Le voile est déchiré, complètement en lambeaux. Et voilà la France totalement dénudée et exposée au regard du monde. Et que découvre-ton ? Que l’autoproclamée terre des droits de l’homme n’est point  ce qu’elle dit être. Que derrière les photos d’archives de Miles Davis coulant le parfait amour avec Juliette Greco, derrière les clichés multicolores black-blanc-beur de Zidane, Petit et Thuram soulevant la coupe du monde, que de l’autre côté de tous ces instantanés de rêve se profile, encore, en vérité Napoléon et son gourdin de code noir : le Nègre n’est qu’un bien meuble, étiqueté, catégorisé, catalogué.

Que notre Nègre se contente de jouer son rôle d’amuseur public, de gladiateur dans les arènes olympiques ou de force noire sur les champs de bataille de Verdun ou Sedan et il aura droit à son morceau de sucre. Il sera même  promené, montré, exposé comme on exhibe un masque ramené de Bandiagara ou de Cayenne. Mais qu’il s’aventure, qu’il ose aspirer à sa condition d’homme ou de femme à part entière, qu’il ose penser par lui-même, qu’il ose prendre la parole librement, affirmer sa citoyenneté et là il sera ramené illico à sa condition de nègre-bien meuble et exécuté séance tenante sur la place publique. La langue coupée, il sera renvoyé presto à son milieu naturel, la forêt  (n’est-ce pas ?), et au règne animal, avec insultes, cris de singe et jets de banane. Car il s’agit de réaffirmer la hiérarchie raciale : il y a les humains de notre espèce et puis les autres, il y a une différence de nature entre « Nous » et les « Autres »,  il y a « Nous » les Hommes puis les autres, les singes. Et le langage étant un attribut strictement réservé aux Hommes, le destin de ces autres-là est de se taire, de la fermer. Le concept de citoyenneté ne saurait s’appliquer à leur espèce. Voilà ce que nous dit à haute voix et sans gêne une certaine France depuis un certain temps maintenant.

Et pour cette France-là le racisme n’est point un délit mais au contraire une marque d’intelligence et de bon sens. Tragique ? Oui, tragique. Et on aurait tort de hausser les épaules et de laisser faire, de laisser dire. Car tout commence par les mots. Tout commence toujours par les mots. On insulte, on animalise, on discrimine, et un jour ou l’autre, on passe à l’acte : on frappe, on brutalise, on tue, on massacre, on purifie. Tout commence toujours par la rhétorique. La violence des mots annonce toujours celle de la barbarie déchaînée du lendemain.

Par David Gakunzi – Ecrivain et directeur de l’IREA-Maison de l’Afrique.

4 Commentaires

  1. Le rascisme estcontre productif et il est necessaire de lutter contre.
    Y a t’il des racistes en France ? Oui Cela fait il de tout les Francais des racistes Non. La generalisation au nom de quelques uns est une erreur.
    Mais les intellos qui crient hola quand en France il y a des declarations ou des incidents racistes, mais ne se donnent jamais la peine de se pencher sur le racisme institutionnalise dans de nombreux pays d’afrique (Comme le Burundi, le rwanda, la RDC…), ou les concepts de Jean Marie Lepen sont d’application, n’est ce pas du rascisme?
    Le rascisme est contre productif et il faut lutter contre, mais il ne s’agit pas de lutter contre uniquement en France, mais aussi en Afrique!!!

    • Encore faut-il désigner qui est raciste ? Seulement les petits blancs des campagnes (parce qu’il faut être honnête, c’est bien d’eux dont on parle) ? je ne crois pas… Il y a d’autres racismes, toutes les communautés sont capables de haine. Il n’y a aucune raison d’incriminer seulement une « certaine France » comme le dit l’article, comme si une seule communauté était coupable éternellement…

    • @ Amin Jamal
      Que voulez-vous dire par « racisme institutionnalisé dans de nombreux pays africains comme (le Burundi, le Rwanda et la RDC…) »?????
      Et dire que vous critiquiez la généralisation….