On est assis face à face, et il me demande ce que je fais en ce moment, à part un papier pour Libération. Je lui dis que j’essaye d’écrire, que c’est difficile, il me répond que son père était peintre, et qu’il souffrait. Le matin, il y a eu des papiers sur la «solitude de Manuel Valls». Son adversaire de La France insoumise qui lance un appel à témoins à ceux qui auraient constaté des irrégularités dans l’élection le 18 juin, le groupe PS qui a déclaré vouloir faire un groupe sans lui, les petites humiliations infligées par LREM quand il a demandé à être investi par En marche, et la violence des insultes contre lui en général.
Manuel Valls : Le fait d’avoir une vie personnelle compte beaucoup pour moi, ça m’équilibre. J’ai toujours eu la marque de la solitude, depuis assez longtemps. Vers 2006-2007, j’ai considéré que la défaite de Jospin, de Royal, m’obligeait à m’engager un peu plus. Mais dès que vous êtes sur des sujets abrasifs – l’islam, la laïcité, les quartiers -, les médias viennent sur vous, et ça donne l’impression que vous êtes isolé.
En 2013, vous avez délégitimé Dieudonné en tant qu’artiste…
J’avais été marqué par la résurgence d’actes antisémites dans ma ville. Je voulais signifier un refus. Il n’y a pas beaucoup de juifs à Evry, il y a une petite synagogue, dans un quartier, cette petite communauté séfarade, essentiellement, se faisait caillasser par des gamins. Par ailleurs, ma première femme, la mère de mes enfants, elle était institutrice, avait constaté qu’à la question «quel est ton ennemi» (un questionnaire de l’Education nationale demandait quel est ton ami, ton ennemi, etc), beaucoup d’enfants répondaient «c’est le juif». Moi, j’ai travaillé avec Michel Rocard. Qui a été le premier à parler à Arafat. La question, ce n’est pas la Palestine. C’est quelque chose qui a lieu chez nous, dans nos quartiers, c’est nos enfants. Ils répètent ce qu’ils entendent. Alors, en 2013, je décide, seul, là, pour le coup, de monter au créneau. Je fais interdire le spectacle de Dieudonné à Saint-Herblain par le préfet. La Main d’or n’est pas loin de chez moi, j’avais constaté que ses spectacles attiraient un public bien plus diversifié que ce qu’on croit. Mais le tribunal administratif, saisi de la décision, la déboute. Dans la même journée, le Conseil d’Etat se saisit. Et confirme la décision du préfet. J’ai pensé «voilà, le refus est clair maintenant», j’étais très heureux. Même si j’avais vu dans l’après-midi des amis se dire «Valls s’est trompé» quand le tribunal administratif nous a déboutés, et se raviser après la décision du Conseil d’Etat, ça n’allait pas de soi pour eux.
Vous le délégitimez comme artiste en 2013, quatre ans plus tard il tente de se légitimer en politique, contre vous. Personne n’est venu contester cette légitimité…
Dans les rues piétonnes du centre commercial de ma ville, j’étais ministre de l’Intérieur à l’époque, j’avais des gardes du corps, mais vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui me faisaient des quenelles quand je passais. Je peux comprendre qu’on trouve mes prises de position abruptes. Elles sont directes, sans concession, je pense que sur ces sujets-là il faut l’être. Mais, parce que j’ai parlé ainsi, l’opposition s’est formée contre moi sur ce terreau-là. Ç’a été exploité. Et Dieudonné est venu me combattre à Evry. Personne n’a cherché les raisons, personne n’a dénoncé, on l’a mis dans le même sac que Lalanne. Qui avait proposé d’ailleurs de faire une union sacrée de tous les candidats contre moi. Dieudonné, il fait des voix. 3 % dans la circonscription, 5 % à Evry. Ça n’empêche pas un journaliste du Monde de le présenter comme un «humoriste controversé». Non. C’est quelqu’un qui a été condamné. Qui invitait Faurisson dans ses spectacles, et le faisait applaudir.
Ses voix, il les a données à la candidate de La France insoumise. Elle a dit quelque chose, ou elle a accepté ?
Elle n’a rien dit. A gauche, on n’est pas à l’aise sur ce sujet-là. C’est presque un angle mort. Comme on est du côté des plus faibles, on dit «ce sont des victimes», on croit qu’il faut se mettre de leur côté, et on prend les voix. On est mal à l’aise, et on se retrouve à légitimer Dieudonné. On n’analyse pas le discours. Ç’a toujours été comme ça à gauche. En 1994, nous sommes quelques-uns à nous interroger sur la relation de Mitterrand avec Bousquet. Le PS trouve pour toute réponse : vous êtes contre l’union de la gauche. C’est la même chose aujourd’hui, on me dit «c’est parce que tu es un droitier».
