Dans le JDD d’hier est parue une très étrange tribune : signée par d’éminents responsables politiques – tels Lula, ancien Président brésilien, ou Rafael Correa, ancien Président de l’Equateur – elle invite à s’indigner des «procès politiques» qui «doivent cesser». En première lecture, le cœur d’un militant des droits de l’homme, féru d’internationalisme ou de cosmopolitisme ne peut que se réjouir : citant des exemples de tous les continents, le texte met en lumière le cas, en effet scandaleux, du juge Moro, ancien juge d’instruction du dossier brésilien ayant fait incarcérer Lula, devenu ministre de la justice de Bolsonaro, ou encore de l’avocat militant égyptien Massoum Marzouk. Cette défense virulent du pluralisme et de l’Etat de droit, au moyen il est vrai d’un concept assez inconsistant de «lawfare», est pour autant entachée d’un vice irrémédiable. En effet la citation du cas de Jean-Luc Mélenchon, «poursuivi sans preuves et jugé pour rébellion», ainsi que sa signature en haut de la tribune, qui sous-entend une analogie de fait (par exemple avec le cas de Lula) rend l’ensemble de la manœuvre triplement indécente.

1° – Première indécence, dont Mélenchon est coupable par complicité, par égoïsme ou aveuglement idéologique, la tribune ne cite aucun prisonnier politique qui ne soit pas, au sens large, rattachable au «camp» des signataires : rien sur les nombreux prisonniers politiques de Poutine si ce n’est ceux associés au «Front de Gauche», rien sur les prisonniers politiques du Venezuela, rien sur les militants sans doute jugés trop libéraux pour être honnêtes, disséminés dans les geôles du monde entier.

2° – Deuxième indécence, dont Mélenchon est coupable devant les Français : instiller l’idée que le juge Moro du Brésil est égal à la garde des sceaux françaises ; que Bolsonaro et Macron sont unis dans le semblable complot de cette mystérieuse «lawfare» ; que la liberté individuelle, l’habeas corpus, la Cour européenne des droits de l’Homme n’existent qu’à peine sous nos latitudes ; et que Mélenchon est spécialement poursuivi avec la même injustice, déloyauté et volonté d’étouffer qu’un opposant saoudien par le pouvoir. Paranoïa grotesque ? Comme l’a rappelé sur France Inter ce matin, la ministre de la justice : l’Etat de droit, l’indépendance de la justice ne sont pas des vains mots. Après tout Mélenchon a atteint un score équivalent à la présidentielle à celui d’un ancien Premier ministre de droite, mis en examen ; François Bayrou, principal partenaire de la majorité, a du démissionner suite à une affaire de financement politique, de même que Richard Ferrand de son ministère… où sont l’impunité ou l’acharnement?

3° – Troisième indécence, que Mélenchon commet vis-à-vis de ses cosignataires : se ranger au même rang qu’un Lula ou telle militante pourchassée par l’Egypte de Sissi est absurde et déplacé. Romantisme adolescent embarrassant ? Mélenchon n’est ni Lula ni Saint-Antoine criblé de flèches. Il n’est pas embastillé. Il s’est rendu lui-même coupable de la seule chose que les Français lui reprochent : sa perte de contrôle et de dignité républicaine lors de la perquisition, légalement diligentée dans les locaux de la France Insoumise. N’est pas le Masque de Fer qui veut.

Si ce «grand tour» sud-américain était censé rendre à Jean-Luc Mélenchon sa stature et son autorité gaullienne manifestement, l’air de Mexico ou Caracas ne lui fait aucun bien : mégalomanie, paranoïa et transport mystico-révolutionnaire, décidément, l’accompagnent partout où il va.

2 Commentaires

  1. La jurisprudence Khadafi nous a pris à revers. Elle nous fit entrevoir le chaos salafiste qu’enclencherait le dynamitage du bunker syrien d’Alois Brunner. Aurait-il fini de purger sa peine, le kagébiste du G7 n’en demeurerait pas moins comptable des atrocités commises par la République négationniste d’Iran et leur commun vassal. L’Acommunauté internationale ne normalisera jamais ses relations avec des États intégristes qui tiennent intrinsèquement les terres d’intégration pour des franchises d’Infranational Satanic Machines Corporation. Le retour de l’Iran à la table des négociations ne saurait avoir lieu avant que nous n’ayons obtenu, de la part de son assureur moscovite, un gage de confiance pour l’avenir de la dissidence cryptosoviétique. Les Nationalistes unis déportent leur fantasme, sous forme de protocivilisation antilibérale, vers un goulag efficacement intériorisé. Qu’ils soient sommés de rétablir, dans les fonctions qui leur siéent, les défenseurs des libertés individuelles en échange d’une paix économique éclair. Non, vous avez raison, ce n’est pas par des bombardements que nous renverserons un régime islamonazi. Or il n’est pas concevable que nous marchions dans les pas de falsificateurs d’empreintes éthologiques tels que les fourbes signataires d’un accord sur le nucléaire millénariste, fût-il salvateur. Ce type d’accord n’a pas vocation à parachever la capitulation du camp des assassins par un démantèlement préalable au retour aux affaires de l’ex-ennemi de l’intérieur mais, très modestement, à repousser l’ultimatum par lequel le monde libre saura toujours contenir, de manière brusque ou lancinante, l’explosion de rage des titans enferrés dans leurs grotesques fomentations. Je le répète, l’accord de Vienne ne conditionne pas la normalisation des relations diplomatiques avec la nation iranienne, à l’entrée en scène politique des partisans d’un changement de régime en Iran. Nous serions fous de compter sur son bon plan (d’action global commun) pour mener à bien cette mission capitale. La chimère de l’islamisme modéré était vouée à l’échec. Sa révolution démocratique s’était trompée de couleur. Nous, le suprapeuple, soutenons que le peuple iranien serait en capacité de formuler le souhait de conquérir la liberté de voter pour une nouvelle République nécessairement laïque, optionnellement libérale, si nous lui imposions de nous offrir la possibilité de réincorporer la République d’Iran dans le concert des nations. Ni l’asphyxie ni l’oxygénation d’un régime fasciste n’ont jamais été en mesure d’en démystifier la promesse nihiliste. Quelques heures avant son exécution, Manouchian n’escomptait pas une victoire du néant sur son être. Il ne s’efforça pas d’embrouiller nos esprits de crainte qu’ils ne fissent la part du bien et du mal. Prenant le temps de souligner que « chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense », je doute que le poète à la parole ultratombale eût songé un instant à récompenser le Troisième Reich ou cherché à convaincre sa Chère Mélinée que le statut accordé à la doctrine nationale-socialiste par les bourreaux de son défunt mari, pouvait être pérennisé. Manouchian ne prophétise aucunement la paix entre les nazis et les êtres humains que ces derniers ont soit dénaturés, soit désignés comme dégénérés, mais entre tous les peuples en guerre et un peuple allemand qu’il tient à dissocier du tissu d’affects réprimés dont l’hitlérisme subvertit les motions. Le Führer à l’aba noire nous a tendu le piège d’un Iran démocratique face aux inclinations duquel nous ne pourrions que nous incliner. Nous allons, de ce pas, le prendre au pied de la lèpre.

  2. Plus prosaïquement, Jean-Luc Mélenchon terminera-t-il sa carrière politique en bouffon de la République ?