L’agression, si prévisible, de l’Ukraine par la Russie a commencé. Et comme hier, l’Europe va se coucher devant Poutine et ses chars, elle va une nouvelle fois lui confirmer qu’il a raison de continuer à se jouer d’elle, à l’humilier, en avançant toujours un peu plus, pas à pas, ses pions sur l’échiquier mondial. L’Ukraine a-t-elle attaqué la Russie ? Lui a-t-elle donné des raisons valables pour qu’elle envahisse son territoire au-delà même du Donbass et de Louhansk ? Non bien sûr. Attaque gratuite par une Russie en reconquête de sa grandeur.

Si Churchill, si De Gaulle voyaient ça… Ne pensons même pas à Clemenceau, Napoléon, Louis XIV ou Wellington.

Où est passée l’Europe ? L’Europe est tellement évoluée, tellement civilisée qu’elle est tétanisée par le spectre de la guerre quand elle frappe à sa porte (quand il s’agit du Mali ou de la Libye, petits pays qu’elle considère insignifiants, ça va). Ses sociétés si démocratiques, dans le confort douillet de leur tour d’ivoire faite de développement, de garanties sociales, d’aides de l’État, sont devenues si étrangères à la réalité du monde – celui dans lequel vit 80% de la population mondiale. Revers de la médaille : les sociétés occidentales sont si parfaites, si justes, si démocratiques qu’elles ont oublié la possibilité de la mort.

Or, on ne peut être étranger à la mort dans un monde où la Chine, la Russie, la Turquie – et bientôt l’Inde des ultranationalistes hindous de Modi, n’ont qu’une idée en tête : revanche sur l’Occident et domination mondiale partout là où les États-Unis et l’Europe se retirent. Sauf que nous, l’Occident, valons infiniment mieux que Russie, Chine et Turquie. Pas pour des raisons ethniques ou de civilisation, mais seulement parce que, malgré tous nos méfaits du passé, nous sommes des démocraties, des vraies. Et le modèle de ces nouvelles superpuissances, qu’elles veulent imposer partout est à l’opposé de la démocratie et des droits humains : il suffit de voir la répression par la Russie en Tchétchénie, il suffit de voir la répression par les Chinois des Ouïghours et des Tibétains, il suffit de voir la répression des citoyens indiens musulmans qui se met en place dans l’Inde « pure » de Modi. Il suffit de voir comment Pékin contrôle la vie de ses propres citoyens. Comment la liberté d’opinion et d’information est muselée en Russie. Comment Erdogan a islamisé la Turquie et maté toute contestation. Comment la vie dans ces pays n’est pas une vraie vie pour qui chérit sa liberté. 

Pour la première fois de son histoire, l’Europe est en train de perdre la partie. Car en envahissant l’Ukraine, la Russie va créer un précédent d’autant plus dangereux pour l’équilibre mondial : la Chine, la plus grande dictature du monde, va avoir la preuve tangible que l’Occident, même menacé au seuil de sa porte, ne fait rien pour se défendre. Qu’il se raidit, se tétanise, s’immobilise, comme un enfant qui a peur. Et la Chine, qui lorgne sur Taïwan depuis des décennies, va pouvoir passer à l’action : elle sait qu’elle ne sera pas inquiétée. 

Or, tout cela aurait pu être parfaitement évitable.

La Russie est un géant aux pieds d’argile : son économie, trop dépendante des hydrocarbures, ne tient qu’à un fil (le PIB russe, en 2022, est près de deux fois inférieur à celui français, alors que la Russie est deux fois plus peuplée que la France), en 2020 le niveau de vie de ses habitants est devenu inférieur à celui des Chinois. Certes, son armée est peut-être puissante. Mais par rapport aux forces conjuguées de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, la Russie ne fait pas le poids – le budget annuel des forces russes est presque trois fois inférieur à celui de ces trois pays réunis. La France ne dépend qu’à 20% du gaz russe, la Russie n’est que notre quinzième ou seizième partenaire commercial. Et même l’Allemagne a réussi, en décembre dernier, à faire baisser sa dépendance au gaz russe à 32%. Or, pour la Russie, l’Europe est le premier débouché économique : sans nous, elle meurt. Pas nous.

Si l’Europe était encore l’Europe, c’est militairement qu’elle devrait riposter : une action militaire conjuguée des trois grandes puissances européennes, française, britannique, allemande, soutenue par la Pologne, directement menacée par la Russie, et qui s’ajouterait à l’armée ukrainienne pour défendre les positions ukrainiennes. Poutine se coucherait. Il ne peut risquer la ruine de son pays face à un Occident mieux armé que lui, infiniment plus riche, qui peut mettre son économie à genoux et tenir sur le long terme. La Chine, la Turquie seraient, d’un coup, calmés dans leurs ardeurs. 

