A-t-on la tentation de faire le bilan culturel de l’année lorsqu’on anime une émission comme la vôtre, l’été ?
Je déteste les bilans ! Je déteste les fins, en réalité. Je veux bien faire des résumés, je veux bien regarder par-dessus mon épaule ou par-dessus la vôtre, cher Laurent ! Mais je vous en prie : pas de bilan ! (sourire)
Le principe du Mag de l’Été est de donner la parole aux créateurs, qu’ils soient acteurs, écrivains, artistes, musiciens… Comment choisissez-vous vos invités ?
Le luxe que j’ai avec cette émission, c’est de pouvoir inviter qui je veux. Et de pouvoir aller jusqu’à recevoir des artistes hors agenda promotionnel. C’est assez formidable, reconnaissons-le ! Alors, bien sûr, l’actualité culturelle est importante dans notre programmation. Mais elle ne fait pas tout. Elle ne conditionne pas tout. Et Il y a des personnalités dont je rêvais depuis longtemps, que j’ai pu recevoir cette année.
La première de l’émission a justement donné lieu à un échange extraordinaire avec Vincent Lindon. Celui-ci venait, hors promo, parler de son métier d’acteur. Il n’y a que la radio pour permettre une telle liberté, non ?
Cette émission était aussi terrifiante qu’excitante à imaginer, à construire puis à réaliser. On ne reçoit pas Vincent Lindon comme ça ! C’est un être délicat, qui peut en même temps s’agacer. Un homme complexe. Extrêmement talentueux et sensible. Bref, face au micro, je vous assure que je ne faisais pas la maligne ! Pourtant c’est moi qui l’ai convié à venir passer 45 minutes en tête-à-tête, ici, devant un micro. Je ne sais pas s’il n’y a que la radio qui permette ça, mais une chose est certaine, la radio comme nous la pratiquons ici, sur France Inter, nous permet de ne pas interrompre nos invités. Pas de pub pendant le Mag de l’été, simplement une ou deux pauses musicales. C’est à notre convenance. Je crois que c’est aussi cette liberté qu’aiment les gens qui viennent en studio avec moi. Ils savent qu’ils ont du temps devant eux. Qu’ils sont en direct, donc pas coupés et remodelés au montage. Et qu’ils ne seront interrompus que par moi… et encore parfois je ne dis rien pendant trois minutes… Trois minutes vous imaginez ? En radio, c’est une éternité ! (rires)
Qui seront vos prochains invités ?
Lundi, nous avons reçu Vincent Delerm, lui aussi venu hors promo. Mardi, c’est au tour d’Eric Judor qui vient notamment nous parler de son nouveau film Roulez Jeunesse. Puis nous ferons une émission sur les costumes de cinéma avec, entre autres, Madeline Fontaine et Jalil Lespert. Ils ont collaboré sur Yves Saint-Laurent. Jeudi, j’ai la chance de recevoir Alain Ducasse et vendredi nous terminons en beauté avec la spéciale sexe des Inrocks!
S’il fallait choisir trois moments forts de l’émission cette saison, quels seraient-ils ?
L’émission n’est pas encore terminée mais je dirai que Vincent Lindon qui nous confiait qu’il n’a peur de rien, sauf des femmes. De LA femme. Ca, c’était un beau moment ! Entendre Nicolas Briançon nous parler de Jean Marais et du plaisir qu’il a eu à de le connaître et à travailler avec lui. C’était très touchant. Sylvie Pialat se remémorant avec Jacques Fieschi, le tournage de Police. C’était émouvant.
Enfin, le groupe BRIGITTE qui chante en live dans le studio comme ça, sans qu’on le leur ait demandé… c’était assez merveilleux !
Parlons de vos projets pour finir. Peut-on attendre la poursuite de l’émission, sous ce format ou un autre, à la rentrée ? Il y a-t-il d’autres projets, d’autres envies, notamment en radio ?
Oh, comme j’aimerais vous dire que tout ceci va continuer ! Que je vais pouvoir reprendre en septembre et interroger des artistes, des hommes et des femmes, recueillir leurs confidences et leurs souvenirs. Malheureusement pour moi, les choses n’ont pas l’air de se goupiller de cette façon-là. Pour l’instant je suis libre. Et après tout, c’est peut-être une chance d’être libre ! Peut-être que c’est comme en amour : c’est lorsqu’on ne cherche pas que l’on trouve… Nous verrons bien…