J’aimerais qu’un jour, même dans très longtemps, on finisse par me dire si Ben Laden a « existé ». J’y pensais tout à l’heure en lisant, évasivement, un article d’Alain Frachon paru dans Le Monde daté du vendredi 12 mars (2010). Alain Frachon rendait compte, sur une simple petite colonne, à droite, page 2, dans sa « Chronique » d’un livre d’une juriste, Mireille Delmas-Marty, qui vient de sortir et qui s’intitule Liberté et sûreté dans un monde dangereux. Cela sort, cela paraît aux éditions du Seuil. D’après ce que nous saisissons de la chronique, elle y montre, démontre, comment les « années Ben Laden » (à en croire certains il y aurait les années Ben Laden comme il y a eu les années folles ou les années yé-yé) ont déclenché un fort durcissement des législations en matière de sécurité, entraînant ainsi, insidieusement, un amoindrissement, une restriction des libertés. Le monde, autrement dit, a été mis sous surveillance depuis les attentats contre les Twin Towers, le 11 Septembre 2001.
C’est alors que je me suis mis à repenser à Ben Laden. Il y a un mystère Ben Laden. Mais ce n’est pas le mystère que l’on croit ; j’entends par là que le mystère ne vient pas de lui. Le mystère vient de « nous », des Etats-Unis, des sociétés occidentales menacées par lui, haïes par lui. Je mets le « nous » entre guillemets car nous sommes peut-être tous Américains, mais moins un : mais moins moi. Je ne suis que Français, je vous le confirme ; et je suis désolé de n’être pas Américain. Si cela était à refaire, sans doute, je ferais un effort : je viendrais, dès la naissance, faire acte de candidature. Et peut-être qu’un jour, qui sait, quand je serai plus vieux, serai-je américain. La vie est (tellement) pleine de surprises ; elle peut contenir (cette vie) des surprises américaines. On peut se retrouver américain plus vite qu’on ne le pense.
Mais ce que je voudrais comprendre aujourd’hui, en direct, devant vous et avec vous, c’est cette histoire de Ben Laden. A-t-il jamais « existé » au sens où on l’entend ? Il vit, certes. Sa vie humaine est attestée. Mais je ne suis pas certain qu’il n’ait, parallèlement à son existence personnelle, été l’objet d’une existence supplémentaire, qu’on serait venu greffer sur son existence première, sur son existence originelle. Notre époque, il faut en convenir, avait besoin de Ben Laden. Avait besoin, du moins, d’un Ben Laden. Sa présence réelle, dans un monde où la guerre commençait à devenir imaginaire depuis la chute du bloc de l’Est, et où surtout l’ennemi était devenu fantomatique, générique, abstrait, sa présence réelle était nécessaire.
« Nous » n’avions plus de bloc à abattre, plus d’Etat (comme l’Etat soviétique) à menacer et par qui se sentir menacé. Il fallait donc avoir une idée : une organisation viendrait supplanter les vieux schémas, dont le vingt-et-unième siècle ne voulait plus. Il fallait redonner du sens, du bloc à une réalité diffuse, complexe, éparpillée à l’infini, infiniment concassée, à un puzzle de réalité. Il s’agissait de trouver une structure simple pour donner un nouveau costume, taille unique, à tous les événements méchants du monde, à tous les cataclysmes qui viendraient se glisser, très obéissants, dans une des poches de ce costume ; ce costume est le Mal. Il fallait inventer une nouvelle idée dominante du Mal, une doxa toute neuve. Choisir un visage dominant qui incarnerait la nouvelle idée dominante de ce qu’est le Mal. Ce n’était plus le fascisme depuis longtemps ; c’était le communisme, ce n’est plus (soudain) le communisme. Il fallait réinventer formellement un Mal intelligible. Nous sommes allés voir du côté du Moyen-Orient et de l’Islam asiatique.