Cette intervention militaire aurait dû avoir lieu plus tôt : si, il y a quelques semaines, les pays susmentionnés avaient envoyé leurs troupes sur le sol ukrainien, non pour attaquer mais pour prévenir, Poutine y aurait pensé à deux fois avant de lancer ses missiles au-dessus de la frontière russo-ukrainienne et ses chars depuis la Biélorussie. La guerre aurait pu être évitée. Mais l’Europe a gémi, l’Europe a tergiversé, l’Europe a prononcé de grands mots suivis d’aucune action. Et l’Europe a maintenant la guerre. Les sanctions contre deux ou trois oligarques ? On rigole bien à Moscou et on se frotte les mains.

Mais ne rêvons pas : l’Europe ne va probablement rien faire devant les images de destructions en Ukraine. Et, au mieux, les provinces du Donbass et Louhansk deviendront russes, comme la Crimée, au pire, l’Ukraine sera occupée. Dans tous les cas, l’Occident aura prouvé sa démission face aux grandes puissances antidémocratiques qui veulent prendre sa place. Mais tant qu’aucun soldat français, anglais ou allemand ne meurt ! C’est d’ailleurs faire peu de cas de la valeur de nos soldats, de leur professionnalisme, et de l’histoire militaire française, britannique ou allemande, mais passons…

Preuve, encore une fois, de la lâcheté européenne, de la démission française de ses intérêts et de ses principes : tous les candidats à l’élection présidentielle ce matin d’y aller encore avec la farce des sanctions – comme si elles avaient empêché Poutine d’annexer la Crimée en 2014 ! Tous de condamner, personne de recommander d’agir, à part avec ces magnifiques sanctions (qui, sans arrêter Poutine, ne vont que continuer à faire bondir les prix du gaz en Europe). Le grand-écart de la malhonnêteté ne gêne personne à l’approche des élections, surtout pas aux extrêmes. Pour Mélenchon, la France « doit prendre l’initiative d’une démarche de règlement pacifique et diplomatique de la situation ». Comme en Pologne en 1939 présume-t-on ?
Le pire parmi tous ces défaitistes : Zemmour, soi-disant partisan de la Realpolitik, soi-disant gros dur et défenseur de la France, qui est le premier à baisser son pantalon, en affirmant qu’il condamne mais ne croit pas à l’invasion, inventée d’après lui par les Américains (« Je vous avoue que je n’y crois pas, mais je peux me tromper ») ! Vendu à la Russie, dont il admire l’idéologie totalitaire et réactionnaire, comme jadis l’extrême-droite française, en 1940, vendue à l’Allemagne nazie. Soi-disant patriote, il trahit les intérêts de la France. Si de Gaulle l’entendait…

S’il écoute nos présidents putatifs, Poutine doit se réjouir. Ils lui confirment ce qu’il avait pressenti : ses chars et missiles ont la voie libre en terre ukrainienne.

Cependant, il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard. La Russie, on l’a dit, n’est pas cette superpuissance qu’on veut bien croire. Poutine est un maître dans l’art de l’illusion, il joue des muscles et profite uniquement de la faiblesse occidentale pour donner l’impression que « Russia is back ». Or, l’époque dorée de la puissance soviétique est loin derrière. Il sait que son pays est fragile, que la place qu’il occupe sur la scène internationale n’est pas au diapason de son importance réelle. Le jour où son jeu sera découvert – et défait –, il s’effondrera comme un château de cartes. Ce jour peut encore arriver, il faut l’espérer. Et pour cela, il faut répondre à la Russie avec la monnaie de sa pièce.

7 Commentaires

  1. UNION EUROPEENNE : ENCORE UN EFFORT !

    Les faits

    La fédération de Russie envahit par ses armées le territoire de la république d’Ukraine. Ce faisant, elle viole la charte des Nations-Unies, l’interdiction du recours à la force entre (groupes d’) Etats, le Droit et la réglementation internationale sur le respect des frontières, le Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le Droit international public (DIP).

    Intervention de l’UE

    Dans ce cadre, L’Union-Européenne (UE) prend une série de mesures destinées à appuyer l’Ukraine dans le respect de ses droits humains et territoriaux. Elle interdit notamment depuis le 2 mars 2022 la diffusion sur son territoire par voies télévisuelle et numérique des media à vocation extérieure de l’Etat fédéral russe « RT » & « Sputnik ». Le journal officiel de l’UE notifie l’interdiction aux Etats membres.

    L’UE motive sa décision par le caractère de « désinformation », « propagande », « déformation des faits » par les deux media russes dans leurs relations de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

    Elle estime que ces deux media « menacent directement et gravement l’ordre et la sécurité publics de l’Union » & qu’ils « jouent un rôle essentiel et déterminant pour faire avancer et soutenir l’agression contre l’Ukraine et pour déstabiliser les pays voisins ».

