Comment parler des matchs que l’on a pas vus ? C’est très simple, voici une méthode à la portée des retardés footballistiques.
Hier, j’avais choisi de ne pas voir le Match du Brésil. Pour des raisons mystérieuses j’avais choisi de me concentrer sur Argentine-Pays-Bas. Un pressentiment, probablement, moi qui ne rate jamais un match de ma deuxième équipe préférée, le Brésil. En réalité, l’absence de Neymar et de Thiago Silva, les choix tactiques idiots de Scolari (digne acolyte de Del Bosque et Prandelli dans le HasBeen’s Football) m’avaient mis en garde : je n’avais aucunement envie de voir le Brésil se faire ridiculiser contre l’efficace Mannschaft.
En fait, comme toujours, je mens. Enfin, je ne dis pas toute la vérité, non, disons plutôt que : je ne dis pas tout mon mensonge. Je n’ai pas vu le match, mais je l’ai entendu. Il s’avère que je traversais Paris à pied après avoir diné. Oberkampf, Bréguet-Sabin, Bastille, Faidherbe-Chaligny… Je ne savais rien du match, je voyais des brésiliens angoissés, des allemands sereins et le reste du monde assez dubitatif… voire : médusé. Que se passait-il ? Je me gardais bien d’ouvrir mon application l’Equipe sur mon Iphone, malgré les hourras et les hélas qui fusaient de part et d’autres. Probablement des actions dangereuses, à la limite du but. Les visages se transformaient, le bruit augmentait. Et je croisais des gens ahuris parlant du match entre eux ou à leurs téléphones. Je me gardais bien de les entendre, de les comprendre. Et puis un brésilien parlait de tout casser, un autre prédisait des émeutes. Je ne me gardais plus seulement de les entendre, je me refusais carrément  de les comprendre. Une tension intérieure s’installa en moi, ainsi qu’une grande tristesse. “J’ai su, et  je n’ai plus su”, comme dirait Véronique Courjault. Mais je ne vous ai pas encore dit tout mon mensonge, car, en réalité, j’ai vu avec mes yeux, malgré une belle conjonctivite (qui mériterait à elle seule tout un article) une partie du match. 2 minutes, exactement.
Je ne savais plus rien quand je suis arrivé chez moi. Après un moment d’hésitation, j’allume la télévision, je choisis une chaîne arabe, pour ne surtout pas comprendre les commentateurs. C’est la 89ème minute, le Brésil a l’air de dominer, Oscar manque de marquer… et puis à la 90ème minute, Oscar ouvre le score pour le Brésil dans une défense allemande complètement dépassée : 1-0 pour le Brésil. Je me suis empressé d’éteindre la télévision.
Il n’y a rien de plus vulgaire que la vérité, me suis-je dit.
Hier, mon Brésil chéri a gagné 1-0. Et jouera la finale le 12 juillet.

3 Commentaires

  1. Le journalisme occidental résumé en un bref article. Bien joué, M. D’Annibale !

  2. Merci de m’éclairer sur la manière dont la plupart des articles de ce site sont rédigés.
    Ils n’ont donc le plus souvent rien à voir avec la réalité.