La projection spéciale, le 10 janvier au Capitole, du dernier film de Bernard-Henri Lévy, Glory To The Heroes, a commencé par une prière.

La révérende Margaret Kibben, membre éminent de la Chambre des Représentants, s’est adressée à une audience choisie, composée de membres du Congrès américain, d’ambassadeurs étrangers, d’officiels de l’Administration américaine, du Département d’État et de la Défense :

« Aide-nous, Seigneur, à l’emporter sur nos ennemis. Veuillez vous joindre à moi et prier pour ceux qui ont été martyrisés, afin de renforcer l’Ukraine et les Ukrainiens. La victoire est déjà leur. Fasse qu’ils y trouvent la gloire. Glorifions nos héros. Slava Ukraini… Amen… »

Une seule réponse convenait plus que jamais ce soir-là, en retour de cette adresse devenue fameuse. La salle répondit : « Heroyam Slava »(Gloire aux héros). Ce fut une façon parfaite de commencer la soirée, qui, outre la projection du film, allait faire pleinement office, ce soir-là, de mobilisation en faveur d’une aide financière massive à l’Ukraine et un soutien continu à la cause ukrainienne.

Sous la vénérable coupole du Congrès des Etats-Unis, et sous les hauts patronages de la congressiste Marcy Kaptur, co-présidente du Comité ukrainien au Congrès et de ses collègues (Joe Wilson, Joe Costa, John Garamendi, d’autres) et en présence de l’ambassadrice ukrainienne à Washington, Oksana Markarova, le film de Lévy démarra.

Ce film a été distribué dans les principales villes des Etats-Unis en décembre dernier grâce à Cohen Média Group. Il est toujours à l’affiche, cette semaine encore, au Texas et en Oklahoma. Il montre très exactement ce qui est en jeu à travers ce conflit barbare, déclenché et mené en déni de toute justice.

Tandis que le Congrès débat avec vigueur d’une loi en faveur de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, et que le soutien à l’Ukraine est en question, les images de Lévy montrant l’arrivée d’armes sur le Front en nombre limité et tardivement, montrant les drones de fortune et les solutions ingénieuses pour remplacer les avions cruellement manquants, tout cela nous frappe particulièrement ici, en Amérique.

Le langage législatif, les budgets, les textes encore dans les limbes, prenaient un tout autre sens ce soir-là, tandis que le réalisateur montrait avec ses images commentées d’une voix émouvante, ce que cela signifie concrètement pour les intéressés sur le terrain.

Eh oui, les vraies gens sur le terrain, les humains en chair et en os : en d’autres termes, les héros. Le film montre toute la diversité de ce peuple de héros malgré eux.

Voici les bambins de ce jardin d’enfants qui reprennent le chemin de l’école au premier jour de la rentrée des classes et qui chantent l’hymne national dans un abri souterrain, leur petite tête haute…

Voici Ruslana, 20 ans, qui a perdu sa jambe à la guerre et qui nous dit à l’écran qu’elle est fière d’elle-même et de sa contribution patriotique.

Voici Maryna, Anastasiia et Daryna, séquestrées par les Russes un mois entier avec 376 villageois de Yahidne, qui continuent de sourire et persévèrent dans leur amour de la vie.

Voici les combattants étrangers, tous volontaires, comme Vitali venu d’Israël, Nico de France, Dan d’Angleterre : ils font leur la cause de l’Ukraine, combattent au mépris des risques, alors que ce pays n’est pas le leur.

Voici Taira, la « Médic » de Mariupol, qui, en captivité en Russie, n’a pas cédé d’un pouce.

Voici encore les milliers de soldats anonymes, les Braves de Bakhmout, de Zaporijia, qui n’ont pas vu leurs familles, leurs proches depuis des mois, tandis qu’ils tiennent solidement la ligne, cette ligne de feu et de sang qui sépare la civilisation de la barbarie.

Ce que Lévy montre dans ce film et qu’il a martelé, ce soir-là, au Capitole, devant cette foule de décideurs,c’est que l’Ukraine se bat non seulement pour sa survie mais pour la liberté et pour le monde entier.

Puissent les fortes images tournées par Lévy et son coréalisateur Marc Roussel, puisse son message de solidarité avec l’Ukraine mobiliser le Congrès ; et puisse que l’exemple que représente l’Ukraine pousser les Etats-Unis à voter les lois essentielles au soutien de son indépendance et de sa lutte.