Hier soir très tard, j’ai revu « Gainsbourg, vie héroïque » du très bon Joann Sfar. Puis j’ai écouté Melody Nelson. Et ce matin, pure coïncidence, je lis le papier de Nicolas Ungemuth sur l’homme à la tête de chou dans le Figaro1, un papier lâche et degueulasse. Le chroniqueur du Figaro s’y érige en donneur de leçon très sûr de son fait, il y décrit les travers d’une légende qui le dérange : Serge Gainsbourg. Parmi les travers dénoncés dans son papier, le plagiat qui serait une vraie « manie » chez l’auteur, le compositeur, l’interprète. Eh bien, c’est un peu de l’arroseur arrosé qui se joue ici car, à moi, Ungemuth ne la fera pas ! Il a lui aussi repris le propos du « Serge Gainsbeurk » de Marc-Édouard Nabe dans son dernier papier : pas du plagiat mais de la très forte inspiration, cela ne fait aucun doute !
On peut ne pas aimer Gainsbourg, c’est un libre choix. D’ailleurs lorsque Ungemuth écrit dans son papier : « le 2 mars 1991, Gainsbourg mourait. La France, surtout celle des jeunes, était en deuil. Catastrophe nationale : le génial provocateur était parti, comment allions-nous faire pour vivre nos tristes vies? », on sent immédiatement qu’il n’était pas de ces « jeunes » qui aimaient le chanteur. On sent également que l’art gainsbourien ne le touchait pas intimement, que sa disparition, elle, fût un détail. Soit. Sauf que pour le reste Ungemuth reprend le fond nabien sans une forme qui surement l’effraie. Dès lors, c’est une toute autre affaire ! Un presque règlement de compte qui s’inscrit dans une lignée ancienne. S’il avait seulement du courage, Ungemuth écrirait une immondice dans la veine du « Serge Gainsbeurk » de Marc-Édouard Nabe pour l’Idiot International. Alors on aurait tout compris, sans demi-mot, sans demi-mesure, sans avoir besoin de lire entre les lignes… Mais Nicolas Ungemuth ne le fait pas et nous devons décortiquer.
Le 25 octobre 1989 dans le torchon rouge-brun de Jean-Edern Hallier, Marc-Edouard Nabe, ce Céline des caniveaux, livrait son fiel à l’endroit de celui qui révolutionna après Brel et Brassens, la chanson française. Il écrivait :
« Il (Gainsbourg) boit pour oublier vraiment, oublier qu’il n’est pas Mantegna ou même Picabia; oublier que la violence et la beauté, il ne sait pas les faire ; oublier que la vulgarité il ne sait pas par quel vagin la prendre ; oublier que le délabrement physique il n’arrive pas à lui donner une âme ; oublier que la provocation, il la gâche par un bon sentiment ; oublier que le pathétique de son incapacité, il ne parvient pas à le rendre émouvant ; oublier que le retour aux vraies valeurs artistiques, il n’en donne que l’illusion ; oublier que le fameux billet brûlé il l’a fait renaître de ses cendres en le multipliant pour une bonne œuvre dans une bourrade applaudissable ; oublier que sa macaque de fille, il ne lui fout pas sa bite vraiment ; oublier que sa misogynie n’est que tendresse et son irrévérence respect profond des traditions, et enfin oublier que son humiliation de faux grand pudique n’est qu’une réelle prétention incurable, trognonne, déguisée en pudeur misérablement exacerbée par des calembours ! Il n’est ni révolté, ni classique, ni fragile, ni pitoyable : il est lamentable au premier degré, comme le dernier des ratés, avec cette différence toute petite, c’est que lui, il a réussi. »
Voilà ce qu’écrivait un salaud sur un géant, du méchant, de l’acharnement. Nabe est crétin mais au moins il l’assume. Désormais tout le monde le sait. Ungemuth lui se donne des allures de critique exigeant mais ne va jamais au bout de sa logique. Il pourrait être méchant mais semble d’abord tenir à sa place de chroniqueur tranquillement installé au Figaro, petit foulard et lunettes noires. Jouer la grande gueule d’accord, mais il ne faudrait tout de même pas mettre en péril sa carrière… Je dis que Nicolas Ungemuth trouve chez Nabe son inspiration et je le prouve. Voilà dans un premier temps ce qu’écrivait Nabe dans son article2 :
« Désormais ses grandes oreilles, ses cheveux gras, et ses petites lèvres susurrantes, sa barbe de 3 jours soigneusement entretenue, ses cigarettes enchaînées à ses tremblements, ses pouces dans les poches, ses mots d’anglais mâtinés de militarisme, son air entendu et son impudence de grand professionnel ne lui servent pas à grand chose pour crever. Gainsbarre et Gainsbourg ne forment plus qu’un seul Gainsbeurk qui n’en finit pas de roter son dernier soupir. Maintenant le mourant va mourir. Sans alcool, sans tabac, sans coups de Bambou, juste avec sa gloire frelatée : c’est maigre pour se rendre au Jugement Dernier. Il n’aura même pas la satisfaction de voir partir son Lulu au service militaire, lui qui aime tant l’armée, l’ordre, le flic, le rock, la mort aussi, tous ces ersatz de virilité qui lui interdisent de se concentrer sur la vraie question : « Pourquoi ne suis-je donc pas un génie ? »