    Enfin, elle conditionne l’arrêt de cette interdiction à deux conditions que constituent la fin de l’ » agression » de la Russie contre l’Ukraine et l’arrêt par « la Fédération de Russie et ses médias associés » des « actions de propagande contre l’Union & ses Etats membres ».

    Au-delà des réactions émotives au demeurant parfaitement louables en termes d’humanité, la réaction de l’UE est conforme au Droit des relations internationales, notamment en temps de guerre. Pourtant, l’UE n’est pas en guerre.

    Intervention de la cour pénale internationale (CPI)

    La CPI ouvre une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité à l’encontre de la Russie, en raison des victimes civiles ukrainiennes.

    Le Droit est le même pour tous.

    Un principe fondamental du DIP est qu’il est le même pour tous. Dans ces conditions, comment expliquer ne serait-ce qu’aux étudiants en Droit que les dispositions de DIP appliquées à l’Ukraine ne sont pas applicables à Israël qui vit depuis 1948 des agressions analogues à celles que vit l’Ukraine actuellement.

    Le cas des media de propagande en temps de guerre

    Des pays européens relatent le conflit entre Israël et les djihadistes de Gaza sans respect de l’impartialité de l’Information si capital en cas de guerre.

    La France porte la responsabilité de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. Elle adopte dans le conflit entre Israël et les djihadistes de Gaza l’information de son agence de presse (AFP) qui ignore l’information israélienne et n’utilise que celle de Gaza ou de l’équipe de Ramallah.

    Si la France suivait la jurisprudence de l’UE figurant à l’interdiction des deux media russes, elle serait amenée à respecter le droit & l’équité de l’Information. Elle interdirait l’AFP aux mêmes conditions que celles présentées pour les deux media russes.

    Le cas des missiles lancés contre Israël

    Les experts de l’ONU constatent régulièrement que les roquettes & les missiles envoyés depuis Gaza sur le territoire israélien sont ciblés sur des endroits civils.

    Si ces missiles atteignent leurs cibles, ils tuent des civils. S’ils manquent leurs cibles civiles, ils constituent un risque raté de cible civile. S’ils sont lancés à l’aveugle, ils risquent d’atteindre des cibles civiles. Dans ces trois cas, il s’agit de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité perpétrés par les djihadistes de Gaza sur les populations civiles israéliennes.

    Si la CPI suivait la jurisprudence de l’UE relative au conflit entre l’Ukraine et la Russie, elle devrait ouvrir dans l’urgence une enquête contre les djihadistes de Gaza et s’agissant de certains cas de l’autorité palestinienne.

    Iniquité & incohérence des décisions européennes

    Les deux exemples (propagandes hostiles & agressions contre des civils) attestent de traitements opposés selon qu’il s’agisse de l’Ukraine & d’Israël sur un sujet identique.

    Cette iniquité à l’endroit de l’Etat hébreu n’est possible que par l’inversion des faits par les djihadistes et la complicité des Etats qui laissent passer. Ils déploient des faisceaux de propagandes incriminant la victime (Israël) à la suite desquels ils maquillent leurs agressions en légitime défense.

    C’est précisément le comportement sémantique et militaire de la Russie à l’égard de l’Ukraine (« régime nazi » ukrainien, etc.)

    Mais si l’UE réagit au comportement russe, elle appuie et s’allie à celui des ennemis d’Israël.

    Il s’agit bien ici aussi de l’accaparement de l’UE par des lobbies autoritaires, anti-israéliens et antisémites qui lui font tenir le rôle de pantin à réactivité variable.

    Les motivations de l’UE à l’encontre des media russes et celles de la CPI relatives à la Russie & la jurisprudence y associée, sont précisément identiques à celles qui devraient être présentées à la défense de l’Etat d’Israël.

    Le conflit russo-ukrainien conduira t’il à la libération des consciences européennes ? Conduira-t ’il l’UE à se débarrasser de ses incohérences ? Rétablira-t ’il l’équité du Droit et de traitement à l’égard de l’Etat hébreu ? Il convient de le souhaiter. Il y va de la crédibilité de l’UE, et de la solidité de son argumentation en défense.