C’est une complaisance ?
Une gêne. Au moment de l’affaire Dreyfus, la gauche se demande : «Est-ce qu’il faut défendre ce juif, militaire, bourgeois, alors que la préoccupation essentielle c’est la classe ouvrière ?» A gauche c’est comme ça. Ce sont les termes du débat. Certains ne se trompent pas, Clemenceau, Jaurès, Péguy, Zola. Mais dès qu’on sort de l’explication économique et sociale, souvent la gauche est perdue. Elle est en difficulté sur les questions d’«identité». Hollande n’aimait pas les évoquer. Je vais être immodeste, mais quand je dis à l’Assemblée «nous sommes en guerre contre l’islamisme», je suis le premier à le dire. Ce n’est pas la première fois qu’il y a de la complaisance à gauche à propos du terrorisme. Au moment des Brigades rouges, comme on tuait des policiers, des patrons… Aujourd’hui ça continue. Il y a une complaisance, parce qu’il y a une gêne et une culpabilité. Les musulmans sont le prolétariat du XXIe siècle, les victimes, et en plus il y a une question religieuse… Mais on ne peut pas être naïf. La gauche s’est aussi bâtie contre le catholicisme. La République s’est bâtie contre ça. Et moi je suis connu pour ne pas donner du flan…
Vous voulez dire «pour ne pas prêter le flanc» ! Donner du flan, c’est autre chose, Copé aurait dit donner son pain au chocolat…
(Il rit de son lapsus, et continue.) En tout cas, je ne prête pas le flanc à la droite sur la naïveté. C’est pour ça que je suis nommé ministre de l’Intérieur en 2012. Avec le terrorisme, on est entré dans une nouvelle phase. Hollande joue son rôle de père de la nation. Je théorise ce qui s’est passé dans la société française. Mais ça ne suffit pas. Tant que la gauche n’aura pas trouvé sa propre réponse, différente de celle de la violence du FN dont le seul angle est l’exclusion des musulmans, elle laisse un espace à l’extrême droite, ou à La France insoumise, qui se compromet avec l’islam politique voire avec les islamistes. On tourne autour de ces questions-là depuis vingt ans. J’ai été ciblé aux législatives parce que j’avais porté ce combat. J’étais républicain, j’étais laïc, j’avais dit qu’un nouvel antisémitisme était né dans nos quartiers, et en plus j’avais le poids du bilan. La nouvelle secrétaire d’Etat, pour l’Egalité hommes-femmes, prétend qu’il n’y a pas d’antisémitisme dans nos quartiers. Il y en a un, c’est le moteur idéologique du terrorisme. Je l’ai dit, et c’est comme ça qu’une partie de mon image est passée de l’autorité à l’autoritarisme, bref… c’est la vie… Mais je ne voulais pas laisser le territoire à ces gens-là. C’est pourquoi j’ai été candidat. En me faisant tomber, ils auraient remporté une énorme victoire.
Vous vous attendiez à ce qu’ils fassent un recours contre votre élection ?
Non. Parce que je pensais que la victoire serait plus large. Oui, c’est difficile. C’est toujours le même débat. La question de la violence en politique. Mélenchon est dangereux. L’idée du statut de la victime qui l’emporterait sur la violence. Bien sûr j’ai eu tort de dire qu’il ne fallait pas chercher la cause, il faut la chercher. Mais avant, il faut condamner. Il n’y a aucune cause qui puisse faire accepter la violence dans la démocratie. Les modérés la refuseront toujours. C’est ce qui fait la spécificité du Parti socialiste, opposé aux léninistes. Mais il y a toujours cette idée du romantisme. Je ne suis pas romantique.
Entre nous et les politiques, il y a des affects. Des sentiments, de la passion, de la haine. Avec Macron, ça s’est apaisé on dirait, c’est calme, technocratique. Les affects vont disparaître ?
Il ne veut pas accélérer l’affect. Il sait que c’est mouvant. Il faut faire attention, il le sait. Et il ne faut pas en dépendre. Sinon on souffre. C’est trop violent. Moi, avec tout ce que j’ai pris, je ne me sens jamais une victime. Il peut y avoir un papier qui blesse, mais, honnêtement, ça dure jamais longtemps. On est immunisé. On a une carapace. Ce sont les entourages qui reçoivent les coups. Toute la semaine dernière, je n’ai rien ressenti moi. J’ai pas ressenti les coups. Je n’ai rien senti de toute la semaine. Je me suis immunisé du commentaire général. Dimanche soir, un ami me dit «quand même, ce que tu as vécu Manuel…». J’ai été surpris. «Ah bon !» j’ai fait. Je me suis aperçu que je n’avais rien ressenti. J’ai compris qu’il ne fallait pas trop que je me coupe de ma sensibilité. Sinon les gens ne vous comprennent plus.
