Message à Madame J.D. Salinger. Je m’ étais si bien habitué à imaginer  votre mari au portail de l’Eternité. Il n’allait   jamais le franchir, me disais-je. Il a  pu vivre caché comme il le désirait  grâce à son fils Matthew, à ses petits-enfants,  à son agent littéraire Philip Westberg, à son éditeur,  à ses voisins. Mais, surtout ,grâce à vous. Vous l’avez secondé avec tendresse. Et générosité.  Et discrétion. Comme Vera  l’a fait pour Milan Kundera, comme Suzanne pour Samuel Beckett, comme Jacqueline pour Pablo Picasso. On    ne sait  rien de  ce qu’ont été ces adorables kamikazes. Assurément,  et  on ne sait rien non plus  de vous. Le destin a voulu, très chère et admirée  Coleen O’Neill  que vous portiez le même nom que la première fiancée de votre mari. La fille du dramaturge  O’Neill : la dernière épouse, Oona,  de sir Charlot. Comme vous avez fait le silence autour de vous  je peux me permettre  de penser  que votre mari, un demi-siècle avant de vous épouser ,vous  a pressentie:

«… Je me sentais si sacrément heureux tout d’un coup à  (la) voir… J’en aurais braillé… si vous voulez savoir la vérité. Je ne sais pas pourquoi. C’est simplement qu’elle avait l’air si chouette…. Dans son manteau bleu et tout. Dieu, j’aurais aimé que vous soyez là… ».

Je suis né le même année que le personnage du roman de Salinger qui fait cette déclaration d’amour : Holden Caulfield . Si le dieu Pan me prête vie  je répèterai en mars (avec un  cameraman)  son  odyssée des trois jours  à NewYork.
Mini-video suit.

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