Tout a commencé, en Chine, avec une rumeur, une peur sourde, un bourdonnement, comme dans le Cosmopolis de Cronenberg. 

Puis des masques introuvables, un gel hydroalcoolique disparu, une glorification de Sa Majesté le Savon, promu au rang de remède miracle par un Dr Knock devenu ministre. 

Et puis, un effondrement, une chape, une glaciation des corps et des esprits, des villes devenues fantômes avec leurs avenues, muettes comme des chemins de campagne, où l’on ne croisait plus que des passants hâtifs changeant de trottoir, les yeux baissés, quand surgissait un autre humain. 

Arriva un mot nouveau qui fondit sur les rescapés effarés de la langue française finissante : « confinement ». 

Un autre qui devint notre viatique alors que tout locuteur doué de mémoire y entendait le nom même du mépris, de l’inégalité entre les hommes, de l’ostracisme : « distanciation sociale ». 

Un autre encore, qui disait l’égoïsme, l’enfermement de soi sur soi, bientôt la haine : « gestes barrières ». 

Et, sous la dictée de ces mots brandis comme des fouets par des pères Ubu technocrates, la claustration devint la norme et nos villes se muèrent en cages à hommes où ne pouvaient se promener en liberté que les renards et les alouettes. 

Les tyrans du monde en profitèrent pour déplacer leurs divisions. 

« Le roi se meurt », exultèrent Erdogan, Poutine, Xi Jinping, face au spectacle d’un Occident en état de syncope auto-infligée. 

Les damnés de la terre, ceux de Lesbos, du Bangladesh et de la place de la République, disparurent de nos consciences et de nos médias, avalés tout crus par la lumière noire du Covid. 

Et tandis que grésillait, sur les balcons et dans les radios, la chansonnette de l’intimité retrouvée, de la poésie du quotidien et des recettes de tarte aux pommes, les philosophes de comptoir, sans comptoir, opinaient : « l’essentiel, c’est la santé ». 

Voilà à quoi ressembla, en France comme dans le reste de l’Europe et du monde, l’année en train de s’achever. 

Voilà, à l’heure du passage et du jugement, le bilan de l’ordre sanitaire qui s’est mis en place au son de trompettes qui étaient celles, non de César, ou de Jéricho, ou de l’Apocalypse, mais d’un devenir-zombie généralisé. 

Près de 60 000 morts, bien sûr. 

Des morts en trop grand nombre, dont on mettra beaucoup de temps à faire le deuil. 

Mais aussi des valeurs, des façons d’être au monde et, au fond, des libertés qui sont ce que nos sociétés avaient de meilleur et qui, attaquées par le virus, et par le virus du virus, pourraient bien rester sur la grève, telles des méduses crevées, parce qu’elles étaient, comme nous, presque entièrement faites d’eau et que les idées meurent aussi. 

Quels vœux, dès lors, au seuil de cette année qui s’ouvre, apparemment, au son de la même triste fanfare : nouveau confinement… virus mutant… troisième, quatrième, cinquième vague, on ne sait plus… chasse au « relâchement », encore et toujours fustigé sur le ton du père Paneloux grondant les survivants de la peste camusienne pour leur criminelle inconscience… ? 

Je n’en ai, en vérité, qu’un. 

Voir nos politiques continuer, puisque c’est ainsi qu’ils s’expriment, de mener la « guerre au virus » mais en parlant, non comme Paneloux, mais comme Churchill qui, lorsqu’il promettait du sang et des larmes, donnait aussi du courage, des raisons d’espérer et un vaccin contre le défaitisme. 

Voir les médecins, revenus au bel et seul métier de soigner, refuser le rôle que leur offre la comédie sociale et qui est celui de la Pythie triste, de l’aboyeur de la mort et du surveillant général de l’état d’urgence et de sa machinerie algorithmée. 

