Mercredi 19 janvier : même date, deux villes, deux grands moments de politique, deux images, qui disent tout de l’Europe et de la démocratie au temps du populisme.
D’un côté, Londres, où Boris Johnson, le Premier ministre britannique, devait s’expliquer devant les députés sur les fêtes qui se sont produites au 10 Downing Street, sa résidence officielle, dans une période où ses concitoyens n’avaient pas le droit de se parler, même en extérieur, à moins de deux mètres, confinement oblige. Les photographies sont dévastatrices. Comme toujours dans ce genre de scandale, tous les détails les plus scabreux sont confondants. Une porte-parole du Premier ministre avait été filmée par ses collègues s’esclaffant lors d’une parodie de conférence de presse au sujet de ces fêtes clandestines. L’une de ces fêtes a eu lieu la veille des obsèques du Prince Philip, pour laquelle la Reine avait refusé un traitement de faveur, et avait donc fini, seule et éplorée sur les bancs de la chapelle de Windsor, dans une image mémorable. Même les détails les plus anodins deviennent accablants, comme l’intitulé des mails : « Ramenez vos bouteilles ! ». Boris Johnson, face à des accusations irrépressibles, oscille entre l’évitement, et les excuses consternantes (« Je ne savais pas que c’était interdit »). Bref, ce scandale touche doublement le Premier ministre : il renvoie à l’image, traditionnelle, des conservateurs, riches, snobs, et se croyant au-dessus des lois, dans leur coterie forgée à Eton, l’école des élites ; et il enfonce encore la caricature d’un Johnson parfaitement cynique, admonestant ses citoyens, et s’exonérant des règles, jouisseur sans remords. Mercredi était la première séance de questions au gouvernement après les dernières révélations sur ce scandale, qui, comme tout bon scandale, se feuilletonne avec délice, chaque semaine apportant son lit de révélation. Dire qu’elle a été épouvantable pour BoJo est un euphémisme. Ce fut une boucherie. Spectaculairement, un député conservateur a traversé la salle pour s’asseoir dans les rangs des travaillistes – ce qui n’était pas arrivé depuis… Les commentateurs britanniques ne savent plus. Les rangs des Tories fourmillent de rumeurs de complots – il suffit que 54 d’entre eux signent une lettre appelant à un changement de chef pour qu’une élection interne soit organisée. Et les factieux de ces ides de janvier, comme César affronta les ides de mars, ne sont pas des gauchistes. Le pire symbole ? David Davies, un Brexiter acharné, ancien ministre du Brexit, qui avait quitté le gouvernement de Theresa May en même temps que Johnson pour dénoncer les concessions de la Première ministre face à l’Europe, a eu cette réplique cinglante : « Sur ces bancs, j’ai passé des mois à défendre le Premier ministre… Mais j’attends de mes leaders qu’ils sachent prendre leurs responsabilités. Je vais donc lui rappeler une citation que lui et moi connaissons par cœur : Au nom de Dieu, allez-vous-en ». La citation renvoie à une phrase lancée par le député conservateur Amery au Premier ministre Chamberlain, du même camp, en 1940, après la débâcle britannique en Norvège. Le lendemain, Chamberlain, figure du dirigeant lâche et veule, quittait le pouvoir, Churchill le remplaçait, Churchill dont Johnson a été le biographe et qu’il prend volontiers pour modèle… Autant dire qu’à l’affront, Davies a ajouté l’insulte pour Johnson… En face, les travaillistes jouaient sur du velours. Keir Starmer, le sérieux, pour ne pas dire terne, leader de la gauche s’en est donné à cœur joie. Lorsqu’il a été interrompu, il a demandé le silence en ajoutant « Un peu de calme. Ils (les députés conservateurs) sont très bruyants. Je parie que leur chef leur a demandé d’apporter leur bouteille ». Et, pour cingler la défense de BoJo, « Personne ne m’avait dit que c’était interdit », une députée travailliste lui a lancé un génial « Le Premier ministre tente donc de convaincre le peuple britannique qu’il est plus stupide que malhonnête ».
