Amin Maalouf, chantre de la Francophonie et du vivre-ensemble

Vendredi, après une session inaugurale comptant la ministre de la Culture Aurélie Filipetti et l’académicien Amin Maalouf, les amateurs de littérature se retrouvent dans la vieille église de Saint-Pierre-aux-Nonnains devenue salle de concert. Si le cadre est exceptionnel, la conférence qui l’abrite l’est tout autant. Interrogé par un Antoine Spire bavard, l’écrivain né à Beyrouth raconte son enfance, son amour pour la langue française et sa nostalgie d’un Liban pluraliste. Les mots sont choisis, le débit de Maalouf est tranquille. En parlant de son pays natal, l’écrivain avertit la France : « l’avenir que j’imaginais ne s’est jamais réalisé. La qualité de coexistence qu’il y avait avant appartient désormais au passé ! ». Pour autant, Amin Maalouf refuse d’être classé parmi les défaitistes. L’œil rieur, il se définit même comme un « optimiste inquiet ». L’assistance sourit, l’académicien poursuit en abordant divers sujets.
On sait depuis quelques années tout le travail de Maalouf autour de la diversité linguistique. La Francophonie en fait évidemment partie. Pour l’écrivain franco-libanais qui a découvert les classiques de la littérature en anglais dans le texte, la langue française ne doit pas se vivre dans un combat contre les autres langues. Une idée qu’il résume par une formule habile : « le destin de la langue française n’est pas d’être le plus timoré des loups mais bien le plus malin des agneaux ».

Aurélie Filippetti au festival de Metz
Aurélie Filippetti au festival de Metz

Aurélie Filippetti, tantôt Ministre, tantôt écrivain

C’est ensuite Aurélie Filippetti, non plus sous sa casquette de Ministre mais sous celle de romancière, qui crée l’évènement. Aux cotés de Michèle Perrot, l’auteur des Derniers jours de la classe ouvrière évoque, non loin de la terre de labeur de son père mineur de fond, son enfance, son adolescence et l’éveil à la politique qui fut le sien dans une famille communiste. Emouvant et pudique, l’instant est rare. Filippetti, à la fois membre de l’élite et fille de la classe ouvrière, évoque sa « double appartenance ». Elle parle de son ascension, de « la honte de la honte de classe » et évoque le dilettantisme agaçant des enfants de la bourgeoisie. Sous la plume d’Aurélie Filippetti écrivain, peu d’invention, beaucoup de vécu et une certitude : « le passé est radioactif »…

Un commentaire

  1. […] Après un vendredi déjà riche en évènements, la journée de samedi commence sur les coups de dix heures par un bel entretien avec Alain-Gérard Slama, essayiste aux accents tantôt conservateurs, tantôt libéraux, venu cette fois présenter son dernier ouvrage « Les écrivains qui ont fait la République ». Dans l’église de Saint-Pierre-aux-Nonnains, le chroniqueur du Figaro disserte sur « Rousseau penseur de Gauche » et son opposition légendaire à Voltaire. Porté par les questions, Slama poursuit ensuite sur Albert Camus qu’il lit comme un penseur de Droite. L’intellectuel fait face à l’opposition d’une partie du public mais ne se démonte pas pour autant. Entre histoire et politique, l’exposé est brillant. Le récent candidat malheureux à l’Académie Française convoque mille références et fait le régal d’une assistance BCBG. […]