Et nous, frères humains qui, après nos morts, vivrons, surmonter cette lassitude, cette tristesse, cette méfiance universelle, cet effroi de tout et, désormais, des vaccins, ce geignement opiniâtre qui est, non chez Villon mais chez Baudelaire, la musique même de la mort – et retrouver, pêle-mêle, le chemin des rêves, le goût des villes et des visages, le souci des affligés sans quoi la vie n’est que la vie et n’est, donc, plus tout à fait la vie. 

« Au gui l’an neuf », littéralement « que le blé se lève », se souhaitait le très ancien Français à l’heure où le solstice d’hiver consentait à rendre au jour, chaque jour, un peu de sa lumière. 

On peut le dire, aujourd’hui : « Au gai l’an neuf » – rendez-nous les sources de la gaieté et de la joie, taries quand s’éteint trop longtemps le commerce des humains. 

Ou bien : « Au gué l’an neuf » – passons le gué, oui ! quittons la rive des pleurs et des peurs, des confinements et des enfermements ! et, franchissant le Rubicon de nos terreurs intimes, accostons vite à l’autre rive, celle où s’ouvre le chemin des possibles, des aventures de vie et des fraternités retrouvées ! 

On bien encore : « Au grand l’an neuf » – car la France n’est la France que lorsqu’elle est un peu grande ; car la politique n’est la politique que lorsqu’elle s’assigne de hautes tâches ; car la patrie des Lumières et des frères Lumière, de l’épique et de quelques-uns des plus beaux poèmes du monde, la terre qui a triomphé de tant d’épreuves et de mauvaises saisons, ne pourra pas vivre un an de plus en verbalisant les promeneurs, en surveillant les dîners de famille et en punissant la culture et ses amoureux. 

Pas de moisson humaine, sinon celle de la mort et de son décompte désormais quotidien, si l’on en reste à ce psittacisme du néant. 

Pas de futur si nous n’entreprenons pas, vite, coûte que coûte, de mettre un bonnet d’âne à la peur et à la bêtise qui sont les vrais alliés du roi Corona. 

Tel est, dans la crainte, le tremblement, mais aussi l’espoir et la foi, mon vœu pour 2021.

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15 Commentaires

  1. Nous avions bêtement escompté une diminution de la puissance de propagation virale au gré des mutations, et bang : variant anglais (jusqu’à 56 % plus contagieux que les autres souches).
    L’un des effets vachards d’une multiplication des contaminations serait l’écourtement des hospitalisations, le plus souvent limitées à un alitement de quelques heures aux urgences pour des patients dont la situation préoccupante aurait mérité que l’on s’appesantisse quelques jours sur leur cas.
    Royal Free Hospital, January 15 : au-delà du premier étage, tout le bâtiment dédié aux unités COVID. Faut-il en attribuer la responsabilité au mutant ? aux anti-masque ? à Boris Johnson ? à une cause qui nous échappe ?
    La capacité du vaccin à sortir le Royaume de la crise va nous donner le ton pour un siècle mutationnaire qui n’en finit pas de s’annoncer.
    Si Coronavirus nous résiste, s’il parvient à nous tenir en échec en démultipliant sa force de destruction à mesure que nous affinons notre niveau de riposte, nous n’aurons pas d’autre choix que de multiplier par 2, 3, 4 et 5 nos unités COVID.
    Nos civilisations n’endureront pas la mise au ban de la société d’une quantité croissante de sous-surhommes traités comme des lépreux au temps des léproseries.
    Or nos civilisations ne se suiciderons pas par solidarité avec les vénérables hôtes de Coronavirus.
    Ceci n’est pas une guerre, — nous en avons suffisamment comme ça.
    Ceci est un temps de l’humanité coexistant avec un temps viral.
    Le corps éternel des civilisations est inarrêtable, d’où leur malléabilité, d’où leur faculté de remodelage des mondes qu’elles ont su façonner pour une époque sitôt donnée, sitôt reprise.

