Fernando Arrabal, le dramaturge le plus provocateur, ouvre les «Conversations Loewe de 2018»
Traduction de l’article d’Alex Vicente, originalement paru dans El País.
Au début des années soixante, Fernando Arrabal avait siège réservé dans le cercle des plus rebelles des «superlatifs» de son temps : la «tertulia» du groupe Surréaliste du café parisien La Promenade de Vénus. La dictature espagnole venait de lui accorder le prix le plus prestigieux qu’un écrivain pouvait recevoir : l’interdiction complète de son oeuvre.
Arrabal était arrivé avec une bourse de trois mois dans la capitale française en 1955 et ne l’avait jamais quittée. André Breton, le brillant et terrible père fondateur du surréalisme français, a décidé de l’accueillir parmi ses disciples, impressionné par la divertissante subversion du mouvement panique, qu’il avait fondé avec Alejandro Jodorowsky et Roland Topor. Breton l’a jugé très favorablement. Qu’il soit espagnol et fils de rouge a dû le séduire. Arrabal nous accueille à son adresse parisienne, assis parmi des tableaux à l’huile d’avant-garde délirants, et une foule de masques africains accrochés aux murs.
À 85 ans, l’écrivain, dramaturge et cinéaste, sera la vedette du premier «Loewe Conversations» prévu pour 2018 à Madrid. Arrabal a l’intention de partager ses souvenirs et ses opinions sur cette période avec sa naïveté caustique.
L’acte aura lieu un siècle après l’invention par Apollinaire du terme surréalisme. Depuis lors, ses ramifications ont été multiples. Apollinaire fut le premier à parler de la possibilité qu’il y ait une réalité au-dessus de la réalité. Mais sa définition a peu à voir avec celle de Breton. En réalité, le premier manifeste surréaliste est un réquisitoire violent en faveur de la poésie et de… Jacques Vaché, Arrabal sourit.
«Nous n’avons pas été forcés de croire aux dimensions parallèles. Il y avait des philosophes dans nos rangs qui ont nié cette possibilité. Nous devions presque vénérer Rimbaud, Baudelaire et, bien sûr, Trotski. Bien sûr, la dimension politique du surréalisme était importante. Mais pour moi, en plus, le surréalisme “était un cénacle.. (une tertulia) magnifique”», dit-il.
Qui était, pour Arrabal, le plus brillant surréaliste ? «Évidemment, Dalí. Ce qu’il a réalisé est toujours insurpassable. Et aussi Marcel Duchamp. Les deux avaient quelque chose en commun : ils étaient passionnés par la science et joueurs d’échecs. Même si la meilleure joueuse était Gala, qui avait le plus d’intérêt et aurait pu aller loin», dit-il.
Quel est le pays le plus surréaliste que vous ayez visité ? «L’Espagne est assez surréaliste et confuse, car on ne sait jamais à quoi s’attendre», répond-il. «Elle m’a bien traité, même quand on m’a enfermé dans un cachot. Je me souviens que la première nuit, un geôlier obèse (qui “avait sept culs») est venu et m’a dit que je devais manger et me nourrir pour faire face au juge le lendemain matin. Comme je ne voulais pas, parce que j’avais l’estomac serré, il s’est assis à côté de moi et a commencé à me donner des louches de cassoulet : “Une pour papa, une pour maman…” C’était de la pure poésie.»
Arrabal découvre aussi des traces du mouvement chez les responsables politiques. Comme l’ex-roi Juan Carlos. «Il voulait que je lui dise des choses sur le surréalisme, parce qu’il disait que sa cousine Lisbette le définissait comme un type surréaliste. Puis j’ai compris qu’il faisait référence à la reine Elisabeth…», il rit.
Ce groupe d’avant-garde capital a été dissous par une tribune dans le journal Le Monde en 1969, trois ans après la mort de Breton. «Mais cela continue à imprégner notre quotidien. Ce matin, j’ai ouvert le journal et j’ai vu qu’on parlait d’un match de football “surréaliste”. Breton serait choqué s’il savait que c’est devenu un adjectif aussi courant», dit Arrabal.
Il parlera de tout cela dans sa conférence de Madrid, bien qu’il prévienne qu’il ne se considère pas comme un expert en quoi que ce soit. «En fait, je suis comme un petit chien qui urine là où on lui demande de le faire.» On n’aura jamais vu un chien avec un tel pedigree.
