Je suis bouleversé par la disparition d’Ágnes Heller. Souvenirs de son intelligence et de sa bonté. Elle était le meilleur de la Hongrie. Elle incarnait l’opposition à l’autoritarisme et à Viktor Orban. Si l’Europe avait un visage, ce serait le sien – ardent, colérique et tendre, grevé des douleurs du continent.
Ágnes Heller c’était Lukacs et Arendt. La fête de l’esprit et la mémoire de la Shoah. L’Europe au cœur et la détestation du nationalisme. La politique comme champ d’étude et la philosophie comme champ de bataille. De nous tous, face à Macron, ce jour-là, 21 mai 2019, elle était la plus déterminée – et la plus jeune.

9 Commentaires

  1. J’aimerai être mise au courant de l’actualité des conférences et des lectures de Monsieur Bernard-Henry Lévy sur Paris et sa banlieue. Merci de me communiquer une réponse à mon adresse mail que vous connaissez déjà. Cordialement.

  2. J’entends avec intérêt les arguments de l’ancienne ministre déléguée chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle (du gouvernement). La couleur de peau serait hors de propos. Et c’est sur la pente de toutes les dérives, féministes comprises, que l’ancienne secrétaire d’État chargée de la (Sainte-)Famille cherche maintenant à faire dévier la polémique, — elle invoque un sermon de Nicolas Sarkozy, ressuscitant un Conseil des ministres au cours duquel l’époux bientôt mari de l’ex-femme de l’ancien présentateur de la Grand-Messe du dimanche après-midi, avait prescrit le port obligatoire de la cravate en rappelant à ses ministres que, lorsqu’ils mettaient les pieds sur un plateau de télévision, ils débarquaient dans la salle à manger des Français, en raison de quoi ils se devaient d’être tirés à quatre épingles par respect pour eux, — ne voyant pas pourquoi une femme serait exonérée de l’obligation de suivre à la lettre le Manuel de politesse et de savoir-vivre à l’usage des représentants du bon peuple de France. Ce n’était donc pas le fait qu’elle fût noire, mais bien son comportement qui avait disqualifié Sibeth Ndiaye aux yeux de Nadine de Pas-Vraiment-Rothschild. Sauf que, ce populaire totem d’immunité qu’elle refuse d’accorder à une ministre de la République dès lors que celle-ci est censée se soumettre au même code de conduite auquel s’astreignent ses homologues mâles, Morano aurait eu beaucoup plus de facilité à nous le faire gober si elle s’était ruée sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’ancien locataire blanc du Porte-parolat chaque fois que nous eûmes l’occasion de le voir échanger avec un journaliste, en mode détente, costume gris-bleu pas trop cintré, chemise blanche col ouvert.

  3. En vérité, ce n’est pas moi qui vous le dit : Le parallèle avec les Gilets jaunes me paraît on ne peut plus avisé. Car en effet, là comme ici, nous avons affaire à une marée de fanfarons étourdie d’injustices, profitant qu’on lui pardonne tout pour se déresponsabiliser en bloc, ne concevant la fraternité qu’au prisme du fratricide prénoachide, lobotomisée à l’aide d’une paire de pinces sécessionnistes. Gageons que le traitement contre la fièvre jaune élaboré par l’Entre-Deux-Mondes soit plus efficace et plus rapide que l’autre. Il est vrai que les mesures radicales qu’il nous impose de prendre, pour l’essentiel, sont d’ordre national.

  4. Re-S.-P. : Le cancre du premier rang me réclame une leçon mieux étayée sous peine de me coller un zéro. Il souhaiterait que je fasse avec lui quelques pas, de côté, sur la tête. Je ne lui demanderai que de rester en équilibre sur un pied tel l’arroseur arrosé de Hillel; je n’en aurai pas pour longtemps. La fraternité ne procédera pas de la légitimation de tous les systèmes juridiques, mais de l’aimantation des hommes à la seule loi qui soit propre à inverser leur tendance naturelle à former des unions criminelles.

  5. S.-P. : Si le tweet de Nadine Morano suinte un racisme des plus retors dont je ne soulignerai pas le caractère incontestable de crainte d’avoir à en débattre, il ne nous autorise pas à botter en touche face aux questions qui fâchent et fascisent à la marge.

