31 décembre au soir. Du Palais de l’Elysée, François Hollande livre ses ultimes vœux aux Français. Dans quelques mois, il quittera la présidence de la République, plus empêché par son impopularité que par son bilan réel. Que retiendra l’Histoire de cet étrange quinquennat ? Trop tôt pour le savoir… Reste que depuis l’annonce de son futur retrait, la séquence hollandienne est quasi parfaite et la cote de popularité du chef de l’Etat remonte en flèche. On pourrait faire ici l’analyse des vœux présidentiels, l’exercice serait passionnant. Manque de chance, l’actualité bat son plein, les alertes s’amoncèlent sur les smartphones et l’entreprise patiente de décryptage politique paraît déjà inutile. Au milieu de ce brouhaha permanent, une question demeure : comment être Président ? Il se pourrait bien que la chose soit devenue impossible. A moins d’être survolté, à moins d’être le laquais de la médiacratie, à moins d’être Donald Trump…
Cinq ans après sa prise de fonction, qui est François Hollande ? Ni le « Président normal » qu’il voulait être lors de sa campagne victorieuse, ni le capitaine de pédalo que l’on moquait aux premiers mois de son élection, ni même une résurrection moderne de François Mitterrand. Alors qui ? Pour le savoir, il faut remonter aux heures perdues de sa jeunesse, lire Je fais attention à tout, le livre tout à fait éclairant du journaliste Jérémy Collado sur les premiers pas de l’actuel locataire de l’Elysée. Du pensionnat catholique à Rouen, où il a grandi, jusqu’au lycée Pasteur de Neuilly, où il se lie d’amitié avec le communiste Christian Clavier, le jeune Hollande s’est construit dans la synthèse. Celle d’un jeune homme travailleur à l’allure bonhomme, peu porté sur le romantisme en politique et plutôt adepte de la stratégie froide, du calcul et de la mesure, autant de qualités qui lui permettent de se frayer un chemin jusqu’aux plus hautes sphères. Plus précisément que n’importe quel ouvrage jusqu’à présent, le livre de Collado illustre un fait, une idée : François Hollande est d’abord une construction. Chez lui, rien ne coule de source, rien n’est vraiment hérité. Tout est choisi. Il suffit de raconter ses premiers contacts avec le monde politique pour en avoir le cœur net. Initié par un père nostalgique de l’Algérie française, candidat d’extrême-droite dans les années 1950 et une mère catho de gauche, inspirée par le rêve communiste, il est urgent pour le petit François de trancher. Le jeune Hollande s’y refuse, se construit contre la figure paternelle sans réellement épouser les idéaux maternels. Petit-bourgeois tranquille de province, l’adolescent quitte ensuite sa Normandie pour atterrir à Neuilly. Découverte d’un ghetto, d’un nouveau monde et de codes qui découragent beaucoup de postulants. Lui s’entête, s’illustre par ses excellents résultats et son profil de bon camarade ; il est un chef de bande attentif et affectueux, un type marrant qui s’essaie (avec succès dit-on) au théâtre, fraie avec une partie de la bande du Splendid. Il s’en faudra de peu pour que celui que l’on surnomme « La Farce Tranquille » ne choisisse une carrière de comique. On connaît la suite, il sera Président de la République !
