Dès lors que l’on traite d’Israël, l’insignifiant devient rapidement un événement. En l’occurrence, il a suffit que le Conseil de Paris, à l’initiative de Bertrand Delanoë, décide de dénommer une allée de la capitale, David Ben Gourion, pour qu’une violente campagne de contestation d’Israël toute entière fondée sur le ressentiment,  la haine et l’ignorance prospère.

Que n’a-t-on pas entendu sous les fenêtres de l’Hôtel de ville : Ben Gourion assassin !
Ben Gourion, un assassin ? Voilà un bien sale tour joué à l’histoire en général et au personnage en question en particulier.

Cet homme qui a préféré  en 1947 le confetti d’Etat qu’on lui proposait plutôt que de continuer à se battre pour une chimère ; cet homme qui a constamment, en 1948, en 1956, en 1967 affirmé : la paix plutôt que les territoires ; et ce même homme qui a décidé d’élever une université avant d’avoir le premier étudiant à y inscrire ou de débloquer le dixième du budget du jeune Etat naissant pour faire acquérir des bouts de papier vieux de deux mille ans, les rouleaux de la mer morte, auxquels nul autre que lui ne prêtait réellement attention ; est-ce là d’un assassin dont il s’agit ?

Ben-Gourion n’était pas pour autant un pur esprit. Ce serait même le salir que prétendre l’inverse. Homme d’Etat avant d’avoir eu un Etat, il a dû s’improviser en même temps que naissait celui-ci, chef de guerre contre cinq armées coalisées, sans avoir jamais tenu une arme.  La guerre qui lui a été imposée, il l’a assumée – n’était-il pas en plus de premier ministre, ministre de la défense ?-  mais il l’a faite sans l’aimer comme l’écrit si justement Bernard-Henri Lévy.
C’est précisément au terme de ces deux gestes qu’est né le grand homme : d’abord, lors du plan de partage de la Palestine, par le rejet de l’idéal au profit du minimal pourvu qu’il soit concret, puis, immédiatement après, lorsque ce sera la guerre, par le renoncement à l’innocence qui convenait si bien à sa formation intellectuelle. Est-ce un hasard, si au moment où se jouait le sort de l’Etat d’Hébreu, Sartre faisait dire à l’un de ses personnages dans une tirade des Mains sales restée fameuse : « Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment? »?

Je sais bien qu’il y a, y compris parmi mes collègues du Conseil de Paris, de nombreuses personnes qui regrettent que l’on n’ait pas honoré à la même occasion Yasser Arafat, de telle sorte que les pères fondateurs de ces deux causes nationales antagonistes mais fondamentalement justes se soient trouvés distingués au même moment.  Je comprends le symbole mais l’on ne peut pas tout sacrifier aux symboles. Car c’est le grand malheur de la cause palestinienne que de n’avoir pas trouvé en Arafat son Ben Gourion. A chaque fois que cela lui a été proposé, encore en 2000 à Camp David pour la dernière fois, il a justement préféré la chimère à la terre.  Et s’il fut un piètre militaire, il a toujours  veillé jalousement à ce que le contraire soit écrit et rapporté sur son compte, y compris dans le choix de son accoutrement. Sans doute est-ce l’une des raisons pour lesquelles, 62 ans après la naissance de l’Etat d’Israël, il faut déplorer que celle de son voisin palestinien se fasse encore attendre.

10 Commentaires

  1. « Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur.
    Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient t-ils accepter cela ?
    David Ben-Gourion .
    Le ridicule ne tue pas Mr Klugman, heureusement pour vous

  2. les juifs ont vecu en terre sainte de façon ininterrompue jusqu’en 1948 , ils ont toujours representé un pourcentage important de la population ;

    aucun etat palestinien arabe n’a jamais exité , entre 1948 et 1967 la judée et la samarie (dite cisjordanie pour les politiquement corrects ) n’a jamais été revendiquée alors qu’elle etait occupée par la jordanie

    la jordanie qui represent 3 fois Israel est un etat crée de toutes pieces par les anglais pour un de leurs sbires

    aucun pays arabe ne peut se prevaloir d’une quelconque legitimité democratique et pourtant ils occupent des millions de km2 et maintiennent leurs peuples dans la misere

  3. Bravo, cher Monsieur Klugman, pour le courage de vos propos.
    Il est toujours si difficile en France de prendre part au débat sur les questions israelo-palestiennes…
    Surtout quant il s’agit de nuancer la rage anti-sioniste (attention, je dis bien « anti-sioniste » et non « antisémite »).
    Vos propos sont on ne peut plus nuancés.
    Merci!