Mélenchon vous accuse de triche, de racisme, c’est un appel à la haine à peine voilé, personne ne dit rien…
C’est comme ça. On ne touche pas à certaines figures de la gauche. Trop heureux de se retrouver contre les libéraux, contre la loi travail. Tous ensemble. Le PS se dit «ça y est, enfin, on est de nouveau dans l’opposition».
A Cannes, Pialat avait dit «si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus».
Je comprends qu’un artiste puisse le dire. Il y a la tentation parfois de dire que c’est injuste. Mais ça n’existe pas l’injustice en politique. C’est injuste qu’un bon député soit battu. Mais ça n’existe pas. Le peuple peut se tromper, parce que on ne lui dit pas ce qu’on devrait lui dire. Mais il faut préserver le lien. C’est pour ça que j’ai fait la campagne sans presse, parce que je perdais la relation aux gens.
Pendant la campagne de la primaire, vous aviez été agressé par un homme, proche de Dieudonné, et on avait à peine parlé de cette proximité. Les journaux parlaient de la gifle, de la scène, sur un ton amusé… Aux élections, il est devenu son suppléant.
J’ai eu mal. Il m’a fait mal. Tout le monde a dit «c’est une gifle», mais non, c’était un coup de poing. C’est pour ça qu’il faut être solide.
Il y a une phrase du Talmud, dans le Traité sur la justice, qui dit : «Un tribunal qui condamne un homme à l’unanimité doit le relaxer.»
C’est bien une phrase du Talmud ça !! (Il rit.)
Un article originalement paru dans Libération.
… Arthur Martos parle de privations de droits civils fondamentaux, de violence pure et dure… De quoi parle-t-il ? Niçoise depuis quelques temps, j’ai été assiégée par la violence de l’attentat du 14 juillet, j’avais recueilli des jeunes gens terrorisés autant que moi, j’ai servi des petits cognac, j’en ai avalé aussi, nous ne savions plus à quoi nous agripper psychiquement. C’est ça que j’appelle la violence. Des burinais le lendemain de l’attentat sur la plage à 10 m de l’attentat alors que le sol était encore jonché de bouts et de morceaux, voilà ce que j’appelle de la violence. Autrement, je me fiche éperdument d’un bout de chiffon, mais pas là, pas ce jour-là ! Et pour que la confiance revienne, il a fallu que le premier Ministre Manuel Valls endosse, avec des paroles dures, pour tenter de rassurer et de nouveau nous rassemblé. Je signale au passage que cela a parfaitement fonctionné, il faut bien que quelqu’un se dévoue pour le dire !
Mes amis Algériens m’ont téléphoné après l’attentat pour dire que nous avons été et sommes trop confiants, trop mous face au terrorisme. Ils ont vécu des attentats, les têtes d’un père ou d’un enfant ont été livrées arrachées aux corps aux familles, alors ils ont peur pour nous.
Cela ne doit pas changer notre façon de penser, mais notre façon d’être sans doute. Manuel Valls a raison, rien ne peut venir justifier un acte terroriste. Rien !
Laura Conti:
Je vous remercie pour votre interpellation directe à mon commentaire, à LRJ, sur le interview de Christine Angot à Manuel Valls. L’ option pour la « non-violence » commence justement pour ici – pour le dialogue sincère e franc, sans préconcepts idéologiques, politiques et culturels. Vous me demandez directement : « De quoi parle-t-il [Artur Matos] ? » Je vous réponds : je parle de ce que vous, Laura Conti, parle: de la « non-violence » – mais, avec une différence substantiel avec vous: je parle de TOUTE la non-violence! Je dis dans mon commentaire, avec toute la clarté, en concordance « sémantique » avec la déclaration de Manuel Valls à Christine Angot, quand il dit: « Il n’y a aucune cause qui puisse faire accepter la violence en démocratie. » Et je réponds, toute suite, sans aucune hésitation, dans mon commentaire : « C’est vrai, il n’y a aucune raison pour la violence! » Et, point. Et, toute suite, j’écris : « Donc, aucune raison pour la violence de l’État ! Point, aussi. Jusqu’ici, aucune question.
