Le machisme n’a ni pays ni religion. Chez nous, en France, des femmes meurent sous les coups de leurs conjoints, d’autres subissent harcèlement, agressions sexuelles, viols, proxénétisme. En Espagne, pays de tradition catholique (c’est même le moins qu’on puisse dire) ou dans la Russie orthodoxe, les violences conjugales sont encore monnaie courante et si l’on en est arrivé aux Etats-Unis, pays historiquement protestant, à des délires d’asepsie quant aux rapports entre les sexes, c’est peut-être bien que la société y fut longtemps violente aux femmes, oppressive, obsédée – et elle l’est encore çà et là – d’une féroce virilité de saloon dont les femmes étaient les proies. Aussi, on n’aurait pas complètement tort de dire que « nous » n’avons pas de leçons à donner.

Il y a néanmoins le fait que partout dans ce qu’on appelle l’Occident, la situation des femmes s’est considérablement améliorée ces dernières décennies, qu’on peut avoir une vulve et des seins et gouverner sans que cela divise la société, que le viol, s’il existe, y est, au moins en théorie, sévèrement puni et non pas mis sur le dos des victimes ou au crédit des violeurs, qu’on débat un peu partout de l’abolition de la prostitution, que la théorie féministe s’enseigne dans les universités et influence la vie et les questionnements des gens.

Bien sûr que la situation des femmes occidentales est encore imparfaite, bien sûr qu’on doit dénoncer les violences et le machisme bien de chez nous, bien sûr qu’il y a encore beaucoup à faire pour que disparaissent certains préjugés et certaines ignorances, bien sûr qu’on doit critiquer l’idéologie de la maigreur instillée par nos défilés de mode, la négation du corps hollywoodienne, le tabou persistant de la menstruation, ou le manque de femmes dirigeantes le cas échéant. Il reste que dans des pays où ce genre de question se pose, un nouveau machisme, absolument décomplexé, ravageur, se diffuse, s’installe, s’impose.

Il reste que certaines féministes auraient bien vite dénoncé Cologne si les agresseurs avaient été « blancs » et s’y refusent parce qu’ils « appartiennent à une autre culture ». L’homme arabe, mesdames, serait donc incapable de comprendre vos subtils raisonnements ? C’est vous qui le dites, pas moi. Qu’en pensent Plenel et ses comparses dont on finit par se demander quelle stratégie recouvre leur condescendant apostolat?

Le fait est qu’il y a des principes et une évolution, un certain « sens de l’histoire » en Europe, et que traiter des femmes de la sorte en 2015 est inacceptable. Et le fait est que ces centaines de crimes ne sont pas le fait d’Allemands ou de Finnois, mais d’hommes venus d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. Le nier ? Pourquoi ? Parce qu’il n’y aurait aucune corrélation entre les deux ? Allez dire ça aux femmes arabes qui se battent contre le machisme quotidien, y compris en France et qui, elles, le disent : de même qu’on invoquait un certain esprit « gaulois » pour expliquer le sexisme ambiant lors de l’affaire DSK ou qu’on pourrait expliquer les massacres de femmes au XVIe siècle (la « Chasse aux sorcières ») par les enseignements misogynes de Paul de Tarse, de même je ne vois pas pourquoi nous devrions nous taire aujourd’hui, passer sous silence la haine islamique du corps féminin, l’obsession maghrébine de la puissance masculine, de l’honneur et de toutes ces choses qui font tant de mal aux femmes comme aux hommes.

Il faut cesser de mentir et de se mentir. Il faut cesser d’appliquer aux êtres humains différents critères d’humanité. Niera-t-on qu’il existe un machisme particulièrement fort et implanté dans les pays d’influence arabo-islamique ? Un machisme qui a au reste une histoire et qui n’était peut-être pas destiné à revenir en force après une période où les femmes arabes, iraniennes ou afghanes avaient si bien commencé à se libérer de la tutelle des hommes et du Coran, un machisme qui n’est pas inscrit dans les gènes ou dans une quelconque essence mais qui est là et dont des millions de femmes souffrent !

Nous ne pouvons plus au reste ignorer que la guerre est là. Une guerre qu’on ne saurait réduire à l’oppression coloniale. Aujourd’hui des femmes de toutes couleurs de peau, peut- être même de toutes croyances, sont prises pour cible parce qu’elles vivent comme on vit en Occident et que ces hommes ne le supportent pas. Les images qu’ils en voient, chez eux même, à la télé ou dans les magazines, agressent leur sexe frustré (oh ! que les frustrés sont dangereux, la preuve encore…) Dévoilées, les Occidentales sont à leurs yeux des « putes » bonnes à subir les pires outrages. Et dans leur mentalité d’un autre âge, rien de tel d’ailleurs que le viol ou l’attouchement des femmes pour blesser les frères, les époux, les pères et les fils de celles-ci.