  2. « Si, mû par une passion inattendue ou par une pulsion irrépressible, il n’a pas su, n’a pas pu ou pas voulu s’empêcher, il n’a pas seulement commis un acte répréhensible, ce qu’il a fait est très grave, il est inexcusable. »
    C’est en ces termes qu’Alain Finkielkraut entama la chronique dont LCI craignit qu’elle ne l’eût embarquée avec lui dans une subodorable tempête judiciaire pour complicité de crime contre l’humanité.
    Le sexe oral entre un Henri de Lagardère et une Aurore de Nevers de quinze ans, peu importe qu’il s’agisse d’un sujet femelle ou mâle, est donc, pour notre intellectuel antitotalitaire, un acte évidemment coupable, en conséquence de quoi, les indices relevés sur l’ascène de crime qu’est cet affreux remake de la scène primitive freudienne, seront passés au crible en vue d’une (re)qualification spécifique.
    Le philosophe exige alors de savoir s’il y a eu consentement, et redoute aussitôt, de manière prémonitoire ou, plus prosaïquement, en fin connaisseur des temps impostmodernes qui le traversent et qu’il traverse, que la question qu’il pose le transforme en complice d’une personnalité hautement influente qui aurait entraîné au péché un enfant placé sous sa garde proéminente.
    Ne nous lassons jamais de répéter que, s’il n’est plus un enfant, l’adolescent n’est pas encore un adulte. En aurait-il le corps, le fait qu’il n’ait pas effectué toutes les étapes du développement pubertaire interdirait aux adultes de le traiter comme l’un des leurs, en d’autres termes, de le considérer comme conscient des enjeux relationnels et personnels auxquels le confronteraient leurs liaisons dangereuses, et des incidences que cela pourrait avoir sur sa psyché en formation alors même que cette nymphe, celle d’un Homo sapiens en cours de construction psychophysique, n’aurait aucune possibilité de se connaître elle-même tandis qu’elle cesserait chaque jour d’être ce qu’elle était la veille.
    C’est pourquoi, bien qu’il ait tenu à évoquer la possibilité d’un acte consenti de la part de la victime présumée d’un beau-père incestueux dont il se porterait garant du droit à la présomption d’innocence, Alain Finkielkraut ne reviendrait pas sur ses propos liminaires, ne trouvant pas d’excuses à l’accusé dans l’éventualité où l(es fait)s signalés auraient bel et bien été accomplis, ce qu’il n’avait aucun moyen de confirmer ou infirmer, sauf à s’improviser colporteur d’un témoignage à charge ou à décharge, en l’espèce d’un faux-témoignage.
    Pourquoi, me direz-vous, s’obstiner à ouvrir sa bouche lorsqu’on en sait si peu sur un sujet aussi énorme ?
    Eh bien, pour instiller peut-être, non pas le doute, mais le sens du devoir d’approfondir son sujet, dans l’enceinte même d’un tribunal médiatique esclave de l’audimat, et à une heure où l’opinion publique paraît de plus en plus friande de ce genre de procès.
    Non, un adolescent qui a un corps d’adulte n’en est pas pour autant un adulte, mais sa réalité donne une indication précieuse sur l’orientation sexuelle de son agresseur qui, en l’occurrence, ne peut pas être qualifié de pédocriminel.
    Or il s’avère qu’un pédophile n’est pas un prédateur sexuel comme un autre. Qu’on ne le traque pas de la même façon qu’un zoophile. Qu’on ne le juge pas de la même façon qu’un nécrophile. Qu’on ne le punit pas de la même façon qu’un cannibale.
    La qualification d’une atteinte sexuelle sur mineur de quinze ne vise en aucun cas à coresponsabiliser la victime à l’égard de cette infraction, mais à établir le profil psychologique de son auteur. C’est pourquoi Finkielkraut va justifier sa prise de position en faveur de la réinsertion sociale de Roman Polanski en rapprochant les deux affaires.
    Selon lui, ni Olivier Duhamel ni Roman Polanski ne sont des Michel Fourniret en puissance.
    Leurs parcours respectifs en témoignent, ce qui ne fait pas d’eux des innocents.
    Contrairement à leurs victimes respectives, tous deux étaient adultes au moment des faits. Cela implique qu’ils fussent passés par ces deux phases de développement que sont l’enfance et l’adolescence dont ils ne pouvaient pas ignorer qu’elles ne ressemblent ni l’une ni l’autre à l’âge de raison, fût-il lesté de déraison, qu’ils ne cesseraient d’atteindre, quand bien même s’imagineraient-ils y avoir localisé une porte dérobée donnant sur le premier Éden.

