, huile sur toile (détail), Musée National d’Oslo. Photo : Arrabal
Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne
Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne,1620, huile sur toile (détail), Galerie des Offices de Florence. Photo : Arrabal
Fede Galizia, Judith avec la tête d’Holopherne
Fede Galizia, Judith avec la tête d’Holopherne, 1596, huile sur toile (détail), Musée d’Art John-et-Mable-Ringling. Photo : Arrabal

Artemisia, héroïne de l’art
Exposition du 19 mars au 3 août 2025
au Musée Jacquemart-André (Paris).

2 Commentaires

  1. Et si c’était un drame d’aujourdhui? Est-ce qu’on aurait le courage (ou le manque de political correctness) d’exhiber tant de cruauté (même si justifiée) …?