Samedi : Alain-Gérard Slama, Amin Maalouf et quelques autres…

Après un vendredi déjà riche en évènements, la journée de samedi commence sur les coups de dix heures par un bel entretien avec Alain-Gérard Slama, essayiste aux accents tantôt conservateurs, tantôt libéraux, venu cette fois présenter son dernier ouvrage « Les écrivains qui ont fait la République ». Dans l’église de Saint-Pierre-aux-Nonnains, le chroniqueur du Figaro disserte sur « Rousseau penseur de Gauche » et son opposition légendaire à Voltaire. Porté par les questions, Slama poursuit ensuite sur Albert Camus qu’il lit comme un penseur de Droite. L’intellectuel fait face à l’opposition d’une partie du public mais ne se démonte pas pour autant. Entre histoire et politique, l’exposé est brillant. Le récent candidat malheureux à l’Académie Française convoque mille références et fait le régal d’une assistance BCBG.

A quelques pas de là, Amin Maalouf présente sa bibliothèque idéale. On lui pose la question suivante : Si vous étiez sur une ile déserte, quels dix livres emporteriez-vous ? Sa réponse suit et lui ressemble :

Léon Tolstoi – La Mort d’Ivan Illitch
Thomas Mann – Les Buddenbrook
Barbara Tuchman – Un lointain miroir
Stefan Zweig – Le monde d’hier
Jonathan Swift – Les voyages de Gulliver
Nicolas Gogol – Les âmes mortes
Alexandre Dumas – La tulipe noire
Mika Waltari – Sinouhé l’Égyptien
Albert Camus – L’Etranger
Philip Roth – La tâche

Dans l’après-midi, le public change et se fait plus nombreux que la veille. Le syndicaliste Edouard Martin vient en voisin. Dans les allées du festival, on croise Willem et Olivier Barrot, Sandra Reinflet, Karim Miské mais également Colombe Schneck. Les débats s’enchainent, les auteurs de BD s’amusent. La soirée se clôture par un débat entre auteurs italiens.

Dimanche : Mathias Enard, Adrien Bosc de la revue Desports, un débat sur la Syrie

Dimanche, rendez-vous est pris avec Adrien Bosc, fondateur des excellentes revues Feuilleton et Desports. Il n’a que 26 ans mais parle déjà comme un patron de presse expérimenté. Sur fond de crise de la presse et d’explosion des mooks, Bosc explique son plan d’attaque et donne la priorité à la nouvelle et aux reportages. Ici, que l’on parle de sport ou du monde dans toute sa complexité, un message revient comme un leitmotiv : « c’est le fond qui prime ».

C’est déjà presque la fin du festival. Baigné par un soleil presque estival, Metz vit ses dernières rencontres littéraires. A l’Arsenal, une série de conférences de bon niveau clôture quatre jours de débats passionnants. On choisit de se rendre au débat autour de la situation syrienne. Devant une cinquantaine de personnes, la reporter Edith Bouvier, l’auteure syrienne Samar Yazbek et le romancier Mathias Enard échangent leurs points de vue. Tandis que les deux premières font part de la situation sur le terrain, l’auteur du roman Rue des voleurs prend de la hauteur et propose un décryptage géopolitique captivant. Dénonçant unanimement l’escalade criminelle de Bachar el-Assad, les trois intervenants retranscrivent toute la complexité de la situation syrienne. Plusieurs fois, Samar Yazbek en appelle à l’intervention de l’ONU. On l’écoute sans trop y croire. En arabe ou en français, Enard brille dans son style caractéristique. Quelques jours en Lorraine lui auront suffit pour confirmer son statut d’écrivain incontournable de la scène littéraire française.