Et ce Mal qui avait toujours été là, il nous est apparu soudain presque orphelin dans le monde sans URSS. Il nous fallait quelque chose à réfuter, et ce quelque chose ne fut plus un Empire, un Etat, mais ce quelque chose fut un homme et ses hommes, un homme et les hommes de cet homme. Il « dirigeait » une petite structure terroriste nommée Al-Qaïda, qu’aucun journal n’a jamais orthographiée de la même manière, sans doute pour ajouter à l’étrangeté, à l’exotisme, au suspense. C’était toute une terreur qu’il fallait recodifier, c’était une horreur qu’il fallait « remarkéter ». Je ne fais pas partie, je ne ferai jamais partie de ces révisionnistes, pathétiques, pitoyables, sinistres, qui font mine de s’interroger, dans les décombres qui fument encore, si ce ne sont pas les Américains, disons-le tout net à leur place puisqu’ils n’osent très lâchement que le suggérer, qui auraient fomenté les attentats du 11 Septembre. Non, mille fois non : l’attentat est bien un attentat terroriste, venant du Moyen-Orient, d’agents d’une structure identifiée appelée Al-Qaïda. Mais ce n’est pas cela qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont, à partir de ces attentats, nous avons décidé de poser, d’apposer le sigle Al-Qaïda sur tout ce qui dans le monde faisait danger, apparaissait (à tort ou à raison) comme une menace. Al-Qaïda est devenu un instrument (unique, j’insiste sur le mot « unique ») pour penser l’horreur du monde et ses déflagrations. Ce mot d’Al-Qaïda, cette notion, ce concept, cette marque, le lundi 10 Septembre, nous n’en avions pas entendu parler et, dès le lendemain, elle est apparue comme « évidente » pour tout le monde – essentiellement pour les journalistes, qui la connaissaient soudain non seulement depuis la veille, et même depuis l’avant-veille, mais depuis toujours. Mais depuis l’aube des temps.
Nous vivions dans une tradition de bloc et ce bloc se devait d’être réinventé. Reformé. Refabriqué. Alors, à Al-Qaïda, nous avons inventé (plus exactement : nous avons soupçonné) un programme, un Manifeste. Nous nous sommes arrangés pour croire que, de la même manière qu’il y avait eu un Manifeste du Parti communiste, écrit par Marx (et Engels), il y avait un Manifeste du Parti terroriste, écrit par Ben Laden (et Khalid Shaikh Mohamed). Nous ne pouvions pas nous défaire de cette idée qu’il y avait, derrière tout cela, une idéologie sérieuse, précise, mathématique, programmatique ; une matrice idéologique articulée et détaillée. Nous étions dans la tradition programmatique : il fallait que ces barbus, fous d’islam mal digéré, devinssent des pointes de la théorie, de la réflexion. Devinssent des Marx et des Engels, des Lénine et des Trotsky dans leur domaine : le terrorisme, l’islamisme.
Que voulait Ben Laden ? Le Bien, selon lui, le Bien de l’humanité, mais d’une humanité qu’il n’a jamais définie, au nom d’une liberté qu’il n’a jamais théorisée et dont on soupçonnait juste, vaguement, qu’il lui fallait, préalablement, être réduite ou convertie à l’islam. Il manquait à Al-Qaïda cette part programmatique, systématique, philosophique, qui empêche précisément d’en faire un bloc. On nous a donc minutieusement « enseigné » Ben Laden. Il fallait que nous comprenions ce que lui-même ne comprenait pas, car Ben Laden est peut-être très intelligent, mais ce n’est pas un intellectuel. Ce n’est pas un doctrinaire. C’est un fanatique, un enragé, qui, tout simplement, veut éradiquer Israël de la carte. Et voudrait faire payer « les riches ». Franchement, ce n’est pas Le Capital. On a voulu développer pour nous une sorte de Ben Laden pour les Nuls : mais Ben Laden est nul. Malgré son charisme et ses airs, il incarne la nullité par excellence, il incarne le Néant parfait, la perfection dans le Rien du Rien, dans le Rien au carré.
L’Union soviétique, c’était une idéologie pensée ; atroce mais théorisée. D’autant plus difficile à détruire qu’il y avait, derrière elle, une vision du monde impossible mais cohérente, complexe, élaborée. Mais, du moins, y avait-il quelque chose à combattre ; l’ennemi avait un visage parce qu’il avait une pensée. En combattant cette pensée, on combattait un visage ; et en affrontant ce visage, on combattait une pensée. Il y avait une réalité du bloc communiste. Mais il n’y a pas de « réalité » d’Al-Qaïda, car tout et n’importe quoi peut émerger, peut jaillir d’Al-Qaïda, tout et le contraire de ce tout peut s’appeler Al-Qaïda, peut s’intituler « attentat revendiqué par Al-Qaïda ». Nous avons cherché à donner du sens à ce qui n’en avait pas : et c’est pourquoi Ben Laden, aujourd’hui, est toujours dans la nature : parce qu’il ne représente rien.
