Il y a quelques mois, j’ai témoigné contre Alain Bonnet, plus connu sous son pseudonyme de Soral, lors du procès qui l’opposait à mon père. Refusant de laisser ses mensonges sur ma famille se répandre, j’ai voulu frapper fort en signant par la suite une tribune pour Slate.fr, où je revenais sur des faits que, dans son imbécillité méchante, il avait niés, livrant notre mémoire en pâture, ainsi que sur son attitude lâche et confuse pendant le procès : n’ayant plus à démontrer l’évidence, je renvoie mes lecteurs à cette tribune.

Le 7 octobre dernier, le verdict était rendu. Soral a perdu son procès en appel, justice va donc être faite. Pourtant, en ce qui me concerne, et je suis peut-être différent de mon père à cet égard, le combat ne s’arrête pas là. Ecraser Soral devant les tribunaux est une nécessité : s’il n’avait pas été condamné, il se prévaudrait de cette victoire judiciaire, comme il se drape aujourd’hui dans sa défaite pour mieux affirmer que le système lui en veut. Il dirait : « Voyez, même les juges naguère aux ordres du CRIF finissent par courageusement reconnaître que j’ai raison. » Ce serait pire que tout. Et pourtant, non, ça ne suffit pas : la France des années 2010 n’est pas celle des années 1980, la seule rhétorique du « Touche pas à mon pote », du « Nous sommes tous des Juifs allemands » et du « Plus jamais ça » ne suffit plus. Le Juif n’est plus une victime, le Juif est redevenu le coupable, l’oppresseur, l’assassin du Christ (du Christ palestinien, ou « goy », tout simplement), le méchant de l’histoire. Il est fort, il est armé. Auschwitz est oublié, quand il n’est pas justifié. Aussi, l’heure est venue, je crois, de détruire la misérable argumentation d’Alain Soral, d’enfoncer l’intellectuel qu’aux yeux de bien trop de monde est le gourou d’Egalité et Réconciliation.

Je peux d’autant mieux le faire que j’ai essayé de prendre cet homme au sérieux. Je l’ai fait depuis longtemps, répondant à certains de ses arguments dans de précédents textes. Mais le problème est que Soral n’arrive pas à la cheville de ceux dont il s’inspire, fussent-ils eux-mêmes de parfaits salauds. J’ai donc essayé mais j’ai échoué. Echoué, oui, et ça n’est pas ma faute : comment prendre au sérieux une pensée si pauvre, si grossière ? Un ami, juif à l’humour noir, me disait, il y a quelque temps, de Soral et de son comparse Dieudonné : « C’est quand même la honte d’avoir des ennemis pareils… Goebbels au moins était cultivé. » Surtout, comment prendre au sérieux un homme qui est son propre contradicteur ? Comment prendre au sérieux un adversaire qui joue sur différents tableaux, change de discours selon ses publics au point de se donner à lui-même le démenti ? Pire qu’inculte, Soral se contredit, ment, nous accuse de « chouiner » mais se comporte face à ses juges comme un petit garçon pris en faute : le fier-à-bras qui n’assume plus son discours officiel, ses propos publics, qui se dit « juste antisioniste » alors qu’il a plus d’une fois tenté de démontrer que le mal résidait dans la judéité même, qu’il s’identifie ici aux grands génies juifs antisémites (sic), et là à l’auteur de La France juive – livre qui n’a rien à voir avec le sionisme, on me l’accordera –, me semble, malgré toutes ses rodomontades, n’avoir pas grand-chose dans le pantalon.

Essayons quand même à nouveau, du moins, de faire comme si nous pouvions discuter ses raisons. Et profitons-en pour lui adresser quelques questions : elles se trouvent, peut-être le lira-t-il, à la fin de ce texte ; nous verrons bien s’il aura la probité d’y répondre, et d’y répondre sans biaiser, en regardant cette fois son adversaire dans les yeux, ce qui, je l’ai constaté au moment du procès, n’est pas le fort de cet homme plus habitué à vaincre sans péril, seul face à la caméra et monologuant devant des disciples confits d’admiration.

 

Une première ligne argumentative d’Alain Soral

La première ligne de Soral était d’assumer sa « judéophobie », et non de se cacher derrière l’antisionisme. De vraiment tout ramener à une cause, une cause première. Le judaïsme, la judéité. Bonnet aimait, dans ses vidéos, à citer la Bible ou à évoquer le Talmud : là étaient les sources du mal, non dans L’Etat des Juifs de Herzl. « Le judaïsme, c’est deux livres, la Torah et le Talmud, et en lisant ces deux livres, on voit bien que c’est un peuple vindicatif, dominateur […]. Et dans le Talmud on voit bien que cette domination, dans un monde dominé par la chrétienté, s’effectue par l’usure et le mensonge […]. ». C’est bien le judaïsme en tant que tel qui pose problème à ce Soral-là, non le sionisme.

Entendons-nous bien. La critique, même véhémente, du judaïsme, ne me choque pas nécessairement. On a le droit de ne pas adhérer à un système de croyances, de le trouver stupide ou dangereux. J’ai assez dit ailleurs que je réclamais ce droit quant à l’islam, sinon pour moi, du moins pour ceux qui voudraient le faire, de Rushdie à Charlie Hebdo. Et pour le judaïsme, je suis allé jusqu’à prendre Voltaire au mot, Voltaire l’antijuif, lorsqu’il dit n’avoir aucune haine pour les individus de confession ou de « race » juive, et j’ai cité au crédit de ce pourfendeur du judaïsme la scène de l’autodafé dans Candide. Reste que Soral n’aurait pas, lui, écrit cette scène… Reste aussi qu’il ne connaît rien au judaïsme. « Un monde dominé par la chrétienté » ? A l’époque où s’écrivait le Talmud et surtout où il s’écrivait, les chrétiens étaient une secte minoritaire, Soral. L’essentiel de ce qu’on appelle Talmud fut écrit soit bien avant la conversion de Constantin, soit après mais du côté des Perses Sassanides, zoroastriens donc, et non chrétiens… Il est vrai que dans ta science insigne, tu as qualifié « Monsieur Maïmonide » d’auteur du Talmud. C’était dans cette vidéo ridicule où tu essayais de démontrer que Dominique Strauss-Kahn, qui doit lire le Talmud et le Guides des Egarés tous les matins, avait agi comme il l’avait fait à cause de ces enseignements. Et tu disais de Maïmonide : « Il est au Talmud ce que Moïse est à la Torah ». Maïmonide, né à Cordoue en 1138, et mort en 1204 en Egypte, auteur du Talmud, comme Moïse de la Torah… Es-tu ignorant ou seulement mauvais en arithmétique ? Le Talmud existait depuis cinq cents ans à la naissance de « Monsieur Maïmonide », mon pauvre Soral ! J’admets les critiques les plus virulentes, mais qu’au moins mon interlocuteur sache de quoi il parle, et qu’il lise les textes qu’il prétend critiquer.