Réponse au prochain infarctus. »
Et voilà ce qu’en fait Ungemuth dans une langue plus policée en reprenant la triple idée 1/de la chute, 2/ d’une indissociation Gainsbourg-Gainsbarre et 3/ du thème de la mort imminente:
« On connaît la suite : la femme de sa vie le quitte, il se perd. Invente le concept idiot de Docteur Gainsbourg et Mister Gainsbarre. Le principe trompe son monde, même s’il ne tient pas debout : au fond, il n’y a jamais eu de Gainsbarre. Juste un Gainsbourg arrivé au terminus, en cale sèche, ivre de succès, amoureux des plateaux télé où il court régulièrement se ridiculiser tandis que son public applaudit comme autant d’otaries à ce qu’il nomme lui-même ses aphorismes : la connerie est la décontraction de l’intelligence, prendre les femmes pour ce qu’elles ne sont pas et les laisser pour ce qu’elles sont, quand on a tout, on n’a rien, les hommes ont créé les dieux, l’inverse reste à prouver, etc. Navrant. Serge Gainsbourg est mort il y a vingt ans, nous dit-on. En réalité, il avait disparu depuis longtemps. »
Ainsi, Ungemuth, en y mettant les formes, fait du Nabe expurgé de ses immondices. Il ne le fait pas sans le savoir. Il le fait sciemment. Car entre les deux hommes il y a tout de même de troublants points de contact. D’abord le fait qu’Ungemuth, journaliste au Figaro écrit dans Rock and Folk, ce mensuel musical qui consacrait en mai dernier sans complexe aucun, un entretien fleuve à M-E Nabe. Sur ce blog même, j’avais dénoncé l’idée qu’on offre à un Nabe détestant le rock and roll et ce qu’il représente six pages d’entretien dans un magazine qui celebre chaque mois cet Art. Nable, comme à l’accoutumée y déblatérait à dessein. À la suite de mon papier, les amis d’Alain Zannini avaient fulminé… Qu’ils fulminent encore car la traque n’est pas prête de terminer !
Poursuivons la démonstration. Sur le site Gonzai.com, on trouve un entretien daté du 4 février 20093 dans lequel Nicolas Ungemuth parle Rock et Littérature. Entre autres questions, notre homme évoque l’amour de son paternel pour le Jazz, curieux même schéma que celui des Zannini. Plus loin, Ungemuth parle de son goût pour le pamphlet. C’est un droit, un droit tout à fait légitime puisqu’il guide jusqu’à celui dont vous lisez actuellement la prose. Cela se corse lorsque le critique énumère ses références parmi lesquelles le mauvais Daudet (Léon pas Alphonse) et surtout Louis Ferdinand Céline dont il admire « Nord » et « D’un Château l’autre », ces deux chroniques de l’exil vichyste.
À la fin de ce tour d’horizon, une question : sont-ce toujours les mêmes qui crachent sur Gainsbourg pour les mêmes motifs ? A lire le dernier article de Nicolas Ungemuth sur l’homme à la tête de chou, à assembler les pièces du puzzle qui lient comme autant de non-coïncidences certaines proximités dans les goûts et les références de certains auteurs, on est en droit de s’interroger. Libre à chacun de se faire un avis. Celui qui guide l’auteur de ces lignes est le suivant : ce qu’écrit Nicolas Ungemuth n’est pas antisémite mais souligne une vraie tendance du monde intellectuel français : la fascination pour les écrivains maudits et toutes ces plumes, fussent-elles de qualité, ouvertement d’extrême-droite, antisémites. D’aucuns pensent surement qu’il est chic de flirter avec l’infâme, d’en admirer l’esthétique en se défendant, à la fin des fins, lorsque cela sent le roussi (ou peut-être le gaz…) d’en suivre le programme.
« Chacun ses goûts » dit le relativiste culturel tel un sophiste…
1 Le Figaro : Grandeur et décadence de Serge Gainsboug
Ungemuth est un pauvre garçon, affligé d’une personnalité narcissique envahissante, très égocentré, avec des aménagements pervers. Un garçon un peu fascisant, précieux, ridicule. Le critique rock UMP, bien propre sur lui. Fait plus de peine qu’autre chose au fond… Sitôt lu, sitôt oublié !
Ce qui est plus ou moins drôle c’est que Nabe et Gainsbourg ont une passion commune : La Musique Jazz. Ouais, les premiers album de notre russe immigré national sont de super albums jazz et puis, Gainsbourg le disait lui même, le jazz est un des « ces Arts Majeurs » qui demande une « initiation » comme la musique Classique. A coté de ça, le personnage de Nabe et très appréciable tout comme son écriture, mais il va un tantinet dans l’exagération/provocation pour faire parler de lui. C’est vrais quoi ! « Du chant à la Une » , « Gainsbourg n°2″ et » Gainsbourg confidentiel » sont de très bons albums et même meilleurs que ceux qui représentent le jazz français aux yeux du néo-célinien : Caude Nougarro et Guy Marchand.