L’arrestation de Ben Laden ne sera en rien l’équivalent de la chute du Mur. Sa mort, même, ne mettrait pas en péril quoi que ce soit – à l’inverse de la mort de Staline qui fut une première brèche dans l’effondrement (progressif) du communisme soviétique. Il n’y a, autrement dit, pas de corrélation entre la figure de Ben Laden et ce que nous avons voulu qu’il incarne : l’auteur d’une vision structurée du monde. La seule chose que nous n’aurons jamais de Ben Laden, pour peu que nous parvenions à le trouver, c’est son corps. Son pauvre corps sans concepts. Son propre corps sans autre objectif que de détruire ce qu’il pense être le Mal : des salariés qui gagnent leur vie dans un pays qui se bat pour la paix depuis toujours, et qui, parfois avec un cynisme qui effectivement n’est pas supportable, intervient pour qu’elle perdure.
Il n’y aura jamais de « fin » du terrorisme parce que le terrorisme n’est pas un système. Il n’est conçu au nom d’aucune idéologie structurée. Les terroristes eux-mêmes sont confus dans leur terrorisme : leurs idées les plus nettes sont floues ; ils passeraient un examen théorique sur les raisons de leurs actes, un écrit d’examen, ou un grand oral de concours sur le sujet « Au nom de quoi faites-vous ce que vous faites », ils n’auraient pas même cinq sur vingt. Le terrorisme ne s’arrêtera jamais parce qu’une pensée sans pensée ne saurait s’interrompre ; elle ne peut contenir aucun échec, aucune défaillance – ni à l’épreuve des faits, ni à l’épreuve de rien. On ne peut jamais se dire : « Ben Laden se trompe » parce que pour se tromper, il faut penser. Comme le dit Sartre dans Question de méthode à propos de Marx : « Nous nous disions : ‘‘Voilà les conceptions d’un intellectuel allemand qui habitait Londres au milieu du siècle dernier.’’ »
Mais qui peut me dire quelles sont les « conceptions » de Ben Laden ? Ses conceptions sont tellement primaires, primitives, et donc faussées par cette primitivité même, qu’elles sont fausses ; le communisme n’était pas « faux », ni « vrai » : c’était une utopie, or une utopie n’est jamais vraie ni fausse. Ou bien elle est à la fois vraie et fausse. Une utopie est apophantique. Les faits, rétrospectivement, nous montrent qu’elle n’était pas tangible. La grande difficulté du communisme, c’est le passage de la théorie à la pratique ; tandis que le terrorisme, lui, ne peut rencontrer ce genre de difficulté : sa théorie, c’est sa pratique. La pratique lui sert de théorie. Le communisme détruisait pour proposer ; il tuait, il assassinait, il déportait, il s’aveuglait pour « proposer », pour inventer un monde nouveau. Le terrorisme détruit pour ne pas proposer ; le terrorisme détruit pour proposer de détruire encore – le communisme avait un but (le socialisme) ; le terrorisme est son propre but. Quand une idéologie n’a pas de pensée, elle se prive de toute possibilité de but, de fin. De dessein.
Il n’y pas de « ligne » terroristique. Donc les événements terroristes, les attentats, ne sont pas interprétables : ils sont condamnés à l’ambiguïté. On est toujours condamné à « interpréter » les discours, les déclarations, les vidéos surprise de Ben Laden. Le terrorisme, privé de principes, est un empirisme. On affrontait jadis des empires ; on combat à présent des empirismes.
C’est pourquoi tout devient terrorisme ; tout devient l’œuvre de Ben Laden : et on croire lire, derrière chaque coup d’éclat atroce, une planification attentive, scrupuleuse, patiemment programmée, confectionnée. Un Gosplan de l’horreur. Notre vision « bloquiste » a donné à la réalité du terrorisme, fait de bric et de broc, d’improvisations et de fenêtres de tirs, d’occasions en or et d’aubaines, une lisibilité qu’elle ne possède pas ; ne possédera jamais.