Le Talmud alors, qu’est-ce à dire ? C’est un corpus énorme qui entremêle des sujets divers, souvent ardus, voire arides, et qui n’ont rien à voir avec les citations éparses que Soral et ses disciples nous ressortent à longueur de temps : le talmudiste de base s’intéresse plus aux lois concernant les objets trouvés, la menstruation ou les interdits du Shabbat, qu’à dominer les non-juifs, et à vrai dire il ignorera le plus souvent ces fameuses phrases « racistes » que son objet d’étude est censé contenir par milliers. A cela s’ajoute que, contrairement à une vidéo d’Alain Soral où cet homme est le seul à parler, sans autodérision, sans humour mais bien amoureux de lui-même, pendant vingt minutes, le Talmud juxtapose des opinions très diverses, opposées, parfois violemment, les fait dialoguer à l’infini, brise les barrières du temps en confrontant des maîtres qui vécurent à des époques différentes, plaisante avec, joue, n’exclut ni la seconde ni la troisième possibilité lorsqu’une question est difficile à trancher et même quand elle ne l’est pas, contredit avec joie tous les principes épistémologiques connus depuis les Grecs, celui du tiers exclu pour commencer,  et qu’il est donc absurde d’affirmer : « le Talmud dit que… » ! Ca n’est pas un livre au sens où on l’entend en Occident, mais plutôt un recueil de discussions : la méthodologie même de nos critiques du dimanche est donc insensée puisqu’elle plaque sur cet objet des catégories qui ne lui conviennent pas. Le Talmud ne dit rien, le Talmud rapporte des opinions.

Par exemple, sur un sujet aussi suggestif pour un cerveau conspirationniste que la question de savoir s’il est permis d’enseigner la Torah aux non-juifs, il existe plusieurs avis, mais si l’un d’entre eux est que c’est interdit, la Torah étant l’héritage d’Israël seul, Rabbi Meir, l’un des maîtres les plus éminents de cette tradition, celui dont les enseignements furent compilés après lui par son disciple pour former la Mishna, base même du Talmud, est cité à deux reprises comme ayant au contraire comparé le Gentil étudiant la Torah à un Grand Prêtre juif, descendant d’Aaron. Aucune cohérence, et c’est normal, on trouve tout et son contraire dans ce « livre » écrit sur plusieurs générations et en plusieurs lieux à la fois. Et surtout écrit pour être étudié, ouvert et rouvert, et non lu comme on ferait d’un roman : le talmudiste « lit » le Talmud avec ses commentaires, lesquels s’étalent aussi sur plusieurs siècles, jusqu’à nos jours même, et se contredisent abondamment entre eux, y compris sur ce genre de sujets. Le judaïsme, ça n’est pas « deux livres » (la Torah en compte déjà cinq, et elle n’est qu’une partie de la Bible : pauvre Soral…), mais une infinité, dont l’écriture est d’ailleurs loin d’être finie.

On imagine le réjouissant désordre qui structure les sept mille pages dont se compose le Talmud, où se mêlent aux controverses juridiques de fort beaux passages, des récits, des apologues, dont les enseignements sont souvent universels. Rabelais le savait, qui le cite, ainsi que d’autres textes rabbiniques : voyez-vous, Rabelais me suffit pour me sentir et français, et légitime comme Juif en cette culture que je choie. Le jugement d’un ignorantin tel qu’Alain Bonnet m’importe moins dans ces conditions…

Il faut le dire néanmoins, il y a bel et bien dans le Talmud quelques formulations gênantes, mais nous parlons d’un texte dont la rédaction fut achevée vers l’an 500 de notre ère ! Quel savant, quel philosophe de ce temps-là n’aurait pas des formulations « gênantes », misogynes ou racistes à nos modernes oreilles ?! Rappellera-t-on qu’Aristote justifiait l’esclavage et avait d’ailleurs, pour un homme de son temps, de fort bonnes raisons pour le faire ? Est-ce une raison pour cesser de lire l’Ethique à Nicomaque ou la Politique ? Non pas ! Rappellera-t-on que Paul enseigne en ses Epîtres que les femmes doivent se taire en présence des hommes, leur être à jamais soumises, comme d’ailleurs les esclaves à leurs maîtres (Epître aux Ephésiens, 6 : 5), et que celles qui ne se voilent pas doivent être rasées (Première Epître aux Corinthiens, 11 : 6) ? Rappellera-t-on aux suppôts musulmans de Soral ce que les Croisés dont leur gourou doit bien se réclamer firent en Orient ? Ce qui est écrit dans la Chanson de Roland, premier texte littéraire de langue française, au sujet de leurs aïeux ? Ne conviendront-ils pas tout de même qu’il faut continuer de lire ce précieux témoignage, en dépit de toutes les oppositions de la bien-pensance organisée ? Leur dira-t-on que le chrétien Dante place leur prophète au Huitième Cercle de l’Enfer ? Oublier Dante alors ? Remarquez, c’est ce que certains voudraient, je n’en doute pas. Et dira-t-on à ses amis chrétiens qui haïssent tant les Juifs qu’ils en viennent à aimer l’islam, ce que le Coran dit de leur foi, de leur Vierge, et du prix de leurs propres vies ? C’est ainsi en vérité, ainsi que va l’histoire, et je n’en veux pas à Dante d’avoir également pensé qu’un homme comme moi n’irait jamais au Paradis.

Pourquoi reprocher à Rabbi Shimon bar Yohaï qui au temps de la guerre des Juifs contre les Romains enseigna que le meilleur des Gentils devait être exécuté[1], ce qu’on ne reprocherait pas à Caton l’Ancien qui rappelait chaque jour, « Delenda est Carthago », qu’il fallait détruire Carthage, comprendre : exterminer sa population ou la réduire en esclavage après avoir rasé ses murs ? Ne jugeons pas trop le passé, nous serons aussi jugés : tâchons modestement de garder la flamme des Anciens en abandonnant leur cendre. Et sachons juste que le Talmud, avec ses trente-sept volumes, est bien plus complexe qu’un florilège de citations rétrogrades ou xénophobes d’une page ou même de dix.

Rappelons par ailleurs que la « Torah » est le nom hébreu du Pentateuque, révéré par les chrétiens comme par le peuple juif : les cinq premiers livres de la Bible hébraïque, ou de ce que l’Eglise appelle « Ancien Testament ». Sans la Torah, on ne comprend rien à Jésus : première incohérence de notre champion des demi-habiles, qui critique la Torah d’un point de vue voltairien, dénonçant ce « livre » comme cruel et vindicatif, violent et misanthrope, mais se dit en même temps chrétien. Les phrases du Pentateuque les plus sanglantes, celles qu’il aime tant à citer, Jésus ne les révoqua jamais. Soral sait-il ce que son « Dieu » répondit à la pauvre Cananéenne qui était venue lui demander de l’aide ? J’ai déjà cité ailleurs cet éclairant propos, éclairant parce qu’il en dit long sur les rapports de l’Occident avec le particularisme hébraïque : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. […] Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » (Evangile selon Matthieu, 15 : 24-26) Le même Jésus enseignait à la Samaritaine que la vérité était « chez les Juifs », et Simon, dit Pierre, le premier Pape, refusa de manger chez le « Goy » Cornelius jusqu’à ce qu’une intervention divine le persuade de le faire, à titre probablement exceptionnel si l’on en juge par l’attachement tardif de nombreux groupes chrétiens ou « judéo-chrétiens » aux lois de la kashrout. Emmerdant pour les Identitaires et leur apéro saucisson-pinard, non ?

Le particularisme juif, même s’il peut sembler désagréable, est un élément clé de la civilisation occidentale, comme le grec ou le romain. Avant que les sages d’ici et là ne s’intéressent aux « sagesses barbares » (Arnaldo Momigliano), il faut toujours du temps, une évolution, une prise de conscience. Les Juifs n’ont pas échappé à la règle mais ils ne furent sans doute pas pires en cela, étant donné surtout leur situation d’oppression, que les Hellènes, les Latins, les Arabes ou les Chinois.

