Ce devait être une extraordinaire nouvelle. Il est 18 heures. Je reçois un coup de téléphone venant d’Allemagne. Au bout du fil, Mina Ahadi, porte-parole du Comité international contre la lapidation. « J’ai une extraordinaire nouvelle », lance-t-elle toute émue. « Il est probable que Sakineh, son fils Sajjad, son avocat Houtan Kian, ainsi que les deux journalistes allemands aient été libérés. Précipite-toi devant ton PC, la chaîne iranienne en langue anglaise Press TV devrait diffuser dans l’heure une vidéo de Sakineh et de son fils Sajjad, libres, chez eux à Oskou ».
Ayant du mal à contenir mon émotion, je me précipite devant mon écran. Tant de semaines de mobilisation vont enfin porter leur fruit. La terrible attente débute. Chaque minute est un supplice. Dix, vingt, bientôt soixante. Toujours aucun reportage sur Sakineh. La chaîne gouvernementale iranienne ne fait que diffuser des images d’une manifestation londonienne, une émeute selon elle. Pendant ce temps, l’AFP publie, à notre grande surprise une dépêche annonçant la libération de Sakineh et de son fils. Et c’est le Comité international contre la lapidation qui en est la source. De plus en plus étrange, nous recevons quelques minutes plus tard, des photos, apparemment tirées du reportage à venir de la Press TV, dans lesquelles on aperçoit Sakineh et son fils, dans le jardin de leur maison d’Oskou. Cela signifierait donc bien qu’ils sont libres! Or, les minutes passent, et toujours aucune nouvelle de Sakineh sur la télévision iranienne.
Dès lors, malgré l’émotion qui est à son paroxysme, il nous est tout bonnement impossible de confirmer une nouvelle sur la seule base de photographies. Ceci d’autant plus que l’Iranienne va enfin apparaître une heure plus tard sur Press TV – mais dans une bande-annonce hollywoodienne, à la musique angoissante, bien loin des joies d’une libération. On y aperçoit pour la première fois une Sakineh au visage non flouté, ou alors celui d’une personne lui ressemblant étrangement (nous n’avons reçu que très peu de photos de Sakineh). Puis vient un homme, symbole de la Justice iranienne (on le remarque à la balance derrière lui). Il annonce d’un ton grave : « depuis l’année dernière, certaines personnes écartent ce dossier de son cheminement légal pour en faire un cas politique ». C’est à cet instant que Sakineh déclare en persan : « nous avons planifié la manière de tuer mon mari ». En persan? Mais Sakineh parle uniquement l’azéri! Nous assistons ensuite à une reconstitution du meurtre du mari, durant laquelle l’Iranienne s’empare d’une seringue. On se souvient que lors de ses premières confessions télévisées d’août dernier, celles obtenues après deux jours de passage à tabac, l’Iranienne avait avoué avoir endormi son mari à l’aide d’une seringue, avant de l’électrocuter. La parole est ensuite donnée à un homme à la barbe blanche, peut-être un médecin légiste. « La trahison est parfois dangereuse », explique-t-il. Des confessions aux actes, au cours de la scène suivante, Sakineh qui se cache dans un tchador noir, colle des électrodes à des pieds, sans doute ceux de son mari, avant de les brancher à la prise électrique ». La musique s’accélère. Les plans aussi. Le suspense est à son comble. La vérité doit éclater demain, à 20h35, sur Press TV.
Après un tel reportage, difficile de penser à une libération. On y retrouve au contraire la rhétorique iranienne dans sa splendeur. Ce devait être une extraordinaire nouvelle. C’est devenu un énorme doute, ainsi qu’une crainte. Celle que les photos d’une Sakineh et d’un Sajjad enfin heureux parce que réunis, six ans après, ne soient le résultat d’une énième mascarade. J’espère de tout coeur me tromper.
Dans les annees 80 les tortionaires de ce regime criminel des Mollahs et de Passdars violaient les jeunes filles Mojahed ou d’opposition de gauche avant les executer le lendemain .
Croire que ce regime inhumain peut etre change , c’est aussi absurde que de croire que le Nazisme pouvait etre autrement .