  4. Question à Patrick Klugman et Bernard-Henri Lévy :

    Le mouvement JCALL porté par la gauche sioniste, et notamment BHL, condamne « l’alignement systématique sur les positions israéliennes » et appelle à faire pression sur les deux parties.

    A cette égard, le casi jumelage récemment décidé par Delanoë avec la capitale officielle israélienne Tel-Aviv ne constitue-t-il pas un mauvais signal ??

    Cordialement

    JPC

  5. Monsieur Klugman, pourquoi défendez-vous à ce point un chef d’Etat d’un pays étranger, n’êtes-vous pas Français avant d’être israélien? N’avez-vous pas peu de prêcher par communautarisme et y laisser par la même occasion votre objectivité au vestiaire?

  6. toute débile la conclusion ; les Palestiniens y vivaient déjà sur cette terre.

  7. Il est absolument abominable de défendre Arafat ou Ben Gourion. Deux hommes politiques et chefs militaires.
    Vous semblez méconnaitre de façon patente l’histoire d’Israël et le rôle joué par Ben Gourion, en lui dressant un portrait élogieux pour légitimer le nom de l’Esplanade.
    J’aurais préféré le nom de ces dizaines de pacifistes plus ou moins connus(Juifs ou non).
    A vouloir défendre Israël tel un lobby, vous oubliez les valeurs pacifistes de cette noble religion qu’est le Judaïsme.
    Pensez vous qu’il n’y a qu’Arafat qui refusait la paix…penchez-vous davantage sur les moult négociations entre les belligérants et vous verrez que les deux camps sont d’un machiavélisme inhumain.

  8. Patrick Klugman vous me faites rire avec votre texte à 2 balles, moitié con- moitié con si vous étiez un homme de paix ça se saurait … cité BHL ouhaou quel reference… Puis dire que si Ben gourion s’en est allé en guerre c’était le coeur meurtri est une foutaise de plus dans votre propagande SSionniste.. à bon entendeur Adieu !

  9. Voici quelques citations du pacifiste si bien décrit dans l’article :

    « Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur.
    Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient t-ils accepter cela ? »

    Cité par Nahum Goldmann dans « le Paradoxe Juif », page 121

    « Ne nous cachons pas la vérité…. Politiquement nous sommes les agresseurs et ils se défendent. Ce pays est le leur, parce qu’ils y habitent, alors que nous venons nous y installer et de leur point de vue nous voulons les chasser de leur propre pays. Derrière le terrorisme (des Arabes) il y a un mouvement qui bien que primitif n’est pas dénué d’idéalisme et d’auto-sacrifice. »

    Cité page 91 du Triangle Fatidique de Chomsky qui est paru le livre de Simha Flapan « Le Sionisme et les Palestiniens » – page 141-2, citant un discours de 1938.

    « Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils (les Palestiniens) ne reviendront jamais. »

    David Ben-Gourion, dans son journal, 18 Juillet 1948, cité dans le livre de Michael Bar Zohar : « Ben-Gourion : le Prophète Armé », Prentice-Hall, 1967, p. 157.

    « Nous devrions nous préparer à lancer l’offensive. Notre but est d’écraser le Liban, la Transjordanie (Jordanie) et la Syrie. Le point faible c’est le Liban, car le régime musulman y est artificiel et il nous sera facile de le miner.

    Nous y établirons un Etat chrétien, puis nous écraserons la Légion Arabe, nous éliminerons la Transjordanie (Jordanie); la Syrie tombera entre nos mains. Nous bombardons alors et avancerons pour prendre Port-Saïd, Alexandrie et le Sinaï. »

    Mai 1948, au Chef d’Etat-Major. De Ben-Gourion, une biographie, par Michael Ben-Zohar, Delacorte, New York 1978.

