[Article paru dans Paris-Match de cette semaine : Polanski : un Kafka de conscience de Gilles Martin-Chauffier, à propos de La Meute de Yann Moix.]
Dans « La meute », Yann Moix défend le cinéaste et s’indigne d’un procès absurde, instrumentalisé par la conjuration des imbéciles.
Tout a changé entre 1977 et 2009.
Tout. Sauf la culpabilité de Roman Polanski, immuable. Aux Etats-Unis, trente-deux ans après les faits, le procès du cinéaste en avait assez de se dérouler sans lui. La Suisse s’est donc dévouée, décrochant ainsi le César d’or du second couteau judiciaire. Résultat : la fameuse justice américaine fait endosser à une personne fatiguée de 76 ans le costume d’un quadragénaire en pleine forme. Cela donnera sûrement lieu à un film à la gloire des tribunaux yankees. Les grands studios, après des centaines de westerns en hommage aux boucheries de la conquête de l’Ouest, adorent faire des héros des nouveaux shérifs du barreau.
Sans attendre, la meute a planté ses dents sur le vicieux mondain, riche, hollywoodien, lâche et habile qui échappe à ses crimes, à l’abri des remparts que ses puissantes relations dressent entre la justice et lui.
Quelques uns, heureusement pour l’honneur, se risquent à le défendre. Mais de biais, avec des réserves, sur la pointe des mots. Aujourd’hui, quand on veut tuer un homme, on le « pédophilise »! A ce seul terme, toutes les prudences sont balayées. Même les amis de Polanski plaident à reculons comme les crabes avancent. Heureusement Yann Moix est là. Dans un monde de fauves, il a décrété une fois pour toutes que les écrivains ne seraient pas des herbivores. Non pas qu’il tolère qu’on tripote les adolescentes comme des friandises sexuelles. Ces comportements l’indignent et il sait que, comme on n’est plus innocemment antisémite après Auschwitz, on n’est plus impunément pédophile après Dutroux. Mais la chasse à l’homme, elle, reste ignoble. Du coup, il aboie contre tous ceux qui tiennent un fusil. Et il mord. Aux basques de la justice d’abord qui, face à des délits éternels, a pour mission de trouver la singularité de chaque coupable et de comprendre les circonstances de sa faute mais qui, dans le cas de Polanski, s’en tient à la faute, à toute la faute et uniquement à la faute. Mais il s’en prend aussi aux autres, à tous les autres. A la mère de Samantha qui savait où elle déposait sa fille, se doutait, soupçonnait, fantasmait… A Internet, le café du commerce mondial de l’imbécile qui raisonne et condamne. Aux antisémites qui remuent la queue dès qu’on leur tend un sucre. A la société du rire et de l’impertinence où triomphent des clowns surpayés qui ne sont pertinents sur rien et cyniques sur tout. A la Suisse si calme, si prospère, si indifférente, si décorative et à la conscience aussi douillette que les oreillers de plume qu’elle tend aux plus riches et aux moins avouables.
Au fond, c’est à notre époque entière que Moix règle son compte. Il ne supporte plus qu’au lieu d’élever les hommes vers le savoir et le libre jugement, on rapetisse la connaissance pour la rendre accessible aux indifférents qui se gavent de noix de cajou devant « La ferme Célébrités en Afrique ». C’est simple : tout lui tourne les sangs dans l’affaire Polanski.
Faites-lui confiance pour le dire sans détour. Moix n’est pas du genre à y regarder trois fois avant de traverser la rue. Après tous les verres d’eau insipides versés par l’édition parisienne, cette plaidoirie équatoriale se savoure comme un réquisitoire. Tant pis pour les victimes collatérales. Quand l’incendie crépite, on regarde les flammes, pas les meubles. Or, les flammes, ici, c’est le sytle, et celui de Moix met le feu.
Heureusement il ya « Paris Match » pour encencer « La Meute » de YAN MOIX.
Peut ètre aussi une critique favorable dans « Salut les Copains » ou dans « Closer »?
