La Règle du Jeu a appris avec consternation ce samedi, la confirmation par la justice iranienne de la condamnation de Jafar Panahi à six ans de prison et 20 ans d’interdiction de filmer, voyager ou s’exprimer publiquement. Autant dire que le cinéaste a été condamné au silence et, par conséquent, à une mise à mort artistique.
Mohammad Rasoulof, co-réalisateur avec Jafar Panahi du projet de film qui leur a valu d’être condamnés ensemble en décembre 2010 et qui avait été également condamné en première instance pour les mêmes motifs que Jafar Panahi, aurait vu sa peine réduite de six ans à un an de prison. Une condamnation tout aussi inacceptable.
La mobilisation internationale dont La Règle du Jeu est fière d’avoir été l’un des fers de lance doit se poursuivre. Plus que jamais.
La justice iranienne, une fois de plus, montre là son visage le plus hideux. Elle montre aussi comment, à l’instar de toutes les dictatures, elle est terrorisée par la liberté des grands artistes. Le combat que nous avons mené, le 14 mai 2010, pour faire sortir les premiers mots de Panahi de la terrible prison de Evin, nous le reprenons aujourd’hui.
Avis à tous les cinéastes, collègues de Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof. Avis à tous les professionnels du spectacle. Avis à toutes les consciences libres de France et d’ailleurs, Jafar Panahi en prison, c’est la libre conscience au secret. Jafar Panahi au cachot, c’est pour toutes les femmes et tous les hommes libres de France et du monde une injure, un crachat, une impossibilité de rester en sommeil, une colère nécessaire.
Envoyez vos idées. Envoyez vos tribunes. La liberté de Panahi et de Rasoulof : c’est notre liberté à tous.
Ahmadinejad a pris la tête d’une dictature utilisant des puissances intemporelles en vue d’asseoir des pouvoirs strictement temporels. Son plan vise la conquête mondiale, c’est l’un des points communs qu’il a avec le cadavre du 30 avril 1945. Autre point de convergence : la destruction d’Israël au sens biblique du terme, savoir, la destruction des Juifs. Reconquérir la Terre Sainte lui conférerait auprès de la Oumma la figure de prophète dont il a besoin pour continuer son offensive vers les restes du monde à duodécimer. Israël représente donc la divine truffe du maître-chien dont Jafar et Mohammad portent actuellement l’insupportable muselière. J’ai dans l’idée qu’il n’y aurait pas plus efficace, emblématique et exemplaire prise de position contre une telle chasse à l’Homme que d’organiser à Tel Aviv un festival où les plus grands cinéastes arabo-musulmans reconnus par leurs pairs pour leur humanisme et leur respect des droits fondamentaux proclameraient, en direct, sur toutes les chaînes de télévision du monde, leur reconnaissance de l’État d’Israël.