De l’autre côté de la Tamise, à Bruxelles, l’ambiance était moins fiévreuse, quoique. Emmanuel Macron présentait au Parlement européen ses grandes idées pour la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Il a délivré un message robuste – très Macronien dans l’ampleur du propos, qui frise souvent l’abstrait et parfois le pompeux. Il a fait deux propositions concrètes : inscrire la protection de l’environnement et le droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux (qui sert, comme chez nous la « Déclaration des droits de l’Homme » inscrite au Préambule de notre Constitution française, de référentiel de valeurs qui doivent infuser dans tous les textes suprêmes de l’Union). Ces deux mesures sont, disons, habiles, car Macron intervenait au lendemain de l’élection de Roberta Metsola, une conservatrice de Malte, hostile à l’avortement, grâce aux voix du groupe des libéraux, dont En Marche. Cette proposition n’a aucune chance de prospérer, puisque pour modifier la Charte, il faut l’unanimité (et Malte, par définition, ne sera jamais très partante). Quant à inscrire la protection de l’environnement, les traités européens sont déjà remplis de stipulations visant à défendre la planète – mieux vaudrait déjà les appliquer. Bref, Macron a botté en touche sur le concret, et a développé des éléments propres à satisfaire chacun : la défense de l’État de droit, sur lequel il a beaucoup mis l’accent, alors qu’on lui reproche souvent (« on » étant l’Allemagne et les pays du Nord) d’être peu en avant sur cette question. Il a promis une intégration de l’Europe aux pays des Balkans, ce qui est très cher au cœur de la Hongrie, a évoqué l’Europe de la défense, et la question russe, ce qui ravit les pays Baltes…Mais l’essentiel était ailleurs. Après son discours, les orateurs des différents groupes politiques ont pu s’exprimer. Comme c’est l’usage, ce sont des députés européens concitoyens du Président temporaire du Conseil qui ont pris la parole : Yannick Jadot (EELV), Jordan Bardella (RN), François-Xavier Bellamy (LR), Manuel Bompard (FI). Ils ont été extraordinairement virulents (ce qui n’est pas l’usage). Bompard l’a traité de menteur, Bardella de suppôt de l’Allemagne, Jadot de Président vendu aux lobbies anti-climats et d’autoritaire envers les migrants… Leurs collègues européens en étaient estomaqués. Le président des Verts européens s’est désolidarisé de Jadot. Les eurodéputés français sont accusés d’avoir détourné un moment européen en un épisode de campagne électorale française. En face, Macron leur a répliqué pied à pied. Il a été spécialement brillant face à Bardella dans un registre pince-sans-rire : « Vous avez, très méthodiquement, dit n’importe quoi sur tous les sujets, avec une constance qui force le respect ». La scène est exotique pour nos partenaires européens, car, comme l’ont relevé tous les commentateurs, un Président français n’est pas responsable devant le Parlement, et n’a jamais l’occasion de répondre directement à ses adversaires, à l’inverse, bien sûr, d’un chancelier allemand ou d’un Premier ministre italien ou hollandais. Les eurodéputés d’autres pays n’ont pas ainsi de frustrations et ne profitent jamais d’une telle séance pour attaquer leurs dirigeants. Les Français, eux, se sont naturellement jetés sur l’occasion, et c’était de bonne guerre. Le principal responsable de ce faux pas, c’est Emmanuel Macron, qui a voulu faire coïncider la présidence française avec la campagne électorale.