Les années passent. Ses cursus universitaires seront remarquables. A Sciences Po, Hollande « s’approche du PS sans vraiment se mobiliser pour Mitterrand. Il préfère vibrer au Stade Bauer avec les ouvriers de Saint-Ouen devant les matchs du Red Star », investit les syndicats étudiants, se frotte aux jeux d’appareils, au Parti Communiste qu’il devine mourant et à la droite pratiquant « l’économisme » cher à Giscard. Homme de chiffres plus que de lettres, Hollande intègre par la suite HEC. Collado explique : « François Hollande et l’école des Hautes études commerciales : ça n’a rien d’évident, car l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste n’a que très rarement mis en avant cette ligne de son CV. « Il a toujours caché qu’il avait fait HEC » se moque gentiment Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France, qui est elle aussi sorti de l’école. Cette dernière poursuit : « Evidemment, quand on prétend qu’on n’aime pas l’argent, ce n’est pas un élément de sa formation qu’on met en avant » ». Le récit de ces années est passionnant. A Jouy-en-Josas, le jeune homme est un socialiste infiltré, il ne met pas en avant ses idées, observe patiemment. On connaît la suite. L’ENA où il voisine avec Jean-Pierre Jouyet, Michel Sapin et Ségolène Royal, la fameuse « promo Voltaire » au sein de laquelle il devient un véritable tacticien, crée un syndicat frondeur, se forge une réputation. « Lui, un gentil, un mou, un amuseur ? Il est tout l’inverse. Derrière le sourire de « Monsieur Petites Blagues », c’est un vrai tueur politique, qui a su grimper les marches du pouvoir sans qu’on ne le craigne » écrit Collado. Mitterrand, qui n’a jamais eu d’affection pour Hollande, écrivait : « On est du pays de son enfance ». Si Tonton pensait au pays mental, alors il faut absolument lire Je fais attention à tout pour enfin comprendre le futur ex-Président de la République…
La France ne sera juste, et donc forte, que si elle mise sur le talent. Un talent ça se repère. Parfois au premier regard, à la première écoute, d’autres fois au laser. À savoir qu’on peut très facilement passer à côté d’un diamant qui ne demande qu’à se tailler. Alors cessez, je vous prie, de nous retourner le couteau dans la plaie avec votre société du mérite quand vous ne pouvez pas ignorer que le roi du couscous en boîte est condamné à embrocher les uns derrière les autres la totalité de ses concurrents s’il ne veut pas finir comme eux sur les braises du méchoui ultralibéral, quand son chiffre d’affaires quotidien dépasse de mille poussées de coude la recette annuelle d’une cheffe étoilée emprisonnée quelque part dans le donjon d’un quartier ouvrier. Donnez, en contournant puisqu’il le faut un système qui échappera toujours et à ses concepteurs et à ses inspecteurs, une chance au talent! Aider les jeunes c’est bien. Veiller à ce que notre jeunesse bénéficie d’un dispositif de recrutement tous azimuts plus efficace que les rets écocidaires d’un pêcheur japonais c’est encore mieux. Mais on n’a pas vingt ans de suite vingt ans. Le challenge pour un trentenaire talentueux en phase d’autoformation consiste dans le fait de ne jamais perdre jamais de vue le bout du tunnel que creuse pour lui un échec qui, davantage que le sien, demeure celui d’une société butée, bête et disciplinée, gâchant ses dernières chances de transmutation avant le tsunami néoféodal trumpoutinien. Vous voulez vraiment remettre la France en selle? Eh bien, limitez-vous à rattraper la déjà-plus-jeunesse, puis tendez-lui la main! Peut-être ses cavaliers flous feront-ils preuve de clémence, et, après vous avoir hissés à la hauteur d’une sublime civilisation latente, vous laisseront-ils enlacer telle la princesse Audrey chevauchant la Vespa 125 de Gregory Peck l’impression de Terre promise que leur résistance à toute épreuve n’aurait jamais dû cesser de vous faire.
Intra-Scriptum : Pardon si je vous déçois, mais ma double négation était involontaire. J’accepte néanmoins pour vous de m’étendre auprès de Vincent van Baudelaire sur le divan de Sigmund Sartre. Finalement, si lueur il y a, n’est-ce pas bien avant que la douche messianique ne soit en situation d’effleurer nos prémutantes conditions sociales que celle-ci aura dû m’érafler l’animal ?
Pré-Scriptum : Vous voulez vaincre les inégalités, luttez contre les injustices. Vous voulez établir la justice, attaquez-vous aux impostures. Vous voulez détecter les impostures, combattez la médiocrité. Luttez en tout, partout et pour tous.