  3. La justice ne peut pas s’affranchir du contradictoire, et le témoin du mal nous met dans une situation très inconfortable en exhumant un événement auquel nous n’avons pas assisté pour l’ériger tel le totem énucléé d’une Histoire tragique, ayant vocation à se régénérer à la surface des réalités dans lesquelles les humains sont habitués à se construire au prix d’un pourcentage de destruction dont quelques-uns d’entre eux semblent s’accommoder, en relativisant le poids des préjudices qu’ils ont causés en regard de ceux qu’ils eurent à endurer.
    Le témoignage tardif de cette victime collatérale parvenue à un stade traumatique 1) lui permettant de puiser au fond d’elle-même l’énergie nécessaire pour cracher le morceau, 2) ne lui laissant pas d’autre choix que de s’y résoudre, ou 3) lui ouvrant une brèche par laquelle accéder, par un chemin détourné, à la reconnaissance en tant que non-prédatrice de sa non-proie, ce témoignage n’est pas un acte de vengeance mais l’amorce d’un acte de justice qui, pour autant qu’il soit irréalisable, n’en est pas moins demeuré en suspens et, en raison de cela, ne nous lâchera pas tant que nous ne lui aurons pas offert la possibilité de s’accomplir en participant, chacun à notre manière, de sa résolution.
    Est-il juste d’éprouver le souci de qualifier avec précision les actes que l’on reproche à Olivier D., ou notre besoin de creuser un sujet s’avérant déjà aussi imposant qu’imposé, et ce jusqu’au profil de l’accusé, participe-t-il de la perversité qui lui est reprochée ?
    Allons plus loin… que vaut le consentement d’un adolescent pubère dont la conscience juvénile n’a pas le recul de l’expérience pour anticiper les conséquences qu’auront sur son propre devenir les actes qu’un adulte le convainc d’accomplir afin d’assouvir un fantasme vampirique ?
    La présomption de non-consentement des mineurs paraît aller de soi, dès lors qu’il ne saurait y avoir de consentement dans une relation où l’un des protagonistes ne serait pas éclairé sur la portée réelle des actions parfois criminelles dans lesquelles on l’embarque.
    Il n’en reste pas moins qu’Antinoüs a de quoi déstabiliser un fin lettré aux velléités de pédotribe persuadé du bien-fondé de la libération des mœurs et de l’obsolescence de la morale judéo-chrétienne, a fortiori quand son éphèbe, titillé par une libido déroutante, s’empresse de combler son manque d’expérience en bravant l’interdit, cherchant peut-être à désacraliser une imago paternelle obstruant le lien avec un géniteur absent, s’accrochant au phallus du tuteur comme à un cordon ombilical, genre de vortex patriarcal au bout duquel résiderait ce tout-puissant Père plus préoccupé par la nécessité de sauver les damnés de la Terre que son propre Petit.
    Je ne pense pas, comme Finkielkraut, que le livre de Camille Kouchner soit un livre de vengeance ; le mentor de sa tante ne lui aurait jamais permis d’ignorer qu’« une œuvre d’art ne peut pas être un règlement de compte ». Je ne crois pas m’avancer en disant que ce qui importait principalement à la sœur du héros lorsqu’elle prit l’Aleph par les cornes, c’est que celui qui finirait par assumer la commission de « choses affreuses », cessât définitivement de minorer la gravité de ses actes et le malheur qu’il avait semé sur son passage.
    Ce qui distingue l’état de conscience et le déni, ce sont les faits, rien que les faits.
    Sur ce point en particulier, il n’est pas inutile de prêter attention à la contribution du philosophe le plus détesté du PIR, sachant que ce dernier nous a souvent aidé à aiguiser notre perception négative d’un réel que nous ne pouvons saisir qu’à travers tout ce qu’il n’est pas.