Est terroriste celui qui fait violence à tout : à la réalité qui vit et à la réalité qui pense. Il n’y a pas de « principe du terrorisme » car le terrorisme ne sait pas penser ; même les activistes de l’ultra-gauche des années 60, savaient, au moment précis où ils faisaient mine de prendre les armes, qu’il fallait immédiatement les reposer : parce qu’ils pensaient. Tout attentat est absence de pensée. Tout attentat est contradictoire avec la pensée. Penser, c’est rencontrer l’impossibilité de commettre un attentat, quel qu’il fût. La pensée interdit l’attentat, et l’attentat interdit la pensée. L’attentat est la preuve même qu’il n’y avait pas de pensée derrière cet attentat. Un attentat est le fruit de l’absence de pensée, de l’absence de toute possibilité de pensée.
C’est notre vision du monde, traumatisée par le marxisme, qui nous aveugle et nous trompe ; miroir déformant qui nous donne l’illusion que les attentats sont tous des attentats d’Al-Qaïda, qu’ils sont « conformes » à Al-Qaïda. Miroir déformant qui nous donne l’illusion, scolaire, que les attentats ne sont jamais totalement des événements isolés, mais qu’ils sont pensés dans leur totalité, qu’ils se produisent d’une certaine manière « ensemble », qu’un lien logique et nécessaire les relie aux autres, qu’ils sont à prendre « en bloc », qu’on ne saurait les penser, les envisager un à un. Non, chaque attentat se doit d’être estampillé Al-Qaïda, et tant pis si ce logo recouvre la réalité d’un voile supplémentaire, d’une opacité de plus, d’une couche de suie dont on eût aimé se passer. Nous ne voulons pas voir l’empirisme ; et même, parfois, nous ne voulons pas voir l’amateurisme. Nous ne voulons pas voir qu’il y a des attentats d’Al-Qaïda qui sont contradictoires avec des attentats d’Al-Qaïda. On refuse de s’apercevoir qu’il y a des attentats d’Al-Qaïda qui ne sont pas d’Al-Qaïda. Il faut unifier pour rendre lisible, puis universaliser pour faire peur.
La totalisation des attentats épars, chaotiques, souvent improvisés, permet aux sociétés d’inventer, c’est vrai, des anticorps, des antidotes, des réflexes de défense et d’enclencher, ainsi, des processus sécuritaires renforcés, exagérés, disproportionnés. Al-Qaïda « existe » mais nous avons, à notre manière, contribué à l’inventer – à inventer un Ben Laden conforme à notre manière d’appréhender le monde.
Le communisme choisit ses morts ; le terrorisme, non. Le terrorisme, aveuglé par son absence de fins réelles (il ne sait pas, au fond, ce qu’il veut) finit par choisir tout le monde comme cible. La Terreur, sous la Révolution, s’est intitulée « Terreur » parce qu’elle a fini par perdre de vue sa propre finalité ; et la définition de ses ennemis s’est élargie de jour en jour, jusqu’à recouvrir toutes les catégories humaines, tous les protagonistes. L’ennemi du terrorisme, vaguement défini, trop vaguement défini au départ, est sujet, en permanence, à une mutation, à un élargissement de sa définition : il englobe. Sa cible se fait chaque heure, chaque minute, moins précise, et c’est la conséquence « pratique » de l’inconcision, de l’imprécision de son dessein, de son tracé, de sa fonction, de sa « pensée ». La précision donne le goulag ; la brume donne le World Trade Center – c’est-à-dire n’importe qui sur la planète.
D’ailleurs, on voit très bien (il s’agit de relire Soljenitsyne) le moment où le communisme dérive en terrorisme, lui aussi : quand tout le monde devient cible, quand tout le monde, chaque civil, chaque grand-mère dans la rue, chaque écolier et chaque chat devient arrêtable, quand l’état d’arrestation devient aussi vaste que le monde. Et on pourrait s’amuser, si cela était drôle mais cela ne l’est pas, drôle, à lire L’Archipel du Goulag dans ce sens. Le début du tome 1. Ces pages extraordinaires où tout le monde est Joseph K. Où ceux qui viennent arrêter ne savent plus vraiment pourquoi ils arrêtent, pourquoi ils obéissent (sinon : par peur, par une peur induite qui est devenue la texture même de la réalité). Et ce passage, incroyable, où c’est Soljenitsyne lui-même qui indique à la police le chemin pour arriver aux bureaux de la Guépéou.
