Hier au soir, dès l’annonce des résultats, c’est un Jean-François Copé faussement modeste qui s’est présenté devant les caméras pour acter la victoire de l’UMP. Entouré de plusieurs lieutenants dont Nadine Morano et Roger Karoutchi, le Président de l’UMP a parlé de « vague bleue » et se targuait de tenir « la première grande victoire de l’UMP sur une élection locale ». Mais en dépit de ces performances, le ton du Président de l’UMP est demeuré froid, sans emphase. Il s’agissait en effet d’apparaître proche des Français, conscient de leurs difficultés.
A titre personnel, Copé tient là une revanche envers ceux qui l’accusaient de penser à son destin personnel plus qu’à l’avenir de son parti. Un an et demi après une élection très controversée à la tête de l’UMP, le Maire de Meaux a gagné des élections et consolide sa position en interne, face à des fillonistes qui n’attendent de lui qu’un faux pas pour reprendre la main. Pourtant, ne soyons pas dupes, plus qu’un vote d’adhésion, c’est bien le rejet de la Gauche qui a permis ce dimanche la victoire de l’UMP. D’où le triomphe modeste de son Président, un leader certainement soucieux à l’approche des élections européennes…
Le PS enregistre une sévère défaite largement imputée au bilan de François Hollande
Au lendemain des municipales, le Parti Socialiste se réveille avec la gueule de bois. Le PS a perdu plus de 150 villes de plus de 9000 habitants dont des bastions historiques tels Belfort, Montbéliard, Bobigny, Saint-Ouen, Quimper, ou Limoges. Toulouse et Reims passent à droite. Marseille échappe une nouvelle fois au PS. Seule véritable éclaircie dans cet océan de défaites, Paris où Anne Hidalgo succède sans surprise à Bertrand Delanoë pour devenir la première femme Maire de Paris.
Premier des fusibles susceptibles de quitter Matignon sous peu, Jean-Marc Ayrault ne se voile pas la face. Il parle d’une « défaite pour le gouvernement et la majorité », de « responsabilité » collective et personnelle : « j’y prends toute ma part » a affirmé le Premier ministre. On se demande néanmoins si le remaniement qui s’annonce verra réellement le départ du chef du gouvernement. A la veille d’une nouvelle défaite qui se profile aux européennes, une question : qui aujourd’hui serait assez aventurier pour diriger un navire qui ne semble pas en mesure de changer de cap ? Les pronostics vont bon train, la réponse ne tardera pas à venir.
Amères, nombre d’équipes municipales défaites ont évoqué un vote sanction envers le Président et son gouvernement plutôt que de véritables désaveux locaux. Dans un édito sévère, Jérôme Béglé du Point explique que la débâcle des municipales constitue une défaite personnelle pour le Président de la République : « (…) la sanction est claire. Les électeurs ont administré une fessée à François Hollande autant qu’à ses ministres ou au socialisme. Ils fustigent ses changements de pied, son manque de courage, l’amateurisme de sa présidence, son incapacité à trancher, et peut-être son comportement dans sa vie privée. »
Le FN réalise les meilleurs scores de son histoire mais sa percée est à nuancer
Au terme du second tour des municipales, l’extrême-droite contrôle 15 villes françaises. Le Front national remporte 13 villes : Hénin-Beaumont pour la plus symbolique mais aussi Béziers, Fréjus, Beaucaire, Villers-Cotterêts, Cogolin, Le Pontet, Hayange, Le Luc, Camaret-sur-Aigues, Le Hamel, Mantes-la-Ville ainsi que le 7e secteur de Marseille (qui comporte 150.000 habitants). Des villes auxquelles il faut ajouter les municipalités détenues par la Ligue du Sud, le parti de Jacques Bompard, Orange et Bollène.
Tout sourire, Marine Le Pen pouvait annoncer hier que son parti représentait désormais « la troisième grande force politique de notre pays ». Pour la dirigeante frontiste, tout se passe comme prévu dans la quête de respectabilité de son parti. MLP prend même de l’avance, elle change le visage du parti de son père avant même que celui-ci ne le quitte. Mais comme le souligne le journaliste du Monde Abel Mestre, ces performances frontistes aux municipales sont à nuancer puisque ses têtes d’affiche (Florian Philippot, Louis Alliot et Gilbert Collard) n’ont pas remporté leur ville. Pour expliquer ces échecs, le journaliste rappelle que la médiatisation ne fait pas tout et que l’ancrage local paie souvent plus que les apparitions médiatiques…
Et comme le rappelle malicieusement le communiquant Arnauld Champremier Trigano : « En gagnant 0,0004% des 36.681 communes de France, le FN bénéficie d’une bonne couverture médiatique. »