  4. De deux choses l’une, soit nous parvenons à mettre au point un vaccin capable d’empêcher que le virus ne se transmette à l’homme, soit nous nous concentrons sur la mise en œuvre d’une stratégie de sortie de crise basée sur les propriétés d’un vaccin à ARN messager qui, aux dernières nouvelles, étant programmé pour rendre inoffensif un nanotueur à l’intérieur d’un hôte donné, ne cherche pas même à l’y incarcérer, celui-ci ayant donc tout loisir de se faire la malle afin d’aller crécher ailleurs.
    Les vaccins dont nous disposons actuellement sont du second type, aussi l’argument selon lequel, en nous vaccinant, nous protégerions les autres, est-il un argument erroné.
    La mise à disposition du vaccin pourrait à la rigueur dédouaner les porteurs du virus lors de la contraction de la maladie par un antivax, mais le problème du tri sélectif face à l’afflux des malades ne serait pas pour autant résolu.
    Toutefois, s’il demeurait un doute quant à la possibilité que le vaccin affaiblisse la charge virale et la menace de contagiosité qu’exercerait sur son prochain un sujet vacciné potentiellement infecté, le passeport vaccinal resterait le seul moyen de lutter et contre la saturation des hôpitaux et contre la défiance généralisée, l’hystérie collective, la détérioration de la citoyenneté, en somme, contre la décivilisation mondiale qui serait une guerre des civilisations autrement plus radicale que l’autre.

  5. Sauf le respect que je lui dois, Joe « Kamala Harris » Biden n’a aucune chance de parvenir à diriger un pays que traverse une fracture civilisationnelle dont les partisans de la réunification planétaire n’ont réussi à la réduire par endroits qu’à proportion de l’aggravation qu’ils lui causaient, j’entends par là la version miniaturisée du globe qu’est toute nation authentiquement démocratique à l’ère de la globalisation, si ce dernier ne s’occupe pas d’abord d’y favoriser la convergence de courants contraires, plus que jamais irréconciliables, incarnés par autant de prétendants au leadership de la boutique différentialiste qui se frottent les mains à l’idée d’en relayer le gérant dont l’âge vénérable, comme la candide méconnaissance de la société écran qu’il représente, pourraient, à les en croire, leur épargner le désagrément d’avoir à le pousser vers la sortie.
    À leur décharge, nous avons assisté à la dérive d’un Parti républicain ne se risquant pas à braquer cette portion suprémaciste de sa propre base dont nous pourrions vite constater qu’elle ne s’embarrassait plus de pudeur cachottière lorsqu’elle éprouvait le pressent besoin de satisfaire ses tendances exhibitionnistes.
    À la nôtre, le Parti démocrate n’a aucune leçon d’éthique à donner à personne en matière de vaccin antiracialiste quand, chez lui comme chez les opposants d’un monde d’après qui, tant qu’on le concevra comme éternel, devra se contenter de faire du neuf avec du vieux, le Drumont Live Matters a largement dépassé le stade du outing.

  6. Au cœur du marasme démocratique, on se laissa aller à comparer realDonaldTrump aux méchants de James Bond qui se débrouillent toujours pour finir en apothéose. Hélas, à la demande générale :
    “To all of those who have asked, I will not be going to the Inauguration on January 20th.”
      Je crains fort que, cette fois, nous n’ayons pas droit à notre pénultième séquence et, par suite, à la scène de baiser finale entre l’agent 007 et sa James Bond’s girl.
      Il semble évident que la superproduction hollywoodienne à la projection de laquelle nous assistons bouche bée a cédé au désir d’horizontalité de l’époque par l’introduction d’une spécificité audacieuse dans le dialogue : chaque personnage en a écrit lui-même ses propres répliques et, curieusement, dans son malpropre esprit, notre méchant tient le rôle du héros increvable.

