En 1915, le monde s’est tu et a laissé le gouvernement « Jeunes-Turcs » commettre le génocide arménien. « Nul n’éleva la voix dans un monde euphorique. Ils sont tombés pudiquement sans bruit par milliers, par millions, sans que le monde bouge » résumera si justement Charles Aznavour en 1975 dans sa chanson « Ils sont tombés ». La mémoire de ce premier génocide du 20ème siècle est toujours vive aujourd’hui chez les descendants de ces 1,5 million Arméniens de l’Empire ottoman massacrés simplement parce qu’ils étaient arméniens.
Et pourtant, 105 ans après, en s’invitant dans le conflit du Haut-Karabakh, la Turquie semble vouloir faire bégayer l’Histoire.
Le Haut-Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens mais situé sur le territoire azerbaïdjanais, connaît en effet une nouvelle escalade de violence.
Derrière ce conflit vieux de 30 ans entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, il y a, depuis le 27 septembre dernier, l’ombre du président turc Recep Tayyip Erdogan, allié militaire et politique de l’Azerbaïdjan, son « pays frère », par « tous les moyens », contre l’Arménie.
Erdogan, le soi-disant « islamiste modéré » est en fait un islamiste pur et dur, un islamiste radical. Il le démontre un peu plus chaque jour. Il le démontre dans son action contre l’Arménie.
Le président-dictateur turc a ainsi permis à 300 combattants djihadistes de Daech de quitter la Syrie pour rejoindre l’Azerbaïdjan via la Turquie. Et il ne faut pas se voiler la face : Erdogan, qui a fait de la négation du génocide Arménien sa marque de fabrique, n’a rien contre le « travail » du gouvernement « Jeunes-Turcs », les bourreaux du Peuple arménien.
« Qui se souvient encore de l’extermination des Arméniens ? » : Quand Adolf Hitler prononce cette phrase le 22 août 1939 à Berlin, dix jours avant l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht du 1er septembre 1939, devant les commandants en chef de l’Armée du 3ème Reich, la phrase est lourde de sens et de sous-entendus : elle encourage les exactions, les massacres que vont connaître les peuples européens. Elle est forte d’une certitude : l’histoire oubliera.
La preuve en huit mots que le génocide arménien organisé et exécuté vingt-quatre années plus tôt par le gouvernement « Jeunes-Turcs » servira d’exemple sinon de modèle à Hitler quand, avec les dignitaires nazis, il planifiera la solution finale, le 20 janvier 1942, à la Conférence de Wannsee.
105 ans après, le monde ne doit pas oublier, le monde ne peut pas oublier comme ce fut le cas en 1939. Le monde ne doit pas se taire, le monde ne peut pas se taire. Le monde ne doit pas laisser le président turc Recep Tayyip Erdogan réveiller les fantômes des génocidaires qui régnaient sur la Turquie en 1915.
Par Frédéric Haziza, Chef du service politique de Radio J, animateur du « Forum Radio J » et des « enfants de la République ».