Quant à l’idée même d’élection, elle n’implique pas celle de supériorité, ou ça n’est, encore une fois, pas propre aux Juifs. Le Juif croyant se croit peut-être « supérieur » au regard de la lumière divine dont il a été gratifié, mais pas plus que le Français avec ses Droits de l’Homme. L’un et l’autre croient peut-être incarner un modèle accompli d’humanité, mais c’est précisément, quoique paradoxalement, l’universalisme qui parle là : un jour, dit le judaïsme, tout le monde aura accès à cette lumière. La prière par laquelle se conclut chaque office religieux juif, Aleinou, le formule ainsi : « C’est pourquoi nous espérons en Toi, Eternel notre Dieu, afin de voir bientôt la splendeur de Ton pouvoir, de voir les abominations ôtées de la terre et les idoles complètement détruites, le monde réparé dans le règne de Shaddaï, et tous les hommes appeler Ton nom, les mauvais se tourner vers Toi. » Ne croirait-on pas entendre quelque belle prière chrétienne universaliste ? C’est pourtant l’un des morceaux de la liturgie juive les plus essentiels – et les plus dénoncés naguère par la propagande chrétienne antijudaïque.

Au reste, le Juif se croit élu mais sait qu’il n’a à peu près rien fait pour le mériter : les Prophètes, Moïse lui-même ne cessent de lui répéter qu’il est un vaurien, que Dieu le « protège » (sic) en mémoire des Patriarches, un peu comme un chef de clan sicilien garderait aux fils de son ami défunt une amitié obligatoire et indéfectible, ce fils fût-il lui-même au-dessous de tout. Il s’agit d’une alliance, d’un pacte contracté avec les ancêtres de ce peuple, mais qui ne dit rien de la valeur intrinsèque de ce dernier. Le Talmud va jusqu’à affirmer que les Juifs étaient le dernier de tous les peuples, le seul qui restât à proposer l’Alliance, et que Dieu la lui imposa, malgré qu’il en ait, sous peine d’extermination. Non, l’autocritique juive n’a pas attendu Atzmon, l’une des cautions juives d’Alain Bonnet : la Bible reproche aux Juifs leur « nuque roide », Isaïe, Jérémie, Amos, ce Pentateuque que Soral abomine leur hurlaient que ce n’était pas à une vertu supérieure qu’ils devaient les bienfaits de Dieu (Deutéronome, 9 : 6) mais à un plan divin qui les dépasse. Le Livre des Lamentations explique les souffrances des Juifs par leurs fautes passées, et les décrit sous un jour rien moins qu’idéal ; les prières, aujourd’hui encore, nous rappellent que nos ancêtres et nous-mêmes sommes responsables de ce qui nous arrive : « A cause de nos péchés nous avons été exilés… ». Et les Juifs n’ont pas cessé d’ainsi se questionner, allant parfois, je reviendrai sur ce point si curieusement utilisé par Soral, jusqu’à la haine de soi.

Par ailleurs, j’y insiste, l’universalisme et le particularisme ne sont pas aussi séparés au niveau logique et historique qu’on le croit. L’universalisme grec reposait sur l’idée que l’hellénité était au comble, au couronnement de l’humanité et les Grecs renvoyaient tout ce qui n’était pas eux à la barbarie, au langage inarticulé. Les Français sont fiers de leur spiritualité républicaine, des Droits de l’Homme, je l’ai dit, et du drapeau tricolore qui « a fait le tour du monde avec la République et l’Empire » (Lamartine), de cet « éclair d’éternité », comme dit Michelet, que fut la prise de la Bastille. Eclair d’éternité ! Un peuple à lui seul aurait-il partie liée au divin, à la transcendance, à l’absolu ? Racisme métaphysique, diront certains. Pas moi. Je me contenterai de dire en revanche que ce n’est pas très différent de cette prière que je viens d’évoquer, qui contraste l’état actuel de la terre, vouée à l’idolâtrie, avec sa rédemption future, et remercie Dieu pour cette lumière dont les Juifs bénéficient déjà : « Moi, l’Eternel, je t’ai appelé pour la justice et je te prends par la main ; je te protège et je t’établis comme peuple-alliance et pour la lumière des nations. » (Isaïe, 42 : 6) Les peuples se croient souvent élus, oui, et c’est sans doute ce qui sous-tend leur histoire. Les Romains se croyaient élus, les Juifs se croient encore élus, du moins pour ceux qui croient. Les Japonais se croient descendus des dieux, Woodrow Wilson parlait encore de « Manifest destiny » en 1920 et une part essentielle de l’« âme russe » consiste en l’idée d’une espèce d’élection de ce peuple, élection religieuse et politique. Dostoïevski parlait de « Christ russe », qu’il identifiait au moujik et opposait non sans hargne à l’Occidental civilisé. Ton ami Poutine, Soral, n’est que l’héritier de ce délire particularo-universaliste. Pour les Juifs, le leur a pu dégénérer et je ne vais pas cacher ici mon désaveu d’un certain racisme juif : j’ai écrit sur ce sujet et l’existence d’un Soral n’ôte rien à mon effroi devant celle du « Prix à payer ». Seulement, le particularisme juif dégénéra bien moins souvent que celui des autres « peuples élus », peut- être justement parce que les Juifs admettaient les prosélytes libres et sincères mais ne cherchaient pas eux-mêmes à convertir la planète entière avant que l’Eternel ne s’en chargeât. Et puis il est beaucoup de Juifs qui ne se croient pas du tout un peuple élu, qui ne croient ni en la Bible ni au Talmud, et qui n’en sont pas moins juifs et nourrissent cette « solidarité tribale » que Soral leur reproche. Est-ce si grave ? Appelé ainsi, ce sentiment peut en effet faire frémir, mais il s’agit seulement d’un sentiment d’appartenance avec lequel on naît, sans pouvoir rien y faire, plus que d’un sentiment d’ailleurs, d’une appartenance de fait, d’une fraternité unissant des gens de même culture, partageant une mémoire et des valeurs communes, parfois une langue ou son souvenir… Où est le mal ? On trouve ce genre de sentiment, j’imagine, chez beaucoup de fans d’origine maghrébine de Soral, à l’égard de l’Algérie ou de la Tunisie. Pourquoi pas ? Je ne le réprouve pas davantage dans leur cas, j’aimerais juste qu’ils aient l’esprit plus sportif et ne me jugent pas pour un « crime » qu’ils commettent aussi. Je n’en veux pas non plus au Biarrot de se sentir basque, et même de se sentir une affinité particulière avec son « frère » de nationalité espagnole. Je n’en veux ni à l’Occitan de se sentir occitan, ni au Rom d’aimer les siens, ni à la diaspora italienne de se souvenir d’où elle vient, ni aux Chinois du XIIIe arrondissement de rester attachés à leur communauté et à leur civilisation d’origine, ni au Général De Gaulle d’avoir vu dans les Québécois de lointains cousins à choyer, ni aux Noirs américains de se sentir liés à l’Afrique, ce sentiment fût-il en partie « construit », « artificiel » comme l’est ma propre identité juive ou mon rapport à Israël et à ses habitants, ou de se sentir liés entre eux par la mémoire ancienne de l’esclavage, la mémoire récente de la ségrégation, ou tout simplement, une « sensibilité commune », faite d’images, de sons, de valeurs et de goûts. Tous ne font qu’exercer un droit, le plus fondamental de tous : ils ont, les uns et les autres, un visage et un nom, tout comme moi. Ils ont une identité complexe, peut-être double ou plurielle. Que chacun ait ses racines, son « rhizome », et le monde ne s’en portera que mieux.