  7. Récemment, ayant besoin de vérifier le sens et l’emploi du verbe anglais « to imprison », j’ai trouvé, dans le « Oxford Paperback Dictionary », pour l’entrée « imprison »: « 1. to put into prison. 2. to keep in confinement ». L’édition utilisée date de 1979… Le mot « confinement » a sans doute, depuis longtemps, un sens un peu différent en anglais et en français. Mais malgré tout, l’origine commune est indéniable. Et il n’est pas impossible que le mot français ait été tiré récemment vers un sens plus anodin que celui qu’il avait il y a encore quelques décennies.

  8. oui la joie de vivre merci de mettre en mots ce que nous pensons mille voeux

  9. Invoquer, afin de mieux l’enraciner dans les consciences moribondes de ses proies, l’effet le plus pervers de la concurrence des mémoires, en feignant de craindre que n’aille s’emprisonner dans son statut de victime l’objet d’un désir incestueux assouvi, lequel crime, dès lors qu’on le rendrait imprescriptible, se verrait indirectement requalifié en crime contre l’humanité, pour ensuite faussement déplorer l’enferrage mémoriel que s’infligeraient les rescapés de la Shoah, de l’esclavage ou de la colonisation, ce type de glissement indifférentialiste qui est le propre d’un différentialisme à la carte, ne fait que desservir la cause des survivants de nouvelle génération qu’il prétend libérer de leur névrose masochiste collective en commettant à leur encontre un délit de négationnisme syllogistique, en l’espèce un génocide au carré par l’équivalence qu’il instaure entre l’extermination méthodique d’un groupe humain, d’une part et, d’autre part, la domination par un Empire agressé de toutes parts d’un agrégat populationnel dont les combinaisons ethnotribales s’étaient opérées avec plus ou moins de succès, lequel renversement de souveraineté en série pouvait aussi bien déboucher sur la diminution que sur l’augmentation graduelle ou fulgurante de la démographie indigène quand, par exemple, le joug français parvenait à enrayer une explosion de méningites résultant de pratiques funéraires cannibales, sitôt jugées sauvages, sitôt déclarées illicites, pratiques au cours desquelles les Papous transféraient l’âme de leurs ancêtres dans leur propre corps en ingérant la cervelle des défunts sous forme de soupe rituelle, ces mutations cultuelles, que l’on peut rétrospectivement qualifier de salutaires, n’effaçant en rien, on ne le répètera jamais assez, les exactions commises envers un Homme privé des droits du Citoyen, à moins que ce dernier n’eût réclamé l’abrogation d’une partie des droits de l’homme en échange de son consentement à la loi humaniste, exactions qu’au demeurant, l’on ne qualifiera de crimes contre l’humanité qu’après en avoir estimé la nature de manière scrupuleuse, et non point crapuleuse.

  10. N’ayant aucune raison de s’avouer vaincu au moment fatidique où il lui était encore possible de jouer son va-tout, Trump crut pouvoir intimider et les grands électeurs et son vice-président par un « I have a dream » suprémaciste, somme toute, assez simple à spontanéiser face à une représentation nationale qu’il jugeait non représentative des aspirations du vrai peuple.
    Honni des Traîtres et des Moqueurs, le Désélu ne manquerait pas l’opportunité de rappeler à ses troupes combien le Noûs désuniversaliste les portait dans son cœur, contrairement à celui des universalistes, escroc par doxa ; il tablerait sur les accointances d’une partie de l’électorat démocrate avec une ultragauche sans-frontiériste, jihâd-compatible à en juger par sa proximité avec la nébuleuse terroriste-islamiste ; c’est donc pour la sauvegarde de leurs droits fondamentalistes que les frères de parentèle de l’Amérique totem se préparèrent à encorner le risque de basculement socialiste comme, en mai 1981, je me souviens que Bernard Michelin, professeur de violoncelle au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris domicilié rue de la Pompe — ça ne s’invente pas — avait procédé à l’expédition de la totalité de ses biens en Suisse dans l’expectative d’un déploiement imminent des chars soviétiques.
    La Réamérique parviendra-t-elle à corréler le coup d’État avorté du 6 janvier 2021 avec la rafale de tweets d’un Pied nickelé du constitutionnalisme à la papa qui, aussi mauvais perdant que peut l’être un joueur redoutable, appela ses supporters à manifester pacifiquement leur désapprobation à l’égard d’une élection qu’il persistait à dénoncer comme frauduleuse, alors même que l’intrusion au Capitole des enragés pacifiques n’aurait jamais dû avoir lieu si les services d’ordre de Washington, avertis depuis plusieurs mois de l’atmosphère insurrectionnelle que faisait planer sur le pays cette frange radicale de l’électorat républicain, s’étaient montrés à la hauteur de leur mission ?