Reprenons : à Londres, le sémillant leader des populistes anti-européens se fait étriller par les députés, suite aux révélations de la presse. À Bruxelles, le leader des « progressistes » du continent, et Président de la République française, affronte ses opposants politiques, ravis de pouvoir enfin s’adresser à lui. Le contraste est saisissant. Il montre que les populistes se combattent par le débat. Face à Bardella, Macron a ratatiné le RN, comme il avait décrédibilisé fatalement, et pour longtemps, Marine Le Pen lors du débat de second tour de 2017. Par orgueil de son rôle institutionnel, qui lui interdirait de s’abaisser au même niveau qu’eux, par stratégie politique à l’orée de sa campagne de réélection, et par une lecture, très stricte, des institutions de la Ve République, Macron refuse ce débat avec les populistes (ne mettons toutefois pas Jadot dans cette catégorie). C’est dommage, car il y excelle (on se souvient d’ailleurs d’un débat en 2016 face à l’alors numéro 2 du FN, Philippot, sur l’Europe, où Macron avait réduit le souverainiste en charpie). Mais ce devrait aussi être son devoir de se plier à un tel débat démocratique, et pas seulement au Parlement européen. De même, mercredi, Macron a esquivé les questions de la presse, au prétexte qu’il avait déjà répondu à une conférence de presse en décembre (c’était… la deuxième de son quinquennat !). Ce n’est pas cohérent avec sa défense de l’État de droit et son ode à la liberté de la presse ; et c’est saper un rempart contre le populisme, comme le montre l’exemple britannique où BoJo voit son destin fléchir à cause (ou grâce à) d’investigations des journalistes. Pour réduire le RN, pour faire trébucher les bouffons populistes, seul un débat devant les citoyens et le contrôle scrupuleux de la presse permettent de faire vivre la démocratie. Macron devrait le savoir, et participer à ce jeu sain et normal. La journée de mercredi – une incroyable journée de politique européenne – l’a démontré. Les populistes sont des tigres de papier ; des leaders en sable ; des rois nus des contes d’Andersen. Il faut les combattre par le débat, la transparence, la confrontation publique. Et le Royaume-Uni, qui a quitté l’Europe, a laissé ce précieux héritage à l’Europe : ne jamais oublier ces valeurs.
Nous ne sommes pas obsessivement attachés à l’entrée d’un État ukrainien dessoviétisé dans le giron de l’OTAN.
L’OTAN n’a jamais été pour nous le FIN mot DE L’HISTOIRE.
Nous n’avons jamais eu besoin que le peuple connu sous le nom d’Israël nous y rejoignît pour qu’il fût devenu, dès le principe, l’allié n° 1 d’un Occident qui, si la souveraineté de l’État juif n’avait été légitimée par lui au sortir du néant auquel il s’était employé à se réduire lui-même, se rencognerait encore dans cet étau des guerres de Religion dont la déflagration ne se bornerait pas à une série de rappels à son bon souvenir par secousses intermittentes.
À l’inverse, il serait tout à fait concevable que l’on intégrât au sein d’une Organisation veillant à pacifier durablement le Continent traumatisé, une entité impérialiste en voie de restauration que l’on jugerait plus dangereuse aux portes de l’Europe qu’à l’intérieur de l’Alliance atlantique. Évidemment, on ne voudrait pas que celle-ci abusât de notre sapience pour envahir nos couloirs feutrés selon d’autres modalités, que l’on taxera d’entrisme laïque, mâtiné d’inacculturation pseudo-gramscienne, ou de coopération mafieuse autour de l’épineuse question-piège de la régulation du trafic de migrants.
Nous ne posons qu’une exigence à notre lointaine voisine la Grande Russie tombée du socle de l’ère coloniale. En gage de bonne foi : le respect des principes de la démocratie partout où il y a du dèmos, et partant l’observation rigoureuse des droits fondamentaux du peuple russe, à commencer par ceux des opposants politiques au pouvoir actuellement en place.
Dès l’instant que les libertés individuelles ne seraient plus menacées en Russie, celles des Républiques antérieurement soviétiques ne se percevraient plus comme autant de menaces planant au-dessus d’un Empire ayant fini par consentir à acter sa propre désintégration.
Bienvenue au monde libre, camarade Poutine ! La guerre est un plat d’autant plus indigeste qu’il nous est imposé d’en consommer la froide consistance alors même que la température de notre corps avoisine la sienne. Chassons loin de nous les dénouements tragiques auxquels nous vouent nos renaissances parallèles, et forgeons-nous un avenir commun, puisque tel est le projet des internationalistes. À moins que toute cette construction, et les splendeurs qu’elle laissait augurer, n’aient jamais existé, ni davantage préexisté que dans les hallucinations d’une bande de mythes vivants trop échaudés par le réel pour souffrir d’y replonger un pied.