 

Ligne numéro 2 : prétextes, sophismes et contradictions

Le sionisme n’est qu’une idée. Il se trouve que je suis sioniste, je ne m’en cache pas, et je pourrais expliquer pourquoi. Mais je connais l’histoire et même le présent : il y a plein de raisons, que l’on soit juif ou non, pour ne pas être sioniste – sans pour autant être antisémite.

Pourtant, il y a une obsession antisioniste, qui n’est d’ailleurs pas propre à Soral, et qui me semble relever de l’antisémitisme. Ne parler que d’Israël, ne manifester que contre Israël, comme si seul l’Etat d’Israël se rendait coupable de violations du droit, comme si les Palestiniens étaient les seuls à souffrir : combien de nos bonnes âmes propalestiniennes ont-elles manifesté pour les chrétiens massacrés en Irak ? pour les Tchétchènes ? pour les Darfouris génocidés ? pour les Nigérianes violées et suppliciées par Boko Haram ? Pourquoi les Palestiniens les intéressent-ils plus que tous ceux-là ? Sont-ils plus mal traités ? Je ne le crois pas, je pense même le contraire : les Palestiniens souffrent, du moins une partie d’entre eux (Edward Saïd ne souffrit pas plus qu’un autre, Arafat et sa femme avaient amassé une fortune considérable, aux dépens de leur peuple bien-aimé…), mais ils ne sont pas massacrés, ils sont soignés en Israël, vont dans les mêmes universités que les Juifs israéliens, même quand ils n’ont pas la nationalité israélienne, travaillent, votent… Victimes de racisme, d’exclusion voire de crimes qui déshonorent le peuple juif – je l’ai dit et redit, je le maintiens –, ils ont néanmoins des gens pour les défendre, des associations, une presse. De nombreux Juifs, et parmi eux des sionistes. Non, je ne comprendrai jamais que des esprits rationnels puissent s’émouvoir de ce sort plus que de celui des enfants crucifiés, des fillettes saccagées, des hommes brûlés vifs de Syrie et d’Irak ! Et pour cause, ça n’est pas rationnel : l’obsession antisioniste et anti-israélienne est d’essence métaphysique. C’est parce qu’Israël est l’Etat des Juifs qu’il obsède. Au moins, Soral fut naguère honnête à cet égard.

Par ailleurs, une chose que je comprends encore moins, cette fois dans l’antisionisme soralien en particulier, c’est le refus que les Juifs aient leur Etat, leur patrie, leur fierté nationale à eux. C’est au nom de l’universalisme que la gauche rejette le sionisme, au nom d’Auschwitz, a même argumenté Alain Finkielkraut, et j’avais choisi, pour ma part, d’aller plus loin lorsque j’écrivis sur la question, en montrant que c’était, foncièrement, la structure de tout antisémitisme, de Tacite à Poujade, de Paul – si antisémite il fut – à Goebbels et ce avant que le souvenir d’Auschwitz ne vînt à désavouer le particularisme : on en veut aux Juifs pour leur existence séparée et ce même quand on prétend vouloir les séparer encore plus, les marquer d’une étoile. C’est qu’on les craint alors, on craint leur influence sur la société non-juive, mais pas leur propre acculturation : qu’aurait à en faire l’antisémite ? Or oui, en ce qui concerne l’antisionisme, qu’il soit ou non antisémite, qu’il soit ou non obsessionnel, ce sont souvent les arguments qualifiés par le nationaliste Soral de « mondialistes », qui sont invoqués, arguments que Soral déteste voir employés contre la France. Un peu de constance, bon sang ! On ne peut pourtant pas à la fois dénoncer le « nomadisme juif » et le désir qu’ont eu les Juifs, à un moment de leur histoire, de s’enraciner à nouveau. L’Israélien moyen n’a d’ailleurs rien d’un « Juif cosmopolite » : l’enracinement, dans son cas, a plutôt bien réussi. Aussi, faudra-t-il à un moment choisir entre la critique du nomadisme et celle du sionisme. Je n’approuve pas les délires « marranes » d’un Edgar Morin, ni plus que son antisionisme, mais sa position est au moins cohérente.

Ah ! Mais, me direz-vous, les Juifs sionistes veulent peut-être subsister eux-mêmes comme une nation sur sa terre… mais pour mieux détruire et asservir les autres au moyen de leurs antennes diasporiques ! C’est un argument qu’on entend parfois. Il relève évidemment de la paranoïa la plus complète. La vérité est qu’Israël défend ses intérêts comme n’importe quel Etat, a pour cela une armée, une diplomatie, des services secrets, et qu’il n’y a rien là que de normal. Et que les Juifs de la Diaspora ont pour beaucoup un double attachement, à leur pays et à Israël, où ils ont de la famille, où ils auraient pu naître, Etat bâti sur une terre qu’ils voient comme leur terre ancestrale, Etat qui seul les accueillera si leurs concitoyens se retournent contre eux. J’ai deux grands-pères, chose que cet imbécile de Soral a apparemment du mal à concevoir[2], l’un né avant, l’autre pendant la guerre. Mon grand-père paternel était sioniste et néanmoins profondément français et patriote, fils de poilu, instituteur au service de la République, véritable hussard noir. Il aimait la France, son identité, sa langue et aimait aussi ce petit miracle d’Etat que lui semblait Israël : est-ce si difficile à avaler ? Mon grand-père maternel, fils de Juifs polonais, un Français comme on n’en fait plus par son amour et sa connaissance des moindre recoins de ce pays, est pourtant un fils de Juifs polonais que le destin aurait pu faire naître ailleurs, dont les racines, qu’y peut-il, ne sont pas que d’ici : devait-il renier la terre où les siens avaient trouvé sécurité et liberté, avait-il à se séparer de la moitié de son âme ? Au nom de quoi ? Pour montrer patte blanche aux fils de collabos qui le traitaient encore de « sale Juif » quand son apatride de père avait résisté pour que la France restât la France, tuant, lui, des nazis de ses mains ?

Certains Juifs ont voulu se protéger définitivement en se créant un État sur la seule terre où ils s’imaginaient avoir de durables racines. L’Europe alors, comme le rappelle Amos Oz au début d’Histoire d’amour et de ténèbres, n’avait de cesse de leur crier : « Les Juifs en Palestine ! » L’alliance objective des bonnes âmes et des salauds leur hurle aujourd’hui : « Les Juifs hors de Palestine ! » Eh bien ! Je prétends, moi, que les Juifs ont le droit, tout simplement, de se choisir un lieu d’où, pour une fois, ils ne seraient pas vomis.