  6. Je souscris à votre credo, Madame le Porte-parole : l’amour de sa patrie d’origine n’est pas nécessairement un amour exclusif. Nul Français d’origine algérienne n’est sommé de prouver sa fidélité à la France en plongeant dans un bac de sang frais le drapeau de ses aïeux. Ce qui, en revanche, pourrait devenir un brin acrobatique, c’est qu’à nous efforcer de ne jamais nommer le paradigme inverse, nous finissions par nous fondre dedans. Que, redoutant la multiple fracture culturelle que d’aucuns se réjouissent d’aggraver, nous nous complaisions dans une carence de statistiques nous ôtant toute possibilité de recouper les propensions à sauter de joie pour une victoire de l’Algérie et à siffler la Marseillaise; à balancer des paniers de croissants rouges sur les terrasses de la plus belle avenue du monde et à refuser de porter le drapeau bleu blanc rouge entre la place de la Bastille et celle de la nation, cinquante ans après les accords d’Évian, soucieux d’afficher son absence de solidarité vis-à-vis des victimes de la barbarie islamonazie; à fêter l’improbable printemps algérien et à se ruer dans les meetings nauséabonds de Dieudonné Soral; à chérir le droit à l’indépendance des peuples arabes et à bannir l’indépendance du peuple juif; à plaider pour l’incorporation d’un repas halal dans les cantines scolaires et à réclamer la suppression du porc dans ces mêmes cantines. On pourrait continuer à dériver comme cela dans la vase invasive du conspirationnisme et du négationnisme, et l’on mesurerait l’étendue du chantier qu’ont devant eux nos deux ministres de l’Éducation nationale, celui des deux auquel fut attribuée la charge de la Culture ayant à s’occuper d’une tranche d’âge que l’on ne parvient que très rarement à extirper du stade ingrat.

  7. Au moment même où les derniers bastions républicains, rebelles à une islamophobisation à tout crin dont nous n’avons plus la force de nous souvenir que nous en connaissons la source toxique, sont invités à taire qu’ils ne se réjouissent absolument pas que des citoyens français, dont les parents naquirent sur le sol du Droit, ressentent l’urgent besoin de planter le drapeau d’une ancienne colonie de notre empire démantelé dans le quartier des Enfers nationaux consacré aux héros, feue la ministre d’une droite républicaine mourant à petit feu ne trouve rien de mieux à faire que de jeter la suspicion sur les plus beaux atouts de la République, ces meilleurs amis d’une nation que sont ces hommes et femmes qui font le choix d’embrasser les destins d’un autre, de porter ses casseroles jusqu’aux plus puantes d’entre elles, de s’exposer aux crachats d’un tiers, aux balles d’un intrus, et je ne parle pas ici de balles rebondissantes, ces étrangers tombés raides dingues d’une idée de la civilisation valant, à leurs yeux, un renoncement, non seulement au réconfort du berceau ancestral, mais encore aux peintures rituelles d’une fratrie cryptotribale qu’ils abandonnent pour celles d’une autre société, ces couleurs de la France que personne, en notre présence, ne les empêchera de porter haut, enfin… aussi haut qu’il est possible à un humain de porter en équilibre sur sa tête une planète entièrement recouverte d’abstractions, et certainement pas une performeuse inamicale et piètre dont la relation possessive qu’elle entretient avec la nation trahit le manque de confiance évident qu’elle éprouve dans les sentiments que celle-ci lui témoigne.

  8. Sauf erreur, nous ne pouvons lire en français, Madame Heller. Qu’est-il prévu? Merci

  9. Je crie haro sur les rouge-vert-brun ! car les trois font le brelan… allant de pir en PIR… du FN au FLN… de l’OAS de paix à l’oasis de guerre, le modèle réduit de génocide le plus fidèle à l’original étant, bien entendu, celui sous le prisme duquel on s’aveugle soi-même. Nous parviendrons à vacciner l’humanité contre le mal, mais il faudra pour cela que, tels Carl Lutz et Ágnes Heller, nous n’ayons jamais cessé de situer la ligne de démarcation entre le nous sectaire et le nous libéral au cœur de ses jeux de miroirs.
    « Fautes.
    — Deux.
    — Quoi ? »