Vendredi 13 novembre. Un vendredi comme un autre à Paris. Les pots entre copains, les diners, les cafés, les thés à la menthe, les restaurants indiens ou tamouls, la cuisine italienne ou cambodgienne, les côtes de bœufs à deux, les serveurs poussant la chansonnette en servant les plats, les terrasses, les soirées en tête-à-tête, les sorties en famille, les pièces de théâtre, les expositions à ne pas rater, la tour Eiffel qui clignote, le Bataclan, la musique, les concerts, la danse, l’abandon, la tendresse, les amoureux qui s’embrassent… Un vendredi comme un autre à Paris; Paris, la capitale de la vie; Paris mélangeant toujours le bonheur avec toutes les couleurs et saveurs du monde.
Et puis soudain, le temps d’un instant, le basculement. L’horreur absolue. Paris attaquée. Paris attaquée au nom d’Allah! La religion transformée en fureur totalitaire meurtrière déchaînée contre la vie; déchaînée contre la liberté, la liberté ce blasphème, cette transgression, cette faute, cette hérésie méprisable au regard des djihadistes. Paris attaquée car symbole de tout ce que détestent les djihadistes: la liberté, la vie, les droits de l’homme.
Guerre. Guerre globale. Hier le Kenya, hier le Nigéria, Madrid, New York, Londres, Mumbaï, Bruxelles, Copenhague, Tombouctou et aujourd’hui Paris. Paris encore. Encore une fois Paris. Guerre. Guerre globale imposée au monde par le djihadisme : le djihadisme, cette violence absolue, mortifère, cette machine à tuer avec son armée d’allumés corraniques dopés à la haine de la vie; le djihadisme et ses cibles désignées : la démocratie, la laïcité, l’altérité, la liberté de conscience, les femmes, les « mauvais croyants », les croisés, les libres penseurs, les croisés, les juifs, Israël…
Oui, un spectre hante le monde: le spectre de l’islam radical, le spectre du fascisme religieux. Et le fascisme qu’il soit religieux, racial ou ethnique est toujours fondé sur cette mystérieuse haine, ce mépris total de la vie humaine, cette volonté d’éradiquer l’altérité. Et qu’on arrête, au nom d’un certain humanisme, de trouver à l’infini des excuses idéologiques à cette barbarie.
Tenez par exemple les derniers propos d’Edgar Morin et de Michel Onfray. Sagesse, vérité, lucidité suprême? Que dit Morin? « Pour gagner la guerre contre le Daech, il faut gagner la paix au Moyen-Orient ce qui permettrait de l’isoler et le vaincre. » Mais voyons! Et quelle était donc cette menace à la paix au Moyen Orient que représentaient les étudiants kenyans massacrés à Garissa? Et quel était donc ce grondement que figuraient les gamines du Nigéria enlevées par Boko Haram? En quoi leur existence représentait-elle une menace à la paix au Moyen-Orient? Et les manuscrits de Tombouctou? Les manuscrits brûlés? Quelle fulmination sur la paix au Moyen-Orient?
Et Onfray, que dit, qu’écrit Michel Onfray sur la question? Pensée de la même lignée : « L’Occident, attaque, prétendument pour se protéger, mais il crée le terrorisme. » Et les décombres du Nigéria? Réponse sans doute à une attaque fulgurante et totale de Lagos sur une ville sacrée et historique du Moyen-Orient? Et l’euphorie du massacre au Nord du Cameroun? Et le Niger, le Tchad attaqués, imbibés de sang? Et pour venger donc quelles villes, quelles capitales, quelles terres du Moyen-Orient battues, dépecées par l’acier venu de ces pauvres pays africains?
Allons! Arrêtons de réfléchir ainsi à l’envers; urgence de sortir de cette obscurité de la pensée coagulée en poings levés usés défiant des saisons passées depuis belle lurette; urgence de faire face les yeux ouverts : le djihadisme, cette menace à l’humanité de l’homme, cette barbarie vient d’une autre durée et se nourrit d’une vison mystique messianique intransigeante et fanatique du monde.
Paris attaquée mais Paris forte. Éternellement forte et ouverte avec ses yeux colorés de vie, ses terrasses inondées de lueurs et de parfums essentiels, ses rues du monde, badines, voluptueuses de joie, ses cris d’amour… Paris éternellement debout et portant la joie de l’esprit et du corps.
Paris : la joie de l’esprit et du corps
par David Gakunzi
17 novembre 2015
Un vendredi comme un autre à Paris. Et soudain le basculement. Paris attaquée car symbole de tout ce que détestent les djihadistes : la liberté, la vie, les droits de l'homme.
On est en guerre, mais contre qui? La plupart étaient français. S’agit-il d’une guerre civile?
Nous sommes tous en terrasse, nous sommes tous attachés à la vie, à l’amitié, à la liberté. Paris sera toujours Paris. Vite, que la joie de vivre revienne parmi nous !