 

Un prétendu système

Parmi les intellectuels juifs que Soral fustige pour leur sionisme, Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut par exemple, il peut y avoir accord sur Israël, mais les idées de l’un et de l’autre sur la France, l’Amérique, l’Europe, etc., sont tout bonnement à l’opposé. L’un serait ce que Soral appelle de l’horrible nom de « mondialiste », l’autre a écrit L’identité malheureuse. Et ensemble, malgré ces remarquables divergences, ils créent JCall en France, et expriment leur critique de la politique actuelle d’Israël. Cela devrait suffire à ruiner le système soralien, lequel repose sur l’idée que les Juifs partageraient des valeurs délétères pour la société, à cause (selon l’humeur de notre gourou) du Talmud, du sionisme ou des deux à la fois. Soral a un système, qui fait l’économie des petits faits et, d’une manière générale, de tout ce qui dépasse. Il raisonne sans donner de contenu à sa « pensée », les Juifs dont il parle n’ont ni chair ni concrétude, ils n’existent pas. Encore moins lorsqu’il ramène tout, non plus même à la Torah, mais au sionisme : comme je viens de le démontrer, être sioniste veut dire plusieurs choses mais ça ne dit rien de ce qu’on pense de la France ou de l’économie mondiale.

A qui Soral fera-t-il croire que lorsqu’il dénonce comme « sionistes » les élites françaises responsables des injustices qui frappent les plus faibles, ce mot a le même sens qu’à Jérusalem ou à Gaza ? A qui fera-t-il croire que c’est leur sionisme (je renvoie à la définition du dictionnaire) qui est responsable de leurs décisions pour la France, ou même qu’il y a un lien entre les deux ? A qui fera-t-il croire que c’est le sionisme du CRIF qui est responsable des délocalisations, comme le sionisme de Netanyahu est responsable de la misère palestinienne ? On peut critiquer les prises de position pro-israéliennes des instances communautaires juives françaises, leur militantisme ou même une forme de lobbying… Mais si ce sionisme du CRIF, je cite cette organisation à titre d’exemple et parce qu’elle obsède Soral, influence, ce qui reste à démontrer, la politique de la France au Proche-Orient, il n’a aucune espèce de lien avec sa politique économique, budgétaire ou encore sociétale ! Non, Soral, tout n’est pas dans tout.

Dans un autre registre, il se trouve que notre homme est homophobe et croit que le mariage gay va détruire la société. Plus généralement, l’état moral de la France le préoccupe. L’un de ses camarades politiques, l’islamiste Gouasmi, disait : « Derrière chaque divorce, il y a le sionisme. » La vieille rengaine de la décadence voulue par les Juifs – oui, par les Juifs, qu’on ne s’y trompe pas : le « sionisme » en tant que tel n’a rien à dire des divorces ou de la moralité sexuelle, quand on pourrait à la rigueur argumenter, avec un fort mauvais esprit, que les Juifs libéraux, ou le libéralisme juif, est responsable de ces « dérives »… quand surtout on exprime là un poncif dont chacun connaît l’histoire, du rejet de Freud à celui de l’esprit libertaire de mai 68, en passant par les cris d’orfraie de la bourgeoisie des années 30 lorsque Léon Blum faisait republier son essai Du mariage ! Mais c’est oublier qu’il est des Juifs libertaires et d’autres conservateurs, que les divorces affectent les familles juives comme les autres, que les Juifs sont seulement des membres bien ordinaires de cette société qu’ils sont censés influencer.

Revenons à l’homosexualité, si destructrice, « satanique », aux yeux d’Alain Soral. Faut-il rappeler que si Tel Aviv est une capitale gay, de nombreux Juifs et de nombreux sionistes sont, sans forcément être homophobes d’ailleurs, plutôt hostiles au mariage pour tous ? A l’instar de l’ancien Grand Rabbin de France, juif comme il se doit, et sioniste, qui signa même un petit essai largement diffusé en France sur la question… Eh oui ! Quand on veut tout ramener à une seule cause, on se perd.

Le problème de Soral, ce qu’il faut bien comprendre, comme il aime à dire, c’est peut-être justement l’esprit de système. Vouloir que tout soit cohérent : Soral est un adolescent, un rêveur onaniste, une espèce de puceau mental qui prend le monde pour une création dont il suffirait d’ôter le couvercle pour la pénétrer d’un coup, pour en posséder tous les secrets. Ou si lui-même ne l’est pas, il s’adresse à un public qui l’est et il a bien compris comment le séduire. Un public de pauvres mâles frustrés, obsédés par la sodomie (la trop fameuse « quenelle ») parce qu’ils rêveraient de posséder une femme en entier, qu’ils croiraient l’humilier par là, la posséder donc jusqu’à ce qu’ils pensent être le centre de gravité de sa dignité ; un public qui ne parle que de couilles et qui, peut-être, à l’instar de son gourou, envoie des selfies de sa queue, amoureux de sa propre anatomie ou de ce que, précisément, il voudrait avoir.

Tout ne tient pas, Soral. Vouloir tout réduire à une équation, en matière d’hommes du moins, ne peut qu’être foireux. Comment expliques-tu que le sioniste Netanyahu ne dénonce pas l’ennemi de l’impérialisme américain Poutine, ton cher Poutine dont tu louais naguère l’attitude impériale face au Juif Elkabbach (« On a vu Elkabbach, petite Sémite séfarade, se soumettre comme une femme à quelqu’un qui représente la virilité aryenne, même si elle est slave… » : comme une femme, dis-tu, je soupçonne l’abus de pornographie du temps où tu trimais pour « les » séduire) ? Comment expliques-tu que le sioniste français Finkielkraut dénonce l’américanisation de la société et chante l’identité française ? Que Dominique Strauss-Kahn, qui doit être à tes yeux l’abomination des abominations, ait pu être arrêté par la police américaine, voué aux gémonies par ce pays pourtant aux mains de l’AIPAC ?! Que les principales victimes de l’escroc Madoff fussent elles-mêmes juives, notamment Elie Wiesel que tu hais ?

Non, tout ne tient pas. Et d’ailleurs, quand Soral cherche une cause unique, il hésite : le capitalisme ? le mondialisme de l’élite cosmopolite ? le sionisme ? le Talmud ? les gays ? Le rabbin raciste et homophobe d’Hébron, c’est donc la même chose que le Juif   homosexuel Harvey Milk ? Ridicule. Les Neturei Karta que son pote Dieudonné recevait dans son théâtre : antisionistes et favorables à ce qu’on immole les « déviants » (le meurtre de la Gay Pride de Jérusalem l’a hélas démontré), les aime-t-il, ceux-là ? Ah ! Mais c’est oublier qu’ils ont beau être antisionistes, ils étudient le Talmud toute la journée ; ils n’étudient même que ça. Eh oui ! Assez tristement, les Juifs sont à l’image du monde qu’ils habitent, compliqués, contradictoires, toujours là à se chamailler voire à se détester entre eux, voire même à s’excommunier, y compris entre « talmoudistes ». M’entends-tu, Soral ? Mais tu ne comprends rien, ou fais semblant de ne rien comprendre. Tu vis dans un confort de maison de poupée, tu vois que le monde est imparfait, mais tu ne vois pas ce que cela veut dire : un monde complexe, « image d’une éternelle contradiction » comme dirait Nietzsche, irréductible aux schémas qu’on peut s’en faire dans la puanteur confinée d’une chambre d’ado. Ton système ne tient pas, minable prêcheur d’arrière-mondes que tu es : apprends donc la force, apprends donc que le monde est un chaos, un enchevêtrement de choses et de néants, et non un mauvais roman pour pustuleux de dix-sept ans.

