1 “She said yeah”, Rolling Stones.
J’adore ! L’énergie du rock’n’roll à l’état pur. Un vrai cri bref comme un coup de surin (1 minute 34 secondes). A l’origine composée à la fin des années cinquante par Sonny Christy et Roddy Jackson, elle est reprise en 1965 par les Stones qui en font un brûlot d’urgence et de folie qui préfigure ce que sera le punk onze ans plus tard. Magnifique chanson. Elle figurait sur le 45 tours que m’avait ramené d’Angleterre mon beau-frère Bernard Salez, et qu’il me donna en 1967. J’avais 11 ans. Grâce à ce EP quatre titres et sa pochette faite d’une photo de David Bailey (les Stones entre deux murs leurs gueules de voyous sublimes), je découvrais le vrai rock’n’roll. Il ne m’a plus quitté. Yeah!
2 “A Whiter Shade of Pale”, Procol Harum.
Certainement le plus beau slow de la toute la pop music, signé par l’un des plus grands groupes du monde. Il y a tout dans cette chanson largement pompée sur un autre rocker célèbre (Jean-Sébastien Bach) — on le sait tous : le rock est une musique de voleurs — : la mélodie, la mélancolie, le romantisme. La voix de Gary Brooker est époustouflante. L’orgue de Matthew Fisher (qui réclama sa part de droits d’auteur en 2005 car bien qu’ayant participé à la composition, il n’avait pas été crédité comme co-auteur). Incroyable le nombre de filles qu’on a pu emballer dans les boums grâce à Keith Reid (paroles) et Gary Brooker (musique). J’avais des Clarks, un pull shetland et utilisais des déodorants Avon. C’était à Tergnier, dans l’Aisne, en 1969.
3 “Yakety Yak”, The Coasters.
L’archétype même du bon rhythm’n’blues que j’aime. Elle est écrite par les incontournables Jerry Leiber et Mick Stoller, pour les Coasters qui la propulsent en 1958. Impossible de ne pas bouger sur ce tempo qui doit autant au boogie qu’au rock’n’roll et à une manière de country sautillant. On a l’impression que Leiber-Stoller ont répondu à Chuck Berry car le père de “Johnny B. Goode” eût été capable d’écrire cette pure merveille. Du grand art. Pas une note à retirer.