Eh ben, faut pas toucher à vos idoles, sinon gare à vous. Et quand (et ça a du être déja fait), Ungemuth fera une chronique élogieuse d’une réédition du magnifique Robert Allen Zimmerman ou de Phil Spector, releverez vous? Non, mais d »autres le taxeront peut être de sionistes. Souffrez qu’on puisse penser que Gainsbourg est un nain de la pop mondiale… Peut être peut il peut paraître immense quand on le compare à un Benabar.
De l’antisémitisme dans cet article anti-Gainsbourg ?
Je préfère écouter encore et encore Melody Nelson que de me demander par exemple si aujourd’hui un Serge Gainsbourg soutiendrait la politique de N. sarkozy, rien que pour le bouclier fiscal ?
Ce Ungemuth est coutumier de ce genre de texte, ce n’est même pas un critique, il agit comme un loubard qui casse des vitrines… Je me rappelle sa “chronique” de l’album 2007 du grand Alan Vega en 99… C’était littéralement des insultes. Tout ça pour de la musique… (d’ailleurs c’est peut-être pour ça que Vega n’a à ma connaissance plus donné d’interview à Rock & Folk depuis.) Ce par ailleurs excellent journal R&F devrait virer Ungemuth fissa, il fait honte à la notion de critique. Par ailleurs chez Gainsbourg la “facilité” de certains aphorismes et paroles de chansons est assumée, ça fait partie de la très grande élégance de SG, pointue et complexe (et ses disques des années 80 sont tout à fait dans ce style)
Ce Ungemuth est coutumier de ce genre de texte, ce n’est même pas un critique, il agit comme un loubard qui casse des vitrines… Je me rappelle sa « chronique » de l’album 2007 du grand Alan Vega en 99… C’était littéralement des insultes. Tout ça pour de la musique… (d’ailleurs c’est peut-être pour ça que Vega n’a à ma connaissance plus donné d’interview à Rock & Folk depuis.) Ce par ailleurs excellent journal R&F devrait virer Ungemuth fissa, il fait honte à la notion de critique. Par ailleurs chez Gainsbourg la « facilité » de certains aphorismes et paroles de chansons est assumée, ça fait partie de la très grande élégance de SG, pointue et complexe (et ses disques des années 80 sont tout à fait dans ce style)
Je ne sais pas si cet Ungemuth et ce Nabe sont antisémites, mais je sais que Gainsbourg s’est comporté en pillard colonial avec Babatunde Olatunji dont il a plagié « Akiwowo » pour en faire « New-York USA ». Passe encore qu’il ait récupéré des thèmes classiques (Chopin, Brahms, etc.) qui sont dans le domaine public depuis des lustres, mais si Olatunji est actuellement crédité sur plusieurs titres de l’album « percussions » ce n’est pas du à l’honnêteté de Gainsbourg : c’est parce qu’Olatunji lui a fait un procès au « génie » et qu’il l’a gagné. La première édition de cet album ne crédite pas ce compositeur.
Rassurez-moi : dites-moi que ce n’est pas antisémite de le constater, et je vous dirai à mon tour si ce n’est pas un tantinet raciste de le taire (comme vous, Sfar, etc.)
Si vous ne me croyez pas, allez voir sur Youtube et comparez les deux titres.
Découvrir un article misérable et fielleux sur Gainsbourg dans le Figaro n’a rien de surprenant pour qui se souvient de la façon dont Michel Droit digéra ( de travers ) la Marseillaise-reggae en 1979 ? Oui mais nous sommes en 2011 ! Et bien cela prouve que l’enfant
inconsolable de la rue de Verneuil est plus vivant que jamais ! N’en déplaise aux pâles pisse-copies à la grandiloquence naine tel
Nabe le nabot… Une précision à son sujet : il ne peut avoir cessé d’écrire puisqu’il n’est pas écrivain !
Vous avez essayé de lire du Nabe ? Moi oui !
Merci, Merci,
Un grand bien que de lire ces lignes. Un portrait de Lulu (le papa) me regarde tandis que je vous réponds. Je n’ai jamais compris la hargnes de ces détracteurs du monde des « à côté », ces pays faits de boue et de larmes. Je crois oui qu’il est bon dans nos vie, de savoir admirer l’esthétique de l’infâme, c’est le Rock. D’autres qui ouvraient de nouvelles portes dans la Californie des sixties disaient « s’intéresser au chaos » avant de disparaître aux côtés des plus grands dans un coin du Père Lachaise.
Je ne comprendrais pas, peut être jamais et c’est tant mieux, cette rage intello qu’exercent du bout de leur mines et maintenant de leurs claviers, ces critiques mal élevés, mieux élevés que quiconque, nantis du dernier mot!
Mais non, on ne salit pas nos héros, « pauvre con »
C’est bizarre, vous ne pouvez plus écrire un article sans parler de l’antisémitisme ! Songez vous à creuser une autre vaine ?