Néo-Scriptum : Le spectacle de la Désunion de la gauche, qu’on le minimise ou le maximise, file la nausée pour rien. Si l’on y réfléchit bien, aucun de ceux qui ont débecté la manière dont Valls usa du pouvoir n’appelèrent au retour de son prédécesseur. Or si le premier Premier ministre du premier quinquennat de gauche depuis le naufrage de 2002 en arrive à envisager de voter pour un candidat qui dit ouvertement qu’il n’est pas de gauche plutôt que devoir s’incliner devant un homme qui fut l’un des principaux artisans de sa chute, pourquoi accepta-t-il d’être son ministre un an et demi durant? Si, se croyant invaincue en 2007, elle endura l’outrage ultime d’un retour aux affaires dans cette position, extrêmement dégradante pour une femme politique, pouvant donner l’impression d’une permutation des rôles entre la maîtresse d’école et son chouchou ingrat, comment imaginer que la pleureuse de Mitterrand choisisse à présent de nous faire une mélenchonnade de droite, préférant essayer d’assommer un parti qu’elle avait incarné avec superbe de crainte que l’efficacité de son soutien au seul socialiste capable de vaincre la droite de gouvernement ne la prive, dans cinq ans, d’une revanche contre Sarkofillon?
Valls ne doit pas défendre les insuffisances de l’Europe à cause de ceux qui planifient son anéantissement. Le salut de l’Europe dépend de son perfectionnement. Ses défenseurs ne manifesteront aucune indulgence envers ses petites lâchetés et autres énormes turpitudes. Dans ce Nouveau Désordre mondial, l’Europe doit reprendre son titre de leader des droits de l’homme face à la démission d’Obama Trump. La puissance militaire a manqué à Hollande quand son esprit n’était pas obstrué devant les œuvres abominables de Bachar le Chimique. Le Président Valls se dotera d’une armée telle qu’un bloc de l’Ouest se doit d’en posséder s’il est dans ses principes de faire reculer les mordeurs de mollets. L’humanité se distingue par l’esprit. Cela implique que l’armée du XXIe siècle surpasse en célérité la protoguerre des étoiles de Ronald Hollywood Reagan. L’heure n’est plus à l’accélération quand il faudrait sauter quelques étapes et surprendre un monde capable de croître beaucoup plus vite qu’il ne le croit. Le désastre écologique est une hypothèse qu’on n’a aucun scrupule à modéliser. Le cataclysme géopolitique doit lui aussi être anticipé. Les révolutions nationalistes préfigurent une série de révolutions pan-nationalistes. Ce type de phénomène ne peut qu’aboutir à une guerre mondiale. Heureusement, il devrait nous rester une bonne poignée de secondes afin d’internationaliser le vaccin contre la rage mondiale. Les tyrans s’impatientent. Cela tombe bien, nous sommes là.
J’admire la naturalité de celui qui se sent une dette vis-à-vis de la France moderne qui l’a pris dans ses bras. Les lettres peuvent, en de rares contextes, faire preuve d’une sauvagerie savante. Qu’elles ne nous trompent pas! L’imparfaite et d’autant plus réelle francité de Valls n’a d’égale que la parfaite infrancité d’Hauchard. Un souchien qui va se mêler à la meute daechienne a fait a priori de la déchéance de sa propre nationalité une conditionnalité. Il n’obtiendra son titre de soldat du Califat mondial qu’au prix d’un suicide identitaire mafieusement véracifié. Nous voulons du symbole. Nous en regorgeons.
P.-S. : Je n’aurais pas barbarisé la meute d’Irak et du Levant sans redouter l’éraflure hérissée de la Garde canine. Cela dit, plutôt que procéder moi-même à la sentence d’émasculation du verbe, je préférai lui en abandonner toutes les prérogatives. Le français est une langue sexuée, ce qui n’est pas fait pour me déplaire. Si la meute se fendait d’un scrotum, je n’omettrais pas d’induire une bonne dose de femellité au sein du machisme daechien.