Nicolas… la Regle du Jeu ne défend pas M. Moix… Vous êtes sur un blog sur lequel M. Moix écrit.
Je n’ai pas lu le livre et donc ne ferais pas comme certaines « critiques » de cinéma qui dénoncent violemment une Palme d’Or à Cannes sans l’avoir lu… Mais :
Le soutien ayaotollien à Polanski de certaines élites est aussi stupide que ceux qui veulent lyncher un bouc-émissaire toujours plus appêtissant si jamais il est connu.
Un peu de raison et beaucoup de Droit ne ferait pas de mal
Mais je lirais ce livre
Comment ça ? Vous dites ?!
Faudrait extrader Polanski vers les Etats-Unis ?!
Non mais… vous êtes sonnés ou quoi ?!
D’abord, c’était il y a longtemps ; et puis, que celui qui n’a jamais violé personne lui jette la première…
Aïe !
Zut alors ! Je ne savais pas qu’ils étaient aussi nombreux ! Vite ! Tous à l’abri ! Ca bombarde de partout !
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Et le m(M)inistre de la c(C)ulture de nous déclarer, lui qui, manifestement, ne souhaite pas être en reste…
– tout de suite après Costa-Gavras (vive la gauche !) qui, tout seul dans son coin, a décidé qu’il n’y avait jamais eu viol ; peu de temps avant BHL (décidément ! Il n’y a rien à sauver chez cet individu et chez les journalistes qui lui tendent un micro depuis tant d’années), et ce qu’il qualifia d’erreur de jeunesse d’un Polanski qui avait, soit dit en passant, 45 ans au moment des faits…
Frédéric Mitterrand donc… de nous faire savoir, avec des trémolos dans la voix : « Si en France le monde de la culture ne soutenait pas Polanski, ça voudrait dire qu’il n’y a plus de culture dans notre pays ».
Dieu ! Que l’intelligence est difficile et rare ! Et la connerie accessible à tous, ministres ou pas.
Je ne suis pas du tout d’accord avec les propos que Yann Moix a tenus sur la Suisse. Mais au moins un mérite on peut accorder à l’écrivain: Il maîtrise bien son sujet! Déclencher un truc pareil alors que l’on parle de « la meute » c’est tout de même pas mal!!!
Ca demande un certain talent ou plutôt un talent certain.
C’est toujours la même chose: l’âge n’a rien à voir là dedans, sinon on aurait excusé Papon. Je trouve ça gros cette « pédophilisation », Polanski est le seul dans ce cas-là ! Personne d’autres n’est touchée par ce prétendu ressors qu’on utilise ; à l’inverse de l’antisémitisation, bien plus courant.
Contrairement à certains, j’ai apprécié le livre «La Meute» de Yann Moix. Dans ce livre un tant soit peu pamphlétaire, à l’égard de la Suisse tout particulièrement, il y a des analyses et des remarques tout à fait pertinentes. Sincèrement je l’ai lu avec intérêt… et plaisir!
Pouquoi toujours vouloir que ce qui nous déplaît à nous, déplaise aux autres et ce qui nous plaît à nous, plaise aux autres? Parce que le livre de Yann Moix ne nous plaît pas, il n’est bon qu’à mettre au panier! Quel jugement regrettable!
Je suis outré de voir qu’on ose défendre les propos odieux de Mr. Moix en les faisant passer pour une critique et un dégoût de notre époque entière. S’il avait vraiment voulu critiquer notre époque, il n’aurait pas si violemment pointé du doigt la Suisse en la rendant responsable de tous les maux. Mr Moix a agit en imbécile irrespectueux, qu’il assume sa bêtise en homme!
j’ai lu la meute. C’était un supplice. j’ai dù fair quelque chose de très très mal pour recevoir une telle punition. Livre affligeant d’une idiotie rare. A offrir à vos ennemis uniquement.Les forêts devraient faire un procès à l’éditeur de ce livre pour gaspillage de papier.