 

Soral, la mauviette

Lorsqu’il a dit au procès en appel qu’il n’en avait pas après la religion juive, il a menti, à moins qu’il n’ait momentanément oublié son rejet viscéral du judaïsme, du Talmud. J’ai été bien étonné devant si peu de constance, ou plutôt si peu de courage. Il a prétendu qu’il n’en avait pas après les Juifs mais après le CRIF et le sionisme. Entre la correctionnelle et l’appel, Soral avait changé de ligne. Les Juifs, il les aime bien, les « Juifs du quotidien » comme il dit. Monsieur Jacob Cohen par exemple, son témoin. Ou même les Juifs religieux, comme le rabbin Ron Chaya avec lequel il prétend avoir une correspondance. Ironie : je me souviens d’avoir découvert l’existence de ce rabbin charlatan sur un site antisémite, peut-être Egalité et Réconciliation d’ailleurs, vous savez, ces gens trop heureux de montrer aux internautes à quel point le judaïsme – et non le sionisme – est intrinsèquement stupide et haineux. Ron Chaya était le visage tout trouvé d’un judaïsme considéré comme la racine du mal. Et il fait en effet partie de ces rabbins, telle est mon opinion, qui causent du tort aux Juifs en les débilisant tout en donnant d’eux une image des plus calamiteuses : à l’époque, les amis de Soral, ignorant peut-être en toute bonne foi que Chaya fait rire les vrais connaisseurs du Talmud (serait-il à l’étude du Talmud ce que Soral est à l’analyse politique ou littéraire ?) l’utilisaient pour mieux dénoncer la religion juive. La religion juive, matrice du sionisme certes, mais non le sionisme, qui est une trop petite proie à leurs yeux. Au moins ce discours, qui était celui de Soral lui-même, a le mérite de l’honnêteté. Il cite aujourd’hui ce rabbin comme un bon Juif, un Juif du quotidien justement, qui lui donnerait même raison sur la tragédie qu’est l’instrumentalisation de la vraie foi talmudique par le sionisme. C’est à se demander qui de son public, des Juifs ou des magistrats Soral prend pour des cons.

Je l’ai dit, cette ligne est nouvelle. Il vitupérait naguère le « talmoudo-sionisme » et même s’il n’est pas l’as des as des dates historiques, j’imagine que lorsqu’il cite les versets vengeurs du Deutéronome, il sait que son auteur est antérieur de plus de deux millénaires à Herzl. Lorsqu’il disait qu’à chaque fois que les Juifs s’étaient trouvés quelque part, ils avaient fini par en être chassés, son propos n’aurait eu aucun sens s’il avait alors parlé des sionistes : je ne sache pas que Philippe le Bel et Isabelle la Catholique en aient eu après le sionisme lorsqu’ils expulsèrent leurs Juifs ! Ni le mot ni l’idéologie politique qu’il recouvre n’existaient à l’époque et ces Juifs expulsés ne voulaient pas rentrer en masse sur la terre de leurs ancêtres, ils voulaient plutôt demeurer en France ou en Espagne !

De même, lorsque Soral dit dans une vidéo que les grands génies juifs sont tous antisémites, de Jésus (sic) à Marx, il dit au moins la vérité sur ce qu’il pense des Juifs et de l’antisémitisme : l’intelligence est pour lui antisémite, le Juif, quand il est intelligent, prend conscience de l’horreur de sa condition et devient antisémite. Le Juif n’est génial que s’il se nie jusqu’à la haine de soi. Au procès en appel, manque de courage ou d’honnêteté, le génie juif n’était plus que « critique », voire humblement antisioniste ! Merci, Soral, ça on le savait, mais ce n’est pas ta pensée véritable, et même ces Juifs que tu hais, sache-le, Woody Allen ou Philip Roth (car j’imagine que tu les mets sur le même plan) sont critiques, et sacrément, de leur communauté, vus d’ailleurs comme tels et rejetés pour cette raison par certains de leurs pairs à l’esprit aussi étroit que toi. Mais l’autocritique est saine, bienfaitrice selon moi ; la haine de soi, c’est une autre affaire. Dis que tu veux des Juifs qu’ils se haïssent, tu l’as d’ailleurs dit, ne dis pas comme au tribunal que tu ne veux que leur autocritique. Ne prends pas les Juifs, les magistrats et ton public pour des enfants : chacun peut constater ici les contradictions de tes propos.

Et la race dans tout ça ? L’antisémitisme de Soral échapperait-il au moins au racialisme ? Il l’affirme : les Juifs peuvent se racheter. Soral est plus proche de Torquemada que d’Hitler. A moins que… Lorsque dans sa vidéo sur l’ « obscène en littérature », Soral s’attaque à Albert Cohen qui « sent l’huile », qui est « gras » (et il dit bien, avec l’air de n’en penser pas moins, que « ça n’est pas un hasard » s’il n’aime pas l’auteur de Belle du Seigneur), à Elie Wiesel qui tire les larmes du Goy pour mieux lui faire les poches, aux frères Coen ou à Allen, bouffons narcissiques qui n’auraient pas compris l’intensité, la profondeur de la psyché nordique, eh bien ! je demande : où est le sionisme là-dedans, et même, où est le Talmud ? Il y a bien quelque chose d’autre que Soral hait chez les Juifs, et qui n’est ni politique ni religieux, qui se situe quelque part entre culture et peau, non ?

Car dis-moi donc, Soral, où est le particularisme juif, ce suprématisme dont tu repères les sources bien avant Herzl ou Netanyahu, chez « Monsieur Maïmonide » et chez Moïse lui-même, où est-il ce particularisme, dans les beignets littéraires de Cohen ? Quel est le rapport entre le fait que l’homme du nord que tu es ne pouvait pas aimer l’huileux Albert Cohen, que tu devais même fatalement détester cette littérature vulgaire, cette « vulgarité séfarade », et ton rejet politique du sionisme ou ta critique du Talmud ? Serait-ce parce qu’il a lu le Talmud qu’Albert Cohen sent l’huile ? Il ne l’avait ni lu ni étudié, et son judaïsme était fort peu orthodoxe ; tu admettras, Soral, que si Albert Cohen était par ailleurs bien sioniste, ce n’est pas le sionisme qui fait sentir l’huile. Et puis Woody Allen, que tu cites à la même minute, n’a rien d’un sioniste, lui… Au passage, une question me taraude : ton ami Jacob Cohen, le témoin que tu t’es choisi à ton procès en appel et qui n’hésita pas à parler de complot juif face aux caméras d’Egalité et Réconciliation, témoin si stupide, si grotesque qu’il laissa la salle d’audience hilare après son passage, Jacob Cohen sent-il l’huile lui aussi, ou échappe-t-il à cette malédiction grâce à son antisionisme ?

A moins que les propos de Soral sur le Sémite Elkabbach face à l’Aryen Poutine ne révèlent la vérité, le fond de sa haine pour Albert Cohen, pour le Talmud et pour le sionisme. La peau. La race. Soral est ambivalent sur cette question. Il dit croire aux races dans son Bloc-notes, dénonce même le métissage et laisse entendre qu’il pourrait y avoir des races inférieures. Ailleurs, il professe une large tolérance, à la Saint-Paul : il n’y a plus ni Juif ni Grec, le sang ne fait rien à l’affaire et un Juif soralien vaut bien un Breton.