Il n’y a pas qu’Assad Junior qui ait profité du contraste éthique avec l’ennemi le plus déterminé à causer sa chute. Lors d’une autre décade autrement plus décadente, un certain Double V avait gagné sur deux tableaux suite au Pearl Harbor islamiste de 2001, jetant la suspicion sur toute accusation juste ou diffamatoire émanant d’une opposition pour partie compromise avec des dictatures non seulement apparentées socialistes — on touche pas à la famille, frère! — mais constituées d’indigènes d’anciennes provinces des empires — famille, je vous hais — occidentaux déchus. Qu’on se rassure! Nous, les irréductibles opposants de Bachar, ne sommes pas encore tout à fait Abou. Tout comme nous n’aidions pas dans ses pleutres entreprises ce revanchard vantard d’Osiris ben Laden à une époque où le trop jeune typhon Barack n’était pas en capacité de lui voler dans les plumes, nous ne nous rendrons jamais… complices du Saint-Office de l’Inquisition du Golfe… dès lors que nous nous refuserons à renforcer en vue de l’affaiblir un néobloc de l’Est bouillant de démolir une construction européenne déjà branlante. Hélas pour l’amoureux transi et paresseux qui n’a que notre queue en tête, nous ne sommes pas du genre à nous faire retourner sans notre consentement.
Peillon reconnaît l’existence d’entités islamistes ethniquement françaises. Mais attention! cette spécificité nous empêcherait de parler de guerre à propos des attaques menées contre la France par les adeptes d’une idéologie internationaliste, le concept de guerre induisant un ennemi portant le fer dans la plaie d’une nation depuis un territoire forcément extérieur. Le cheval d’Hidalgo semble oublier un second paradigme qui est celui de la guerre civile. Or si vous prenez en considération la possibilité d’une superposition des paradigmes, vous obtenez quelque chose comme une Guerre Civile mondiale opposant, d’un côté, les pourfendeurs de l’État de droit et, de l’autre, ses protecteurs jusqu’au-boutistes.
Métaforage : Une diplomatie indépendante ne sera jamais une garantie pour la paix entre le monde libre et l’improbable coalition des empires sodo(philes/phobes). De là à dire que le salut vient de la servitude, il n’y a qu’un pas, tout au moins dans l’esprit de tourniquet dont les victimes écartelées peineront toujours à voir clair dans mon je.
En l’État actuel des causes, Hollande ne devrait pas prendre le risque de se cacher derrière le petit doigt d’un autre. On se moque bien de savoir lequel d’entre ses porte-bouclier lui souffla la technique de désamorçage anti-droite pour le moins approximative dite de la déchéance de nationalité. En revanche, on n’oublie pas que son Premier mobile s’est empressé de lui fournir une pompe à boue tandis qu’il rapetissait à grande allure vers le fond de la représentation. L’indignité nationale offrait non seulement l’avantage de ne pas hiérarchiser entre salauds bi et mononationaux, mais elle les inscrivait dans les pas fascisants de ce sur quoi nous jetterait, fatalement, l’enferrement traditionaliste.
Ceux qui, en 2017, fuient comme la peste la probabilité d’un président de la République Manuel Valls, ce sont les mêmes qui, il y a dix ans, ont souhaité la mort de Charlie. Tout bien considéré, les cons auxquels l’artiste assassiné avait fait allusion ne se limitaient pas aux Faux Frères islamistes, ils englobaient tous ceux qui voulaient que par cons, Cabu désignât les démocrates musulmans.
Selon l’observateur de l’Élysée, le chef des précédents gouvernements ne serait pas mieux préparé au gigajob que ne le sont ses balladurisateurs sacrificiels. Les idées (sic) lui feraient défaut. Je suggère donc à notre chef de faire part, aussi vite que possible, à l’élu de son cœur des solutions qu’il a en stock, avec l’abnégation que requiert notre temps dévoyé, sans viser d’autre forme de reconnaissance que celle que nul ne voit. Il ne saurait y avoir de progrès sans merci… du moins pour ce moment.
François Hollande remonte dans les sondages et redescend dans la lorgnette du panoptique renversé. Les candidats aux primaires citoyennes ne pourront pas s’acharner sur le bilan de Valls sans tenir compte de la soudaine et néanmoins actuelle redorure du blason de Hollande. Il s’agit aujourd’hui de poursuivre un effort. Un effort de guerre microéconomique sans lequel aucune de nos innovations métacultuelles n’a de chance d’être pérennisée. La démocratisation de la forteresse entrepreneuriale commence par le dernier étage du gratte-crâne. Celle-ci procédera de la convergence des forces et non pas d’une kermesse participative où chacun devrait pêcher un petit cadeau foireux brillamment empaqueté.