Fernando Arrabal : El dramaturgo más provocador abre las « Loewe Conversations de 2018 »
Durante tres años, a comienzos de los sesenta, Fernando Arrabal tuvo asiento reservado en el corro de rebeldes más «superlativos» de su tiempo: la «tertulia» del grupo surrealista del café parisino: La Promenade de Vénus. La dictadura española acababa de concederle el premio más prestigioso que podía recibir un escritor: la prohibición integral de su obra.
Arrabal había llegado con una beca de tres meses a la capital francesa en 1955 y ya nunca la abandonó. André Breton el brillante y terrible padre fundador del surrealismo francés, decidió acogerlo impresionado por la divertida subversión del Movimiento Pánico, que el español había fundado con Alejandro Jodorowsky y Roland Topor. Breton le juzgó muy favorablemente. Que fuera español e hijo de rojo debió de gustarle. Arrabal nos acoge en su domicilio parisino, sentado entre delirantes óleos vanguardistas y un sinfín de máscaras africanas colgadas de las paredes.
A sus 85 años, el escritor, dramaturgo y cineasta protagonizará la primera de las Loewe Conversations previstas para 2018, que tendrán lugar en Casa Loewe, la tienda insignia de la marca en Madrid. Arrabal tiene previsto compartir, con su cáustica candidez, sus recuerdos y opiniones sobre aquel tiempo.
El acto tendrá lugar un siglo después de que Apollinaire acuñara el término surrealismo. Desde entonces, sus ramificaciones han sido múltiples. «Apollinaire fue el primero que habló de la posibilidad de que exista una realidad por encima de la realidad. Pero su definición tiene poco que ver con la de Breton. En realidad, el primer manifiesto surrealista es un violento requisitorio en favor de la poesía y de… Jacques Vaché», sonríe Arrabal.
«Nosotros no estábamos obligados a creer en dimensiones paralelas. Había filósofos en nuestras filas que negaban esa posibilidad. Solo debíamos casi venerar a Rimbaud, a Baudelaire y, claro está a Trotsky. Pese a todo, la dimensión política del surrealismo fue importante. Pero para mí, además, el surrealismo fue sobre todo una magnífica tertulia» , señala.
¿Quién fue, para Arrabal, el surrealista más brillante? «Obviamente, Dalí. Lo que consiguió sigue resultando insuperable. Y también Marcel Duchamp. Ambos tenían algo en común: eran apasionados por la ciencia y ajedrecistas. Aunque la mejor jugadora fue Gala, que tenía más afición y pudo haber llegado lo más lejos», sostiene.
¿Cuál es el país más surrealista que ha visitado? «España es bastante surrealista y confusa, porque nunca sabes qué esperar de ella», responde. «A mí me ha tratado bien, incluso en aquel tiempo en que me encerraron en una mazmorra. Recuerdo que la primera noche, vino un carcelero muy grueso (que “hacía siete culos”) y que me dijo que tenía que comer, alimentarme para afrontar al juez a la mañana siguiente. Como yo no quería, porque se me había cerrado el estómago, se sentó a mi lado y empezó a darme cucharones de fabada: “Una para papá, otra para mamá…”. Aquello sí que fue poesía pura.»
Arrabal también ve rastros del movimiento entre nuestros responsables políticos. Como el ex-rey Juan Carlos. Quiso que le contara cosas sobre el surrealismo, porque decía que su prima Babette lo definía como un tipo surrealista. Luego entendí que se refería a la reina Isabel…», ríe.
Aquel grupo capital de vanguardia se disolvió con una tribuna en el periódico Le Monde en 1969, tres años después de la muerte de Breton. «Pero sigue impregnando nuestro día a día. Esta mañana he abierto el diario y he visto que hablaban de un partido de futbol “surrealista”. Breton se chocaría si supiera que se ha convertido en un adjetivo tan común», relata Arrabal.
De todo ello hablará en su conferencia madrileña, aunque advierte de que no se considera experto en nada. «En realidad, soy como un perrito que orina allá donde le piden que lo haga». Nunca se habrá visto un can con semejante pedigrí.
Siéntase como en su casa (Loewe)
Con Fernando Arrabal y 85 años de Surrealismo arrancan las «Loewe Conversations de 2018»: encuentros que reúnen en Casa Loewe (Serrano, 34. Madrid) a estrellas del arte, el diseño y la cultura. Son eventos abiertos al público que subrayan la raíz cultural como espacio de debate.