Le Fonds monétaire international a commencé jeudi à rechercher un nouveau directeur général quelques heures à peine après la démission de Dominique Strauss-Kahn, un poste qui suscite déjà toutes les convoitises.
L’homme qui occupe la fonction par intérim, John Lipsky, a indiqué lors d’une conférence au siège du FMI à Washington que le conseil d’administration du Fonds se réunissait jeudi pour en discuter.
« D’après ce que je sais, ils se réuniront aujourd’hui pour engager la procédure », a-t-il déclaré lors de l’assemblée générale du Comité de Bretton Woods, un cercle de réflexion sur le FMI et la Banque mondiale. « Le doyen du conseil d’administration du FMI est aujourd’hui en train d’entamer une prise de contact avec des collègues à propos du processus de sélection du directeur général », a précisé peu après un porte-parole du FMI, William Murray.
Le Fonds avait annoncé peu après minuit (04H00 GMT) la démission de M. Strauss-Kahn, en publiant une lettre au conseil d’administration où il dit son « infinie tristesse » de quitter l’institution qu’il dirigeait depuis novembre 2007, et clame son innocence des accusations de crime sexuel portées contre lui par une femme de chambre.
Le Fonds a par ailleurs publié sur son site internet une fiche technique intitulée : « Le processus de sélection du directeur général ». Elle précise que « le poste de directeur général est vacant après la démission de Dominique Strauss-Kahn ».
Elle rappelle les qualifications requises pour ce poste, qui n’ont pas changé depuis le recrutement de M. Strauss-Kahn: « une expérience éminente dans la conception de la politique économique à des niveaux élevés », des « compétences de dirigeant et la diplomatie nécessaires pour être à la tête d’une institution mondiale ».
Beaucoup de candidats dans le monde peuvent correspondre à ce profil.
La Communauté des Etats indépendants (ex-URSS moins les pays baltes et la Géorgie) a avancé le premier: le chef de la banque centrale du Kazakhstan, Grigori Martchenko.
En Europe, les discussions se sont intensifiées.
« L’Europe doit faire le choix de l’unité » autour d’une « candidature de très grande qualité », a affirmé la présidence de la République française, sans citer la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, qui semblait avoir pris une longueur d’avance.
La presse allemande a donné plusieurs noms, même si Berlin est resté muet. Des sources proches du gouvernement ont cependant relevé les bonnes relations avec Mme Lagarde.
Les Etats-Unis, qui ont une voix prépondérante, n’ont pas laissé filtrer de préférence. « Nous n’avons pris de position sur aucun candidat en particulier », a indiqué la secrétaire adjointe Lael Brainard. Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a plaidé dans un bref communiqué pour « une succession rapide », mais un processus « ouvert ».
Ailleurs, l’empressement des Européens, qui monopolisent le poste depuis sa création en 1946, a suscité des critiques déguisées sous un langage diplomatique.
« Le temps est fini où ce poste important était réservé à un citoyen européen », a écrit le ministre brésilien des Finances Guido Mantega dans une lettre adressée aux membres du G20.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Jiang Yu, a souhaité une sélection « sur la base du mérite, de manière transparente et impartiale », estimant que « les nouveaux marchés émergents et les pays en développement doivent être représentés à la direction du FMI ».
Le calendrier du dépôt formel des candidatures doit être communiqué ultérieurement. Ces candidats passeront ensuite un « grand oral » devant le conseil d’administration, qui jusqu’ici a toujours décidé par « consensus ».