La déclaration d’Esfandiar Rahim Mashaie est à prendre, comme d’habitude, avec beaucoup de prudence. Car enfin que nous dit-il, au juste? Trouve-t-il la peine prononcée contre Jafar Panahi non avenue ou exagérée? Est-il partisan de l’annuler ou de l’alléger? Pense-t-il, comme tous les hommes de bon sens, que les six ans de prison et les vingt ans de bâillon auxquels a été condamné l’auteur de « Ballon blanc » sont une monstruosité ou est-il juste partisan de réviser ce verdict et de le rendre plus présentable? Et quel est, par ailleurs, le poids de sa parole dans un pays où l’on sait que toutes les décisions de cette nature remontent au Guide Suprême dont le point de vue vient d’être très clairement exprimé par le quotidien ultraconservateur Kayhan présentant Panahi comme « un accusé actif dans le mouvement de sédition »?
Cela étant dit, cette déclaration est à prendre en considération pour au moins deux raisons. Primo, elle confirme que des fissures existent au sein d’un appareil politico-judiciaire que l’on a trop souvent tendance à voir comme un bloc alors qu’il ne l’est plus depuis, au moins, l’élection contestée de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Secundo, elle montre que la protestation internationale a, quoi qu’on en dise, eu ses effets et que, face à la réprobation unanime qui a accueilli l’ahurissante sentence prononcée contre le plus grand cinéaste iranien, une partie au moins de cet appareil cherche une porte de sortie.
La partie est loin d’être gagnée. Mais, pour les amis de Panahi et de l’Iran, pour celles et ceux qui ne se résignent pas à voir un si grand peuple otage d’un régime aussi ubuesque qu’assassin, c’est tout de même l’une des rares nouvelles point trop désespérantes de ce début d’année.
Si vraiment Monsieur le Président Mahmoud Ahmadinejad n’est pas d’accord avec la sentence donnée à Monsieur Panahi , je pense alors que nous sommes en droit d’ attendre de sa part qu’il provoque enfin le débat tant attendu avec le pouvoir judiciaire de son pays au sujet des pratiques plus que douteuses utilisées par celui-ci pour juger leurs prisonniers.
Par exemple, revoir la façon souvent arbitraire des sentences données aux différents accusés.
La preuve étant le nombre de fois où ils rouvrent un dossier ou reviennent en arrière sur un point, dérangés par les avis controversés de la voix internationale, pour aboutir finalement sur une sentence différente etc…
Il est également temps d’ ouvrir le dialogue au sujet de la peine de mort en Iran.
Comment se fait-il qu’au 21ème siècle, il y ait encore des pays qui exécutent leurs détenus en les lapidant ou en les pendant ?
Rien qu’à la pensée de telles pratiques abjectes pour exécuter des être humains, les pires truands qu’ils soient, ça me donne envie de vomir.
D’autres peines peuvent être appliquées, sans nécessairement tuer !
Ceci devrait être résolu pour être enfin révolu…
Quelles sont les nouvelles pratiques de J Panahi? est-il maintenant en prison? est-ce que son avocate a presenté un dossier d’appel? Il y a-t-il une co-ordination des petitions? qui va la/les presenter et quand? Que disent les autres realisateurs Iranians?
London, 20 January 2011