    Pierre Saba
    4 mars 2022

  2. Dans « Les Foudres de Nietzsche », ouvrage auquel le philosophe Jacques Bouveresse a mis la dernière main en juillet 2020, et qui fut publié après sa mort survenue le 9 mai 2021, il écrit : « Dans une période comme celle que nous sommes en train de vivre, où la raison du plus fort et la politique de puissance à l’état pur, le chacun-pour-soi national et le nationalisme de bêtes à cornes, la xénophobie et l’antisémitisme lui-même sont en train de retrouver, même en Europe, une assurance que l’on croyait devenue impossible, si d’aventure certains étaient tentés de réitérer la tentative de récupération de la pensée de Nietzsche à laquelle s’étaient livrés les nazis, on leur conseillerait volontiers de ne pas oublier de méditer aussi des remarques comme la suivante… » Extraite des « Dernières lettres » de Nietzsche, cette remarque, que je n’ai pas la place de citer ici, consiste pour l’essentiel à dire qu’au-dessus du nationalisme de bêtes à cornes, il y a des intérêts supérieurs, internationaux en l’espèce. En attaquant l’Ukraine démocratique sous de fallacieux prétextes tirés d’un grossier révisionnisme historique, Poutine renoue avec l’expansionnisme le plus brutal et avec un usage de la force qui est à mes yeux un aveu de faiblesse. S’il n’est de guerre juste que défensive, et si l’infâme prédateur refuse d’entendre raison, ne faudra-t-il pas en venir, pour le faire plier, à des moyens militaires ? Il est en tout cas impossible à mes yeux de s’asseoir autour d’une table pour entériner ce que Poutine entend obtenir par la violence nue contre le droit international. Si les sanctions économiques, auxquelles le tyran s’est préparé, ne l’amènent pas à composer, je dis donc qu’il faudra reconduire l’ours furieux Poutine à sa tanière du Kremlin au fil de l’épée. L’avis du sage Jacques Bouveresse, dont il convient de saluer la clairvoyance, serait sans doute différent, et on ne manquera pas, si on me lit, de me contredire. Il est vrai que je parle à la fois trop vite, et en ignorant. Il est vrai que la guerre ne doit être déclarée que si tous les autres moyens d’arrêter le tyran ont échoué. Il n’en reste pas moins que si Poutine nous mettait devant le fait accompli, nous perdrions à la fois notre âme et une guerre que nous n’aurions même pas livrée.

  3. Bonjour,

    Je suis tout à fait d’accord avec vous Mr Hertzog.

    Pour répondre à Philippe, qui se croit malin de parler de Munich 1938, je lui dirais simplement qu’avant de faire références à l’Histoire, il est préférable de la connaitre ! Car c’est à cause des pacifistes que la seconde guerre mondiale s’est déclenchée.. .Si on avait dit « Stop » à Hitler en 1938, la seconde guerre mondiale ne se serait peut-être pas produite ! Si on avait été moins crédule et que l’on avait pas cru en la parole du führer en 1938, l’Allemagne n’aurait pas provoqué plus de 30 Millions de victimes… Il n’y a eu qu’une seule personne qui l’a vu venir ! Il s’appelle Daladier !

    Aujourd’hui, l’ennemis n’st certes plus Hitler, mais il est plus dangereux, puisqu’il possède l’arme atomique et n’hésitera pas à l’utiliser si on s’oppose à ses funestes dessein… Un capitaine du KGB vaut bien un Caporal de la Wermacht !

    sdh,

    • @Sylvain; vous avez mal lu et pas du tout compris ma remarque ( qui ne se veut ni maline ni péremptoire ) : Apres Munich 1938 , les apotres de la paix a tout prix ( la Tchécoslovaquie dépecée des Sudètes ) comme Chamberlain sont devenus tout a fait obsolètes puisque l’Allemagne a repris sa poussée belliciste . De meme Mr Herzog est obsolète quand il convoque un Europe de Défense commune ( quand l’Europe a été l’Europe : oui mais quand ? ) qui n’a jamais existé .

  4. Il y en a un, qui veut déclarer la guerre à la Russie…!
    Ce mec est dangereux…!
    On est même pas capable de mettre de l’ordre dans nos quartiers et ce type désire partir en guerre, contre la 2ème puissance nucléaire au monde.
    A soigner en urgence !!

  5. Courage , armez-vous , allez-y mais vous serez aussi loin que possible en fuite ;
    votre appel aux armes résonne comme un parfait aveu d’impuissance.
    Autre aspect ; en quoi votre démocratie vaudrait mieux que le régime indien , ou turc ?
    De fait vous préchez pour la démocratie des hors-sols à la Macron , Sarkozy , Hollande
    contre la démocratie des patriotes enracinés à leur territoire , leur histoire . Votre cité idéale c’est
    un mix de Disneyland , de shopping areas , de quartiers d’élite préservés des pauvres , des classes laborieuses .
    Un village à la Potemkine , mais le décor qui vous plait tant s’est évaporé. Le son du canon vous effraie . Vos combinaisons
    politico-humanistes sont obsolètes . L’époque a changé du tout est facile au tout est tragique .
    Toutes proportions gardées , les boy-scouts de votre style sont désormais has been comme les pacifistes le sont devenus
    apres Munich 1938 .