Deux jours séparent désormais les Etats-Unis des Mid-Term Elections et à mesure que l’heure de voter approche, c’est toute l’Amérique éclairée qui tremble à l’idée d’un backlash ultra-conservateur.

Il y a quelques jours, Patricia Duff et son organisation The Common Good organisait au Hunter College une conférence au titre on ne peut plus évocateur : « Election Insurrection : What to expect in the MidTerm Elections ». Insurrection. Les américains s’interrogent donc sur ce phénomène nouveau qu’est le Tea-Party. Va t-il nuire aux démocrates qu’il cible férocement dans ses discours ? Séduira t-il les électeurs dits indépendants ? Va t-il s’emparer de bastions républicains traditionnels ? Dans deux jours la fin du suspense… Un mot tout de même sur l’hôte de cette conférence, The Common Good, organisation qui promeut le débat politique au delà des clivages partisans. A la tribune, Carl Bernstein et Jonathan Capehart (deux lauréats du prix Pullitzer), des commentateurs politiques issus de tous les grands networks et quotidiens nationaux, quelques membres des équipes de campagnes d’Al Gore, Nixon et Bloomberg. Tout ce beau monde échangeant, s’invectivant mais surtout construisant une pensée passionnante sur les différents visages de l’Amérique d’aujourd’hui. Épatante capacité des Etats-Unis à l’auto-analyse immédiate des tendances qui les bouleversent et les transforment. On aurait en France grandement besoin de lieux de débats neutres comme The Common Good…

Pour les démocrates, la fête est donc terminée ! L’enthousiasme de la campagne électorale et l’euphorie des quelques premiers mois de mandat, ceux où Obama semblait marcher sur l’eau, ne sont désormais plus que de lointains souvenirs. La crise économique est passée par là et désormais la nouvelle administration doit composer avec le mécontentement d’électeurs qui ne comprennent ni ne ressentent les effets des reformes engagées depuis deux ans. De son coté, l’opposition, dans sa configuration classique (Parti Républicain) ou nouvelle (Tea Party) s’enhardit et peaufine ses arguments. Un adage politique dit ici que les conservateurs sont de bien meilleurs opposants que les démocrates. Cela se vérifie, terriblement…

Les Etats-Unis – si tant est que se laisser aller à la rêverie soit un vrai défaut – ont peut-être trop rêvé avec Barack Obama. Dans un édito pour Causeur.fr , j’écrivais, en novembre 2008, que « l’Obamania, dont de nombreux observateurs se félicitaient au début de la campagne, se révélera peut-être un faux-ami pour Barack Obama – cela, même s’il est élu. » Même s’il est élu… La prédiction était bonne mais en France personne ne l’a écouté. J’expliquais largement combien le soutien des people, des artistes et plus largement de toute cette Amérique des côtes pouvait être préjudiciable au candidat démocrate d’alors. Ces gens-là ne vivent certainement pas comme l’Américain moyen. Ils ont des préoccupations beaucoup plus universalistes que lui, un autre niveau de vie aussi. Je disais également que le trop plein d’espoir suscité par Obama était dangereux. L’action politique demande du temps et ses résultats ne se font sentir qu’après-coup. L’Obamania impatiente joue donc, à retardement, contre Barack Obama lui-même. Car les masses finissent toujours par bruler ce qu’elles ont, un temps, adoré. Et ce sont justement les masses qu’Obama est en train de perdre, elles qui pâtissent de la crise des subprimes, souffrent du chômage, voient leurs économies disparaître en même temps que leurs toits.

Pour sauver ce qui peut encore l’être, Obama se démène. Il ciblait ainsi récemment les jeunes et les minorités dans une intervention sur MTV et BET (cf Chroniques #II). Il s’est rendu, et c’est inédit, sur le plateau du Daily Show de Jon Stewart pour assurer le vote de ses plus fervents supporters : les élites démocrates et la Middle-class diplômée. Face au marasme, le parti démocrate cherche lui aussi des solutions. L’une d’entre elles s’appelle Bill Clinton dont la cote est toujours élevée parmi les électeurs progressistes. On revoit depuis peu l’ancien Président dans les town meetings, en soutien de candidats locaux. Est-il seulement là pour donner un coup de main où prépare t-il déjà le terrain pour permettre à Hillary d’obtenir la nomination du parti démocrate aux prochaines élections? C’est à voir…

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1. L’Obamania, faux-ami d’Obama ? http://www.causeur.fr/l’obamania-faux-ami-d’obama,1238