«Nous sommes en guerre», a déclaré François Hollande devant le Congrès.
«Nous sommes en guerre», a martelé Manuels Valls, son Premier ministre, sur tous les tons possibles.
Mais attention !
Nous sommes, ils l’ont très bien dit, doublement en guerre, contre un seul et même ennemi, mais qui se divise en deux.
Il y a le front intérieur, qui passe à travers les terrasses des cafés, les stades de foot ou les salles de concert parisiennes – ainsi que les caches de Saint-Denis ou de Molenbeek, en Belgique, où se terrent les combattants infiltrés.
Mais il y a aussi le front extérieur, qui est le front principal et qui passe par Raqqa, Mossoul et les autres villes irakiennes et syriennes où ces barbares trouvent leurs armes, vont chercher leurs feuilles de route et apprennent, dans des camps d’entraînement que l’on a laissés prospérer, l’art de cette nouvelle et atroce guerre contre les civils.
Dire que c’est ce second front qui est le plus décisif ne veut pas dire qu’il suffira de balayer l’Etat islamique pour voir disparaître par enchantement toutes les cellules plus ou moins dormantes qui sont déjà à l’œuvre, prêtes à frapper, dans les grandes villes de France et d’Europe.
Mais cela signifie sans aucun doute que, la source, les ressources, les centres de commandement étant là, on priverait ces cellules, en frappant à la tête, d’une bonne part de leur puissance : comment combattre les effets sans s’attaquer aux causes ? les succursales en ne touchant pas à la maison mère ? guérit-on un cancer en ne visant que les métastases et en laissant proliférer la tumeur primaire ? comment ne pas voir, en un mot, que la paix à Paris passe par la guerre à Mossoul ? ou, plus exactement, que cette guerre contre Daech ne peut se gagner dans les rues de Paris martyrisé par un ennemi invisible, imprévisible, prêt à recommencer, mais dans les plaines irakiennes et syriennes, où il est à la fois visible, facile à cibler et vulnérable ?
A ce raisonnement de bon sens s’opposent aujourd’hui trois forces d’inégale intensité.
Le munichisme, d’abord, de ceux qui, inversant l’ordre des facteurs, vont partout répétant, y compris dans ces colonnes, que c’est parce que nous nous en prenons aux islamistes que les islamistes s’en prennent à nous : argument stupide et infect qui était, toutes proportions gardées, celui des pacifistes des années 30 et qui aligne la réflexion sur la rhétorique même des assassins et de ses communiqués infâmes.
Le vieil argumentaire, ensuite, que l’on nous servait déjà, il y a vingt ans, à propos de l’armée serbe, réputée la troisième du monde, et qui, en la circonstance, consiste à affoler les populations sur l’air de la surpuissante et presque invincible armada qui a dépecé l’Irak et la Syrie et qui serait en train de nous attirer dans un nouvel et inévitable bourbier : si tel était le cas, d’où viendrait que les Kurdes, qui sont, pour l’heure, les seuls à faire front, gagnent, haut la main toutes les batailles où ils s’engagent ? comment expliquer qu’à Kirkouk et, plus récemment, dans le Sinjar les coupeurs de têtes aient détalé presque sans combattre face à la détermination et la vaillance de peshmergas pourtant bien pauvrement armés ? et où sont, d’ailleurs, passés ces fameux « stocks de chars et d’artillerie » dont les fous de Dieu se sont emparés lors de la déroute de l’armée irakienne et qui sont censés rendre hautement risquée toute forme d’intervention allant un peu plus loin que les seules frappes aériennes ? pourquoi ne les a-t-on vus à l’œuvre ni à Kobané ni, la semaine dernière, dans la bataille qui a libéré la capitale des yézidis ? pourquoi n’ont-ils jamais pilonné les fortins peshmergas et pourquoi Daech, en lieu et place de cet armement fabuleux, utilise-t-il toujours les mêmes camions-suicide ?
La vérité est que ces arsenaux ont été détruits, réduits au silence ou paralysés par l’aviation coalisée et que Daech n’est plus aujourd’hui qu’un tigre de papier.