Chère Caroline de Haas, vous qui lanciez « Osez le clito » il y a quelques années, savez-vous que des hommes qui ne savent même pas ce qu’est un « clito » vous déclarent inférieure à cause de ce que la nature vous a précisément donné, à cause de votre nom, de votre culture européenne libertaire et égalitaire, à cause de ce plaisir que vous réclamez et qu’ils estiment obscène ? D’ailleurs, à propos de « clito », la femme égyptienne ou somalienne que l’on excise, chère féministe de pacotille, ne souffre-t-elle pas autant que souffrirait une Française ? Pourtant vous semblez l’ignorer, alors même que si chez nous les femmes parlent de leur clitoris et du plaisir qu’il leur procure à la télévision ou dans des livres, 80% des Egyptiennes en sont tout simplement privées. Vous vous en foutez, ô raciste ? Votre féminisme est plus à l’aise quand il s’agit de dénoncer les obscénités gauloises que ces hordes de barbares ou ces clercs qui justifient les mutilations génitales et le voile intégral, signe immonde niant l’heureux fondement de notre civilisation ?! Car le visage, voilà ce que je pense, distingue chaque être de son voisin, nous rend visibles selon nos différences, et, invisible, empêche qu’il y ait dialogue. Car il y a, oui, des visages d’hommes et des visages de femmes et que nous avons la faiblesse d’aimer à voir les deux…

Il faudra changer tôt ou tard, et du tout au tout, ô braves défenseurs des droits, car ça n’est que le début. On en veut à notre liberté, on en veut à ce que l’Occident était en train de réussir, à savoir la rencontre d’une féminité esthétiquement (la pudeur n’est pas chez nous affaire de centimètres de peau cachée et une femme peut se trouver belle et même déployer sa beauté sans manquer d’honneur ou de dignité) et politiquement valorisée, par l’égalité des droits. Un jour donc, il faudra choisir, et il faudra, je le crains, se battre pour ce mode de vie qui est, qu’on le veuille ou non, supérieur à celui qui prévaut sur la place Tahrir des journalistes abusées ou dans ces pays où les femmes violées doivent épouser leurs violeurs.

Pour moi, mon choix est fait et ne serait-ce que pour ces femmes qui fuient les horreurs de Daesh et n’ont que chez nous pour trouver asile, pour leurs fils auxquels je souhaite de découvrir une autre virilité que celle qui, de son âme à ses entrailles, de ses aspirations les plus hautes à la moindre de ses jouissances, écrase la femme et la hait, rien que par égard, oui, pour des gens qui pensaient peut-être trouver un autre Occident que cette parodie de leur propre cauchemar, et aussi pour toutes ces femmes occidentales qui ont rêvé un autre monde et qui l’ont fait parce que dans leurs luttes s’accomplissaient trois mille ans d’histoire, je veux dire, je veux hurler avec Ahmed Aboutaleb, le maire amazigh – et socialdémocrate – de Rotterdam : « Si vous n’aimez pas nos libertés, faites vos bagages ! »

12 Commentaires

  1. Refuser de parler de l’origine des coupables est hypocrite. Merci de le faire ici et de poser les vraies questions qui déragent.

  2. Par peur d’instrumentalisation, on en vient à minimiser les faits, c’est scandaleux !

  3. Les féministes mettent en garde contre le racisme en même temps qu’elles dénoncent ces agressions… et c’est bien normal !

  4. Vous avez le mérite d’appeler un chat un chat et vous faites preuve d’un certain courage. Cela dit, vous laissez croire que, par peur d’être considéré comme racistes, on laissera les coupables impunis, ce qui est totalement faux ! Ils seront punis comme n’importe qui coupable de telles horreurs. Il n’y aura aucune clémence en raison de leurs origines !

  5. Encore une minorité ignoble qui ternit la réputation des autres ! Ces hommes n’étaient apparemment pas des réfugiés syriens, pourtant c’est contre eux que l’opinion va se retourner.

  6. Lorsque l’on part du principe que certaines populations ne sont pas « faites » pour des valeurs telles que le respect des femmes, cela trahit une façon de pensée bien étrange et inquiétante…

  7. Personne ne va se battre pour préserver notre mode de vie occidental (en dehors des militaires professionnels j’entends). Nous savons au fond de nous qu’il est méprisable, fondé sur le « fun » et l’abrutissement des masses. Le libéralisme est allé trop vite. Plus vite que les idées qui auraient pu le soutenir. Le retour de bâton va être rude. Pour beaucoup, la soumission à l’Islam sera une libération, entre-autre celle du retour d’une sexualité maitrisée. En effet, nul besoin d’être frustré pour souhaité soumettre la femme. La peur est l’essence même de la virilité : peur de ne pas bander quand il faudrait ou de bander quand il ne faudrait pas. La révolution, la nouveauté, l’absence de limite sont le propre de la sexualité féminine. Si une société veut se conserver, enfermer les femme est le premier réflexe et la société occidentale est devenue conservatrice depuis la chute de l’alternative communiste (en elle-même bonne ou mauvaise).

  8. Ce n’est pas parce que vous vous présentez comme quelqu’un qui n’est pas raciste que cela vous innocente lorsque vous tenez des propos de ce genre…