Il n’en demeure pas moins que la race dit quelque chose pour toi, Soral, qu’elle soit la métaphore ou le substrat même de l’identité culturelle. C’est le nom secret, à tes yeux, de l’ipséité juive, c’est son noyau, ce qui résiste en elle. Le fait que, même diluée, l’essence juive d’un individu peut ressurgir. Ce n’est peut-être pas dans les gènes mais c’est là. Cette particularité qui veut dominer à travers le sionisme en Palestine ou le communautarisme en France. Qui menace de donner à la langue française que Soral a si chèrement appris à maîtriser (« une faute d’orthographe par ligne » et non plus « une par mot », dit-il quelque part), de lui donner le goût de l’huile ou de la graisse d’oie. C’est ainsi que je comprends, que je réunis tous ces discours. Soit il en a donc après le sionisme parce qu’il en a après le judaïsme et même la judéité non religieuse – tant qu’il reste assez de juif dans ce Juif, tant qu’il n’a pas poussé le génie jusqu’à se haïr complètement, jusqu’à l’antisémitisme. A ce moment, il est Weininger, il est Jacob Cohen et Soral le magnanime, Soral le christique l’accepte dans le cercle de sa Nouvelle Alliance. Soit c’est bien la peau du Juif qu’il hait, sans espoir de salut. Mais ce n’est en aucun cas le sionisme en tant que tel et son « Juif du quotidien » n’est qu’une fiction. Il en va évidemment ainsi et toutes les manipulations d’images, les montages et les remontages d’Egalité et Réconciliation, les mots isolés de leur contexte n’y changeront rien.

Je ne crois pas que ce couard me répondra. A moins que l’homme de débat qu’il prétend être n’accepte d’abord de répondre à mes objections quant à son « système » et ensuite à cette question que je lui pose : à laquelle de ces lignes adhère-t-il aujourd’hui ? Antisioniste depuis son procès en appel, renie-t-il sa judéophobie ? Si cependant il ne la renie pas, s’en tient-il à une critique de la religion juive ou en a-t-il bien après l’odeur d’huile d’Albert et de Jacob Cohen ? A la peau, à la race, à l’irréductible ipséité du Juif qui, même s’il est athée ou baptisé, peut revenir et le faire dégénérer ?

Qu’il réponde donc point par point à mon propos s’il en a les épaules, ce dont je doute. Le courage ne se mesure pas à la taille des biceps et prendre acte de ses erreurs est parfois signe de force morale. Après tout, est-il difficile d’admettre qu’on n’est pas talmudiste ou qu’on a fait quelques sauts logiques ? Est-il difficile, si on y tient et qu’on est intelligent, de justifier ses positions ? Nous verrons si cet homme veut le débat, c’est-à-dire l’adversité, ou le seul confort d’être seul, haï de l’« élite », admiré d’une foule qu’il manipule.


[1] Cela empêcha-t-il Rabbi Yehouda haNassi, l’auteur de la Mishna, d’aimer le « Goy » Antonin ? Rabban Gamaliel de pleurer son esclave cananéen Tabi ? Hillel l’Ancien de prêcher la Torah aux païens qui venaient le voir pour lui en demander le sens ? Tous ces récits et bien d’autres sont dans le Talmud.

[2] Voyez à ce sujet ma réponse à ses allégations sur Slate.fr.

 

21 Commentaires

  1. Beau travail dans ce texte, M. Haziza. Je le recommanderai autour de moi, j’aimerais qu’il se diffuse suffisamment pour que M. Soral ne puisse pas se défiler devant son droit de réponse.

    J’aimerai toutefois avoir votre avis sur une question qu’il pose également, et à laquelle je n’ai je l’avoue toujours pas de réponse intelligente : pourquoi toutes ces persécutions, ces pogroms, ces expulsions massives au fil des siècle et un peu partout contre les juifs ???

    • Oui, certainement le plus intelligent, et même objectif d’une certaine manière, puisqu’ il reste légitimement partisan tout en laissant le dialogue ouvert à une réponse.

  2. L’Ourson du Kremlin est un Gulliver qui, nous voyant nous bercer d’illusions sur notre position dominante, ne manque jamais une occasion de nous faire des coups de Lilliput. Je le dézoome en plan américain. Abbas joue sur la vulnérabilité de sa Toute Petite Province. Je le rétablis donc dans les dimensions correspondant aux responsabilités qui sont les siennes. Je recolle les morceaux de l’image qu’il cherche à donner de son peuple manipul(é/ant). Et ce n’est pas le dérapage d’un Netanyahou poussé à bout qui me rendra con au point de conlaver en chœur l’honneur du SS-Grossmufti. Quant au méta-empire, nous n’avons pas encore fait le tour de l’aquarium, aussi avons-nous conservé dans notre microcerveau de poisson postsoviétique la rencontre au sommet (antisioniste) entre les deux entubateurs saoudien et iranien visant à dissiper les soupçons sur un possible rapprochement entre Riyad et Jérusalem. Si, maintenant, vous tenez encore à ce que je fixe un ennemi de mon niveau — et du vôtre — au travers de Zéro Soral, je crains que le moment ne soit fort mal choisi lorsque la France, après le Vatican, s’affaire à normaliser ses relations diplomatiques avec le Quatrième Reich. Qui sait si, dans soixante-dix ans, les plus jeunes d’entre nous apprendront que Francesco, en pleine larve de guerre, avait commandité, tout sourire, l’assassinat de son hôte islamiste… mais non. Ne nous affolons pas. Il y a fort à parier que la nouvelle ne fera pas autant de vacarme que l’Autre anecdote car, tradition oblige, c’est sur le président de la Néodiaspora que se concentreront les fronts réprobateurs. Cette entrevue farfelue, entre Hollande et le Grand Vizir de l’État islamique d’Iran, au cours de laquelle Rohani avait, à demi-mot, demandé au (Président normal)isateur de détourner son regard du Iehoud le jour où le méta-empire procéderait aux préparatifs du Saint-Méchoui; un festin cannibale à déguster en Terre sainte.

  3. Je ne sais comment vous avez eu le courage de vous imposer le visionnage des vidéos de Soral.
    En tout cas, bravo pour ce travail de référence, sur ce sinistre sir.
    Son inculture n’avait pas encore été pointée. C’est pourtant là, le coeur de la chose.
    L’ignorance débouche sur l’intolérance.

  4. Soral n’est heureusement pas au pouvoir et n’est pas prêt à/de l’être… Mais que dire par exemple des dernières déclarations de Netanyahu ? Pour moi il n’y a pas de différence fondamentale entre les deux qui font dans le révisionnisme et la haine à but lucratif. On peut même dire qu’ils sont du même bord puisqu’ils ont le même fond de commerce. De même pour les adorateurs de Soral ou les adorateurs de l’extrême droite israélienne. Personnellement, je fais bien la distinction entre un juif et un israélien : la majorité des juifs ne sont pas d’extrême droite alors que la majorité des israéliens sont d’extrême droite (puisque le gouvernement élu l’est). Que pensez-vous des déclarations de Netanyahu sur le mufti de Jérusalem et la solution finale ? Pourquoi à ce moment là ne pas dire que les principaux responsables du génocide juif sont des juifs en s’appuyant par exemple sur l’accord Haavara ? Il est tellement facile de manipuler l’histoire ou les chiffres en pratiquant une lecture simpliste et sélective. C’est également ‘facile’ de tout mettre sur le dos d’Hitler, de Soral ou de Netanyahu, mais ces derniers ne seraient rien sans la masse d’abrutis (dans le sens où ils deviennent incapables d’avoir une réflexion autre que celle relayée par leur maitre) qui leur permet d’exister.

  5. Alain Soral, ou Bonnet, comme vous voudrez, n’est pas un penseur mais un businessman. Les amendes qu’il récolte avec ces condamnations ne sont rien comparées au fric qu’il empoche avec ses cochonneries !