Les dictatures ont cet avantage sur nous de pouvoir circuler librement chez nous lorsque notre accès à elles s’effectue à travers un tunnel de silence. Nous ne savons à peu près rien des Iraniens. Quand même nous serions renseignés sur leurs aspirations réelles, il nous serait impossible de percer la chape de cire islamiste jusqu’à ses alvéoles sans nous y emmieller. Mettrions-nous au point un agent télépathe capable de se glisser dans chacune de leurs têtes et de leur exposer les raisons innombrables qu’elles auraient à se soulever, il y a fort à parier qu’elles ne bougeraient pas d’un iota sur leur positionnement de soumission tant leur indépendance intellectuelle fut mise à quatre pattes, poussée ventre à terre d’un coup de pied entre les omoplates, paralysée à vie. Voilà ce qui se passerait si nous savions ce qu’ils pensent. Et voilà ce qui se passe pour nous alors que ceux qui martyrisent Sakineh savent à peu près tout ce qu’il y a à connaître de nous. Nous, qui avons inventé l’individualité par le truchement de l’universalité, puis, la transmission des mondes individuels avec laquelle coïncidait celle des valeurs universelles, communiant avec l’intime autant et aussi bien que nous communiquons l’extime. Ils nous côtoient. Ils nous voient nous sentir et nous ressentir. Ils savaient exactement à quelle sauce de torture ils allaient nous servir à notre propre festin, sous cloche car il fallait que le plat reste chaud, et attendraient, se délectant de faire durer leur petit plaisir aussi longtemps que possible, de savourer le spectacle de nos réactions tandis que soulevant la cloche d’argent, nous nous apprêterions en leur adressant un pénultième regard de chien reconnaissant, à planter la fourchette dans nos propres chairs.
Les dictatures ont cet avantage sur nous de pouvoir circuler librement chez nous lorsque notre accès à elles s’effectue à travers un tunnel de silence. Nous ne savons à peu près rien des Iraniens. Quand même nous serions renseignés sur leurs aspirations réelles, il nous serait quasi impossible de percer la chape de cire islamiste jusqu’à ses alvéoles sans nous y emmieller. Mettrions-nous au point un agent télépathe capable de se glisser dans chacune de leurs têtes et de leur exposer les raisons innombrables qu’elles auraient à se soulever, il y a fort à parier qu’elles ne bougeraient pas d’un iota sur leur positionnement de soumission tant leur indépendance intellectuelle fut mise à quatre pattes, poussée ventre à terre d’un coup de pied entre les omoplates, paralysée à vie. Le challenge va désormais consister à devenir audibles aux seuls alliés que nous ayons là-bas, adversaires comme nous de la barbarie. Nous devons savoir ce qu’ils pensent de ce que nous pensons, et ainsi commencer de penser avec, et non seulement à, ou simplement sur eux. Car pour l’heure, nous ne connaissons pas ceux qui martyrisent ou laissent martyriser Sakineh sauf pour ce qu’ils lui font ou laissent faire, quand de notre côté, nous leur avons livré à peu près tout ce qu’il y a à connaître de nous. Nous, qui avons inventé l’individualité par le truchement de l’universalité, puis, la transmission des mondes individuels avec laquelle coïncidait celle des valeurs universelles, communiant avec l’intime autant et aussi bien que nous communiquons l’extime. Ils nous côtoient. Ils nous voient nous sentir et nous ressentir. Ils savaient exactement à quelle sauce de torture ils allaient nous servir à notre propre festin, sous cloche car il fallait que le plat reste chaud, et attendraient, se délectant de faire durer leur petit plaisir aussi longtemps que possible, de savourer le spectacle de nos réactions tandis que soulevant la cloche d’argent, nous nous apprêterions en leur adressant un pénultième regard de chien reconnaissant, à planter la fourchette dans nos propres chairs.
Excusez-moi l’expression, mais il y en a qu’une qui convienne… ça pue !
Il n’y a plus de mots pour se que je ressens à la lecture de cette nouvelle, j’étais si contente, une joie qui m’a fait pleurer de soulagement. Comme des gamins nous nous laissés avoir. Ces manipulateurs de la « justice iranienne » se sont joués de nous une fois encore, et ils y ont mis les moyens une vidéo carrément avec une femme jouant le role de Sakineh pour une reconstitution du meurtre du mari par une Sakineh diabolisée. Une horreur et quelle déception, apres l’allegresse la consternation. Je me sens tellement mal que j’ai des difficultés à trouver les mots pour exprimer l’état dans lequel je me trouve, ces gens n’ont pas de limites pour manipuler et se jouer de toutes les personnes mobilisées pour la libération de Sakineh. Qu’en pensent les dirigeants des pays qui se sont impliqués dans cette quete de justice et des droits de l’homme? Il me semble que les iraniens veulent nous faire comprendre que c’est eux qui décident et qu’en aucun cas ils nous laisserons faire un exemple pour les femmes opprimées avec la libération de Sakineh donc pas de jurisprudence sur laquelle nous aurions pu nous appuyer pour aider d’autres femmes injustement accusées. Monsieur Bernard Henri Levi vous aviez bien raison de resté prudent, nous autres nous nous sommes laissés berner et l’attente reprend mais avec cette fois moins de fol espoir, du moins pour ma part, je reste malgré tout mobilisée et prete à repartir en guerre avec mes mots pour Sakineh. Triste nuit… S’il vous plait, ne nous laissez pas sans nouvelles. Tu n’est pas seule Sakineh nous sommes à tes cotés.