Irions-nous jusqu’à prétendre que les mondes tels que les ont façonnés les hommes, dès lors qu’ils durent surgir a priori de leur esprit, demeurent des entités aussi abstraites qu’on les souhaiterait intangibles ? Non, je fais le pari que nous n’oserions pas moquer l’Imaginaire avec l’outrecuidance d’un béotien confinant à la cuistrerie.
L’abrave génération anticolonialiste s’est-elle souciée de ne pas livrer les populations indigènes de ses provinces d’Empire aux autocrates avec qui elle paracheva l’inachevable processus d’indépendance d’États préincorporés au pan-nationalisme arabe ?
La menace panrusse n’est pas moindre que n’avait pu l’être le terriblement lent réveil de la Bête germanique en un siècle qui pousserait le plus indomptable des génies allemands à se jeter dans le Rhin de peur que son incoercible bouillonnement n’aboutît au féminicide ultime qu’aurait représenté la mort du monument de bonté que fut Clara Schumann, probablement la plus grande pianiste de son époque après Franz Liszt, sous les coups de l’humain trop humain dont elle avait follement participé de la gloire, — la portée du murmure qu’un tel crime eût charrié aurait englouti un œuvre détonant, procréatif, plus prophétique qu’il n’y paraissait, plus important à maintenir sur terre que son auteur.
Otaniser l’Ukraine nous permettrait d’accomplir une étape supplémentaire visant à poser l’acte de fondation mythique des États-Unis du monde. Mais il faudrait pour cela que les États-Unis d’Amérique arrêtent de se carapater au moindre signe d’embourbement, après que leurs interventions éclairs les ont fatalement conduits à éprouver les limites de leur hyperpuissance pour avoir dû s’engager sur les voies d’un processus de sécularisation, ou de démocratisation séculaire, nécessairement interminable. Si la plus grande armée du monde libre n’est plus prête à subir des pertes afin que le camp des droits de l’homme poursuive sa percée sans limites, il devient vain de se cogner la tête contre son nouveau paradigme et impérieux de parvenir au même but par d’autres voies.
L’argument relatif à l’implausibilité d’une OTAN qui s’expandrait aux confins de l’État tampon, c’est-à-dire à l’idée, inadmissible pour Moscou, que Moscou puisse être accessible à des missiles balistiques intercontinentaux américains à oviges thermonucléaires, est relativement audible, quand bien même devrait-il être aisément évacuable pour un monde libre à rayonnement diffus. Mais il est un argument assassin, que l’on assène, lui, à tire-larigot, et qui invoque les origines russes, ou tout simplement slaves — cela va devenir préoccupant — d’une partie du peuple ukrainien ; cet argument est beaucoup moins audible. J’irais jusqu’à dire qu’il provoque chez nous des saignements d’oreille à l’idée de ce que pourraient en faire les pays d’origine de nos concitoyens dits immigrés de deuxième, troisième ou énième génération, — nous en sommes ! — parmi lesquels Français il s’en trouve quelques-uns qui serviraient immédiatement de prétexte aux revendications territoriales d’un régime non viable, voire invivable. L’Ukraine, comme le Brésil, le Canada ou l’Algérie, mais aussi la Chine ou l’Allemagne, sont des nations issues ou composées d’autres nations. Qu’on n’en profite pas pour exposer l’identité que ces dernières se sont forgée aux planificateurs d’un grand remplacement slavophonique. L’identité ukrainienne se confond, à l’instar de l’identité russe, avec une liberté de disposer de son corps, de son esprit et de son âme, une âme pour partie slave, et donc slavement motrice, violemment motivée, ce qui explique sans doute que l’on éprouve beaucoup de mal à forclore en elle-même la géométrie constellaire qui lui est consubstantielle ou à renifler chacun des astres qui l’ont concrétionnée à l’intérieur d’un substrat ethnique de l’èthos, quel qu’en puisse être le palmarès.
