Ah les cons, s’ils savaient… Voici ce que murmura le président du Conseil Edouard Daladier à son retour de Munich, le 29 septembre 1938, surpris de se faire acclamer par ses compatriotes pour avoir lâché la Tchécoslovaquie. Telle devrait être, aujourd’hui, mutatis mutandis, le cri du cœur de tous les républicains face à la haine diffuse et méthodique qui accable Manuel Valls.
Une haine ancienne sans doute, recuite, mais qui éclate au grand jour, désentravée ; une haine qui n’a, souvent, plus rien de politique ; une haine qui relève de la pensée magique ou de l’exorcisme et que le climat de l’époque porte à incandescence.
A Evry, donc, un Jean-Luc Mélenchon battant l’estrade pour la candidate locale de son mouvement, et avouant, entre deux saillies contre le «gouvernement d’oligarques (sic)» d’Emmanuel Macron, qu’il aimerait bien voir Manuel Valls faire un «49.3 au deuxième tour», avant d’ajouter : «Il est le plus misérable de tous, qu’il dégage !» ; derrière la jactance du leader de la France insoumise, cet aréopage d’internautes et de twittos qui, comme des somnambules, s’hallucinent progressistes quand ils traitent l’ex-premier ministre de tous les noms, le déshonorent, le vouent aux gémonies de la disparition politique ; et, au-delà, cette impression, oui, d’une vaste nébuleuse de l’injure et de la calomnie, d’une conjuration des bashers et des haters qui, après avoir quitté le registre de la légitime critique politique pour celui, bien plus problématique, de la flétrissure d’un homme, opère dans l’impunité du continent numérique.
Triste et basse époque : dans des franges notables de l’opinion embrasée par le dark web, le nom de Manuel Valls deviendrait ainsi celui qui, comme dirait le linguiste Jean-Claude Milner, «divise absolument» : le nom du politique émissaire.
Conviction, face à ce débondage d’insanités, que la démocratie n’a rien, vraiment, rien à y gagner. Certitude que les amis sincères de la liberté et du droit ont tout à y perdre et que la philosophie de la république autour duquel les Français sont appelés à se rassembler est l’antithèse de cet abaissement. Effroi, enfin, face à ce que l’anti-vallsisme d’aujourd’hui comporte de cruauté, de violence, de sauvagerie et de jouissance dans l’outrage – qui sont toujours présages du pire.
Et puis… Revenons à l’essentiel : quelque appréciation que l’on porte sur ses réalisations à Matignon, qu’a été, ces dernières années, dans le paysage politique de notre pays, Manuel Valls ? Eh bien, il a été ce que les Anglo-saxons nomment un left disturber. Non un homme qui veut effacer les frontières de la gauche comme les partisans de la IIIème force jadis critiquée par Blum, mais un homme qui a relevé de l’oubli, pire de la déréliction, quelques principes cardinaux de l’action : la défense de la laïcité, l’opposition courageuse et intraitable à l’islamisme, la lutte sans faiblesse contre le néo-antisémitisme, la réaffirmation du républicanisme civique. Cela, c’est l’essentiel.
Salut à Manuel Valls.
Manuel Valls méritait sans doute une autre reconnaissance et un autre traitement de la part des « Siens », ayant eu à jongler avec sa lucidité, sa droiture et les meandres dans lesquels nous perdent les bobos angéliques… Mais » nul n’est prophète en son pays … » Salut à vous, Manuel Valls
Le néo-antisémitie ne haït pas le juif parce qu’il est juif mais parce qu’il est susceptible, à ses yeux, d’être sioniste et donc de soutenir les guerres sur Gaza etc. Ce n’est ni du racisme, ni de la judéophobie. L’antisémite old school d’Europe est de loin le pire car le plus arbitraire. Mettre sur pied d’égalité les deux n’est tenable d’aucun point de vue. Après c’est vrai que le premier engendre un énorme sentiment d’insécurité et nécessite beaucoup plus de moyens de police mais beaucoup moins de grands discours.
Être sioniste signifie soutenir l’existence d’un État pour le peuple juif, État qui de nos jours s’appelle Israël. Ce n’est pas soutenir telle ou telle guerre. Ceci dit, quand la population du sud d’Israël est terrorisée par le Hamas comme en 2014, Israël a le droit de réagir et de faire cesser les bombardements. Mais comme vous le dites très bien, le néo-antisémitisme haït le Juif pour ses opinions – ou celles que certains lui prêtent.Et par là, vous démontrez très clairement que ce néo-antisémitisme est de l’antisémitisme tout court. Cqfd.
A part ça M. Lacroix n’a pas l’air de savoir ce qu’est le « dark web »
Enfin! C’est pas trop tôt. Valls a quand même bien servi votre directeur et jusqu’ici, pendant de longues semaines, personne de la RDJ pour prendre sa défense. On imagine le battage que pourrait organiser BHL pour sauver son soldat Valls et on est loin du compte. Il devrait se rappeler qu’il sera aussi jugé sur comment il traite son petit personnel. Ca va pas créer beaucoup de vocation cette indifférence. Il achète, il jette!
Bel hommage – et restauration de quelques vérités, que des propos d’hyènes aux bouches tordues voudraient faire oublier.
Et Monsieur Val est très bel homme. Cela irrite les hyènes défavorisés encore plus …