Le Premier Ministre, Manuel Valls, était hier soir, 2 octobre, au Théâtre de l’Atelier, pour voir Hôtel Europe, la pièce de Bernard-Henri Lévy, directeur de La Règle du Jeu.
Longuement ovationné par la salle à la fin de la représentation, Manuel Valls est monté sur la scène et a dit quelques mots à une salle pleine et où il y avait un groupe très important d’ « amis du CRIF » amenés par le président du CRIF, Roger Cukierman. « C’est très étrange de se retrouver de ce côté-ci de la scène, car je ne suis pas acteur » a commencé par présenter le Premier Ministre.
Puis : « j’ai beaucoup d’admiration pour Bernard-Henri Lévy. Je sais combien il a consacré de temps et d’énergie à cette pièce, portée par un acteur, Jacques Weber, que nous admirons tous ».
Il a ensuite commenté les thèmes abordés par la pièce en ces termes : « L’Europe peut sortir de l’Histoire. A partir de Sarajevo, du drame que la Bosnie-Herzégovine a connu, de ce qui s’est passé dans l’ex-Yougoslavie trois ans après la chute du Mur de Berlin alors que chacun pensait que la liberté, la réconciliation avaient triomphé, ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine et plus loin encore, de l‘autre côté de la Méditerranée, les dangers que nous connaissons, les menaces que nous vivons en France et en Europe, la montée des populismes et de l’antisémitisme, les dangers du djihadisme, avec ces citoyens qui partent apprendre la terreur et l’horreur pour se retourner contre leur propre patrie et leurs compatriotes : eh bien, à travers tout cela, nous savons que l’Histoire est tragique ».
Faisait-il allusion à la célèbre phrase de Raymond Aron reprochant à Valéry Giscard d’Estaing de ne pas savoir, lui, que l’Histoire est tragique ? Toujours est-il qu’il a poursuivi sur cette note grave : « Mais il y a des valeurs universelles qui sont plus fortes que les frontières, et le plus beau message de cette pièce est celui sur l’Europe, l’Europe qui a fondé cette civilisation, ces valeurs, cet art de vivre, cette manière de penser l’Histoire et l‘être humain, et cela est notre bien le plus précieux. S’il y a un idéal et un objectif pour les responsables publics, les philosophes, les hommes d’action, les citoyens engagés, c’est celui-là. Or ce bien est tellement fragile, ainsi que le disent Bernard-Henri Lévy et Jacques Weber. Je ne veux pas paraître trop grave. Mais on voit bien que la montée des populismes, le rejet de l’autre, le fait qu’on puisse crier de nouveau dans les rues de Paris, de Berlin ou de Bruxelles « Mort aux Juifs », tout cela montre que les dangers sont là ».
Puis, comme s’il craignait d’assombrir une soirée qui avait été marquée, comme chaque soir depuis presque un mois, par le triomphe de Jacques Weber, il a terminé sur cette note d’espoir : « Il faut une très grande force pour rassembler, et se battre contre ces dangers, d’où qu’ils viennent. Tout cela était dans le texte de ce soir. Un texte lumineux, qui doit nous inciter à réfléchir. Et à agir. Je continuerai à agir parce que la France, l’Europe, les libertés, ces principes qui ont été au cœur de cette soirée, nous devons les défendre et les chérir plus que tout. S’il y a une seule raison à l’engagement, c’est bien cela. Mon bonheur est d’avoir participé à cette très belle soirée. »
Le Premier Ministre s’est ensuite éclipsé, laissant la parole à Rogier Cukierman et Bernard-Henri Lévy qui ont entamé un débat sur le thème : « Juifs de France, faut-il rester ? ». Bernard-Henri Lévy a, en ouverture de sa propre intervention, salué « la lucidité et le courage » de Manuel Valls.
Photos : Yann Revol

Un commentaire

  1. Belle soirée, superbement organisée …… une véritable règle de jeu avec des des enjeux passionnants.
    Une belle pièce,un magnifique interprète que l’on admire tant… Je me souvenais de Galilée au Théâtre de La Colline,entre autres.