  6. Merci pour cet article éclairant, il n’y a que la référence à la Chanson de Roland qui me semble inutile, il n’y a rien d’insultant à l’égard des sarrasins dans l’oeuvre, ils sont décrits comme patibulaires, cruels, mais valeureux. Et le personnage le plus infâme est certainement le traitre Ganelon, jaloux de Roland, qui fait partie de la cour de Charlemagne. Cela dit, l’article est très convaincant.

  7. Il est certain que Soral ne connaît rien au Talmud. Merci de le démonter de manière si didactique.
    Le mécanisme même de la haine de l’autre est de lisser toutes les différences d’une communauté pour en faire un être lambda, détestable auquel on plaque tous les stigmates. Voilà le seul exercice dont Soral puisse exceller…

  8. Implacable argumentation.
    Par contre, vous n’obtiendrez jamais de réponse de Soral. Il n’aime pas l’argumentation.
    C’est un gourou qui, comme vous le dites, passe son temps à donner des « kits prêts à croire (et non pas à penser) ».
    Son argumentation est bêtte. Mais son auditoire croit qu’il maitrîse les sujets dont il parle…
    Je l’ai croisé une fois dans la rue, je lui ai également mis en difficulté face à l’une de ses citations tronquées, il a également baissé la tête.

  9. « Comme si seul l’Etat d’Israël se rendait coupable de violations du droit »… Israël c’est tout de même 50% des condamnations de l’ONU depuis 50 ans… pas le seul mais très largement en tête du classement des Etats voyous… vous êtes tout de même pas très honnête…

    • Justement, le nombre incroyable de condamnations d’Israël par l’ONU comparé aux autres nations dont les crimes sont sans commune mesure tant en termes de nombre de victimes que sur les méthodes utilisées, ne vous semble pas suspect ? Il suffit pourtant d’observer la composition actuelle de cette assemblée, pour comprendre que toute motion à l’encontre d’Israël rencontrera une majorité automatique de « oui » quelle que soit la véracité des faits qui l’ont initiée…

  10. Excellente analyse. Les juifs ne disent pas des autres que ce sont des barbares tel disaient les grecs.
    Mais surtout : les juifs n’ont JAMAIS prôné le génocide d’un peuple, ni la disparition d’un pays de la carte.
    Le public de Soral devrait cesser d’être naïf, ce que Soral ne supporte pas n’est pas l’Etat d’Israël, tout ça est bien loin… Il ne pleure pas non plus pour les palestiniens, voyons!
    Ce qui l’emmerde c’est que ses livres (nuls) ne marchaient pas avant qu’il ait investit le commerce de la haine. Et il a trouvé des bouc-émissaires pour (s’)expliquer la chose. En devenant le chante de l’antisémitisme, il a réussi à accéder au statut si rêvé de starlette. C’était la seule notoriété qui lui était accessible.
    Ce n’était certainement pour ses talents littéraires ou pour sa pensée qu’il aurait pu être reconnu.

  11. Dernière chute dans les couloirs de l’Histoire. Bibi prétendrait que le programme nazi se limitait à l’expulsion des Juifs hors du Troisième Reich avant que le SS-Grossmufti ne décidât d’y mettre son grain de fiel. Sauf que les frontières de l’empire hitlérien étaient, une fois achevée sa conquête planétaire, conçues pour disparaître. Soit. Et en même temps, la conférence de Wannsee se tiendra en janvier 1942, tandis que la fameuse rencontre entre Hitler et Husseini avait eu lieu en janvier 1941, entrevue au cours de laquelle Tintin Degrelle souligne que le premier avait été séduit par les yeux clairs du second. À ce propos, ne perdons pas de vue que l’extermination des Juifs est l’autre face de l’édification de la race pure, lequel projet précéda, pour le coup, le rendez-vous décroché par le tagueur nazi du Mur occidental; le premier Lebensborn ouvrira ses portes à Steinhöring en trente-six, le jour de l’Assomption, selon un programme eugéniste conçu neuf mois plus tôt sous l’égide de Himmler. Ce qui, reconnaissons-le, n’aurait pas empêché le Grand Mufti de s’inquiéter des conséquences d’une évacuation des Juifs causant inévitablement leur fuite, et concomitamment, leur retour vers la Terre promise de la Bible, cette Paleastina (latin) qu’il espérait voir Hitler lui restituer après qu’il en aurait chassé l’ennemi britannique. D’autant que le Führer, grand amateur du Feu mazdéen devant l’Éternel, n’allait pas le briefer sur le sort qu’il réservait à une population qu’il faudrait maintenir dans l’ignorance de sa destination finale jusqu’aux portes des chambres à gaz. Nous pouvons donc imaginer sa réaction — pour peu, bien entendu, que l’histoire de Netanyahou possède un double accent de vérité par-delà son raccourci allégorique — lorsque l’ancien sujet de l’empire ottoman préconisa pour le peuple d’Israël la même méthode employée par son propre sultan, un quart de siècle plus tôt, à l’encontre du peuple arménien.

    • La faute apparemment légère d’un homme auquel ont été conférées de lourdes responsabilités peut faire l’objet d’un châtiment plus sévère que le grand crime accompli par un petit homme. Principe midrashique (sur Vayiqra 10, 1-2).

  12. Qu’attendez-vous d’un homme qui n’assume même pas son nom?
    Pourtant, Bonnet lui va bien mieux!

  13. Bonjour,
    crois tu seulement qu’il soit capable de comprendre ce dont tu écris, cela serait déjà un miracle
    il réussi a convaincre que des illettrés et certains intellectuels mal dans leur peau et ayant
    réussi a se prévaloir auprès d’un site comme égalité et réconciliation a défaut d’être reconnu
    en temps que tel auprès des médias ou même auprès de leur propres proches
    tu te fatigues pour rien soral n’est pas plus antisémites que toi ou moi, mais tout simplement
    avide d’argent « son maître » et tant qu’il pourra se faire du fric sur le dos des juifs, il le fera
    bonne chance à toi, mais il va détourner ton texte en dérision sur son site pour le plus grand bonheur
    de ses toutous.

  14. Soral et Dieudonné n’ont rien d’autre à vendre que leurs DVD, leurs ‘livres’ (que l’on peut objectivement plutôt classer dans la catégorie papier toilette bas de gamme (une seule épaisseur…)), leurs mugs, etc… Ce ne sont que des petits commerçants qui surfent sur un créneau délaissé mais cependant (et malheureusement) encore porteur en France. Soral n’est qu’un sordide petit commerçant en manque de reconnaissance. Il suffit de lire une de ses ‘œuvres’ pour se rendre compte du niveau lamentable de cet homme. Les procès ne servent qu’à lui faire de la publicité et à le faire passer pour une victime auprès des frustrés complotistes qui fréquentent sont site de vente. Il suffit de regarder où en est son parti réconciliation nationale pour comprendre que ce n’est qu’une vitrine destinée à fidéliser sa clientèle aux capacités intellectuelles limitées. Soral ou Dieudonné ne sont pas le problème. De la même façon Le Pen ou Sarkozy ne sont pas le problème. Sans clients, sans audience, ils ne seraient rien. Je n’ai malheureusement pas de solution miracle ou de solution finale pour résoudre ce problème, mais tant qu’il y aura des cons et des ordures pour les exploiter, nous serons confronté à ce genre de phénomènes.