Nous pouvons remplacer le mot « arrestation » par « attentat » dans ce début de L’Archipel. Et on comprend que le terrorisme, définitivement, commence quand la pensée s’arrête ; quand l’idéologie n’est plus qu’une conformité à l’habitude, qu’elle est transformée en mécanisme – en automatisme. Est automate ce qui, par définition, est incapable de penser. Chaque arrestation d’un communisme qui ne pense plus, qui est devenu non seulement incapable de penser mais qui (conséquemment, logiquement) punit les susceptibles de pouvoir le faire, chaque arrestation de ce communisme-là devient, donc : un attentat. Page 10, de l’édition originale, chez Fayard : « L’arrestation ! Est-il besoin de dire que c’est une cassure de toute votre vie ? un coup de tonnerre qui tombe de plein fouet sur vous ? un ébranlement moral insoutenable, auxquels certains ne peuvent se faire, qui basculent dans la folie ? » ; je remplace donc (consciencieusement, laborieusement) « arrestation » par « attentat » : « L’attentat ! Est-il besoin de dire que c’est une cassure de toute votre vie ? un coup de tonnerre qui tombe de plein fouet sur vous ? un ébranlement moral insoutenable, auxquels certains ne peuvent se faire, qui basculent dans la folie ? »
Dans le terrorisme, tout le monde est cible. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas une guerre : il n’y a donc plus de distinction entre militaires et civils ; il n’y a plus que des victimes et des innocents ; et ces innocents sont coupables d’une seule et unique chose : être là. Chaque individu est devenu un World Trade Center (j’en parle déjà dans Partouz). « Le monde, poursuit Soljenitsyne en ventriloque forcé (j’avoue) du 11 Septembre, recèle autant de centres qu’il compte d’êtres vivants. » Pour le terrorisme (pour « Al-Qaïda »), le monde recèle autant de cibles qu’il compte d’êtres vivants. Parce qu’il est bien entendu (il ne faut surtout pas s’y tromper) que lorsque « Ben Laden » et ses « lieutenants » auront anéanti les Etats-Unis et Israël, leur définition des impurs et des ennemis mutera, évoluera, s’affinera, allant chercher d’autres impuretés au sein même d’un monde utopiquement panarabe ; le terrorisme modifiera sa définition du Diable jusqu’à le chercher plus près encore, l’identifier parmi les frères. Staline en sait quelque chose : qui assassina jusqu’à ceux-là même (son médecin par exemple, et quelques fidèles inconditionnels) qui ne voulaient que son bien. La définition de l’ennemi ne s’arrête jamais, dans le terrorisme. Elle se propage jusqu’à son meilleur ami, qu’une définition plus précise de ce qu’est l’impérialisme et le capitalisme et l’impureté et l’infidélité, et la mécréance, finira par identifier comme la figure ultime du Mal. La logique du terrorisme, c’est la mort de Robespierre, tué par la créature qu’il a mise au monde. Ben Laden deviendra tôt ou tard sa propre cible. Il s’est visé lui-même en visant les Tours d’acier. Le prochain World Trade Center, ce sera lui.
« Chacun de nous, poursuit Soljenitsyne, est le centre du monde. » C’est une des plus belles définitions du terrorisme. En URSS, on se demande pourquoi « ça tombe sur moi ». Ce fut le cas des salariés de New York. Tout le monde est innocent, donc tout le monde est coupable. Personne n’est plus coupable que personne. Il y a une uniformisation générale de la culpabilité : tout le monde mérite la mort (tout le monde est en état d’arrestation dans ). « Les arrestations se suivent et ne se ressemblent pas. » Les attentats se suivent et ne se ressemblent pas. « La gare vaque à ses occupations, et personne ne remarque rien… Citoyens amateurs de voyages, n’oubliez pas que chaque gare possède son annexe du Guépéou ainsi que plusieurs cellules. » Je remplace… L’aéroport vaque à ses occupations, et personne ne remarque rien. Citoyens amateurs de voyages, n’oubliez pas que chaque aéroport possède son membre d’Al-Qaïda, ainsi que plusieurs avions.
« il manquait à Al-Qaïda cette part programmatique, systématique, philosophique, qui empêche précisément d’en faire un bloc »… Je ne vois pas très bien ce qu’il manque à l’Islam pour consituer un programme.
On peut trouver la référence à une religion primitif en tant qu’occidentaux, il n’en reste pas moins que les religions ont, de façon récurrente et quasi systématique au moins jusqu’au XVIIIe, constituées la part « programmatique » des conflits.