  11. Ne servons pas sur un plateau d’argent, au 45e président des États-Unis, les conditions qu’il cherche inconsciemment à provoquer d’une dérobade institutionnelle lui donnant l’occasion d’échapper à une très symbolique passation de pouvoir qui l’obligerait à acter sa propre défaite et dont l’évitement pourrait, à terme, l’empêcher de faire son deuil du pouvoir suprême.

  12. Merci pour votre appel à un réveil de nos consciences et de nos actes.
    Si peu de voix se ont entendre pour nous exhorter à aller dans le sens d’une humanité responsable.
    Merci à vous.
    Laurence Artaud

  13. Est-il révolu l’e-temps qui, tel l’atemps, s’opacifiait à mesure que nous nous agrégions à son propre désordre ?
    Dans leur cut-up internautique, autant il est difficile de dissuader les démontés à bloc d’aller graisser la patte au modérateur BaDasS, autant il est aisé de les reprogrammer de telle manière qu’ils ne serreront jamais la pogne au sioniste endurci.
    Avec le départ du Colmateur, Israël récupère un Ami américain conscient que, si la Règle du bien nommé Béni a vocation à mener tout apprenti sage à son terme, nous attendons de sa part qu’il se montre apte à devancer Morgan Bourc’his, Nirmal Purja et Usain Bolt en un seul acte de foi, au cours duquel il se portera au chevet de son maître avec les vitesse et profondeur d’exécution dont ce dernier eût su faire preuve à son endroit à l’instant même où une plainte, qu’aucun organe sensoriel n’est en mesure de capter, aurait planté en lui son scintillant piton.
    Après qu’on nous eut habitués à consentir à accorder un même crédit à l’image que se donnent d’elles-mêmes la démocratie laïque et la théocratie moderne ou, si vous préférez,
    les démocraties libérale et dictatoriale, on ne s’étonnera pas que la défiance ait augmenté entre les rares peuples de la planète qui, soixante-douze ans après l’adoption de la Déclaration universelle par quarante-huit États membres de l’Organisation, disposent du pouvoir d’exercer pleinement leurs libertés individuelles, et des régimes qui, par souci de stabiliser les rapports de force internationaux en assurant la poursuite des échanges commerciaux Est-Ouest/Nord-Sud, les conduisent à entretenir des relations d’État à État avec un gang de tyrannies moyenâgeuses et/ou avant-gardistes, au prétexte de contenir les risques de basculement dans un chaos local, propice aux guerres civiles, ainsi qu’au terrorisme, qui ne se contente jamais longtemps d’un rayon de dévastation endogène, dès lors qu’il représente la guerre conventionnelle des proto-États, lesquels sont parfois, j’allais dire souvent, voire toujours, à quelques exceptions près, des États de non-droit en gestation, si l’on admet que le projet colonial couvant sous leurs revendications indépendantistes et piloté par le pan-nationalisme dans lequel ils s’intriquent, ne convoite une reconnaissance en tant que membre des Nations unies qu’afin de profiter d’une conformité avec un mode de gouvernance mondiale, ou plutôt d’ingouvernabilité consensuelle qui, du reste, aura permis aux Alliés & Co de s’épargner mutuellement quatre ou cinq holocaustes nucléaires.