Comment contredire ce génial médecin débarquant, un peu las, d’un autre monde qui osait se rêver sans frontières ? Absolument. Avec les islamistes, nous ne savons pas y faire. Aussi allons-nous nous retrousser les manches. Car, ce n’est pas à vous qu’on va l’apprendre, monsieur Kouchner : quand on se heurte à de telles évidences, on se creuse rapidement les méninges, avant que l’on ne se voie encore plus vite creuser sa propre tombe.
Entre Vlad le Vampire et les Daechiens de l’enfer, rien ne sert de choisir. Pour faire simple, du point de vue d’un monde en voie d’illibération, ce sera l’un et les autres, ou ni l’un ni les autres. Ceci n’a rien d’un choix, hélas, mais le constat est sans appel. On n’a jamais vu un jihâd que l’on aurait laissé poursuivre sa croissance ne pas accoucher d’une croisade.
La croisade des droits de l’homme se mettrait-elle en échec que ce serait à Wagner de prendre les causes en main. Et quand je dis Wagner, je pense évidemment à l’organisation paramilitaire expansionniste que finance l’oligarque Prigojine, sans pour autant pouvoir contenir, derrière ma loupe, le surgissement du buste nain du maître de Karl Ludwig Hendrik Lorenz Thomas Schemann, fondateur de la Gobineau-Vereinigung et premier traducteur des œuvres du célèbre auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, objet de fierté pour les conservateurs de cette portion peu incongrue d’un patrimoine culturel commun que nous devons porter tantôt fièrement, tantôt comme un fardeau.
Il y a quelques jours, on m’accusait ici même d’appeler au meurtre du candidat Éric Zemmour. Une grave accusation. Face à la calomnie sur Internet, l’impassibilité serait de rigueur. Possible. Et en même temps, je ne résiste pas à une brève mise au point. Le parti Reconquête est la progéniture illégitime de l’idiotie utile et du cynisme dévoyé de son sens original, attitude imbuvable suggérant qu’Antisthène aurait traité les hommes comme le pire des hommes traite son chien, alors que ce dernier tenait le chien pour modèle en matière de conduite morale. Nous ne sommes pas à l’origine d’une cabale contre ce candidat d’une certaine France au tropisme interlope, qui se dit seul à être en capacité de sceller l’union mythique des droites, laquelle union est en passe, par ailleurs, d’être opérée par la cheffe des Républicains. Non pas que nous nous réjouissions de sa percée, mais justement parce que nous ne souhaitons rien tant que d’accélérer son dégonflement. Le paradigme de la révolution nationale sort du champ de la droite, au sens républicain du concept à tout le moins. Preuve en fut la proportion vertigineuse de députés issus du Front populaire ayant donné les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le Rassemblement national a sans doute siphonné à gauche davantage qu’à droite, ce qui explique l’effondrement du Parti communiste français. Afin qu’éclate la bulle nationaliste, il nous faut donc tuer ces deux maladies ultracontagieuses dont Monsieur Z. est l’enfant naturel. Nous nous y efforcerons ici, avec nos compagnons de route, avec nos frères et nos sœurs d’armes, et nous nous y prendrons de la seule manière que nous connaissons ; à présent comme par le passé : avec honnêteté et, si possible, sans inhumanité. C’est une règle de droit, même si d’aucuns diront que ce n’est pas du jeu.
Macron achève son premier quinquennat avec Bayrou, « profondément seul » comme le remarque si justement l’ex-secrétaire général Copé, on pourrait ajouter « seul comme Bayrou », ou « à poil » comme aurait dit Bernard Tapie. C’est souvent le cas avec des personnalités qui, lorsque point à l’horizon la convergence d’espoirs de mettre à mal les fondations mêmes du modèle de civilisation dans lequel elles ont foi, auraient tendance à se cabrer plutôt qu’à s’écraser.
Macron est seul, mais l’est-on vraiment dès lors qu’on peut se prévaloir d’avoir à ses côtés une gauche républicaine dont le départ contraint du leader qui en fut et demeure l’incarnation, se solderait par l’effondrement du même parti qu’il copilotait ? Est-elle si cruellement marginalisée, cette présidence européiste de la France et française de l’Europe qu’appuie de son soutien une partie de la droite de gouvernement qui ne s’est jamais autant sentie dans son élément qu’au sein d’une majorité réussissant à fusionner la droite de la gauche et la gauche de la droite ?