Dire quelque chose comme , allons, ça n’est pas sérieux, le retour au mode de vie décrit dans le Coran ne peut pas constituer un programme politique comparable à ce qu’était le communisme, me paraît un peu naïf. Je trouve au contraire une très grande cohérence entre les programmes politiques d’al quaïda, du hamas et du hezbollah.
Ah c’est malin ! L’histoire des tours qui auraient été dynamitées avant.
Réveillez-vous un peu les complotistes de reopen.
Vous avez grand con, une espèce d’homme en colère parce que physicien raté désavoué par ses pairs et MORMON qui vous invente une histoire sur le 11 Septembre et vous tombez dedans. Si ce n’est pas de l’anti-américanisme qu’est ce que c’est ? Steven Jones est un taré du même acabit que Ron Hubbard le père de la scientologie. Mais ça marche visiblement.
Même si je suis d’accord sur la définition du terrorisme qui ne pense pas et sur le label « Al Qaeda », je ne suis pas d’accord avec Y. Moix sur un point.
Il faut accoler terrorisme islamique pour prendre la dimension du problème. On se fout pas mal si l’Occident a cru bon de fabriquer Bel Laden. Ce troglodyte richissime est la figure « romantique » de la lutte de l’islam contre le reste du monde.
Ben Laden est une opportunité d’abord pour tous les groupes islamiques tels que le GSPC devenu Al Qaeda Maghreb islamique ainsi que tous les revenchards amateurs de shariah dans le monde.
Et ce mouvement est pensé puisqu’il prend racine dans les années 20 en Egypte grâce aux grand-père et père de Tarik Ramadan, Hassan al Bana, fondateur des « frères musulmans ».
Avec le temps ces frères auront tissé une toile impressionnante dans tous les pays arabo-musulmans et par la suite, on enfournera dans la chaussette surprise toutes les formations à l’intérieur d’un islam « politique » cette fois-ci, ayant vocation à s’étendre sur la planète. Que ce soit via le terrorisme, via la démographie et les mouvements de populations musulmanes s’installant en Occident, en Amérique Latine.
Si effectivement, les journalistes ont pris des raccourcis pour vendre le produit Ben Laden, le terrorisme islamique mondial a repris lui aussi cette figure emblématique. Le travail de « pensée » s’est fait à l’envers si je puis dire.
peu importe le nom qu’on lui donne le terrorisme islamiste existe bel et bien et il n’est pas un besoin de l’occident.Dans son texte yann moix nous prouve tout et le contraire.el Kaida ou Ben laden qu’on le veuille ou non ont une idéologie peut etre archaique p mais bien vivante.Cela ne les genent pas de ne pas avoir besoin de structure dans leur pensée et dans leurs attaquent puisque ils sautent le premier stade de la terreur organiséedu moment que cela va dans le sens des mots d’ordre de la guerre sainte et du djiad.C’est M.Moix et l’occident qui n’a pas encore assimiler les nouvelles tactiques d’ailleurs trés souples qui permettent de mobiliser des etats comme l’Iran ou des individus capables d’enrayer des nations modernes sur un simple coup de telephone,obligeant ces nations a abandonner des libertés cherement acquises au cours des siecle et meme arrivant à progresser sous le couvert de ces memes libertés.Evidement c’est genant , qu e ce soit l’amérique(pays encore jeune et primitif) qui reagisse parfois maladroitement.Il était si confortable de la hair automatiquement.Mais la gauche encore une fois prend les vessies pour des lanternes staline n’était pas le messie,Hitler était sérieux ben laden ou ses accolytes aussi.Il est temps pour les intelectuels de penser et de faire un choix meme temporaire ciomme le fit Koesler en d’autres temps
Très juste. Surtout quand on se souvient que Ben Laden a été « formé » par l’occident…
Effectivement , Ben Laden est une chose, alquaida une autre.
De la m^me façon que des avions qui percutes les WTC sont une chose
et la Démolition Controlés des WTC c’est autre chose.
Si les WTC n’avaient pas été Démolis peut être y aurait il pas eu autant de victime?
Catherine
[…] Ben Laden n’existe pas – Brûlez Moix 14 mars 2010 https://laregledujeu.org/moix/2010/03/14/214/ben-laden-nexiste-pas/ […]