    « Si je savais qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les emmenant en Angleterre, et seulement la moitié en les transférant sur la terre d’Israel, je choisirais la dernière solution parce que, devant nous, il n’y a pas que le nombre de ces enfants mais la calcul historique du peuple d’Israel. »

    Cité pages 855-56 de la biographie de Ben-Gourion réalisée par Shabtai Teveth

    « Chaque écolier sait qu’il n’y a pas de chose de ce genre dans l’histoire en tant qu’arrangement final : pas en ce qui concerne le régime, pas en ce qui concerne des frontières, et pas en ce qui concerne des accords internationaux. »

    Journal de guerre, 12/03/1947 suite à l’acceptation par Israel du Plan de partition des Nations-Unies du 29 novembre 1947 (Simha Flapan, « Naissance d’Israel, » p.13)

    « L’acceptation de la partition ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous accepterons un état dans les frontières fixées aujourd’hui — mais les frontières des aspirations Sionistes sont les affaires des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter. »

    La Naissance d’Israel, 1987, Simha Flapan

    « La guerre nous donnera la terre. Les concepts de « nôtre » et de « pas à nous » sont des concepts de paix, seulement, et en temps de guerre, ils perdent leur signification entière  »

    Journal intime de Guerre, Vol. 1, date d’entrée le 6 février 1948. p.211

    « Nous ne pourrons pas gagner la guerre si, pendant la guerre, nous ne peuplons pas le pays de bas en haut, l’est et l’ouest de la Galilee, le Neguev et le secteur de Jérusalem….Je crois que la guerre apportera également dans son sillage un grand changement dans la répartition de la population arabe. »

    Behilahem Yisrael, Tel Aviv, Mapai Press, 1952, pp. 86-87

    Amicalement

  10. Simple vérification par curiosité, aurez-vous le courage de ne pas censurer ceci :

    « Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils (les Palestiniens) ne reviendront jamais. »

    David Ben-Gourion, dans son journal, 18 Juillet 1948, cité dans le livre de Michael Bar Zohar : « Ben-Gourion : le Prophète Armé », Prentice-Hall, 1967, p. 157.

    « Nous devrions nous préparer à lancer l’offensive. Notre but est d’écraser le Liban, la Transjordanie (Jordanie) et la Syrie. Le point faible c’est le Liban, car le régime musulman y est artificiel et il nous sera facile de le miner.

    Nous y établirons un Etat chrétien, puis nous écraserons la Légion Arabe, nous éliminerons la Transjordanie (Jordanie); la Syrie tombera entre nos mains. Nous bombardons alors et avancerons pour prendre Port-Saïd, Alexandrie et le Sinaï. »

    Mai 1948, au Chef d’Etat-Major. De Ben-Gourion, une biographie, par Michael Ben-Zohar, Delacorte, New York 1978.

    « Si je savais qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les emmenant en Angleterre, et seulement la moitié en les transférant sur la terre d’Israel, je choisirais la dernière solution parce que, devant nous, il n’y a pas que le nombre de ces enfants mais la calcul historique du peuple d’Israel. »

    Cité pages 855-56 de la biographie de Ben-Gourion réalisée par Shabtai Teveth

    « Chaque écolier sait qu’il n’y a pas de chose de ce genre dans l’histoire en tant qu’arrangement final : pas en ce qui concerne le régime, pas en ce qui concerne des frontières, et pas en ce qui concerne des accords internationaux. »

    Journal de guerre, 12/03/1947 suite à l’acceptation par Israel du Plan de partition des Nations-Unies du 29 novembre 1947 (Simha Flapan, « Naissance d’Israel, » p.13)

    « L’acceptation de la partition ne nous engage pas à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu’un de renoncer à sa vision. Nous accepterons un état dans les frontières fixées aujourd’hui — mais les frontières des aspirations Sionistes sont les affaires des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter. »

    La Naissance d’Israel, 1987, Simha Flapan

    « La guerre nous donnera la terre. Les concepts de « nôtre » et de « pas à nous » sont des concepts de paix, seulement, et en temps de guerre, ils perdent leur signification entière  »

    Journal intime de Guerre, Vol. 1, date d’entrée le 6 février 1948. p.211

    « Nous ne pourrons pas gagner la guerre si, pendant la guerre, nous ne peuplons pas le pays de bas en haut, l’est et l’ouest de la Galilee, le Neguev et le secteur de Jérusalem….Je crois que la guerre apportera également dans son sillage un grand changement dans la répartition de la population arabe. »

    Behilahem Yisrael, Tel Aviv, Mapai Press, 1952, pp. 86-87