Savez-dire que je suis, bien sûr, contre toute la forme de violence et du terrorisme, soit-il le « terrorisme civil » (du Daesh, d’Al-Qaïda, d’ETA, au cas, est-il indifférent), MAIS, aussi, soit-il le « terrorisme d’État ». Et c’est ici que vient le problème. Parce que je dis que l’État d’urgence que Manuel Valls à imposait, depuis le 14 novembre 2015, à la France et aux Français, c’est de la violence pure et dure. Oui, c’est vrai : « On ne peut pas lutter contre la violence du terrorisme avec la violence de l’État contre les citoyens. Est-elle une vérité factuelle ! Et, dans mon commentaire, je donne l’exemple « exemplaire » de l’État Espagnol (avec l’aide de la France) qui a battu complètement l’ETA sans imposer à l’Espagne et aux Espagnoles l’État d’urgence. Comme espagnole de naissance, Manuel Valls doit entendre très bien de ce que je parle.
Parce que : la logique de la violence et de la peur et de la coercition de l’État d’urgence sont, voilà, les même « thèses » et arguments de Marine Le Pen et du Front National. Vous-etes, chère Laura Conti, à faveur d’un État d’urgence en permanence, d’une vie en France du tip Front National ? Bon, c’est pour combattre cette idéologie de la peur et de la violence (mots de François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve, Emmanuel Macron) que tout le monde (presque…) à voté Emmanuel Macron à la Présidence de la République, en sacrifiant le gouvernement Hollande/Valls et le PS. Le peuple Français à s’ exprimé drastiquement contre les mesures sécurités de Manuel Valls. Comment peut vous dire, Laura Conti, que Valls « avait raison »? Bien sûr, Macron à déjà fait la promesse de suspendre, au prochain automne, ce sinistre État d’urgence.
Parce que:
1) L’État d’urgence et un État d’exception (il faut voir ce que dit, à ce sujet, le philosophe Giorgio Agamben) et tout l’État d’exception est un État de violence contre les citoyens.
2) Tout l’État d’urgence est une dégénérescence de le droit pénal et de les constitutions des pays, au cas, de la Constitution de la République Française. C’est pour ça qu’il implique une approbation exceptionnelle du Sénat. Je répet : « exceptionnelle ».
3) Comme je dis dans mon commentaire : « l’État d’urgence [implique] toute la violence contre la liberté et les droits civils fondamentaux, même avec la justification « d’assurer la sécurité. » Et je conclu : »[…] C’est de la violence « pure et dure. » On ne peut pas lutter contre la violence du terrorisme avec la violence de l’État contre les citoyens. »
3.1) Comment, dit-moi Laura Conti, comment on peut faire la paix avec les même armes de la guerre et de la violence ? Toutes les commissions de la paix et de la réconciliation (Sud-Afrique, Timor-Leste, Colombie, etc. ), de pays longtemps en guerre, défendent cette thèse : on construit la paix avec la paix, pas avec la violence, soit elle civile, soit elle d’État.
Mais qu’est l’État d’urgence ?
4) L’Etat d’urgence donne à la police, sous le contrôle du juge administratif et du Conseil d’Etat, des pouvoirs qu’elle n’a pas en temps normal sans l’intervention du pouvoir judiciaire. Voyons : grâce à l’état d’urgence, les préfets de département (représentant l’Etat au niveau local) peuvent :
– Interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures choisis ;
– Instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé, c’est-à-dire qu’on décide qui a le droit ou non de s’y rendre et comment;
– Obliger la remise aux autorités d’armes acquises légalement ;
– Interdire le séjour dans tout ou partie d’un département à une personne dont on considère qu’elle entrave, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics.
– Le ministre de l’intérieur, pour l’ensemble du territoire, et le préfet, dans le département, peuvent :
– Ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacle, débits de boissons et lieux de réunion ;
– Interdire à titre général ou particulier les réunions considérées comme de nature à provoquer ou à entretenir le désordre ;
– Placer une personne suspecte sous bracelet électronique.
Le décret déclarant ou les lois reconduisant l’état d’urgence donnent aussi :
– Aux préfets le pouvoir d’ordonner des perquisitions au domicile de suspects de jour comme de nuit ;
– Le droit aux tribunaux militaires de se saisir des crimes qui relèvent normalement de la cour d’assises du département ;
– Le droit de fouiller les véhicules sans instruction du procureur.
– Ce régime d’exception a été créé en 1955 pendant la guerre d’Algérie (1954-1962) et utilisé seulement six fois.
5) La fermeture des frontière – autres actions exceptionnelles, contre les accords envers l’Union Européenne – ipsis verbis, la leçon de Marine le Pen et du Front National.
