I.
Deux ans après la campagne présidentielle qui vit Obama succéder à George W. Bush, les Etats-Unis retrouvent cette ferveur politique si caractéristique avec les Mid-Term Elections. A la télévision, dans les journaux et parmi les cercles intellectuels, on ne parle désormais plus que de la probable percée du Tea Party Movement et de la défaite annoncée (trop vite ?) des démocrates.
2008-2010 : deux années séparent les scrutins et force est de constater que New York en 2010 ne ressemble plus à Denver 2008, lieu de la dernière convention démocrate et véritable épicentre du séisme Obama. Obama justement… L’extraordinaire espoir suscité par son élection est désormais moins vif, les américains jugent sévèrement celui qu’ils ont hier porté aux nues. Crise des subprimes, enlisement des guerres d’Irak et d’Afghanistan : l’état de grâce est terminé et l’Amérique comprend qu’Obama n’est pas Houdini. On retrouve donc l’Amérique sous son double visage, toujours à la pointe du progressisme et en même temps terriblement puritaine. A l’inverse de la France où les forces d’opposition ont toutes les peines à se faire entendre de l’opinion, leurs homologues d’outre-Atlantique impressionnent. Obama élu, voici que de Bill O’Reilly à Alex Jones, l’Amérique conservatrice fait valoir ses contre-arguments. Si certains méritent que l’on s’y attarde, beaucoup se font l’écho de théories aussi farfelues qu’inquiétantes : Obama serait communiste, agent sioniste, pièce maitresse de l’agenda islamiste, favorable aux thèses de la « Black Supremacy ». Et pourquoi pas tout à la fois? Toutes ses allégations se démontent aisément mais une frange de l’Amérique, celle qui ne supporte toujours pas d’avoir à sa tête un Président issu du métissage, persiste dans son entêtement.
De la politique à la musique il n’y a qu’un pas. Surtout lorsqu’il s’agit de John Lennon, artiste engagé qui, s’il n’avait été assassiné le 8 décembre 1980 à New York, aurait fêté ses 70 ans le week-end dernier. Entre Lennon et New York existe un lien spécial. C’est à New York que l’ex Beatle vint passer, au milieu des années 1970, la dernière partie de sa vie, celle qui coïncide avec un engagement politique redoublé et quelques concerts mythiques donnés au Madison Square Garden.
Lennon, qui pendant longtemps chercha à obtenir une Green Card pour s’installer aux Etats-Unis trouva dans New-York, « centre du monde culturel », le moyen de renouveler son inspiration. Il y trouvera aussi le parfait endroit pour donner plus de profondeur à son engagement politique. Des USA, Lennon s’engage pour les Black Panthers, l’Irlande du Nord et s’intéresse, sous l’impulsion de Yoko Ono, au mouvement féministe.
A cette époque Lennon n’est plus chanteur, il n’est même plus superstar, il est légende. Perçu comme une menace par l’administration Nixon qui tentera de l’expulser en raison de son engagement contre la guerre du Viet-Nam, il promène sa carcasse longiligne le long des allées de Central Park et pose, par défi, avec une vielle veste militaire chinée quelque part entre Londres et Tokyo. Un soir de décembre, alors qu’il sort d’une séance de travail, Lennon reçoit cinq balles de revolver dans le dos et meurt presque instantanément. Il a 40 ans.
Depuis ce triste jour de décembre 1980, des milliers de personnes se réunissent chaque année à Central Park pour fêter l’anniversaire du chanteur. Central Park où Lennon aimait flâner, Central Park où désormais existe un monument en sa mémoire. L’endroit est sommaire, sur le sol une mosaïque toujours fleurie indique « IMAGINE » et rappelle l’idéal pacifiste du chanteur. Comme un hommage de la ville de New-York à l’un de ses plus illustres citoyens, le monument qui rend hommage à John Lennon se trouve dans un petit jardin dessiné en forme de larme, le Strawberry Field.
Faisant écho à la fameuse phrase d’Imagine
« You may say that I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one », ce sont plusieurs centaines, peut-être des milliers de fans qui se sont réunis pour chanter quelques chansons de l’ex-Beatle.