Macron est un Européen fervent, un mondialiste ardent. En cela, il semble bien qu’il soit minoritaire sur une scène politique pour laquelle la tentation populiste recoupe ce que l’on s’interdit de qualifier de mondialisation triste, sous peine que cette réalité n’en vienne à submerger l’autre versant de la globalisation. Dans son malheur, le Président français peut miser sur l’aversion qu’une partie substantielle de la gauche europhobe, car antilibérale, éprouverait à l’idée de favoriser le retour aux affaires de la droite barbelée, de même qu’à l’autre bord de l’échiquier branlant, sur une majorité de patriotes souverainistes qui ne tergiverseraient pas face au piège que tendrait cette République adroite audit camp national, — aux partisans d’une Révolution (nationale) douce, le legs gaullien reste plus que jamais un antidote impitoyable.
Les enjeux nationaux nous divisent presque aussi obscènement que les grands défis géopolitiques ou géostratégiques y excellent. Ce faisant, serions-nous pris en flagrant délit de négationnisme alors même que nous nous interrogerions sur le bien-fondé de la qualification de génocide à propos d’une répression de type incontestablement inhumaine, baffouant la Charte internationale des droits de l’homme, cela va sans dire, que Xi, adossé à la mondialisation heureuse d’une République populaire pas tout à fait démaoïsée, aurait mise en œuvre en vue de neutraliser tout risque de guerre civile face à la nette montée en puissance des actes de Terreur que planifie à son encontre l’antenne ouïghour d’une odieuse et néanmoins glorieuse et par là même attractive nébuleuse des groupuscules liés à cette Contre-Internationale communiste que représente l’Internationale islamiste, lesquels dits groupuscules sont aussi solitaires que peuvent l’être les organisations terroristes Hezbollah, Fatah ou al-Qaïda dans le concert des nations ?
Dans la même déveine, pouvons-nous sérieusement songer à entraver la menace imminente de changement d’Axe que ferait peser Dodik sur l’Union européenne en éludant une question islamiste qu’en bon Petit-Serbe qui se respecte, il ne cesse d’attiser à coups de semonce révisionnistes afin d’en abreuver jusqu’à plus soif son peuple de réservistes, dès lors que cette question, brûlant comme la braise en dessous de la cendre, a fait rejaillir tel un diable en boîte la mise à contribution d’une plaque-tournante bosniaque dans l’islamisation programmée de la population européenne, — vaste programme ! — un projet qui n’est toutefois absolument pas un fait historique accompli, ni davantage en voie d’accomplissement, sauf à laisser les mains libres aux entristes bon chic bon genre et autres assassins victimaires de tout crin.
La meilleure car seule et unique solution dont nous disposions contre l’émergence d’un califat au cœur de l’Europe c’est, nous le savons, la fondation d’un solide État de droit bosnien. Comment nous doter d’une telle force de frappe géopolitique sans offrir un cheval de Troie au Jihâd ? Eh bien peut-être en nous inspirant de Tsahal pour attribuer une âme à notre Grande Armée et forger un destin de pacificateurs en chef à ces États-Unis d’Europe, cette supranation riche d’une alliance d’irréductibles États-nations conscients de la mission immense dont ils sont investis et du modèle de civilisation que l’on souhaiterait les voir porter ensemble ou, si nous préférons, chacun au sommet versatile de l’Acommunauté, un modèle d’unité dans le respect d’une procession de valeurs fondamentales au premier rang desquelles ce rempart contre le totalitarisme que sont les libertés indivises qui nous soudent à jamais.
À propos, camarade. Quand nous conditionnons notre élargissement aux Balkans occidentaux à un renforcement préalable de la défense européenne, faut-il s’attendre à ce que notre signal d’alarme déclenche le système de freinage des 27 ou, à l’inverse, qu’il les incite à hâter la possibilité d’un avènement de l’Europe des 33 ?