6) L’État d’urgence implique tout un rituel, une liturgie de la violence dans la langage (les « mots » de Manuel Valls qui « ne sont pas romantiques », on sait – Valls est un « dure », voilà !), ou comme avait dit plusieurs fois Manuel Valls et François Hollande : « Nous sommes en guerre », « La France est en guerre »; dans le visage dure de policiers, des militaires, et des gens contre les gens ; dans la posture physique, névrotique, obsessive de tout le monde, civil ou militaire, de violence au prête d’être contre le terrorisme.
7) Dit-moi, par exemple : aimez-vous, Laura Conti, voir vôtres enfants dans les rue, dans les gares, dans les aéroports, dans les ports, dans les écoles, dans les églises, dans les festivals, etc., etc., face à face, côte à côte, aux polices, militaires, snippers, armés, jusqu’aux dents, de mitrailleuse automatique ? C’est ce « pays pacifique » que vous désirez pour vôtres enfants et pour tous enfants de la « douce France ». Ce spectacle « d’exceptionnelle » violence et de sécurités totales (presque totalitarisme, comme les régimes totalitarisme de Russie, Philippines, Turquie, Hongrie, Venezuela), ce c’est la « douce France » de notre belle et bonne enfance?
8) On construit une société de paix avec l’État de droit et avec la liberté et la paix ( Cf.Toni Negri, Commonwealth). Pas avec la obsession, l’obstination malade, de la violence de l’État exceptionnel et de la sécurité totalitaire et « front-nationaliste » de Valls. Qui différence, enfin, entre un gouverne de Valls et un gouverne de Marine Le Pen ?
Pour le reste, le peuple Français à répondu, le 22 janvier 2017 et le 18 juin 2017, avec fort sobriété, fort élévation et fort senti démocratique en total liberté (sans États d’exception), en condamnant absolument, dans les dernières élections présidentielles et législatifs, l’ancien parti de Valls (le PS), en condamnant leurs politiques de sécurité, en remettent le PS (le ancienne PS de Valls) a une pourcentage de 6%, voir, 31 députés à la Assemblée National. Manuel Valls est le premier (mais même le premier!) responsable (pas François Hollande) du désastre électoral du PS, le 7 mai 2017 et le 18 juin 2017. C’est pour ça que Manuel Valls à quitté le PS – bien sûr, il n’était jamais un socialiste démocratique, face à belle histoire du Parti Socialiste Français. Parce qu’un socialiste démocratique aux sérieux (comme Willy Brandt, Olof Palme, Bettino Craxi, Filipe Gonzalez, Mario Soares) est un indéfectible constructeur de la paix et d’ une Europe libre et pacifique, en respect pour l’État de droit. N’est pas, malheureusement (et je le dis avec tout le respect) le cas de Manuel Valls.
On construira une société Française de la paix avec la justice sociale, avec le respect pour le signes de la République : liberté, égalité, fraternité. Il faut aller au fond de ces signes de la France et les décrypter. Voilà le secret pour une nouvelle France !
Artur Matos
Écrivain et philosophe
Si je comprends bien, le Talmud préconise de libérer Dutroux et Fourniret
Christine Angot,
J’ai apprécié votre entretien au Libération et à La Règle du jeu avec Manuel Valls. Merci. Manuel Valls a dit: « Il n’y a aucune cause qui puisse faire accepter la violence dans la démocratie ». C’est vrai, il n’y a aucune raison pour la violence! Donc, aucune raison aussi pour la violence de l’État! Et Manuel Valls était un partisan de la violence de l’Etat contre la société civile, notamment en imposant à la France et aux Français L’État d’urgence depuis le 14 novembre 2015 « en raison des risques d’attentats ». Il s’agit d’une grave violence, d’une fort coercion. L’État d’urgence et l’Etat de exception, avec toute la violence conséquente contre les libertés et les droits civils fondamentaux, même avec la justification « d’assurer la sécurité », c’est de la violence « pur et dur ». On ne peut pas lutter contre la violence du terrorisme avec la violence de l’État contre les citoyens.
Par exemple: l’Espagne, d’où il est venu Manuel Valls, a combattu le terrorisme d’ETA avec les armes de l’Etat de droit, à savoir, sans imposer l’État d’urgence. Et l’ETA a été battu par les Espagnols. C’est, autrement, la leçon « pacifiste » (non violente) de Guernica, de Picasso. Tout le monde le sait…
Donc, il faut lutter contre le terrorisme avec L’État de droit, L’État « normal ». Car, en démocratie, tout la « exception » est une violence. Manuel devrait le savoir – pas une question « d’être romantique ».
Bien à vous,
Artur Matos
Philosophe et écrivain