Dur réveil pour ceux qui combattent le Front National et ses idées au lendemain du second tour des législatives. Pour la première fois depuis 24 ans, le Front National fait son entrée à l’Assemblée Nationale. Absente de l’hémicycle depuis 1988, l’extrême droite française disposera en effet de deux sièges plus un au Palais Bourbon. Si Marine Le Pen a été battue dans sa circonscription, il en va différemment de Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la dirigeante frontiste qui accompagnera l’avocat Gilbert Collard à l’Assemblée, tout comme l’ex FN et ancien Maire d’Orange Jacques Bompard qui sera, lui aussi, de la (sinistre) partie. Comme les trains, une Le Pen peut donc en cacher une autre… « The dynasty continues » diraient les maîtres américains du story-telling politique s’il fallait mettre en perspective les résultats du FN.
Au lendemain de cette soirée électorale, quelques premiers enseignements sont à tirer de l’issue du scrutin. Le Front National réalise une performance inquiétante et peut désormais fanfaronner. Marine Le Pen confiait avant l’annonce des résultats qu’avec un député au Palais Bourbon, le FN serait d’ores et déjà victorieux. Ils seront donc deux (ou sûrement trois) à constituer pour partie le corps législatif français. On entendra leurs diatribes enragées dans les travées de l’Assemblée. Leurs propos dépasseront le strict cadre de leur parti nationaliste et xénophobe pour irriguer les canaux médiatiques…
Quoi d’autre ? Eh bien l’adversaire Mélenchon, encore groggy par sa défaite au premier tour, à Hénin-Beaumont, est K.O. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’il ne refasse plus parler de lui dans le Nord de la France pendant un long moment. Lui qui avait basé la seconde partie de sa campagne présidentielle à contrer systématiquement Marine Le Pen puis toutes les législatives à lui coller rigoureusement aux basques devra certainement revenir vers une dialectique plus communiste et des thèmes traditionnels du PCF et de son Front de Gauche pour reconquérir les électeurs.
Mais, sans qu’on ne le perçoive encore vraiment, il y a peut-être encore plus grave. La défaite de Marine le Pen dans son fief de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais pourrait ne pas être une si bonne nouvelle que cela pour tous les antiracistes. Car en étant une nouvelle fois écartée de l’hémicycle, la dirigeante frontiste pourra continuer à nous resservir le sempiternel couplet de la candidate hors-système luttant contre un UMPS qui la censure. Elle pourra de plus bénéficier de relais ultra médiatiques au Palais Bourbon : en premier lieu une jeune fille de 22 ans portant le même patronyme qu’elle, une benjamine de l’Assemblée à l’incandescente blondeur et au discours déjà bien huilé. A-t-elle ce don d’orateur propre à la famille Le Pen ? Nous le verrons dans les prochaines semaines, les prochains mois… N’oublions pas non plus Gilbert Collard, un avocat fort en gueule et suceur d’objectifs allant systématiquement dans le sens du vent (mauvais). Avec lui, Marine Le Pen dispose d’un tribun habitué à discourir face à l’adversité. En somme, Marine Le Pen aura tout loisir de donner des coups sans en subir directement les conséquences, un luxe en politique. A n’en pas douter, le sens politique machiavélique des Le Pen saura tirer parti de cette nouvelle configuration politique. Ce sera à nous, ensemble, de faire mentir ce pronostic !
A noter qu’elle a été élue grâce au PS!