Et puis il y a, troisièmement, la réticence d’un Barack Obama de plus en plus visiblement rongé par ce que l’on est tenté d’appeler le syndrome d’Oslo : ce fameux prix Nobel de la paix décerné dans les premiers temps de son premier mandat et qui fait que, tel Victor Hugo qui se prenait pour Victor Hugo ou le garçon de café sartrien qui jouait au vrai garçon de café, le président de la première puissance mondiale, l’homme sans qui rien ne sera possible et dont la détermination est au moins aussi importante que celle du président Hollande, semble se demander chaque matin, en se rasant, comment doit agir un vrai Prix Nobel de la paix…
Le président des Etats-Unis s’avisera-t-il que, face à un ennemi qui a déclaré la guerre à la civilisation, le temps du narcissisme moralisateur est passé ?
Comprendra-t-il que désastreux serait un legs se soldant par un Etat nazi que l’on aurait laissé prendre racine dans le territoire qu’il s’est choisi, alors qu’il est encore possible, si on le décide, de l’éradiquer ?
Entendra-t-il l’appel au secours que lance, à son allié de toujours une France endeuillée et sentira-t-il que son pays a, comme en 1917, comme en 1944, pour la troisième fois rendez-vous avec l’Europe ?
Et qu’est devenu enfin le jeune Barack Obama que j’ai rencontré, en 2003, à Boston et qui m’a superbement expliqué, à l’époque, ce qui distinguait l’absurde guerre d’Irak d’une guerre politiquement juste, moralement justifiée et dont le principe serait, non d’ajouter le mal au mal, mais au contraire de l’endiguer ?
Il n’y a pas, aujourd’hui, de questions plus essentielles ni plus angoissantes.
Et maintenant, nous ne pourrions pas entrer en guerre avec une entité dont nous aurions proclamé notre objectif de la détruire. La guerre, mon bon Monsieur, se ferait toujours entre deux États majeurs et vaccinés avec, en orgasme apothéotique, un bon traité de paix de derrière les fagots. Ça, c’est la définition de la guerre selon le dictionnaire Pétain. La paix à n’importe quel prix. La paix avec n’importe qui, mais « la paix, grâce à moi. Merci. Merci. Merci. Oh non… c’est trop. Non, vraiment. » Or, n’en déplaise aux fourbus et autres courbatus d’avance, nous ne ferons pas la paix avec le national-socialiste Assad. Et nous ne laisserons pas se survivre le régime internationaliste des pirates du méta-empire, — chacun est libre de s’y contempler ou non. D’où l’importance de dépeindre la nature criminelle là où elle se répand, celle du califascisme de Mossoul-Raqqa, celle des vassaux du Guide suprême aryen. Les Syriens Libres ont su combattre les deux sous un même éclair de conscience. Faut-il vraiment, après que nous leur ayons demandé de mériter notre confiance au prix d’endurer mille et une nuits au Bataclan, qu’ils nous expliquent de quelle manière nous devons nous inscrire, dès ce matin, dans leur sillage? P.-S. précoce : Dire à Poutine de mieux choisir ses alliés. Remember Hariri.
Heureusement que ce président a compris les leçons de GWB, Il ne parle pas de guerre contre le terrorisme. La plupart des experts sont d’accord que ce n’est pas le bon terme et que cela augmente le status des extrémistes. Il ne pense pas non plus en terme de reconstruire des pay musulmans, le sol des islamo-fascistes, sachant que c’est un travail impossible pour un pays de l’occident, ou bien pour n’importe quel pays. Il a compris aussi bien qu’il ne faut pas réagir avec les émotions du peuple massacré en tête, même si la démocratie l’exige, Au même temps, il comprends qu’il faut se battre contrpe le danger réel et constant des terrorisées d’une façon intelligente, logique, et mesuré. Espérons que cela continue après Obaama et que La France apprend les mêmes leçons.
Obama a déjà annoncé le mois dernier qu’il enverrait des soldats pour assister les Kurdes face à l’Etat islamique
Toutes les puissances occidentales doivent s’unir dans cette guerre, la France n’y arrivera jamais toute seule. Qu’est-ce que les Américains attendent?
On dirait qu’Obama a été remplacé par Poutine, plus rapide…
Barack Obama a été l’un des premiers à s’exprimer suite à cette tragédie. Maintenant, est-ce que les actes suivront les paroles ?